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Élection présidentielle française de 1974

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Élection présidentielle française de 1974
(1er tour)
(2d tour)
Débat(s) (2e tour)
Corps électoral et résultats
Population 52 647 616
Inscrits au 1er tour 30 602 953
Votants au 1er tour 25 775 743
84,23 % en augmentation 6,6
Votes exprimés au 1er tour 25 538 636
Blancs et nuls au 1er tour 237 107
Inscrits au 2d tour 30 600 775
Votants au 2d tour 26 724 595
87,33 % en augmentation 18,5
Votes exprimés au 2d tour 26 367 807
Blancs et nuls au 2d tour 356 788
Valéry Giscard d'Estaing – FNRI
Voix au 1er tour 8 326 774
32,60 %
Voix au 2e tour 13 396 203
50,81 %
François Mitterrand – PS
Voix au 1er tour 11 044 373
43,25 %
Voix au 2e tour 12 971 604
49,19 %
Jacques Chaban-Delmas – UDR
Voix au 1er tour 3 857 728
15,11 %
Résultats du premier tour par département et région
Carte
Résultats du second tour par département et région
Diagramme
Président de la République française
Par intérim Élu
Alain Poher
CD
Valéry Giscard d'Estaing
FNRI

L'élection présidentielle française de 1974 est la quatrième élection présidentielle sous la Ve République et la troisième au suffrage universel direct. Elle se tient les 5 et . Il s'agit d’un scrutin anticipé faisant suite à la mort du président Georges Pompidou le mois précédent.

Le premier tour voit s'exprimer la rivalité entre Jacques Chaban-Delmas, Premier ministre gaulliste jusqu'en 1972, et son ministre des Finances Valéry Giscard d'Estaing, toujours en poste, face au premier secrétaire du Parti socialiste, François Mitterrand, candidat de l'union de la gauche.

Valéry Giscard d'Estaing devance largement son rival du 1er tour puis l'emporte au second avec 50,81 % des suffrages exprimés face à François Mitterrand, soit un écart de seulement 1,62% (425 000 voix d'avance), avec un record historique de participation pour un second tour, de 87,33%, qui sera seulement approché par les fortes participations de 1981, puis 1988 et 2007.

Cette élection présidentielle, marquée par des débats intenses, restait en 2024 la plus serrée de l'histoire de la Ve République, loin devant les deux autres victoires les plus étroites, avec des écarts au second tour d'un peu plus de 3% en 2012 comme en 1981.

À la suite des événements de Mai 68, la France connaît de profondes mutations politiques. En raison d'une majorité absolue de « non » avec 52,4  % des votes exprimés au référendum sur la réforme du Sénat et la régionalisation, Charles de Gaulle démissionne de la présidence de la République le , comme il avait annoncé qu’il le ferait en cas de refus de son projet.

Lors de l'élection présidentielle anticipée de 1969, l'ancien Premier ministre gaulliste Georges Pompidou est élu au second tour face au centriste Alain Poher, président du Sénat et président de la République par intérim.

Dans sa déclaration de politique générale prononcée le , le nouveau chef du gouvernement, Jacques Chaban-Delmas, présente son propre projet d'inspiration centriste de « nouvelle société ». En 1972, il doit démissionner en raison de désaccords politiques avec le chef de l’État et une partie de la majorité, plus conservatrice que lui. Il est remplacé par Pierre Messmer. À gauche, le Parti communiste français, le Parti socialiste et le Mouvement des radicaux de gauche concluent en 1972 une alliance électorale fondée sur un programme commun de gouvernement.

Survenant le , le décès du président Georges Pompidou, malade depuis plusieurs années, entraîne l'organisation d’une nouvelle élection présidentielle anticipée.

Modalités du scrutin

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Conformément à l'article 6 de la Constitution, le président de la République française est élu pour un mandat de sept ans[1]. Si aucun candidat ne recueille la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour de scrutin, un second tour a lieu quatorze jours plus tard : seuls peuvent alors se présenter les deux candidats arrivés en tête au premier tour ou après un éventuel retrait de candidats mieux placés. Les dates du scrutin sont fixées en Conseil des ministres et publiées au Journal officiel[2]. Le scrutin est fixé pour le (premier tour) et le (second tour).

Chaque candidat doit satisfaire plusieurs conditions :

La Constitution prévoit que[1] :

  • en cas d'empêchement ou décès dans la dernière semaine de dépôt des candidatures d'une personne qui a annoncé son intention d'être candidate, le Conseil constitutionnel peut reporter l'élection ;
  • en cas d'empêchement ou décès d'un candidat avant le premier tour, l'élection est reportée ;
  • en cas d'empêchement ou décès d'un candidat qualifié pour le second tour, il est procédé de nouveau à l'ensemble des opérations électorales.

Le Conseil constitutionnel est, selon l'article 58 de la Constitution, garant de la régularité de l'élection, de l'examen des réclamations et de la proclamation des résultats.

Jacques Chaban-Delmas (UDR)

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Au 24, quai de Béthune, Georges Pompidou meurt le 2 avril 1974.

Jacques Chaban-Delmas, député et maire de Bordeaux, est âgé de 59 ans. Président de l'Assemblée nationale de 1958 à 1969 puis Premier ministre de Georges Pompidou de 1969 à 1972, il peut incarner une fidélité au gaullisme qui ne se résout pas au passéisme – il reprend sous forme de slogan de campagne le thème qui avait déjà été le fil directeur de son passage à Matignon : la « Nouvelle société ».

Le 4 avril, deux jours à peine après le décès du président Pompidou, le jour même de l'inhumation, Jacques Chaban-Delmas déclare sa candidature. La dépêche de l'AFP tombe sur les téléscripteurs à 16 h 9, pendant qu'on prononce à l'Assemblée l'éloge funèbre du défunt. Valéry Giscard d'Estaing ne manque pas d'exploiter à son profit cette maladroite précipitation[3].

Le fait est que Chaban-Delmas a de bonnes raisons de vouloir aller vite. Même si ses entreprises pour rassembler derrière lui le parti gaulliste ont porté leurs fruits les mois précédents (son proche Roger Frey a obtenu la présidence du groupe parlementaire, et il a pu pousser Alexandre Sanguinetti, un gaulliste « historique » critique envers le Président Pompidou, au secrétariat général du parti), il sait que d'autres ambitions peuvent le concurrencer au sein du mouvement gaulliste. Et c'est en effet la cacophonie dans ce camp : Christian Fouchet, au nom de la fidélité absolue à de Gaulle, a été le premier à se lancer dès le 3 avril[4], alors que, le [5], c'est l'inconstant Edgar Faure qui fait aussi connaître son intention de concourir. Mais la candidature la plus préjudiciable à Jacques Chaban-Delmas serait celle du Premier ministre en poste, Pierre Messmer, au nom de l'héritage du Président défunt, avec la légitimité que peut lui conférer sa fonction.

Jacques Chaban-Delmas, Premier ministre de 1969 à 1972.

Or un groupe « pompidolien » mené par le ministre de l'Intérieur Jacques Chirac et deux conseillers du président Pompidou, Marie-France Garaud et Pierre Juillet, pousse en ce sens un Pierre Messmer conscient de son manque de charisme et peu enclin à se lancer dans la bataille. Ce dernier annonce le 9 avril son intention de se lancer si cela permet de faire l'unité de la majorité, puis se retire le soir même après avoir constaté ne pas être suivi (sinon par Edgar Faure, qui en profite pour se retirer avec panache d'un combat mal engagé pour lui). Jacques Chaban-Delmas, qui a obtenu le 7 avril le soutien du comité central et des groupes parlementaires de l'UDR, est donc définitivement le candidat unique du parti gaulliste[6]. Il obtient également le soutien du petit Centre démocratie et progrès de Jacques Duhamel le 9 avril (un comité directeur approuve ce soutien par 35 voix contre 7 abstentions)[7]. Mais sa légitimité est minée par le trop-plein de candidatures déclarée au cours de la semaine.

Parallèlement, selon Le Monde, le patronat se divise aussi, « les personnalités les plus conservatrices » soutenant « le plus vigoureusement » Giscard d'Estaing, et « les plus progressistes » le candidat gaulliste[8].

La publication le du « Manifeste des 43 », appel de quatre ministres et 39 parlementaires UDR ou proches de l'UDR, sape encore sa candidature. Au-delà de la langue de bois du texte, une chose est claire : celui-ci ne mentionne pas le nom de Chaban-Delmas et désavoue donc la candidature que les signataires sont supposés soutenir. Jacques Chirac avait demandé à Chaban-Delmas de retirer sa candidature après avoir consulté un rapport des renseignements généraux prédisant un échec, mais les historiens sont toujours divisés sur les intentions de la manœuvre[9].

Dès lors, le cours de la campagne de Chaban se résume à une dégringolade continue dans les sondages. Les coups bas d'une partie de l'UDR n'expliquent peut-être pas tout : plusieurs commentateurs[10] attribuent aussi son échec au choix stratégique d'une campagne axée sur des thèmes sociaux, qui effarouche la droite sans mordre sur l'électorat de François Mitterrand. Son programme présidentiel est une mise au goût du jour des idées développées lors de sa présence à l'hôtel Matignon. Il prêche de tribune en tribune les bienfaits de cette nouvelle société qui verrait se réconcilier patronat et travailleurs. Son « plan de 30 mois de lutte contre la menace de crise et pour le progrès économique et social », présenté lors d'une conférence de presse le , s'appuie sur l'infléchissement du modèle de développement dans le sens d'une meilleure utilisation des ressources, la participation des partenaires sociaux aux responsabilités économiques, une politique vigoureuse des prix garantissant le pouvoir d'achat, une répartition juste de la charge fiscale ou l'amélioration des bas salaires.

Chaban organise ce qui s'avérera une maladresse tactique. Il invite André Malraux à participer à son spot de campagne officielle. Celui-ci est très malade et l'apparition de ce vieil homme au visage secoué de tics qui tient un discours prophétique inintelligible où il invoque les mânes de Jules Ferry entache l'image de Chaban-Delmas[11]. Enfin, l’affaire de sa « feuille d’impôt », dévoilée par Le Canard enchaîné en 1972, ne favorise pas le candidat gaulliste.

Valéry Giscard d'Estaing (FNRI)

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Valéry Giscard d'Estaing en 1969.

Valéry Giscard d'Estaing, fréquemment désigné par ses initiales, « VGE », est depuis 1962 ministre de l’Économie et des Finances (avec une interruption de trois ans, entre 1966 et 1969). Il n’en demeure pas moins, avec ses 48 ans, le plus jeune des trois candidats susceptibles de l’emporter.

À l’origine, membre d’un parti de droite de tradition orléaniste, le CNIP d’Antoine Pinay, Giscard a quitté ce mouvement en 1962 lorsque celui-ci est entré en conflit avec le président Charles de Gaulle. En 1966, il peut néanmoins manifester sa différence par rapport au gaullisme le plus orthodoxe en proclamant : « Nous sommes l’élément centriste et européen de la majorité. » Sa formation politique, la Fédération nationale des républicains indépendants, devient d'ailleurs une force incontournable de la majorité, contrebalançant le poids de l'UDR dans la majorité. Osant se distinguer encore davantage en appelant à voter « non » au référendum du 27 avril 1969 et participant ainsi à la chute de De Gaulle, il n’en est pas moins ministre de tous les gouvernements sous la présidence Pompidou.

C'est depuis la mairie de Chamalières que Valéry Giscard d’Estaing se déclare candidat en souhaitant « regarder la France au fond des yeux ».

Resté dans un silence décent pendant la période de deuil national, Giscard se lance en campagne le 8 avril. C’est de son fief provincial, la mairie de Chamalières (une petite ville de la banlieue de Clermont-Ferrand), qu’il en fait l’annonce en déclarant vouloir « regarder la France au fond des yeux »[12].

Valéry Giscard d’Estaing est dès le début de sa campagne capable de fédérer derrière son nom la quasi-totalité des non-gaullistes de droite et de centre-droit (modérés du Centre démocrate de Jean Lecanuet). Il a désormais à faire campagne dans la situation a priori malaisée de ministre sortant[13] en incarnant le renouveau sans pour autant renier l’héritage ; pour exprimer cette ambivalence, il réutilise un slogan qui avait déjà été celui de Georges Pompidou en 1969 : « Le changement dans la continuité ».

C’est le 10 avril que le Centre démocrate apporte son soutien à la candidature giscardienne, à laquelle Jean Lecanuet s’est rallié sans hésitation (un conseil politique extraordinaire approuve cette décision à 157 voix contre 84 et 7 abstentions)[14]. Du côté du minuscule Centre républicain, le parti centriste de Michel Durafour, on est également giscardien. En revanche le Centre national des indépendants et paysans d’Antoine Pinay, qui n’est plus que l’ombre de lui-même sous la direction de Camille Laurens, ne sera pas unanime à se ranger derrière son ancien membre, et adoptera une attitude variable d’un département à l’autre[15]. Il reçoit également le soutien des membres de l'UDR hostiles à la candidature de Jacques Chaban-Delmas, tout particulièrement des signataires du « manifeste des 43 » menés par Jacques Chirac.

Valéry Giscard d’Estaing mène une campagne d’image extrêmement cohérente jusqu’au second tour, sans jamais infléchir sa stratégie : viser au centre. Bien caractéristique de ce positionnement est cette citation de son discours du meeting de Nantes du 1er mai : « La lutte est entre le centre et l’extrême-gauche ». Son programme est à coloration nettement sociale : priorité à l'aide aux personnes âgées, généralisation de l'assurance maladie, projet de loi sur les personnes handicapées, promotion de la femme et de la famille, association plus dynamique des travailleurs dans l'organisation de leur travail, meilleure information des cadres ou abaissement de l'âge de la retraite.

