Clara Tremberth, architecte du contrat partenarial

Pour Clara, les études de droit ouvraient un large champ des possibles. Son goût pour traiter des cas concrets s’affirme au cours de son cursus de droit franco-anglo-américain. De père anglais et de mère tchèque, Clara parle couramment plusieurs langues. On est en 2003, elle a 26 ans. Un institut de recherche recrute une juriste anglophone, c’est le début de l’aventure avec INRAE.

En 2021, plus de 3 500 actes ont été conclus avec des partenaires publics ou privés ! Le rôle de Clara Tremberth est de s’assurer que l’activité partenariale soit encadrée par des contrats équilibrés dans l’intérêt d’INRAE et de ses partenaires.

Un éventail de compétences se déploie

Clara démarre par un poste où elle multiplie les interlocuteurs : présidence, directions, départements, centres et scientifiques. Elle est alors l’unique juriste en charge de la contractualisation des projets européens pour INRAE avec le lancement du 6^e programme cadre européen. « C’était d’emblée un poste où j’étais visible et exposée. Je me suis sentie portée par un institut qui m’a fait confiance en me laissant une grande autonomie, il donnait sa chance à une jeune juriste. »

Clara prend bientôt en charge les contrats de partenariat privé et leurs enjeux de propriété intellectuelle, de valorisation et de transfert. En 2016, elle est nommée responsable du pôle ingénierie juridique du partenariat privé au national.

En 2020, elle s’investit pour construire une offre de compétences et de services en ingénierie contractuelle au sein du Service commun d’ingénierie contractuelle. Le SCIC couvre le périmètre du partenariat académique, international, de l’appui aux politiques publiques et du partenariat privé. Clara Tremberth prend la tête du SCIC qui pilote et coordonne l’ingénierie contractuelle du nouvel institut INRAE au niveau national et local.

Son équipe représente beaucoup à ses yeux : 8 personnes exercent leurs compétences de juristes-contrats, d’ingénierie financière et qualité pour sécuriser les contrats de l’Institut. « J’admire l’adaptation de mon équipe dans une période qui n’était pas simple début 2020, de travail distanciel et de construction du service commun alors qu’on traitait encore les conséquences de la fusion sur l’activité contractuelle. Ensemble, nous avons assuré rapidement une organisation fluide, réactive au quotidien et lisible de l’extérieur. »

Un guichet unique pour l’ingénierie contractuelle

Le SCIC est le point d’entrée unique pour les questions d’ingénierie contractuelle, d’une part à l’appui des services partenariat dans les centres, et d’autre part pour la contractualisation des partenariats de portée nationale de l’Institut.   

L’expertise croisée est essentielle pour instruire la grande diversité de nos contrats.

Clara Tremberth anime un réseau d’une cinquantaine d’ingénieures et ingénieurs projets en partenariat (IPP) actif dans les 18 centres INRAE. Elle veille, avec l’aide de son équipe, à entretenir avec chacun et chacune un lien étroit en proposant un appui au quotidien, des dialogues réguliers avec le réseau dans son ensemble, des actions de sensibilisations aux bonnes pratiques de partenariat et des cycles de formation en ingénierie contractuelle, qu’elle coordonne en lien avec les directions et acteurs du partenariat. Clara est particulièrement attentive à toutes les problématiques terrain qui lui sont remontées. Dans le cadre d’une démarche qualité, elle accompagne l’élaboration des processus contractuels dans le but de clarifier les rôles des acteurs, fluidifier et accélérer la contractualisation.

Ces acteurs de proximité disposent ainsi d’outils et de méthodes pour avancer avec des principes communs, des processus clarifiés. Ils structurent des contrats qui répondront aux attentes d’INRAE et de ses partenaires. Pas moins de 90 % des contrats publics et privés d’INRAE sont négociés par les IPP, en appui quotidien auprès des centres, des unités et des scientifiques.

