Saviez-vous que ces 30 dernières années, en Belgique :
43 fermes ont disparu en moyenne par semaine et que 62 agriculteurs ont quitté la profession [1] ?
Saviez-vous que chaque année, en Wallonie, 2.000ha de terres perdent leur affectation agricole ?
Ainsi, en 30 ans, la Belgique a perdu 63 % de ses fermes, principalement les fermes de petite taille (moins de 50 hectares). Sur la même période, la superficie moyenne par ferme a plus que doublé, entraînant un phénomène de concentration des terres au profit de grandes exploitations, aux pratiques agricoles souvent intensives et peu respectueuses de l’environnement et qui produisent de l’alimentation anonyme destinée aux grandes surfaces.
En parallèle, la pression immobilière sur les terres agricoles est de plus en plus importante, accaparées pour la construction de logements, infrastructures, loisirs,…. Avec pour conséquence directe une spéculation foncière sur les terres agricoles et une envolée des prix, obstacle majeur à l’installation de nouveaux agriculteurs et à la transmission intergénérationnelle des fermes.
Cette évolution du paysage agricole belge et wallon est inquiétante et se fait au détriment de l’environnement et de notre souveraineté alimentaire.
Soutenons de nouveaux modèles d’agriculture pour nos terres nourricières !
Un nouvel intérêt pour l’agriculture se profile.
De plus en plus de jeunes souhaitent reprendre ou démarrer des fermes, sur base de modèles agricoles « durables » : agriculture biologique et paysanne, agroécologie, biodynamie, permaculture. En effet, le modèle agro-industriel dominant a montré ses limites et son incapacité à répondre aux enjeux alimentaires de la planète, induisant problèmes environnementaux et exclusion sociale.
Ces différentes formes d’agriculture durable ont toutes la spécificité de respecter l’intégrité des personnes et des êtres vivants, y compris des terres nourricières. Elles préservent la force régénérative des sols, limitent la consommation d’eau et d’énergie, la production des gaz à effet de serre, visent des cycles fermés de matériaux et d’énergie, renforcent la biodiversité et s’adaptent aux écosystèmes présents. Elles contribuent à la souveraineté alimentaire locale, fonctionnant en circuit courts.
Le nombre de fermes existantes en reconversion vers ces nouveaux modèles d’agriculture est croissant mais la tendance reste encore relativement marginale, avec seulement 7,4% des superficies agricoles cultivées en agriculture biologique (12,4% en Wallonie et 1,6% en Flandre).
Et en effet, les obstacles sont nombreux ! Accès aux savoirs et savoir-faire, accès aux capitaux, accès aux marchés et bien sûr l’accès à la terre qui constitue un réel frein au développement de cette agriculture durable.
Comment, dans un tel contexte, faire émerger des projets agro-écologiques, redynamiser le milieu rural et péri-urbain, assurer la relève agricole et faire que l’agriculture durable devienne une réalité ? C’est le défi que s’est fixé Terre-en-vue. De nombreux autres acteurs s’y attellent, en Belgique et de par le monde.
Mettons en place de nouveaux modes de gouvernance en bien commun !
Le système juridique actuel, basé sur la propriété privée, induit un rapport de domination à la terre et à celles et ceux qui en prennent soin (les agriculteurs et agricultrices). Terre-en-vue invite les citoyen.ne.s et les agriculteur.rice.s à remettre en cause ce système, en créant des espaces de débats et en expérimentant de nouveaux rapports à la terre : il s’agit de se réapproprier les « communs » et de créer ensemble de nouveaux systèmes de gouvernance.
La gestion en bien commun consiste à s’organiser collectivement pour gérer ensemble une ressource, ici la terre agricole, au service de la collectivité. Ainsi, la gestion de la ressource n’est pas laissée au marché économique, ni à l’État. C’est le collectif citoyen qui détermine les règles d’usage (en ce compris les règles de contrôle et de sanction en cas de non-respect de ces règles), ce qui naturellement engendre des débats de société : la gestion en bien commun n’est pas un cadre imposé, c’est un lieu de débats permanents.