Vis-à-vis de la candidature Chaban, la tactique est de l’ignorer. Aucun positionnement ne répond à ceux de son concurrent de la majorité. Dans la dernière semaine avant le premier tour, au vu des sondages qui lui assurent avoir vaincu ce premier obstacle, Valéry Giscard d’Estaing peut s’offrir le luxe de faire allusion à sa participation passée au « gouvernement Chaban-Delmas » comme si ce nom était celui d’un honorable retraité[16].

Contre Mitterrand, il s’agit de jouer sur la différence de génération. L’idée force de la campagne, c’est qu’il s’agit d’un homme de la défunte Quatrième République[17] ; on ironise donc sur « l’homme du passé ». Le thème naturel de l’anticommunisme, que les auditoires acquis des meetings aiment à entendre, ne sera utilisé que précautionneusement : ce sont les seconds rôles qui s’en chargent, Michel Poniatowski tout particulièrement, ou davantage encore les documents de campagne anonymes[18]. Le candidat, qui doit apparaître comme un homme de rassemblement, se garde bien quant à lui de participer aux polémiques agressives.

Ce qui importe avant tout, c’est de donner aux Français l’image personnelle d’un homme de tête et de cœur. Après cinq ans aux finances, le candidat a déjà forgé une image de technicien à l’intelligence supérieure ; il s’agit de capitaliser sur celle-ci en l’infléchissant pour apparaître plus humain. Pendant la campagne, VGE joue de l’accordéon ou au football[19], et c’est dans la même logique que les enfants du candidat sont utilisés dans la construction de l’image de leur père (Jacinte, âgée de treize ans, figure sur la grande affiche de campagne aux côtés de Valéry[20]). Le candidat va aussi exploiter sa relative jeunesse : il est photographié aux commandes d’un hélicoptère, et même torse nu dans les vestiaires à l’issue de la petite démonstration footballistique. Enfin, dernier atout sur Mitterrand qu’il faut mettre en valeur, la reconnaissance internationale du candidat est mise en relief, quand bien même la politique étrangère est-elle presque absente des débats. Les photos des documents de campagne représentent le ministre-candidat aux côtés des grands de ce monde ; au meeting de Marseille du 27 avril deux phrases suffisent pour évoquer qu’il a fréquenté Richard Nixon, Léonid Brejnev, Konrad Adenauer et Willy Brandt[21].

Une fois passé le premier tour, les petits candidats de droite et du centre, Jean Royer, Jean-Marie Le Pen et Émile Muller appellent tous sans réserve leurs électeurs à se reporter sur Valéry Giscard d’Estaing. Jacques Chaban-Delmas est un peu plus prudent verbalement dans un premier temps (il « confirme son opposition résolue à la candidature » de François Mitterrand), mais le 13 mai formalise plus nettement son appel à voter pour Valéry Giscard d’Estaing[22]. On peut ajouter à ces soutiens celui désormais formalisé du CNIP et surtout celui du Parti radical « valoisien » de Jean-Jacques Servan-Schreiber qui abandonne le 14 mai sa posture attentiste et se range dans le camp giscardien (par 70 pour, 18 contre et 1 abstention[23]).

Aucune rupture de style entre les deux tours. Tout au plus le candidat de la droite met-il un peu plus en valeur le thème de la « sécurité »[24], susceptible de séduire les derniers hésitants à droite sans effrayer le centre. Il rappelle aussi qu’il ne remettra en cause ni les institutions gaulliennes de la Ve République, ni la politique de défense. Mais ce n’est pas l’essentiel ; l’objectif reste le même : convaincre les derniers électeurs hésitants qu’il est un homme d’avenir face à l’homme du passé et de proposer aux Français un « changement sans risque »[25].

François Mitterrand (Union de la gauche)

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François Mitterrand (ici en 1968), déjà candidat de l'union de la gauche en 1965.

Alors âgé de 58 ans, François Mitterrand, député de la Nièvre, a déjà une longue expérience politique puisqu’il a été huit fois ministre et trois fois secrétaire d’État sous la Quatrième République, et qu’il a été le candidat unique de la Gauche à l’élection présidentielle de 1965, mettant en ballottage Charles de Gaulle.

Depuis qu’il a pris le contrôle du nouveau parti socialiste au congrès d’Épinay en 1971 puis signé le Programme commun de gouvernement avec le Parti communiste français et le petit Mouvement des radicaux de gauche, il est le leader incontesté de la gauche parlementaire et sa candidature s’impose par elle-même.

Pendant les jours qui suivent le décès du Président Pompidou, François Mitterrand, fin tacticien, est injoignable. Il sait que ses relations avec le Parti communiste seront exploitées par ses adversaires et il joue de son savoir-faire politicien pour donner l’image de la plus grande indépendance. Lorsque le 4 avril, il ne peut éviter de rencontrer brièvement le premier secrétaire du Parti communiste français Georges Marchais à l’Assemblée nationale, dans le bureau de Gaston Defferre[26], il refuse fermement d’entrer en pourparlers pour organiser son plan de campagne. S’ensuit une demande écrite du leader communiste de solenniser par une déclaration commune des trois partis de gauche sa candidature, à laquelle il prend soin de ne pas répondre tout en chargeant le numéro deux du parti Pierre Mauroy de renvoyer une réponse dilatoire. Après avoir joué sur les nerfs de ses partenaires sans rien céder, François Mitterrand peut ainsi procéder au lancement de sa candidature en homme libre[27],[28],[29].

Comme pour celle de Valéry Giscard d'Estaing, c'est le 8 avril que la candidature est mise sur orbite. Un congrès extraordinaire du Parti socialiste est réuni salle de la Mutualité à Paris ; il désigne François Mitterrand comme candidat à l’unanimité des 3 748 mandats. Ce n’est que dans un second temps que les autres partis de l’Union de la gauche sont invités à soutenir cette candidature par une déclaration commune[30].

Entre-temps la direction nationale du Parti socialiste unifié a décidé la veille 7 avril, comme le préconisait Michel Rocard, de se rallier à la candidature Mitterrand et de renoncer à présenter la candidature du syndicaliste Charles Piaget (à une majorité de 48 voix contre 35 et une abstention).

Enfin plusieurs syndicats professionnels apportent dans les jours qui suivent leur soutien à la candidature de François Mitterrand : en premier lieu la CGT et la CFDT, mais également la FEN et le MODEF.

La rose au poing fleurit sur tous les documents de campagne de François Mitterrand.

Contrairement à VGE, Mitterrand n’a donc pas d’adversaire à gérer dans son propre camp mais un partenaire, ce qui n’est pas forcément plus facile. Les relations avec le PCF semblent bonnes pendant la campagne[31]. Il est entendu que la campagne des partis reste indépendante de celle du candidat ; les deux représentants du PCF, dont François Hincker, admis en observateurs au siège de campagne, tour Montparnasse n’ont pas de bureau, ne figurent pas sur l’organigramme, et on leur demande même de garder secrète leur présence[32]. Lorsque le 16 avril Mitterrand annonce qu’en cas d’élection il choisira un Premier ministre socialiste, ses partenaires communistes se plaignent poliment de n’avoir pas été prévenus de sa déclaration, mais ne manifestent pas une excessive irritation[33].

Dans sa conférence de presse du , il présente ses propositions qui sont la reprise des mesures annoncées par le programme commun de 1972 conjuguées à certains idéaux socialistes. La mise en œuvre de ce programme particulièrement vaste serait organisée en trois temps : d'abord, un plan de six mois autour de mesures économiques et sociales (l'échelle mobile des salaires, indexation de l'épargne sur les prix, relèvement du SMIC à 1 200 francs...) ; ensuite, un plan sur dix-huit mois destiné à lutter contre les causes structurelles des inégalités et de l'inflation (retraite à soixante ans, cinquième semaine de congés payés, réduction du temps de travail, restructuration industrielle, nationalisations, maîtrise du crédit...) ; enfin, un plan de cinq ans chargé d'adapter la société à de nouveaux concepts et droits (droit de vivre, temps de vivre). François Mitterrand prend la précaution de riposter aux attaques de la majorité présidentielle sortante en affirmant le maintien de la France dans l'Alliance Atlantique tout en prévoyant une « Charte des libertés », interdisant quiconque de lui jeter la liberté au visage.

Tout comme Giscard, François Mitterrand est conscient que l’élection se jouera au centre et s’efforce donc d’attirer à lui cette frange de l’électorat. Il se réfère le moins possible au « Programme commun » qui lie les partis de l’Union de la Gauche — ou se borne à renvoyer aux « orientations » de ce programme — et, comme d’ailleurs son principal adversaire, évite la démagogie et se garde bien de formuler des promesses trop précises quant aux décisions qu’il prendrait, une fois élu.

L’équipe de François Mitterrand a fait appel à des sondeurs pour tester l’image du candidat et la perception des thèmes de campagne par l’opinion publique, et servir de base à l’élaboration de la stratégie. Pour le premier tour, conscient d’être en retard sur Giscard pour ce qui est de l’image, on choisira d’orienter tant que possible la campagne sur le terrain politique plutôt que personnel. Comme le principal adversaire est le ministre sortant de l’Économie et des Finances, on l’affaiblira en rappelant ses résultats, tout en se réfrénant des attaques contre sa personne : d’où l’importance donnée aux thèmes de la hausse des prix et des inégalités sociales.

Pour le second tour, il y a quelques inflexions : pour séduire les modérés, les problèmes sociaux sont évoqués sous la thématique de la « paix sociale » plutôt que celle des inégalités ; pour séduire les gaullistes on met en avant le thème de l’« indépendance nationale ». On se préoccupe davantage de construire une image concurrençant celle de Giscard : comme ce dernier est mis en avant l’entourage familial. Enfin on se permet un peu plus d’agressivité envers le concurrent, dont il convient de casser l’image consensuelle en le présentant comme un « homme de la droite » dans ce qu’elle a de plus rétrograde. Ont été identifiées trois catégories d’électeurs parmi lesquelles une marge de progression existe, et qui devront être séduites en priorité : les personnes âgées, les cadres, les femmes[34]. De son côté, Georges Marchais déclare le  : « il n' y a pas un gouffre entre les gaullistes et la gauche. Il y en a un entre les gaullistes et les giscardiens »[35]. Le , il ajoute que le Parti communiste ne demande pas de poste clé au potentiel futur gouvernement de gauche (Intérieur, Défense, Affaires étrangères). Cette précision renvoie à la situation politique de la Libération, lorsqu'en 1945 des ministres gaullistes et communistes travaillaient ensemble[36].

Après le 5 mai, les petits candidats de la gauche et de l’écologie appellent tous les trois à soutenir François Mitterrand, en termes plus ou moins contournés mais sans ambiguïté : Arlette Laguiller déclare que « les voix de l’extrême-gauche font partie des voix de la gauche », René Dumont « choisit l’espoir en votant François Mitterrand, à titre personnel », Alain Krivine appelle à « battre la droite par tous les moyens »[37]. Sur le papier, en supposant les reports parfaits, François Mitterrand dispose donc de 47,3 % des suffrages. Si les reports se font suffisamment mal à droite, la victoire est possible. Les évolutions individuelles de gaullistes, même marginaux, sont dès lors de première importance : on note donc avec intérêt le ralliement à François Mitterrand des anciens ministres Jean-Marcel Jeanneney et Edgard Pisani ou d’anciens de la Résistance comme Jacques Debû-Bridel et Romain Gary, ou l’appel à voter blanc lancé par le mouvement de jeunesse gaulliste, l’Union des jeunes pour le progrès. Un peu déçu semble-t-il à l’issue du premier tour, François Mitterrand, dans les derniers jours, commence à croire à la possibilité d’une victoire[38].

Jean Royer (droite conservatrice)

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Jean Royer lors d'un meeting à Toulouse.

Le maire de Tours, par ailleurs ministre des Postes et Télécommunications dans le gouvernement Messmer est âgé de 53 ans. Gaulliste convaincu sans être membre de l’UDR, il est connu des Français pour son combat inlassable contre la pornographie, un thème qui n’est pas marginal au début des années 1970 où prolifère soudain le cinéma érotique[39]. Fameux pour ses arrêtés d’interdiction des films coquins dans sa bonne ville de Tours[40], Jean Royer l’est aussi pour son passage récent au ministère du Commerce et de l’Artisanat où il est à l’origine d’une loi qui porte son nom et qui limite le développement des grandes surfaces.

C’est sur ces thèmes qu’il construit sa campagne ; il s’y ajoute celui de l’opposition catégorique à toute libéralisation de l’avortement. Avec un tel programme, il n’est pas surprenant que Jean Royer excite le sens de la formule des commentateurs : Franz-Olivier Giesbert y voit le « prophète solennel des boutiquiers et des dames de piété », le Nouvel Observateur un « Savonarole des boutiques », tandis que Libération décrit ainsi son positionnement : « Royer, c’est l’homme politique de Pierre Bellemare et de Michel Sardou, un président qui sent la frite[41] ».

Dès ses premières décisions, Jean Royer — qui cultive une image justifiée de totale rigueur morale — se distingue en ne faisant rien comme tout le monde, et ceci bien souvent parce que ces décisions sont autant d’erreurs grossières. Il commence par démissionner de son ministère (Valéry Giscard d’Estaing se garde bien d’en faire autant), estimant incompatible le statut de candidat et celui de ministre. Plus curieusement, il se refuse à toute déclaration avant le 19 avril date d’ouverture de la campagne officielle[42]. La couleur de fond choisie pour son affiche de campagne est le marron foncé, et sa photo n’y figure pas. Le candidat, qui ne supporte pas l’avion, a loué un autorail de deux voitures et effectue ses déplacements à travers la France par ce moyen de transport ; de ce fait il ne peut de toute la campagne remettre les pieds à son quartier général, qu’il a eu de surcroît la fort peu judicieuse idée de baser à Tours et non à Paris comme tous ses concurrents. Enfin si les jeunes opposants à Jean Royer font tourner par leurs pitreries sa campagne à la pantalonnade, il n’est pas pour autant aidé par sa propre épouse dont l’interview sur Europe 1 contribue à rejeter sa candidature dans le registre du comique grivois[43].

