Si je cherche la meilleure formulation pour expliquer cette attirance, je choisirais plutôt le vide que la, ou les, hauteurs. Côtoyer le vide, quel que soit le moyen, me renvoie à une forme d'instabilité fragile, qui me confronte à l'idée du risque total, la chute et donc la mort. Puis-je rester serein, détendu, dans cette confrontation? Un défi vis à vis de la peur? Je ne sais pas vraiment. Pour certains le stress monterait vite et freinerait peut être toute tentative. Bien sûr tout dépend du risque réel.
Si j'ai sauté en parachute, je n'ai pas fait de base jump, sauter dans le vide d'une certaine hauteur et ouvrir son parachute avant qu'il ne soit trop tard (à l'époque ça n'existait pas), j'ai juste fait un saut à l'élastique, mais pas de très haut. Enfant j'ai vu des funambules et j'étais fasciné. La slackline m'aurait bien tenté, traverser entre deux points sur une sangle, mais je n'étais plus tout jeune et sur d'autres chemins...
Aucun risque, vraiment. Seule l'appréhension...
Quand j'ai découvert qu'il y avait des passerelles en montagnes, au dessus de lacs, de canyons, je me suis dit qu'il fallait y aller. Mon handicap me laissait au moins la chance de vivre cette expérience sans aucun risque, traverser au dessus du vide. Cela bouge un tout petit peu, mais tout est sécurisé. Ce ne sont pas les planches disjointes et les cordes minimalistes des ponts en Himalaya au dessus de torrents en folie.
Depuis quelques années il se construit des passerelles, dans les Alpes en particulier, et surtout en Suisse. Après une recherche sur Internet, je n'avais plus qu'à me faire un programme.
J'ai donc eu la joie d'en traverser quelques unes. Mais la plupart, les plus longues, les plus hautes, sont restées inaccessibles pour moi, car demandant deux ou trois heures de marche pour les atteindre, ce qui en montagne, et avec le retour, est largement au dessus de mes maigres forces.
Passerelle himalayenne du Drac
Une passerelle dite tibétaine, en Suisse, avec des drapeau de prière.