Le SCIC centralise également toutes les questions qui se posent avec l’émergence de nouveaux dispositifs (ex. : le programme-cadre Horizon Europe, Plan France Relance avec des mesures de soutien à l’emploi R&D…) ou compte tenu de la complexité de certains montages contractuels, que ce soit sur le volet financier, la propriété intellectuelle, ou encore des questions sensibles comme l’utilisation de matériel biologique. Si besoin, le réseau d’experts INRAE (sécurité biologique, protection des données personnelles…) est mobilisé pour y répondre et proposer des montages sécurisés et adaptés. « J’ai travaillé très tôt en mode projet avec de nombreux acteurs. Se connaître et se faire confiance font que ça fonctionne. »

Du sens du collectif au sens au travail

La volonté de travailler ensemble est le moteur pour toute contractualisation avec des partenaires publics comme privés.

Le SCIC instruit les contrats de portée nationale (10 % des contrats restants) pour la direction générale d’INRAE. Le succès de deux récents contrats stratégiques et structurants pour INRAE témoigne du savoir-faire et du savoir-être de Clara Tremberth.

Pour Le French Gut, projet inédit de sciences participatives avec des enjeux clés liés aux données cliniques sur le microbiote des Français, INRAE a contractualisé avec 3 autres institutions publiques et 11 partenaires privés. Autre défi partenarial, le Grand défi Ferments du Futur, projet financé par l’État dans le cadre de France 2030 qui mobilise sphère publique et privée pour développer la recherche autour des aliments fermentés.

Ces contrats se sont négociés sur plusieurs mois. Clara prend le temps d’expliquer à tous ses interlocuteurs internes et externes l’intérêt des clauses qu’elle défend. De l’attention, de la pédagogie, de la fermeté aussi, toujours avec le sourire. « Les négociations impliquant les partenaires et publics et privés sont passionnantes. Elles impliquent de l’écoute pour comprendre les intérêts de tous et arriver à un terrain d’entente acceptable pour chacun. »

Clara est attachée au juste équilibre. « J’aime travailler dans une ambiance détendue et j’ai un énorme besoin de voir mes collègues. Discuter en direct, c’est agréable et c’est aussi très efficace. C’est comme cela que des liens de confiance se sont tissés, notamment avec les directions du partenariat. » Elle est impliquée et disponible tout en préservant sa vie personnelle. « Dès que je peux, je me nourris intellectuellement d’art et d’architecture. Je m’évade dans l’esthétique des choses, ça me fait du bien. » De sa vie multilingue et multiculturelle, Clara a développé une capacité d’adaptation qui lui est utile au quotidien pour remplir les missions qui lui sont confiées. « Je suis sensible aux autres, aux différences, à l’humain. On réalise de grandes choses à plusieurs. Ces 19 ans à INRAE sont passés vite. Je ne me suis pas ennuyée une seconde. J’ai évolué, mon activité a changé d’échelle. Je suis fière de travailler dans un institut mobilisé sur des enjeux sociétaux clés. Mon travail a du sens. »

Un Laurier coup de projecteur

Clara Tremberth voit dans ce Laurier une reconnaissance pour les métiers de l’appui à la recherche qui aident les scientifiques, les unités et la direction d’INRAE à faire fructifier leurs recherches, faciliter et sécuriser la contractualisation de leurs partenariats. « Je partage ce Laurier avec ma formidable équipe qui m’impressionne chaque jour depuis presque trois ans par son dévouement et professionnalisme. L’entraide, le dialogue, la confiance et la bienveillance soutiennent notre activité intense au quotidien. Nous sommes ensemble dans le même bateau, mobilisés pour que ce service soit opérationnel et il fonctionne bien ! »

Et après ?

Les investissements de l’État dans le cadre de France 2030 offrent de belles opportunités à INRAE pour contractualiser des partenariats multiacteurs sur de grands défis sociétaux, en particulier avec les Programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR). Le SCIC, en lien avec l’ensemble des acteurs du partenariat, sera donc fortement mobilisé à court et moyen terme.