Hélas pour Jean Royer, ce qu’on va retenir de sa campagne, c’est surtout la perturbation de ses meetings par des opposants hilares, qui scandent « Royer, Pétain, même combat » et « Royer, puceau, le peuple aura ta peau »[44]. Sans service d’ordre digne de ce nom, le candidat ne peut qu’encaisser et fait l’erreur de riposter vivement aux perturbateurs (ainsi à Nice : « Vous n’avez sans doute pas grand-chose à faire de la journée, vous n’avez rien inventé »), les excitant encore davantage. Le sommet est atteint au meeting de Toulouse du 25 avril où une jeune femme se dévêt et danse une demi-heure la poitrine nue, pour le plus grand bonheur des photographes de presse et des caméras de télévision[45]. Le 27 avril à Lyon, Royer confirme ne pas retirer sa candidature mais explique qu’il renonce aux réunions publiques pour se rabattre sur la radio et la télévision et les réunions sur invitation. Son score est très décevant, le capital de sympathie dont il disposait dans les premiers sondages ayant fondu au fur et à mesure de sa désastreuse campagne : avec 3,2 % des suffrages exprimés, il n'est guère en mesure de peser sur le second tour.

Arlette Laguiller (Lutte ouvrière)

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Arlette Laguiller en 1999.

La jeune Arlette Laguiller — elle a trente-quatre ans — n’est pas tout à fait inconnue du public, puisque sa formation politique Lutte ouvrière l’a promue « porte-parole » du parti aux législatives de 1973, lors desquelles elle a recueilli dans une circonscription du XVIIIe arrondissement de Paris 2,47 % des suffrages exprimés.

Lorsque décède le président Pompidou, une grève initiée au Crédit lyonnais embrase le secteur bancaire depuis le 1er février. Permanente syndicale à Force ouvrière chargée de ce secteur, Arlette Laguiller est montée en ligne, s’opposant à la CGT, et s’est de nouveau trouvée sous les projecteurs des médias ; ainsi un reportage de Paris Match la compare-t-elle le 23 mars à un autre syndicaliste fameux : « On l’appelle la Piaget des banques en révolte[46] ».

Lorsque son parti la désigne pour le représenter à la candidature à la présidentielle[47], Arlette Laguiller est donc par ses actes en totale cohérence avec son discours : l’objectif d’une candidature est avant tout d’éveiller la conscience révolutionnaire de la classe ouvrière et son programme est d’abord de « donner une voix et un visage à tous ceux qui se taisent ». Si ses concurrents directs du Front communiste révolutionnaire peuvent fustiger dans Rouge son « électoralisme »[48], le pari est réussi : son résultat électoral, 2,33 % des suffrages exprimés, est des plus réjouissants pour un parti jusqu’alors peu médiatique. Sans doute, comme les études des transferts de voix le montrent (un quart des électeurs d’Arlette Laguiller déclare se reporter sur Valéry Giscard d’Estaing au second tour), une partie non négligeable de son électorat a-t-il été motivé par la sympathie pour une femme du peuple et non par ses appels à la Révolution. Néanmoins, le parti trotskiste sait construire sur ce premier socle et « Arlette » mène cinq autres candidatures consécutives qui s’échelonnent jusqu’en 2007.

René Dumont (écologiste)

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La nébuleuse écologiste, qui a vécu sous la présidence Pompidou une période d’intense développement, est bien déterminée à manifester sa vitalité dans cette élection. Après avoir envisagé plusieurs candidatures, c’est finalement René Dumont, un agronome renommé retraité de soixante-dix ans, qui porte les couleurs de l’écologie.

Sa campagne iconoclaste est très remarquée[49], le candidat se distinguant par son aspect vestimentaire (un fameux pull rouge), ses déplacements à vélo, ses formules qui détonnent du discours politique traditionnel (« La voiture, ça pue, ça pollue et ça rend con…[50] »). Son équipe sait inventer des « coups » médiatiques qui animent la très morne campagne officielle : le quartier général de campagne est installé sur un bateau-mouche, le candidat apporte à la télévision une pomme et un verre d’eau qu’il boit devant les téléspectateurs pour illustrer la crise écologique.

Le résultat n’est pas à la hauteur des espoirs que l’intérêt du public et des médias pour sa campagne novatrice pouvait permettre de nourrir. Le score obtenu (1,3 % des suffrages exprimés) déçoit[51].

Jean-Marie Le Pen (Front national)

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Jean-Marie Le Pen en 1984.

Jean-Marie Le Pen est le président du Front national, un parti créé en 1972. Cette candidature s'inscrit dans un contexte particulier au sein de l'extrême droite française. Le Front national sort en effet avec difficulté d'une scission particulièrement violente vidant le parti d'un certain nombre de ses cadres et militants qui accusent Jean-Marie Le Pen de manœuvrer son mouvement uniquement pour servir ses ambitions personnelles.

Une fraction nationaliste-révolutionnaire menée par Alain Robert et Pascal Gauchon, et soutenue par François Brigneau (éditorialiste de Minute), se réorganise au sein du groupe Faire front (matrice du futur Parti des forces nouvelles) qui concurrence sérieusement le jeune Front national et mise sur le soutien à Valéry Giscard d’Estaing plutôt que sur une candidature Le Pen qui n'aurait aucune chance d'obtenir un résultat significatif[52].

Outre l'absence du soutien du groupe Faire front, Jean-Marie Le Pen est lourdement handicapé par la très droitière candidature de Jean Royer (qui obtient lui-même le soutien de l'avocat Jacques Isorni et de l’association Pétain-Verdun, et est le candidat des cercles catholiques traditionalistes[53]). Dans ces conditions, le candidat du Front national, qui se présente comme le seul candidat de droite[54],[55], centre sa campagne sur la lutte contre le communisme et les grèves, contre l’avortement et pour la défense des retraités. Il obtient un score dérisoire (0,75 % des suffrages exprimés, à rapporter aux 5,27 % de Jean-Louis Tixier-Vignancour en 1965) : pour la droite nationaliste, les années 1970 sont une période difficile sur le plan électoral.

Émile Muller (Mouvement démocrate socialiste de France)

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Au centre, presque toutes les tendances se sont rapprochées de l’un ou l’autre des trois candidats principaux : le Mouvement des radicaux de gauche de Robert Fabre adhère depuis 1972 au programme commun de la gauche et soutient donc François Mitterrand ; le Centre Démocratie et Progrès de Jacques Duhamel et Joseph Fontanet soutient Jacques Chaban-Delmas ; c’est Valéry Giscard d’Estaing qui a le mieux réussi dans les appels de pieds aux centristes, puisque le Centre démocrate de Jean Lecanuet et le Centre républicain de Michel Durafour se rallient aussitôt à sa candidature, tandis que le Parti radical « valoisien », dirigé par Jean-Jacques Servan-Schreiber, le favorise en sous-main en réservant toutefois la déclaration de son soutien formel à l’après premier tour. Seul le petit Mouvement démocrate socialiste de Max Lejeune et Émile Muller fait le choix de l’autonomie. C’est donc le maire de Mulhouse, Émile Muller qui représente à ce scrutin une alternative centriste en dehors de la bipolarisation politique droite-gauche. Se prévalant du soutien de Max Lejeune, député-maire d'Abbeville et ancien ministre, il espère mobiliser en sa faveur l'électorat centriste mêlé aux socialistes qui observent avec méfiance l'alliance du Parti socialiste avec les communistes. Son programme politique reprend de vieux thèmes chers aux sociaux-démocrates tels que l'encouragement d'une déconcentration et d'une décentralisation administratives ou l'union politique et économique de l'Europe. Peu connu des Français en dehors de son bastion mulhousien, Émile Muller mène une campagne assez terne et voit sanctionnée par les urnes sa stratégie d’autonomie, qui ne reçoit l’appui que de 0,69 % des votants.

Alain Krivine (Front communiste révolutionnaire)

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Alain Krivine en 1982.

L’extrême gauche trotskyste part divisée. Outre la candidature d’Arlette Laguiller déjà évoquée plus haut, Alain Krivine, le leader du Front communiste révolutionnaire est là pour proposer une alternative révolutionnaire. Son parti a d’abord envisagé le soutien à une « candidature de luttes » du syndicaliste autogestionnaire Charles Piaget puis, celle-ci ne se concrétisant pas, fait le choix de la candidature autonome en préférant finalement Alain Krivine malgré ses origines « bourgeoises » à l’ouvrier André Fichaut. Malgré la forte notoriété acquise par sa participation aux événements de mai 1968 puis sa candidature de 1969, son échec est retentissant : 0,36 % des suffrages, deux fois moins de voix qu’à la présidentielle précédente et surtout six fois moins que l’autre candidate trotskyste Arlette Laguiller[56].

Enfin trois autres candidats — le royaliste « de gauche » Bertrand Renouvin pour la Nouvelle Action française, et les deux « fédéralistes européens » Jean-Claude Sebag (Mouvement fédéraliste européen) et Guy Héraud (Parti fédéraliste européen) — se singularisent surtout pour avoir obtenu les trois scores les plus faibles de tous les temps à une élection présidentielle française au suffrage universel, tant en nombre de voix qu’en pourcentage des exprimés[57].

Bertrand Renouvin (Nouvelle Action française)

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Bertrand Renouvin se déclare candidat « à titre personnel », bien qu'il dirige la Nouvelle Action française depuis 1971. Son message lors de sa campagne insiste moins sur des thèmes habituels des milieux monarchistes que sur une réflexion sur l'indépendance de l'État vis-à-vis des partis et des puissances financières et la reconquête des libertés par les citoyens. Bien que n'ayant expressément sollicité aucun suffrage, il obtient 0,17 % des voix.

Jean-Claude Sebag (Mouvement fédéraliste européen)

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Le mouvement fédéraliste européen fait son apparition, mais divisé. D'un côté, l'historique Mouvement fédéraliste européen, section française de l'Union des fédéralistes européens créée en 1948 pour défendre la construction d'un État fédéral en Europe et donc renforcer l'aspect supranational de la CEE, présente son secrétaire général, l'avocat Jean-Claude Sebag, qui à 30 ans est le benjamin de l'élection, qui ne recueille que 42 007 voix (soit 0,16 % des suffrages) et arrive en avant-dernière position.

Guy Héraud (« fédéraliste européen »)

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L'ancien président du Mouvement fédéraliste européen et professeur de droit public spécialisé dans la défense des minorités, cultures et langues régionales européennes, Guy Héraud, entre quant à lui dans la campagne sous l'étiquette « Parti fédéraliste européen ». Mêlant fédéralisme européen et régionalisme, la construction d'une Europe fédérale doit, pour lui, permettre le délitement de l'échelon national et donc l'émancipation et une forte autonomie des régions. Il arrive en dernière position avec 19 255 bulletins, soit 0,08 % des voix, ce qui constitue à ce jour le score le plus bas jamais obtenu par un candidat à une élection présidentielle sous la Cinquième République[58].

Candidatures n’ayant pas abouti

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À ces douze candidats on doit ajouter un certain nombre de personnalités qui ont manifesté leur intention de concourir mais n’ont soit pas rempli les conditions juridiques exigées des candidats, soit manifesté leur intention dans le seul but de recueillir des « signatures » destinées à d'autre candidats ou possibles candidats. Il s'agit de[59][source insuffisante] :

Nom Commentaire
Robert-Élie Azoulay Président du parti libéral français
Stéphane Baumont Secrétaire général du comité pour le développement du sport scolaire et universitaire
Louis Belmonte Chef d’entreprise à Toulouse - Maire de Tignac 09
Jean-François Besson Directeur de société
Marie Bonnafous « féministe et pacifiste »
Jean-Marc Bourquin Militant LCR à Saint-Denis (93)
Alain Bousquet
Jean-Pierre Brissaud Extrême gauche
Jean-Paul Carteron Avocat au Barreau de Paris[60]
Jacques Deschanel Restaurateur
Léopold Elbazé Avocat
Michel Fayolas Président du Comité des rentiers viagers
Dominique Gallet
Maurice Gardet Candidat de « la joie de vivre en France »
Gisèle Guisette Environnementaliste
M. Henninot Candidat de « la classe moyenne »
Henri Jannès Rassemblement des usagers et contribuables
Djellali Kamel En soutien aux 37 travailleurs immigrés en grève de la faim rue Dulong pour exiger leur régularisation[61]
Robert Lafont Régionaliste occitan
Huguette Leforestier Féministe
Michel Prigent Jeune démocrate
Georges Rico
André Roustan Président du Parti communiste révolutionnaire (marxiste-léniniste), maoïste
Chariton Salkazanov[62] « Ambassadeur des étoiles »
Jean-Louis Savignet Pour une « monarchie républicaine »
Toussaint Védèche Ancien maire de Laviolle, défenseur des communes rurales
Georges Wambergue « Pacifiste et visionnaire »

Péripéties

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Divisions chez les gaullistes

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Comme dit plus haut, le camp gaulliste n’est pas uni derrière Jacques Chaban-Delmas. Un groupe mené par Jacques Chirac, Pierre Juillet et Marie-France Garaud conspire pour torpiller sa candidature[63].

Certains commentateurs, en premier lieu, attribuent des intentions malveillantes au ministre de l’Intérieur Jacques Chirac dans son choix des dates du scrutin. Alors que la législation électorale lui laissait le choix entre deux dates, il a proposé au conseil des ministres la plus tardive ; peut-être parce qu’il pense qu’une campagne longue est plus à même de voir s’effondrer les intentions de vote pour Chaban.

En revanche, il ne fait guère de doute que les pressions de ce groupe ont concouru à l’épisode Messmer du 9 avril 1974. Poussé par ses amis à assurer une relève pompidolienne, Pierre Messmer annonce dans la matinée[64] l’éventualité de sa candidature dans des termes soigneusement pesés :

« Devant la situation provoquée par plusieurs candidatures de la majorité de Georges Pompidou, en raison du risque que cela fait courir à la France, je me suis résolu à me présenter aux suffrages des Français si ces candidats se retirent. Je le leur demande »

Edgar Faure, qui a compris dès les premiers sondages qu’il va dans le mur, profite de l’occasion pour retirer sa candidature à 11 h 30 ; Christian Fouchet fait savoir à 12 h 45 qu’il maintient la sienne.

