Nichés entre un petit bois et l’échangeur d’Ittre, quelques 10 hectares de terres agricoles entament une grande reconversion vers l’agriculture biologique et hébergent aujourd’hui une ribambelle d’agriculteurs et agricultrices aux savoir-faire complémentaires.
Au sud du terrain, on trouvera dès le printemps 2023 les vignes de Charlotte et Cyril, dont les raisins seront destinés à la production de vin naturel. A l’est, ce sont les légumes d’Andy et Renaud qui sont semés et plantés. Au centre, une mosaïque de courges se dessine grâce à Olivier. Et à l’ouest, Kylian et Thierry aménagent le terrain pour y accueillir poules pondeuses, verger et plantes comestibles en tout genre.
Ce projet représente - pour Terre-en-vue - un exemple de plus de soutien à l’installation de jeunes agriculteurs, mais aussi de pérennisation de leurs activités sur du long terme.
Les projets soutenus
- Maraîchage diversifié - Andy (Jardin des Saules) et Renaud (Ferme trop tard) sont maraîchers bio à quelques centaines de mètres des Terres de la Bruyère. Depuis plusieurs saisons, ils s’associent pour la culture de poireaux, pommes de terres, carottes et autres légumes de conservation (en alternance entre leurs deux terrains). N’ayant pas de possibilité d’étendre leur surface cultivée, l’opportunité de cultiver à Haut-Ittre les anime tout de suite : ils pourront produire plus de légumes de conservation (qui demandent pas mal d’espace pendant de longues périodes en saison) et ainsi s’affranchir d’une partie d’achat-revente.
- Courges et potirons - Olivier (la Potironnerie) cultive 150 variétés (!) de courges et potirons depuis 1995. Jusqu’à présent, peu de parcelles lui étaient accessibles avec autant de sécurité qu’un bail à ferme (tel que le permet Terre-en-vue sur les terres de la Bruyère) - et à proximité immédiate de chez lui. Une grande fête annuelle permet aux curieux et gourmands de cueillir et sélectionner leurs courges. Aussi, Olivier développe la mise à disposition de potagers partagés, à destination de particuliers n’ayant pas accès à leur propre parcelle potagère.
- Vignes - Charlotte et Cyril sont vignerons belges... installés jusqu’à présent dans le Jura où ils développent d’excellents vins naturels (enfin, à notre humble avis !). L’opportunité de cultiver à Haut-Ittre est parfaitement alignée avec leurs espoirs : planter leur propre vignoble (en y intégrant beaucoup d’arbres et arbustes) à proximité de leurs familles. Evidemment, avant de pouvoir goûter à leur première production de vin, il va falloir s’armer de patience !
- Poules pondeuses & fruits : Thierry et Kylian (Agrécolibre - nom en cours de définition) partagent une passion commune de l’arbre en tant qu’élément vital dans un système nourricier et dans le paysage. Ils saisissent l’opportunité de l’acquisition à Haut-Ittre pour s’associer et lancer leur activité - aujourd’hui encore en construction. Le projet inclura des poules pondeuses et la production de fruits - et portera une grande attention à la vie et la santé du sol.
La dynamique collective sur le terrain est définie au fil des saisons et des besoins des projets : les parcelles sont bien délimitées, et tout est envisageable au niveau du degré d’interaction et de mutualisation entre projets. C’est Antoinette Dumont, de la SAW-B, et Marie-Noëlle Van Wessem, de Collectiv-A, qui accompagnent la construction de cette dynamique.
L’acquisition
Fin 2019, Terre-en-vue a l’opportunité unique d’acquérir un bloc de 10 hectares libres d’occupation dans une région agro-géographique assez exceptionnelle (plateau limoneux brabançon, aux portes de Bruxelles, dans un Brabant wallon densément peuplé). L’occasion ne se représentera plus deux fois, mais les délais sont courts et la somme à libérer à l’acte est conséquente !
C’est finalement grâce à un montage financier innovant que l’acquisition peut se réaliser : la Fondation Qi-Green et d’autres mécènes soutiennent Terre-en-vue (via des dons et prises de parts) pour l’achat de 7,5 hectares, et un investisseur privé achète les 2,5 hectares restants en indivision avec Terre-en-vue - qui promet de les lui racheter dans les 5 ans. Et c’est là que nous en sommes début 2023 : la coopérative s’apprête à acheter les 2,5 hectares restants, ce qui permettra de les intégrer au reste du bloc et de les sortir définitivement de toute spéculation (dans une zone particulièrement affectée par ce phénomène !).
Dès aujourd’hui, il est possible de prendre des parts dédiées en soutien au projet des Terres de la Bruyère. La levée de fonds est déjà bien lancée - nous faisons appel à vous pour rassembler les 178.500€ restants !
Et le prix de la terre, on en parle ?!
On ne vous le cachera pas : lors des premières discussions en interne autour de l’opportunité d’achat de ce terrain, plusieurs voix se sont élevées. "Comment est-il possible d’acheter à un prix aussi élevé ?" ; "Avec l’argent nécessaire pour ces 10 hectares, on aurait pu en acheter 20 ou 30 en Ardenne !", "En lançant la levée de fonds, tout le monde saura à quel prix Terre-en-vue achète dans le coin et ça fera encore grimper les prix", ...
Nous sommes conscients des limites de nos idéaux : oui, on aimerait mettre un terme à la spéculation du marché foncier ... tout en y étant aujourd’hui partie-prenante puisque nous achetons des terres. Devons-nous nous concentrer uniquement sur le soutien à des fermes installées dans des régions aux terres plus accessibles financièrement ? Pouvons-nous réellement refuser un soutien aux agriculteurs installés dans des régions où les prix sont atrocement déraisonnables, et dont ils ne sont absolument pas responsables ? Que serait-il advenu de ces terres si Terre-en-vue ne les avait pas acquises ? Comment assurer un accès à la terre dans les ceintures alimentaires des grandes villes, où les prix des terrains sont plus élevés ? ... Ce projet permet de prendre conscience de l’ampleur du problème - particulièrement probant en Brabant wallon.
En parallèle aux acquisitions en soutien à l’agriculture durable, Terre-en-vue mène un plaidoyer politique auprès des autorités compétentes (Région wallonne, Dafor, propriétaires publics, ...) en vue d’intégrer au marché foncier des mécanismes de régulation de celui-ci, et de mettre fin à (ou à tout le moins limiter) la spéculation à outrance que nous subissons depuis des décennies.