La balle est alors dans le camp des deux principaux candidats. Jacques Chaban-Delmas rend visite au Premier ministre à l’hôtel Matignon vers quinze heures. L’entretien ne dure que trois minutes, le maire de Bordeaux se maintient.

Après que son rival se fut ainsi prononcé, l’occasion est alors trop belle pour VGE de se donner l’image d’un candidat d’union : à 16 h 30, son secrétariat produit un communiqué rappelant qu’il est :

« prêt à s'effacer devant le Premier ministre nommé par le président Pompidou. »

La manœuvre a réussi, le ballon d’essai Messmer n’a rien changé, si ce n’est — mais c’est essentiel — dans la perception des candidatures par l’opinion publique. Il ne reste plus au Premier ministre qu’à se retirer :

« Les conditions n'étant pas réunies, j'ai décidé de ne pas poser ma candidature à la Présidence de la République. Ma décision est irrévocable. »

Nouvelle attaque contre la candidature Chaban, le 13 avril en soirée est diffusé un appel dit « Manifeste des 43 » signé de quatre ministres (Jacques Chirac, Jean-Philippe Lecat, Jean Taittinger et Olivier Stirn), trente-trois parlementaires UDR et six parlementaires divers droite. Écrit dans un style particulièrement insipide, ce « manifeste » (qui sera publié le lendemain 14 avril, jour de Pâques, par le Journal du dimanche) rappelle les principes de la philosophie politique gaullienne et salue la démarche de rassemblement de Pierre Messmer ; les signataires concluent ainsi :

« En conséquence, ils arrêteront ensemble et en conscience une position concertée en faveur de la solution qui leur paraîtra le mieux assurer le respect de ces principes en faisant échec à toute candidature socialo-communiste, qui remettrait en cause l'avenir de la France et le bonheur des Français. »

Le nom de Chaban-Delmas n’est nulle part cité. Les observateurs de la vie politique ne s’y trompent pas : c’est un coup de poignard dans le dos[65] rédigé en termes diplomatiques, et une opération à peine camouflée de soutien à Valéry Giscard d’Estaing[66]. À Beaune, Jean-Philippe Lecat ira jusqu’à fonder et présider simultanément deux comités de soutien, l'un à Chaban et l’autre à Giscard[67].

Nouvelle manifestation du pouvoir de nuisance du ministère de l’Intérieur Jacques Chirac, France-Soir publie le 20 avril un sondage réalisé par les Renseignements Généraux qui montre VGE prendre une avance définitive sur Chaban. Une fois encore les observateurs ne s’y trompent pas : il doit y avoir du Chirac là derrière[68].

Le 21 avril, Pierre Messmer reprend la parole pour préciser son soutien à la candidature Chaban en précisant agir « par discipline ».

Ingérences de l'Union soviétique

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La position de Léonid Brejnev à l'égard des deux candidats à l'élection présidentielle française prête à discussion.

Alors que les États-Unis ont veillé à garder la plus stricte neutralité dans cette campagne, conscients que tout geste à l’appui ou en défaveur d’un candidat serait totalement contre-productif, l’ambassadeur d’Union soviétique à Paris, Stepan Tchervonenko, rend une visite très publique à Valéry Giscard d’Estaing le 7 mai, deux jours après le premier tour, sous le prétexte de faire avancer divers dossiers concernant la coopération économique franco-soviétique.

Une première interprétation littérale de ce geste, celle par exemple de Philip Short[69], est d’y voir un soutien implicite de l’Union soviétique au candidat de la majorité qui reste en lice pour le second tour : une fois éliminé le gaulliste Chaban-Delmas, sans doute le candidat préféré de Moscou[70], on préférera Giscard à Mitterrand, soupçonné de trop d’atlantisme[71].

Mais, réaction inattendue, le bureau politique du Parti communiste français publie dès le lendemain 8 mai un communiqué désapprouvant cette immixtion dans la campagne[72]. On peut de fait s’interroger sur les motivations réelles de Stephan Tchervonenko ; sans d’ailleurs pouvoir exclure la simple gaffe (après tout le même Stepan Tchervonenko a déjeuné avec François Mitterrand dans les premiers jours d’avril), l’hypothèse d’un geste à l’intention des communistes français plutôt que de l’opinion publique, dans une période de relatives tensions entre le PCF et le PCUS ne peut être exclue[73].

Dernier épisode le 17 mai où un fonctionnaire de second plan de l’ambassade soviétique réagit avec vivacité à des propos anticommunistes du lieutenant de VGE, Michel Poniatowski, propos qui avaient auparavant suscité une protestation du PCF. La presse couvre abondamment l’incident apparemment mineur ; il est vrai que l’ambassade s’est donné la peine de contacter téléphoniquement les rédactions pour leur souligner l’émission du communiqué. Selon la lecture des diplomates américains, il pourrait s’agir là d’une concession soviétique au mécontentement des communistes français, faite en geste d’apaisement des tensions suscitées par la visite du 7 mai[74].

Le KGB intervient lors de la campagne pour influencer celle-ci. Son directeur, Iouri Andropov, donne l'ordre à Philippe Grumbach, directeur de L'Express et l'un des principaux espions soviétiques en France, de transmettre de faux documents à Chaban-Delmas et Mitterrand afin d'incriminer Giscard d'Estaing. Le but est alors d'éviter une union de la droite et d'en faire profiter le candidat de gauche Mitterrand, allié aux communistes. L'affaire n'est révélée qu'en [75],[76].

Débat télévisé du second tour

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Le , les candidats au second tour acceptent, pour la première fois en France, de débattre à la télévision, sur le modèle des débats organisés aux États-Unis. Le débat est diffusé par l'ORTF et retransmis sur France Inter, ainsi que sur une douzaine de télévisions européennes et des radios périphériques. Il est suivi par 20 à 25 millions de téléspectateurs[réf. nécessaire].

Les conditions du débat sont négociées par les équipes des candidats. Le format retenu privilégie un seul débat, d'une durée de deux heures, dans lequel les animateurs n'interviennent pas. Un tirage au sort préalable à la retransmission donne la parole en premier à Giscard d’Estaing, la conclusion revenant à François Mitterrand.

Le débat est animé par les journalistes Alain Duhamel et Jacqueline Baudrier. Le choix des sujets appartient aux candidats et les journalistes n'interviennent que pour leur rappeler leurs temps de parole.

L’émission s'oriente sur la politique du gouvernement alors que Valéry Giscard d'Estaing est ministre des Finances, ainsi que sur le programme commun de la gauche et l'intégration de ministres communistes dans le gouvernement, défendus par François Mitterrand. Valéry Giscard d'Estaing reproche à son adversaire d'être « l'homme du passé », en référence aux onze postes ministériels occupés par François Mitterrand sous la Quatrième République.

Le débat est marqué par la petite phrase de Valéry Giscard d'Estaing sur le monopole du cœur. Certains commentateurs[Lesquels ?] y voient une phrase déterminante du débat ; d'autres[Lesquels ?] remarquent que Valéry Giscard d'Estaing a mieux su réagir aux propos de son adversaire par des mimiques, qu'il attirait l'attention par des phrases courtes, lui donnant un image plus vivante et plus réactive[réf. nécessaire]. François Mitterrand analyse ce débat dans son ouvrage La Paille et le Grain.

Un sondage Sofres réalisé le lendemain enregistre une légère hausse des intentions de vote pour Valéry Giscard d’Estaing, à 51,5 %, qui reviennent à 50 % dans les jours qui suivent.

Vote en outre-mer

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« Symboles » des candidats représentés sur les bulletins utilisés outre-mer.

Les luttes d’influence pour contrôler les votes dans quelques territoires d’outre mer (Territoire des Afars et des Issas, Comores notamment) sont moins suivies des médias, mais les observateurs avertis — les candidats notamment, mais aussi le Président par intérim Alain Poher ou l’ambassadeur des États-Unis — savent bien que ces territoires peuvent être un enjeu essentiel dans un scrutin qui s’annonce serré.

Dans La Paille et le grain, publié en 1975, François Mitterrand pose crûment le problème : à Djibouti, Ali Aref contrôle 30 000 voix, aux Comores Ahmed Abdallah Abderamane environ 70 000[77]. S'il s'agit des allégations d’un candidat malheureux, les plus hautes autorités de l’État ont les mêmes inquiétudes : Alain Poher fait connaître en privé à plusieurs personnalités le souci que lui inspirent ces manœuvres[78].

Jacques Foccart, avec un sens certain de l’ellipse, est assez transparent à ce sujet dans son journal : « Je vois Ahmed Abdallah, assez longuement. Pour les Comores, cela va marcher » (en date du 9 avril) ; « Je vois Pascal, qui s’occupe des questions de finances dans les DOM-TOM pour le compte de Chaban » (en date du 22 avril) ; on lit aussi la relation d’un coup de téléphone reçu de VGE le 8 mai au matin, suivi l’après-midi d’un rendez-vous au sujet des TOM avec Victor Chapot, trésorier de la FNRI, Foccart concluant la narration de sa journée en spécifiant que « c’est réglé » avec Aref et Abdallah. Mitterrand, pour sa part, prétend qu’Abdallah lui a directement rapporté avoir négocié en tête-à-tête avec Giscard d'Estaing l’apport des voix sous son contrôle en échange de l’indépendance des Comores[79].

C’est dans ce contexte qu’on peut apprécier un incident à la limite du juridique et du politique. La Commission nationale de contrôle — un organisme composé de cinq magistrats, et dont le rôle est de veiller à l’impartialité de l’État dans la campagne — ayant décidé d’envoyer des observateurs outre-mer[80], il s’ensuit un conflit de compétences entre celle-ci et le Conseil constitutionnel, qui proteste contre cette initiative[81].

Hors les trois territoires très sous-développés des Comores, des Afars et des Issas et de Wallis-et-Futuna, les résultats du second tour outre-mer ne divergent pas de façon patente de ceux de métropole et que François Mitterrand l’emporte même à La Réunion et en Polynésie française.

En tout état de cause, ce ne sont pas les territoires d'outre-mer qui font la différence : même si les comportements pointés par ces quelques observateurs ont pu influer sur une centaine de milliers de voix, on est nettement en dessous de l’écart qui sépare in fine les deux candidats, et Valéry Giscard d’Estaing est également victorieux sur la seule France métropolitaine, de 350 000 voix environ.

Campagnes de Giscard et Mitterrand

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Les observateurs notent en 1974 la pénétration des techniques issues de la publicité dans la conception des campagnes électorales[82]. Cependant, les mêmes références étaient citées en 1965, notamment pour décrire la campagne de Jean Lecanuet. On est dans une logique de progression lente du marketing politique sur un long terme et il n’y a pas de rupture nette en 1974, sauf peut-être sur quelques points précis, notamment l’irruption remarquée des sondages dans la campagne[83].

L’équipe de Valéry Giscard d’Estaing s’installe dans un immeuble de bureaux, au 41, rue de la Bienfaisance, dans le VIIIe arrondissement de Paris, non loin de l’église Saint-Augustin.

Pour sa part, François Mitterrand jette son dévolu sur un étage de la tour Montparnasse, sur la rive gauche. Ces locaux avaient initialement été réservés par Edgar Faure, qui les a libérés en renonçant le 9 avril à sa candidature.

Équipes de campagne

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Le 41 rue de la Bienfaisance est le siège de campagne de Valéry Giscard d'Estaing.

Du côté de l’équipe giscardienne, un rôle tout particulier est en premier lieu confié au ministre de la Santé Michel Poniatowski. Hors organigramme, il est le proche lieutenant du candidat, celui qui doit être consulté sur toutes les questions importantes. Au même niveau, le numéro un de l’équipe de la rue de la Bienfaisance est Michel d’Ornano, qui en dirige la réflexion politique assisté d’une équipe rapprochée de trois collaborateurs : Jacques Dominati (par ailleurs chargé de la campagne en région parisienne), Jean-Pierre Soisson (pour la campagne en province et outre-mer) et Roger Chinaud à l’organisation générale. Pour l’assister, une « cellule idées » est animée par Christian Bonnet et Jean Serisé, tandis que Lionel Stoléru s’occupe des sondages.

Sur le plan de l’organisation matérielle, Roger Chinaud est spécifiquement chargé des réunions publiques. Trait remarquable de la campagne giscardienne, les services axés sur la communication sont confiés à des techniciens et non à des politiques : un service de relations avec la presse est dirigé par Maurice Dalinval, mais c’est surtout au niveau de la cellule de préparation des documents de propagande que VGE a fait un choix remarquable : c’est un publicitaire professionnel, Jacques Hintzy de l’agence Havas Conseil qui a la charge de ce secteur.

En revanche, la tâche très politique du service d’ordre des réunions doit revenir à un homme de confiance. C’est Hubert Bassot qui en est responsable. Cet ancien de l’Algérie française sait utiliser les services des groupes de combat de l’extrême droite. La direction effective du service d’ordre est confiée à un ancien « dur » de l’OAS, Pierre Sergent qui, selon Jacques Berne, partagerait même le bureau de Michel d’Ornano[84]. Les nervis qui veillent au grain dans les meetings se font remarquer par des violences dont la presse de gauche fait ses choux gras ; ainsi notamment dans les deux meetings bretons du  : à Rennes un perturbateur doit être hospitalisé inconscient, à Brest un médecin en situation de handicap qui a pris verbalement la défense d’un perturbateur tabassé est lui-même roué de coups et jeté au sol depuis un escalier et doit être hospitalisé pour une quadruple fracture de l’avant-bras[85]. Le Figaro, qui il est vrai roule plutôt pour Chaban, écrit dans ses colonnes sous la plume de Patrice Delage : « L’extrême-droite assure la sécurité de M. Giscard d’Estaing et de ses meetings. Il fallait le dire ».

Chez François Mitterrand, André Rousselet est chargé des finances et de la coordination générale épaulé par Georges Beauchamp à la coordination et Pierre Joxe au financement, de Georges Dayan aux contacts politiques, de Louis Mermaz à l’action départementale, de Charles Hernu aux relations avec les élus, de Jacques-Antoine Gau à celles avec les parlementaires, de Paul Legatte à la documentation, de Georges Fillioud aux contacts avec la presse. L’avocat Robert Badinter représente le candidat auprès de la Commission Nationale de Contrôle. Le poste sensible de la gestion des meetings et de leur service d’ordre échoit à Joseph Franceschi. Jean-Pierre Cot et Pierre Guidoni conduisent l’analyse politique.

Pour la conception du matériel de propagande, François Mitterrand n’est pas allé aussi loin que Valéry Giscard d’Estaing et n’a pas fait appel à un professionnel du marketing politique ; toutefois il n’a pas lui non plus confié cette responsabilité à un politique, puisque c’est Claude Perdriel, le directeur général du Nouvel Observateur qui en a la tâche. Celui-ci a néanmoins à justifier ses choix auprès des « politiques » qui l’entourent et on lui laisse sans doute moins la bride libre qu’à son homologue du camp d’en face.

Les partis ne sont pas représentés en tant que tels. Toutefois Claude Estier, formellement là pour représenter le journal l'Unité, est de fait le contact auprès du Parti socialiste, tandis que deux représentants communistes (dont François Hincker) sont admis tour Montparnasse, mais sans bureau et hors organigramme.

Enfin deux autres personnalités participent activement à la campagne également hors structures. Jacques Attali d’abord, sous le pseudonyme de Simon Ther, représente personnellement le candidat dans les négociations difficiles (avec le PSU, mais aussi pour prendre des contacts secrets avec le gouvernement allemand en vue de prévenir d’éventuelles spéculations contre le franc)[86]. Enfin un ami personnel du candidat, François de Grossouvre le suit « comme une ombre » et est pour lui « tout à la fois confident, garde du corps et médecin »[87].

Slogans et « petites phrases »

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Il y a d’abord les slogans brefs, ceux qu’on inscrit au-dessus des tribunes, et pour Giscard sur les tee-shirts. Pour François Mitterrand, c’est « Mitterrand Président » ; pour Valéry Giscard d'Estaing, c'est « Giscard à la barre », slogan inventé, selon les sources, par Anne d'Ornano[88] ou par Jacques Hintzy et Louis de Funès[89].

Puis il y a les slogans utilisés sur les affiches officielles. Au premier tour, on raconte une anecdote instructive sur la campagne de François Mitterrand : alors que Claude Perdriel a suggéré d’utiliser la formule percutante « Changez la France avec François Mitterrand », les politiques de la campagne le lui auraient refusé pour y préférer le lourd : « La seule idée de la droite, garder le pouvoir. Mon premier projet, vous le rendre[90] ». Sur les affiches de VGE, on lit simplement : « Un vrai Président ».

Au second tour, la coïncidence des slogans sur les affiches apposées côte-à-côte est presque cocasse : « Un Président pour tous les Français » pour Mitterrand voisine avec « Le Président de tous les Français » pour Giscard.

Enfin sur le plan des « petites phrases », à long terme, c’est Giscard qui l’aura emporté, puisque deux de ses formulations restent longtemps dans la mémoire collective : le « regarder la France au fond des yeux » de sa déclaration de candidature et bien sûr le fameux « Monsieur Mitterrand, vous n'avez pas le monopole du cœur » du débat télévisé du second tour.

Chacun ses fleurs

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Pour Valéry Giscard d’Estaing, deux fleurs sont mises côte à côte pour évoquer le « changement dans la continuité » : le myosotis, symbole de fidélité, et le muguet, fleur du renouveau. Le 1er mai, c’est Johnny Hallyday qui vient, devant les objectifs des photographes, offrir le muguet traditionnel à Anne-Aymone[91]. D'autres personnalités du monde du spectacle soutiennent par ailleurs médiatiquement le candidat, notamment afin de casser son image de technocrate[92].

Du côté de François Mitterrand, pas de surprise : la rose, emblème de son parti, est aussi l’emblème de sa campagne. À la fin de chacun de ses meetings, tandis que l'Internationale retentit, le candidat prend une rose et la brandit[93].

Innovations : les tee-shirts de Giscard et les caravanes de Mitterrand

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Un « gadget » inventé par l’équipe giscardienne a laissé un souvenir durable[94] : les tee-shirts qui affichent le slogan « Giscard à la barre » et que portent ses jeunes partisans dans les meetings. Il n’y a pas que le menu fretin pour porter ces tee-shirts : Brigitte Bardot elle-même le revêt. Elle sera d’ailleurs priée par le président de son bureau de vote à Saint-Tropez d’aller se changer avant d’effectuer son devoir électoral… sous l’œil des photographes de presse[95].

À gauche, pas d’innovations aussi mémorables. On s’essaie bien à lancer des « caravanes » sur le modèle de celles qui sillonnent les plages l’été à fins publicitaires, qui parcourent entre les deux tours les départements où les experts électoraux ont décelé des réserves de voix plus abondantes. L’une visite la côte Atlantique, l’autre les villes moyennes à une centaine de kilomètres de Paris. Plus remarquable est l’utilisation dans la campagne de Mitterrand d’un mailing, initiative novatrice à l’époque : pour appeler à dons, on prospecte spécifiquement les cadres supérieurs connus des fichiers détenus par le Nouvel Observateur, que Claude Perdriel met à la disposition du candidat.

Enfin on s’efforce d’accumuler les soutiens de personnalités célèbres. Il n’y a pas que Brigitte Bardot à être sollicitée pour une campagne. Comme jamais, les deux candidats du second tour ont cherché à rassembler des signatures de soutien, parmi les écrivains et les acteurs (pour Giscard Marcel Jouhandeau et Alain Delon, pour Mitterrand Vladimir Jankélévitch ou Françoise Sagan), mais aussi parmi le show-business (Stone et Charden ou Sylvie Vartan derrière Giscard, Serge Reggiani et Dalida avec Mitterrand)[96].

Budgets de campagne

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Aucune information publique crédible n’est disponible sur ce sujet ; à cette époque l’essentiel du financement politique est occulte, et les quelques sources qui ont cherché à reconstituer le coût réel des campagnes obtiennent des résultats qui varient du tout au tout. Enfin à peu près rien n’est accessible au public qui permette d’analyser l’origine des recettes des candidats.

Entre les deux tours, François Mitterrand publie un compte de campagne sommaire, qui ferait apparaître un budget inférieur à 3 millions de francs[97]. Même une observatrice qui ne fait pas mystère de sa sympathie pour ce candidat, Sylvie Colliard, ne peut être dupe ; elle estime pour sa part le coût réel de la campagne du candidat de la gauche à 7 millions environ. Jacques Berne, qui a eu connaissance de cette estimation, évalue pour sa part le budget de VGE à peu près au double, soit à 15 millions de francs[98].

D’autres analystes ne voient pas le même ordre de grandeur : Jacques Gerstlé[99] estime la campagne de chacun des finalistes du second tour à 40 millions de francs ; c’est aussi l’estimation de l’hebdomadaire Valeurs actuelles[100]. Christian Garbar, qui a suivi la campagne bien plus réduite de Jean Royer a obtenu des collaborateurs de ce candidat une estimation du coût de celle-ci à 2 millions de francs (et il laisse entendre qu’il y a là aussi une certaine sous-estimation) ; on a dès lors peine à juger vraisemblables les estimations modérées de Sylvie Colliard et même de Jacques Berne[101].

Télévision

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La télévision n’est plus une nouveauté, et tous les candidats savent bien que le choix de l’électeur dépendra pour une bonne part de leurs prestations dans la petite lucarne. Valéry Giscard d’Estaing semble toutefois davantage avoir misé sur ce média que son adversaire : il expose à son équipe de campagne[102] ses priorités : « ce qui compte, c’est le style du candidat à la télévision ».

Si le débat du second tour est un événement marquant de la campagne, les émissions de la campagne officielle eurent aussi de l'importance[103] : tout en cultivant son image de « grosse tête », Valéry Giscard d’Estaing est le candidat qui a le mieux compris que la communication à une très large audience exige d’être simple pour être clair. Quoique parlant plus vite que François Mitterrand (115 mots à la minute contre 99) il n’utilise sur l’ensemble des émissions que 1 247 mots différents, contre 1 611 pour son adversaire.

Cette étude a également noté la différence d’usage des pronoms entre les trois candidats principaux : chez Giscard c’est le « Je » qui domine (73 % des utilisations d’un pronom personnel), contre le « Vous » chez Chaban (49 %) et, de façon bien moins nette, le « Nous » pour Mitterrand (à 32 %).

Du bon usage de sa famille

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Là encore, c’est Valéry Giscard d’Estaing qui innove en choisissant d’exposer aux projecteurs ses quatre enfants, qui forment une pièce importante du système que monte l’équipe giscardienne pour construire l’image du candidat. Ainsi sa fille Jacinthe figure-t-elle à ses côtés sur l’une des grandes affiches de sa campagne[104] tandis que l’aînée Valérie-Anne, étudiante à Sciences Po, est particulièrement active dans l’équipe de campagne et présente dans les pages photo des magazines. La jeune Jacinthe, qui n’a que treize ans, sera même présentée au public au meeting de Poitiers du 11 mai.

François Mitterrand, semble-t-il, traîne un peu des pieds pour suivre la même voie. Il se résout après le premier tour à faire quelques concessions au nouveau goût du jour. Son épouse Danielle vient donc à ses côtés se présenter aux Français lors du premier spot de la campagne officielle pour le second tour, et c’est la photo en grand format de la famille Mitterrand, avec ses enfants Gilbert et Jean-Christophe et leur chien, posant devant la maison de campagne de Soustons, qui occupe la place d’honneur en première page du document de campagne imprimé à plusieurs millions d’exemplaires pour le second tour.

Aspects juridiques

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L’élection présidentielle de 1974 donne lieu à un contentieux relativement peu abondant, et n’est pas à l’origine de décisions juridictionnelles notables.

Elle offre néanmoins au Conseil constitutionnel l’occasion de réaffirmer sa compétence pour constater la vacance de la présidence de la République. Comme il l’avait fait à l’occasion de la démission du général de Gaulle[105], le Conseil se réunit et fait publier une déclaration[106].

Le Conseil réaffirme en outre sa jurisprudence « Ducatel c/ Krivine » du [107] et admet la recevabilité de réclamations dirigées contre la liste des candidats. Ainsi, dans une décision répondant à une réclamation du candidat maoïste André Roustan il réaffirme l’inéligibilité des faillis judiciaires[108] ; il confirme par ailleurs sur réclamation du candidat régionaliste Robert Lafont que celui-ci n’a pas reçu cent présentations valides : parmi les cent quatorze signatures dont il se targue, dix-huit proviennent d’élus qui ont parrainé plusieurs candidats[109]. Dans cette dernière décision, les commentateurs notent un léger infléchissement de jurisprudence : alors qu’en 1969 en cas de présentation multiple par un même signataire, le Conseil constitutionnel avait retenu la première présentation reçue[110], il considère désormais la totalité des présentations émanant d’un même élu comme nulles.

Dans la même logique, le Conseil constitutionnel admet la recevabilité d’une réclamation de François Mitterrand contre la liste des symboles attribués aux candidats (il conteste l’attribution de la croix de Lorraine à Jacques Chaban-Delmas), tout en la rejetant sur le fond[111].

Pour sa part, la Commission nationale de contrôle, outre ses interventions dans la campagne outre-mer, prend quelques initiatives dans le cadre de sa mission de contrôle de la campagne télévisée. Elle autorise le débat du second tour en direct (alors que les émissions de la campagne officielle sont en différé, et font l’objet d’un examen avant diffusion) ; dans le cadre de la campagne officielle, sans censurer strictement aucun message programmé par tel ou tel candidat, elle « recommande » à Arlette Laguiller de modifier une formulation sur la « domination coloniale » outre-mer ; elle refuse à Alain Krivine et à Guy Héraud la participation à leurs spots de personnalités n’ayant pas la nationalité française[112].

Les décisions de proclamation des résultats des deux tours de scrutin évoluent aussi. Alors qu’en 1965 et 1969 le Conseil constitutionnel s’était borné à faire état de « rectifications d’erreurs matérielles » ou de « redressements jugé[s] nécessaires », il détaille désormais des « annulations » de suffrages, qui concernent deux bureaux au premier tour, et treize au second (cinq totalement, huit partiellement) en exposant par quelles irrégularités le scrutin a été vicié dans chacune des communes concernées[113].

Enfin le Conseil prend une initiative plus singulière, qu’il répète à partir de 1988 à chaque scrutin présidentiel, et étend ensuite aux référendums et élections parlementaires : il rend publique une déclaration du (non publiée au Journal Officiel mais reprise dans le Recueil des décisions édité par le Conseil) où il suggère aux pouvoirs publics diverses réformes qui lui paraissent utiles pour garantir la régularité du scrutin[114]. Si certaines sont techniques (l’obligation d’envoyer les signatures de présentation des candidats sur des « formulaires officiels »), l’une au moins est plus directement politique puisque le Conseil recommande d’augmenter le nombre de présentations requises pour autoriser une candidature. La plupart de ses suggestions seront suivies, par voie de révision constitutionnelle ou de loi organique, et à partir de 1981 ce seront cinq cents signatures d’élus qui seront nécessaires pour figurer sur la liste des candidats à l’élection présidentielle.

La banalisation des sondages est une des ruptures les plus marquantes de cette élection par rapport au passé. C’est presque quotidiennement que la presse publie des pronostics de résultats à l’intention de ses lecteurs-citoyens. Tant au premier tour qu’au second les prédictions se sont révélées très proches du verdict des urnes ; en conséquence la confiance en la scientificité et la fiabilité des sondages est forte à la sortie de la campagne et les commentateurs les utilisent sans émettre de doutes sur les éclairages qu’ils peuvent offrir.

Certains journaux, notamment Le Nouvel Observateur tentent de briser la monotonie de ces listes de prévisions en publiant des sondages plus spécialisés. Pour cet hebdomadaire de gauche, la Sofres étudie les reports entre candidats d’un tour à l’autre, ou l’attitude des Français devant la campagne télévisée.

Enfin, invisibles du public, d’autres sondages éclairent les candidats et les aident à affiner leur stratégie en fonction des réactions de l’électorat. Dans l’équipe Giscard, Lionel Stoléru gère une « cellule sondages » ; l’équipe Mitterrand commande deux études détaillées[115] pour apprécier les atouts et les points faibles du candidat. Même Jean Royer, avec un budget de campagne d’un autre ordre, commande une étude pour construire son positionnement.

Deux incidents impliquent le quotidien populaire France-Soir. Le premier concerne la publication surprenante par ce journal, le 20 avril[116] d’un sondage émanant des Renseignements généraux. Bien qu’il ne fasse pas état pour le premier tour d’une chute des intentions de vote pour Chaban significativement plus forte que ceux qu’on a pu lire les jours précédents, ce sondage marque un tournant : dans les estimations de second tour, il donne Mitterrand gagnant contre Chaban mais perdant contre Giscard. Plusieurs auteurs voient dans cette fuite bien opportune la patte de Jacques Chirac.

Deuxième incident : la non-publication par France-Soir de son sondage du 17 mai, avant-veille du scrutin, dont les résultats auraient dû figurer dans l’édition du lendemain. Le Président du Sénat, Alain Poher, qui assure l’intérim de la Présidence de la République, prend l’initiative d’écrire personnellement au directeur général du quotidien, Henri Amouroux, pour lui demander de renoncer à cette publication en raison de l’influence qu’elle pourrait avoir sur la sincérité du scrutin. France-Soir défère à la demande du Président par intérim et ne publie les résultats de l’enquête qu’un an plus tard, le . Alain Poher avait tort de craindre une manipulation : le sondage prévoyait un match nul entre les deux candidats du second tour.

Le rôle des sondages dans la campagne fait l’objet d’innombrables commentaires[117], le Conseil constitutionnel s’en fait l’écho dans sa « déclaration » du 24 mai et suggère l’instauration d’un « véritable statut de la pratique des sondages d’opinion en période électorale ». Une loi[118] vient en 1977 donner suite à cette suggestion et encadrer désormais la publication de sondages électoraux dont la publication sera désormais interdite dans la semaine précédant chaque tour de scrutin.

Sondages concernant le premier tour

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Les sondages sont listés par ordre antéchronologique : les plus récents sont affichés en tête afin que les données les plus proches de l'élection soient toujours présentées en premier.
Évolution des intentions de vote
Sondeur Date François Mitterrand Valéry Giscard d’Estaing Jacques Chaban-Delmas Jean Royer Edgar Faure
François Mitterrand Valéry Giscard d'Estaing Jacques Chaban-Delmas Jean Royer Edgar Faure
Ifop 45 % 30 % 15 % 4 % -
Ifop 42 % 31 % 18 % 3 % -
TNS Sofres 29- 44 % 31 % 17 % 3 % -
Ifop 42 % 31 % 18 % 3 % -
Ifop 41 % 26 % 23 % 6 % -
TNS Sofres 42 % 28 % 24 % 4 % -
Ifop 42 % 25 % 23 % 5 % -
Ifop 43 % 27 % 25 % 5 % -
TNS Sofres 12- 40 % 28 % 26 % 5 % -
Ifop 40 % 27 % 29 % - -
TNS Sofres 8- 36 % 27 % 26 % - 8 %

Sondages concernant le second tour

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Évolution des intentions de vote
Sondeur Date Valéry Giscard d'Estaing François Mitterrand
Valéry Giscard d'Estaing François Mitterrand
TNS Sofres 50 % 50 %
Ifop 50 % 50 %
TNS Sofres 51,5 % 48,5 %
TNS Sofres 51 % 49 %
TNS Sofres 51 % 49 %
TNS Sofres 52 % 48 %

Reports des voix entre les deux tours

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Ce sondage, publié par Le Nouvel Observateur, est réalisé par la Sofres[119].

Reports Électeurs de Jacques Chaban-Delmas Électeurs de Jean Royer Électeurs d'Arlette Laguiller
Report sur Valéry Giscard d'Estaing 83 % 80 % 24 %
Report sur François Mitterrand 11 % 10 % 68 %
Abstention ou pas de réponse 6 % 10 % 8 %
Résultats de l'élection présidentielle française de 1974[120],[121]
Candidats Partis Premier tour Second tour
Voix % Voix %
François Mitterrand PS[a] 11 044 373 43,25 12 971 604 49,19
Valéry Giscard d'Estaing FNRI[b] 8 326 774 32,60 13 396 203 50,81
Jacques Chaban-Delmas UDR[c] 3 857 728 15,11
Jean Royer DVD 810 540 3,17
Arlette Laguiller LO 595 247 2,33
René Dumont ECO[d] 337 800 1,32
Jean-Marie Le Pen FN 190 921 0,75
Émile Muller MDSF 176 279 0,69
Alain Krivine LCR 93 990 0,37
Bertrand Renouvin NAF 43 722 0,17
Jean-Claude Sebag MFE 42 007 0,16
Guy Héraud PFE 19 255 0,08
Votes valides 25 538 636 99,08 26 367 807 98,66
Votes blancs et nuls 237 107 0,92 356 788 1,33
Total 25 775 743 100 26 724 595 100
Abstention 4 827 210 15,77 3 876 180 12,67
Inscrits / participation 30 602 953 84,23 30 602 953 87,33
Candidat arrivé en tête par département au premier tour.
Candidat arrivé second par département au premier tour.
Les résultats du premier tour par département tels que publiés au Journal officiel :
de Ain à Manche.
Les résultats du premier tour par département :
de Marne à Val-d’Oise et outre-mer.
Les résultats du second tour par département :
de Ain à Meurthe-et-Moselle.
Les résultats du second tour par département :
de Meuse à Val-d’Oise et outre-mer.

À l’issue du premier tour, François Mitterrand et les trois candidats d’extrême gauche et écologiste totalisent 47,3 % des suffrages, Valéry Giscard d'Estaing et les quatre candidats qui se désistent en sa faveur en réunissent 52,3 %. Selon Jean-Jacques Becker, la gauche est en léger recul par rapport à ses performances de l’élection législative de 1973[122].

Plusieurs politologues se sont penchés sur les résultats détaillés et ont étudié les transferts de voix entre les deux tours. Lucien Boucharenc et Jean Charlot pensent pouvoir affirmer que les électeurs de droite de la législative de 1973 se sont abstenus à 13 % au premier tour de la présidentielle alors que ceux de gauche n’ont déserté les urnes qu’à raison de 4,5 %[123]. Selon eux, la victoire de Giscard s’expliquerait par la mobilisation de cette réserve d’abstentionnistes : dans leur lecture, parmi le million de nouveaux électeurs venus participer au second tour en ayant négligé le premier, les deux tiers environ auraient choisi Valéry Giscard d’Estaing. Par d’autres méthodes, Alain Lancelot estime que parmi ces abstentionnistes repentis, il y en aurait cinq sur huit qui auraient choisi le président élu[124]. Dans les deux cas de figure, les reports gaullistes auraient été suffisamment imparfaits pour que, sans ce renfort de dernière minute, on eût été extrêmement proche d’une victoire de François Mitterrand.

Analyse géographique

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Premier tour

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Les rares succès de Jean Royer sont très localisés. Il parvient à obtenir 33,8 % des suffrages exprimés dans son fief d’Indre-et-Loire ; dans les départements voisins, les scores restent honorables, particulièrement dans les terres très catholiques de l’Anjou. Dans le reste de la France, il réalise des scores très faibles.

En métropole, Jacques Chaban-Delmas ne dépasse Valéry Giscard d'Estaing que dans sa base électorale de Gironde et dans trois départements limitrophes : les Landes, la Dordogne et la Charente auxquels il faut ajouter la Corse (il est en revanche en tête des deux candidats de la majorité dans tous les départements et territoires d’outre-mer). Si on descend un peu plus bas dans les scores, jusqu’aux zones où il dépasse les 30 % des voix de droite, on distingue clairement d’une part le midi languedocien et d’autre part les régions situées au nord de Paris. En région parisienne ses meilleurs scores sont obtenus dans les banlieues populaires autour de Saint-Denis. Il n’est pas simple de savoir si on doit lire dans cette géographie le maintien d’un « noyau dur du gaullisme »[125] ; ce qui est indéniable c’est que ces régions sont toutes des régions favorables à la gauche : sauf exceptions localisées, les endroits où le score de Chaban est honorable au premier tour, ce sont des endroits où François Mitterrand sera en tête au second tour[126].

Les principales zones de vote pour Arlette Laguiller peuvent sembler surprenantes[127][non neutre]. Ce n’est pas du tout dans les départements ouvriers que la candidate de la classe ouvrière réalise ses meilleurs scores (sur les 19 départements où elle réalise des scores supérieurs à 3 % des exprimés, il n’y en a que 3 dans le tiers nord du pays), mais dans les zones rurales les plus dévitalisées, selon une grande tache qui recouvre le Massif central et en déborde sur les campagnes du Berry au nord, ou du midi toulousain au sud, se riant d’ailleurs des déterminismes politiques traditionnels de ces pays : ses deux meilleurs scores, elle les obtient dans la rouge Creuse (4,15 %) et dans le très conservateur Cantal (4,03 %).

Enfin, les meilleurs scores réalisés par René Dumont sont en Île-de-France, en Rhône-Alpes (notamment en Isère et en Haute-Savoie), en Alsace et en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Alpes-de-Haute-Provence et Hautes-Alpes notamment)[128],[129]. Il obtient globalement des meilleurs scores dans les villes que dans les campagnes[128].

Second tour

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Au second tour[130], on retrouve une France divisée selon un schéma qui rejoint celui des élections de la Quatrième République : le Nord et le Sud sont favorables à la gauche — avec quelques bastions de droite qui s’y intercalent dans les Pyrénées-Atlantiques, les Alpes et la Corse — l’Ouest et l’Est votent nettement à droite, tandis que le Massif central se divise entre les deux camps selon des traditions politiques départementales bien installées et l’agglomération parisienne répartit ses suffrages sur une base sociologique, les quartiers populaires votant à gauche et les quartiers bourgeois à droite.

Les résultats du second tour en France métropolitaine.

Le phénomène déjà constaté aux législatives de 1973 se poursuit : c’est la reconquête du Nord-Pas-de-Calais, de la Picardie et des Ardennes par la gauche. Le gaullisme avait nettement séduit ces départements ouvriers, le Parti socialiste et dans une moindre mesure son allié communiste bénéficient de son reflux.

Deux tendances longues apparaissent moins directement, car les départements qu’elles concernent n’ont en général pas encore basculés, mais n’en sont pas moins très perceptibles si on compare les résultats du scrutin à ceux de la présidentielle de 1965, voire aux élections législatives de 1973. La première est la poursuite du recul de la gauche sur la côte méditerranéenne et en Provence, gigantesque si on se réfère à 1946 (jusqu’à -16 % dans le Var) mais qui est sensible en plusieurs départements (Bouches-du-Rhône, Pyrénées-Orientales, Corse) même en prenant 1973 pour référence. La seconde est au contraire la progression de la gauche dans les centres urbains de l’Ouest : si les cartes dressées à l’échelle départementale font encore apparaître une droite dominante presque partout dans cette région, les grands centres urbains de Nantes, Rennes, Caen votent de moins en moins comme les campagnes environnantes et la domination de la droite sur ces régions va être mise en cause à terme ; le basculement est déjà apparent dans la Seine-Maritime qui à partir de cette élection rentre durablement dans la famille des départements favorables à la gauche.

Une autre clé d’analyse géographique des votes[131] est la différenciation entre le vote urbain et le vote rural : Valéry Giscard d’Estaing l’emporte à 55 % dans les agglomérations de moins de 20 000 habitants, alors que sur celles de plus de 100 000 (hors région parisienne) c’est Mitterrand qui est gagnant à 56 %. Sur l’ensemble de l’agglomération parisienne, les candidats sont à peu près à égalité.

Les résultats de Mitterrand au premier tour en France métropolitaine.
Les résultats de Giscard au premier tour en France métropolitaine.

Analyse sociologique

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Un sondage réalisé par la Sofres du 20 au détaille le profil sociologique des électeurs des candidats au second tour[132] en fonction de la catégorie socio-professionnelle, de l'âge et de la pratique religieuse. Valéry Giscard d'Estaing recueille plus de 60 % des suffrages chez les agriculteurs, les cadres supérieurs, les commerçants et artisans, chez les catholiques pratiquant régulièrement et chez les plus de 65 ans. Il obtient la majorité des suffrages chez les plus de 34 ans. François Mitterrand obtient la majorité des suffrages chez les ouvriers, les employés et cadres moyens, ainsi que chez les moins de 34 ans et chez toutes les personnes qui ne se définissent pas comme catholiques pratiquant régulièrement.

Catégories Valéry Giscard d'Estaing François Mitterrand
Professions
Inactifs 55 % 45 %
Agriculteurs 70 % 30 %
Cadres supérieurs 63 % 37 %
Commerçants et artisans 61 % 39 %
Cadres moyens et employés 48 % 52 %
Ouvriers 33 % 67 %
Sexe
Femmes 53 % 47 %
Hommes 48 % 52 %
Religion
Catholiques pratiquants réguliers 80 % 20 %
Catholiques pratiquants non réguliers 48 % 52 %
Catholiques non pratiquants 28 % 72 %
Autres religions 46 % 54 %
Sans religion 18 % 82 %
Tranches d'âge
65 ans et plus 61 % 39 %
50 à 64 ans 53 % 47 %
35 à 49 ans 51 % 49 %
21 à 34 ans 42 % 58 %
Valéry Giscard d'Estaing :
(50,81 %)
François Mitterrand :
(49,19 %)

Notes et références

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Références

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  1. a et b « Loi n° 62-1292 du 6 novembre 1962 relative à l'élection du Président de la République au suffrage universel », sur Conseil constitutionnel, (consulté le ).
  2. [PDF] Décret no 74-280 du 8 avril 1974 portant convocation des électeurs pour l'élection du Président de la République, publié au JORF du , p. 3924.
  3. Voir René Rémond p. 680. Marie-France Garaud attribue à « un gaulliste » la perfidie suivante : « ce fut comme s'il avait sauté à pieds joints sur le cercueil de Pompidou » (La fête des fous, Plon, 2006 (ISBN 978-2-259-20259-6), p. 103). Dans plusieurs meetings en province de Valéry Giscard d’Estaing, un des animateurs n'oublie pas d'offrir à l'intention de ses partisans une allusion appuyée à la faute de Chaban-Delmas : ainsi Jean Lecanuet à Rouen le 22 avril : « Lorsque l'événement s'est produit, Valéry Giscard d'Estaing s'est tenu sur la réserve. Il ne s'est pas précipité sur le pouvoir », Michel d'Ornano à Montpellier le 26 avril : « La candidature a été faite avec la décence qu'il convenait », Pierre Baudis à Toulouse le 29 avril : « Vous avez commencé votre campagne quand elle devait être commencée » (cités par Jacques Berne, p. 30 et André Laurens, p. 109).
  4. C'est du moins cette date que fournissent André Laurens, p. 59 et Jean-Jacques Becker, p. 18. (Arthur Conte, p. 258 et Patrick Girard, p. 50 évoquent le 5 avril).
  5. Même si au moins deux sources (Arthur Conte p. 258 et Jacques Berne p. 17) évoquent le 4 – Jacques Berne précisant même « à 17 h 58 » –, Jean-Jacques Becker p. 18, René Rémond p. 681, Patrick Girard p. 50 et André Laurens p. 60 évoquent le 5 avril, André Laurens précisant même qu'Edgar Faure comptait initialement se lancer le 4, et a au dernier moment retardé d'un jour son annonce à la demande expresse de Pierre Messmer. Selon Patrick Chastenet et Philippe Chastenet, p. 460, Edgar Faure aurait toutefois annoncé « officieusement » sa candidature le 4 à 18 h.
  6. Christian Fouchet jette l'éponge le 15 avril, cf. Becker p. 18.
  7. Berne 1981, p. 105.
  8. "Le patronat joue son propre tiercé" par Jacqueline Grappin, dans Le Monde du 27 avril 1974 [1]
  9. Pozzi Jérôme, « L'Appel des 43 et le mouvement gaulliste : manœuvre politique, relève générationnelle et fronde des « godillots » », Parlement[s], Revue d'histoire politique, 2007/1 (no 7), p. 109-120. DOI : 10.3917/parl.007.0109. URL : https://www.cairn.info/revue-parlements1-2007-1-page-109.htm.
  10. Jean-Jacques Becker, p. 23 ou Jean Charlot, p. 249. Jean Charlot note que l'effondrement de Chaban dans les sondages est tout particulièrement perceptible dans les catégories sociales en principe les plus attachées à la majorité : femmes, personnes âgées, inactifs et ruraux. Patrick Chastenet et Philippe Chastenet, p. 470 évoquent des propos ironiques tenus par Arlette Laguiller dans un de ses meetings : « Encore deux ou trois sondages en baisse et on va retrouver ces messieurs de l'UDR en train de chanter l'Internationale. » (« Juppé-Chaban, la malédiction bordelaise », sur Le Figaro, ).
  11. André Malraux prophétise « l'utilisation permanente de la télévision et de l'ordinateur » dans cette vidéo sur le site de l'Institut national de l'audiovisuel. Selon Patrick Chastenet et Philippe Chastenet, p. 468, Chaban aurait fait la confidence suivante sur cette calamiteuse prestation : « J'entendais mes voix tomber comme des pièces dans une machine à sous ».
  12. [Petite phrase de Valéry Giscard d'Estaing "Je voudrais regarder la France au fond des yeux", JT 20H, ORTF - 16/04/1974 - 00h00m11s * ina.fr], source : INA.
  13. Après son élection, Raymond Aron note dans Le Figaro du 22 mai : « Que le ministre des Finances de Georges Pompidou ait pu gagner en une phase d’inflation accélérée, sans rien offrir d’autre qu’une collection de promesses et la prolongation de sa propre gestion par collaborateurs interposés, me paraît proprement stupéfiant, admirable » (cité par Sylvie Colliard).
  14. Berne 1981, p. 108.
  15. Berne 1981, p. 105-111.
  16. Berne 1981, p. 48.
  17. François Mitterrand a été 11 fois ministre dans plusieurs gouvernements sous la Quatrième République.
  18. Quelques spécimens assez amusants sont reproduits en annexe de l’ouvrage de Sylvie Colliard.
  19. Un résumé de quelques lignes de la campagne disponible sur le site web de la BBC ne manque pas de mentionner ces anecdotes, si révélatrices de la tonalité de la campagne giscardienne.
  20. Affiche « La paix et la sécurité », photo AFP.
  21. Laurens 1974, p. 104.
  22. Dans un premier temps, Chaban fait savoir que « Dans l’immédiat, la présence du Parti communiste autour de Mitterrand comme les dangers du programme commun [le] conduisent à confirmer [son] opposition résolue à cette candidature » ; dans un second temps il déclare : « Monsieur Mitterrand ayant pris des risques insupportables en s’associant avec le Parti communiste comment faire échec à cette candidature sinon en votant pour M. Giscard d’Estaing » (cité par Patrick Chastenet p. 471-472).
  23. Berne 1981, p. 110.
  24. Berne 1981, p. 129.
  25. « Voir le débat d'entre-deux-tours »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  26. Laurens 1974, p. 139.
  27. Giesbert 1977, p. 373-376.
  28. Thomas Hofnung, p. 217-218.
  29. Jean Lacouture, p. 378-379.
  30. André Laurens (p. 140) détaille par le menu la procédure formelle autour de la candidature Mitterrand, la qualifiant de « jésuitique » : dans un premier temps le 4 avril à 17 h 15, le MRG propose « au nom des parlementaires radicaux » la candidature de François Mitterrand, appel auquel répondent favorablement les parlementaires communistes… trois minutes plus tard seulement, leur appel n’engageant en principe en rien le Parti communiste français. Puis c’est le seul Parti socialiste qui désigne son candidat ; une fois que celui-ci a solennellement accepté l’honneur qui lui est fait, on réunit le Comité Central du PCF qui entérine le choix de son partenaire.
  31. Jean Lacouture, p. 400-401 met en doute la sincérité communiste.
  32. Selon François Hincker, dans Le parti communiste au carrefour, Albin Michel, 1981 (ISBN 978-2-226-01261-6), p. 123-124 (source non consultée mais citée par Jean-Jacques Becker p. 17).
  33. Voir Franz-Olivier Giesbert, p. 382-383. F.-O. Giesbert donne aussi l’identité de celui que François Mitterrand avait choisi pour être son Premier ministre : ç’aurait été Gaston Defferre.
  34. La stratégie de campagne de François Mitterrand est analysée assez finement et précisément par Sylvie Colliard, p. 84-85.
  35. Jacques Chapsal, op cit, p. 533.
  36. Jacques Chapsal, La vie politique sous la cinquième République, Paris, PUF, 1984, p. 533.
  37. Tout cela selon Arthur Conte, p. 265.
  38. Giesbert 1977, p. 394.
  39. Voir par exemple Lionel Trelis, La censure cinématographique en France, mémoire soutenu à l’IEP de Lyon, 2001 disponible en ligne qui rappelle que : « En 1973, sur 514 films distribués, 120 sont classés dans la catégorie fourre-tout « érotique » par l’hebdomadaire de programmes Pariscope. Maurice Druon, ministre de la Culture, a beau être l’auteur du roman Les Rois maudits dont l’adaptation est alors diffusée à la télévision, et où l’un des personnages se fait occire par intromission anale d’une pièce de métal chauffée à blanc, le romancier-ministre-académicien penche pour la répression. »
  40. En fait, comme le rappelle Christian Garbar dans son excellente et minutieuse étude de la campagne Royer, il y a eu peu de décisions formelles : un arrêté municipal du a interdit aux Tourangeaux le spectacle du film Je veux un homme et un arrêté municipal du a réservé à ceux âgés de plus de 21 ans l’entrée à la salle qui projette Je suis une nymphomane, les arrêtés étant tous deux motivés par « un caractère aigu d’amoralité et de mise en valeur des sentiments de perversion susceptibles de provoquer des troubles parmi de nombreux spectateurs ». L’essentiel de la « censure » s’opère par négociations avec les exploitants de salles.
  41. La formule de F.-O. Giesbert figure p. 377 du livre cité en sources ; celles du Nouvel Observateur est du numéro du , celle de Libération du numéro du 17 avril (citées par Christian Garbar).
  42. Il se borne à émettre un communiqué où il précise : « Je respecterai en effet scrupuleusement les règles constitutionnelles, et ne ferai aucune déclaration de fond avant que la campagne soit officiellement engagée », cité par Christian Garbar p. 100.
  43. Le 22 avril, au journaliste qui lui demande si selon elle une jeune fille doit arriver vierge au mariage, madame Royer répond longuement : « Pourquoi pas ? Je trouve cela très beau. Ce serait encore plus beau si le mari l’était aussi. À condition, bien sûr, qu’il n’arrive pas au mariage à l’âge de 30 ans. Ce ne serait plus normal, mais enfin cela prouverait qu’il aurait été capable de se dominer et de respecter les jeunes filles qu’il a fréquentées ». Cité par Christian Garbar, p. 106.
  44. D’après Arthur Conte, p. 261. Christian Garbar, p. 105-106, recense tout un florilège de lazzis : « Royer au Vatican », « Royer à Pigalle », « Royer-Pinochet », « Royer-Pinocchio », « Royer Président, le sexe au pouvoir », « Une seule solution : la masturbation ».
  45. Voir Christian Garbar, p. 106. « La fameuse paire de seins qui s’est invitée au meeting de Jean Royer » [vidéo], sur ina.fr.
  46. Il semble exister assez peu de sources indépendantes sur les campagnes d’Arlette Laguiller (on pourra se référer à ses deux autobiographies). Ce paragraphe doit surtout à l’ouvrage assez polémique de François Koch.
  47. Dans son ouvrage d’entretiens avec Christophe Bourseiller paru en 2002 (La véritable histoire de Lutte ouvrière, Denoël, 2003, (ISBN 978-2-207-25422-6), p. 296), le chef historique de Lutte ouvrière, Robert Barcia dit « Hardy » affirme qu’une autre candidature, celle d’une « camarade qui travaillait chez Roussel » avait également été envisagée, mais qu’on avait finalement préféré Arlette Laguiller à celle de cette militante au motif que cette dernière « avait fait quelques études universitaires », et était donc moins à même de représenter la classe ouvrière.
  48. Ces critiques sont rapportées par Jean-Paul Salles, p. 148.
  49. Ainsi dans son journal, Jacques Foccart, pourtant bien éloigné de l’écologie, note-t-il qu’il a trouvé ce candidat « rigolo », p. 609.
  50. Lors de sa campagne en Bretagne, vidéo disponible en ligne sur le site de l’Institut national de l'audiovisuel.
  51. Le paragraphe consacré à René Dumont est pour l’essentiel issu de Roger Cans, p. 150-155.
  52. Voir Pascal Perrineau, p. 244-246. Sur les relations de VGE et l’extrême droite, voir aussi Berne, p. 70-72.
  53. Soutien mentionné par Christian Garbar, p. 118.
  54. René Rémond, Les Droites en France, p. 391, Aubier, 1982, nouvelle édition de La Droite en France, 1954.
  55. « Dans la tête de Jean-Marie Le Pen », sur France Culture.fr, (consulté le ). À partir de 20:55.
  56. Ce paragraphe est pour l’essentiel issu de l’étude de Jean-Paul Salles.
  57. Interrogé par Frédéric-Joël Guilledoux trente ans plus tard pour l’ouvrage Tous candidats !, Fayard, 2006 (ISBN 978-2-213-62930-8), p. 221, Jean-Claude Sebag avoue avoir maintenu une double candidature avec son « ami » Guy Héraud malgré la similitude de leurs projets, dans le seul but de doubler leur temps de parole télévisé.
  58. Présidentielle : ces candidats d'une seule cause, Le Journal du dimanche, 10 janvier 2012.
  59. La plupart des noms figurant ici sont issus d’un télégramme diplomatique de l’ambassadeur des États-Unis à Paris en date du 18 avril 1974 ; ceux dont la qualité n’est pas précisée sont énumérés dans le mémoire de Jacques Berne, p. 18.
  60. Jean-Paul Carteron, Avocat au barreau de Paris.
  61. Sur ce candidat et sur la grève de la faim de la rue Dulong, voir [2], [3] et [4] (sources web consultées le 5 décembre 2006).
  62. Les marginaux de la campagne Des gens sérieux et de drôles de gens.
  63. Ainsi, le 9 avril, Jacques Foccart note dans son journal que le directeur général de la police nationale, qu’il vient de rencontrer, lui a dit que son ministre Jacques Chirac est « complètement cinglé » et veut « faire battre Chaban à tout prix ».
  64. À onze heures selon Patrick Girard, à neuf heures 11 selon Jacques Berne.
  65. André Laurens, p. 67, attribue l’expression « coup de poignard dans le dos » à Chaban lui-même.
  66. Dans leur Valéry Giscard d’Estaing, Balland, 1997, (ISBN 978-2-7158-1134-8), Frédéric Abadie et Jean-Pierre Corcelette attribuent la paternité de l’opération à Maurice Herzog.
  67. Ce double comité de soutien est évoqué par Patrick Girard, p. 56.
  68. Selon Patrick Girard, p. 56, le président du Conseil constitutionnel Roger Frey proteste formellement auprès du Premier ministre, et reçoit en réponse un coup de téléphone insolent de Jacques Chirac.
  69. Philip Short, François Mitterrand : Portrait d'un ambigu, Nouveau Monde, 896 p. (lire en ligne).
  70. Jean Lacouture signale que Stephan Tchervonenko aurait fait discrètement passer à Alain Peyrefitte le message du soutien soviétique à la candidature Chaban, p. 399-400 (témoignage recueilli auprès d’Alain Peyrefitte) ; pour l’ambassadeur des États-Unis (télégramme diplomatique du 9 mai), ce soutien est un « secret de Polichinelle » (open secret).
  71. Voir notamment sur ce point l’article d’Isabelle Lebreton-Falézan.
  72. Lebreton-Falézan 2001, p. 326.
  73. C’est une piste de lecture que proposent tant Thomas Hofnung que l’ambassadeur américain.
  74. Voir le télégramme diplomatique du 17 mai.
  75. Etienne Girard et Anne Marion, « Le directeur de L’Express était… un agent du KGB : nos révélations sur Philippe Grumbach », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  76. « L'ancien patron de l'Express, un espion du KGB », LCI,‎ , p. 13:50 (lire en ligne, consulté le ).
  77. Les pages 276 et 277 de La paille et le grain sont consacrées au vote Outre-Mer.
  78. Jacques Foccart rapporte dans son journal à deux reprises avoir été mis en garde par Alain Poher (le 24 avril et le 14 mai) ; la préoccupation du Président Poher transparaît aussi dans un télégramme diplomatique de l’ambassadeur des États-Unis daté du 15 mai, qui apporte un éclairage intéressant sur l’envoi d’observateurs Outre-Mer, initié selon cette source par Alain Poher lui-même.
  79. Il précise même dans Ma part de vérité que cette entrevue aurait eu lieu le 11 mai au domicile d’André Rousselet (source non consultée mais citée par Jean-Claude Guillebaud, Les confettis de l’Empire, Seuil, 1976 (ISBN 978-2-02-004387-8).
  80. Sur ferme suggestion du Président Poher ; l’article de Pierre Avril, p. 1113, qui s’appuie sur Le Monde du 18 avril, précise que le Président par intérim a demandé au gouvernement de mettre à la disposition de la Commission nationale de contrôle 20 à 30 magistrats pour veiller à la sincérité du scrutin Outre-Mer. Les pouvoirs de la Commission expirant avec la campagne, l’avant-veille du scrutin, ces magistrats seraient le jour même du vote les « représentants personnels » de M. Poher (toujours selon Pierre Avril, p. 1121).
  81. Voir le document 7-414 dans Didier Maus, Textes et documents sur la pratique institutionnelle de la Ve République, La Documentation française, 1982 ou en annexe à l’article de Pierre Avril p. 1125-1126.
  82. Ainsi l’ambassadeur des États-Unis évoque-t-il dans un télégramme au Département d’État en date du 16 mai les incontournables références au duel entre Kennedy à Nixon de 1960.
  83. Les informations dont la source n’est pas précisée dans toute cette section proviennent du mémoire de Sylvie Colliard, pour celles qui concernent la campagne de François Mitterrand ou du mémoire de Jacques Berne pour la campagne de Valéry Giscard d’Estaing.
  84. Jacques Berne, La Campagne présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing en 1974, p. 72-73 sur la question très polémique du rôle de l’extrême droite dans la campagne de VGE. Les affirmations de l’auteur sont à prendre avec prudence, celui-ci signalant que l’équipe giscardienne les dément, avec quelque mollesse tout de même : l’adjoint de Hubert Bassot, Jean-Jacques Réal assure que le rôle de Pierre Sergent n’a été que marginal, ou que la plupart des gros bras du service d’ordre étaient bénévoles.
  85. La mésaventure du docteur Jean-Pierre Mahé est relatée par le Nouvel Observateur du 13 mai, cité par Jacques Berne.
  86. Giesbert 1977, p. 379.
  87. Sylvie Colliard, La Campagne présidentielle de François Mitterrand en 1974, p. 55.
  88. Jacques Blanc, La France dans le bon sens, Rocher, , p. 38.
  89. La Dépêche du Midi, « Histoire. 1974 : le monopole du cœur », La Dépêche,‎ (lire en ligne).
  90. Voir page 68 dans Colliard.
  91. Berne 1981, p. 83.
  92. Raphaël Proust, « 1974, Giscard peopolise la campagne de la droite », slate.fr, 18 avril 2012.
  93. Selon Sylvie Colliard, p. 29.
  94. Encore le on lit dans La Croix (interviewant une ancienne militante giscardienne, article disponible en ligne) : « “Nous portions le tee-shirt « Giscard à la barre »”, se souvient-elle avec nostalgie ».
  95. Paris-Match no 1308, 1er juin 1974 (non consulté).
  96. Giesbert 1977, p. 393.
  97. Pour aider à l’interprétation des données de cette section, rappelons que 3 millions de francs de 1974 équivalent approximativement à 2 millions d’euros en 2006 compte tenu de l’inflation.
  98. Sylvie Colliard, La Campagne présidentielle de François Mitterrand en 1974, p. 96 et Jacques Berne, La Campagne présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing en 1974, p. 75.
  99. Cité par Sylvie Colliard, qui renvoie à son ouvrage sur La communication politique p. 55.
  100. Cité par Christian Garbar, p. 134-136.
  101. Un autre exercice intéressant est de reprendre le coût publié de la campagne de Jacques Chirac en 1995, la première élection présidentielle où les comptes des campagnes sont publics : 120 millions de francs de 1995, cela équivaut à 32 millions de francs de 1974 et va donc dans le sens des estimations « hautes ».
  102. Propos tenus à Charles-Noël Henry et cités par Michel Bassi et André Campana p. 157 (source non consultée mais évoquée par Sylvie Colliard p. 60).
  103. Ces données sont issues de l’article (non consulté) de Monica Charlot et Isabelle Croizard mentionné en bibliographie, et ont été reprises par Sylvie Colliard p. 63.
  104. Michel Poniatowski, dans Conduire le changement p. 47 (source non consultée mais citée par Jacques Berne p. 77) témoigne que cette idée, due à Giscard lui-même, a été imposée à l’équipe marketing qui y était défavorable.
  105. Déclaration du 28 avril 1969 du Conseil constitutionnel à la suite de la démission du général de Gaulle, président de la République.
  106. Déclaration du 3 avril 1974 du conseil constitutionnel constatant la vacance de la Présidence de la République.
  107. Décision Ducatel c/ Krivine du 17 mai 1969.
  108. Décision André Roustan du 21 avril 1974.
  109. Décision Robert Lafont du 21 avril 1974.
  110. Décision Pierre Sidos du 17 mai 1969.
  111. Décision Mitterrand c/Chaban-Delmas du 25 avril 1974.
  112. Pierre Avril, « Aspects juridiques de l’élection présidentielle des 5 et 19 mai 1974 », p. 1116-1117.
  113. Déclaration du 7 mai 1974 relative aux résultats du premier tour de scrutin et Proclamation des résultats de l’élection du Président de la République du 24 mai 1974.
  114. Pierre Avril, « Aspects juridiques de l’élection présidentielle des 5 et 19 mai 1974 », p. 1107, révèle que de telles observations avaient déjà été rédigées en 1965 puis 1969 mais non rendues publiques… et n’avaient eu aucun effet. La nouveauté est donc dans la publication. Ces observations peuvent être consultées en annexe à l’article de Pierre Avril, p. 1127-1128.
  115. Sylvie Colliard, La Campagne présidentielle de François Mitterrand en 1974 p. 82-83.
  116. Patrick Girard, Chirac, petits meurtres en famille, p. 56. Les Chastenet, p. 466, font eux état d’une publication dans Le Journal du dimanche du 21 avril ; selon eux le sondage mettrait Giscard à 31 % et Chaban à 18 %.
  117. Sylvie Colliard renvoie notamment à un point de vue de Marcel Bleustein-Blanchet publié dans Le Monde du 23 mai et intitulé : « Faut-il supprimer les sondages ? »
  118. La loi no 77-808 du 19 juillet 1977 « relative à la publication et à la diffusion de certains sondages d’opinion ».
  119. Jacques Berne (préf. Roger-Gérard Schwartzenberg), La Campagne présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing en 1974, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Travaux et recherches de l'université de droit », , 208 p. (lire en ligne). Jacques Berne mentionne aussi un sondage IFOP qui indiquerait que 80 % des électeurs de Jean Royer et 91 % des électeurs de Jacques Chaban-Delmas se rabattent sur VGE.
  120. « Décision n° 74-30 PDR du 7 mai 1974 », sur Conseil constitutionnel (consulté le ).
  121. « Décision n° 74-32 PDR du 24 mai 1974 », sur Conseil constitutionnel (consulté le ).
  122. Jean-Jacques Becker et Pascal Ory, Crises et alternances 1974-2000, p. 27 ; Jean-Claude Colliard, cité par Sylvie Colliard, ferait la même analyse dans un numéro de La Nouvelle Revue Socialiste consacré à un bilan de l’élection.
  123. Lucien Boucharenc et Jean Charlot, « L’étude des transferts électoraux », dans Revue française de science politique, 1974-6, p. 1213 ; ces chiffres sont également cités par Jean Charlot dans sa notice à l'Universalia p. 249. On peut quand même être un peu perplexe à la lecture des techniques d’analyse numérique matricielle utilisées pour prétendre résoudre un système de 17 équations à 72 inconnues.
  124. Dans son article cité en référence bibliographique p. 955 (non consulté mais cité par André Laurens, p. 165).
  125. L’article de Colette Ysmal et al. p. 242-243 cite également l’analyse d’Alain Lancelot qui interprète comme un « résidu » le vote Chaban-Delmas.
  126. Ces exceptions locales se rencontrent là où un baron du gaullisme bien implanté l’a soutenu, comme à La Baule chez Olivier Guichard, à Saint-Malo-Dinard avec Yvon Bourges, à Troyes chez Robert Galley, à Provins avec Alain Peyrefitte ou dans les vallées savoyardes du centriste Joseph Fontanet).
  127. Les observations sur la répartition des votes Laguiller et Dumont sont issues de l’article de Jacques Ozouf, qui publie une cartographie des résultats de ces candidats, p. 23.
  128. a et b (en) Jeff Bridgford, « The ecologist movement and the French general election 1978 », Parliamentary Affairs, vol. XXXI, no 3,‎ , p. 314–323 (ISSN 1460-2482 et 0031-2290, DOI 10.1093/oxfordjournals.pa.a054268, lire en ligne, consulté le )
  129. « Élection présidentielle 1974 - Résultats par département - data.gouv.fr », sur www.data.gouv.fr (consulté le )
  130. Nicolas Denis, « Du 5 mai 1946 au 19 mai 1974 », dans Revue Française de Science Politique, 1974-5, p. 893-910.
  131. Laurens 1974, p. 155.
  132. Ses résultats ont été publiés par Le Nouvel Observateur dans son numéro 500 du 10 juin et sont repris dans l’ouvrage de François Bon.

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Bibliographie

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Le périodique Le Monde - Dossiers et documents a consacré en 1974 un numéro à l’élection présidentielle qui venait de se dérouler.

  • Pierre Avril, « Aspects juridiques de l’élection présidentielle des 5 et  », dans Revue de droit public, 1974-4, p. 1103-1135.
  • Lucien Boucharenc et Jean Charlot, « L'étude des transferts électoraux », dans Revue française de science politique, 1974-6, p. 1205-1217 [lire en ligne].
  • Jean Charlot, « France - L’élection présidentielle » dans Universalia 1975 - Les événements, les hommes, les problèmes en 1974, Encyclopaedia Universalis, 1975 (ISBN 978-2-85229-301-4).
  • Monica Charlot et Isabelle Croizard, « Le discours télévisé des principaux candidats à la Présidence de la République en 1974 », dans Projet no 88, sept.-oct. 1974.
  • Christian Delporte, « Image, politique et communication sous la Ve République » dans Vingtième Siècle. Revue d’histoire, no 72 (2001/4), Presses de Sciences Po (ISBN 978-2-7246-2897-5) [lire en ligne].
  • Nicolas Denis, « Du au  », dans Revue Française de Science Politique, 1974-5, p. 893-910 [lire en ligne].
  • Élisabeth Dupoirier, « Radiographie d’une élection », dans Frontière, .
  • Jean-Paul Gourevitch, « Approche sémiologique d’une élection présidentielle », dans Études, .
  • Alain Lancelot, « La relève et le sursis, analyse des résultats de l’élection présidentielle de mai 74 », dans Projet no 88, sept.-oct. 1974.
  • Isabelle Lebreton-Falézan, « Dimensions internationales des campagnes présidentielles sous la Ve République », dans Annuaire Français de Relations Internationales, vol. II, Bruxelles, Bruylant, (lire en ligne), p. 322-339.
  • Jacques Ozouf, « L’élection présidentielle de  », dans Esprit, , p. 14-37.
  • François Platone et Élisabeth Dupoirier, « Une nouvelle étape dans le déclin du “social-centrisme” », dans Revue Française de Science Politique, 1974-6, p. 1173-1204 [lire en ligne].
  • Jean Ranger, « Présidentielles. Logique d’une évolution », dans Politique aujourd’hui, .
  • Colette Ysmal, Daniel Boy, Gérard Grunberg et Béatrice Moine-Roy, « L’élection présidentielle de  : la redistribution des électeurs de droite », dans Revue française de science politique, 1975-2, p. 222-258 [lire en ligne].

Autres sources

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Filmographie

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  • La campagne électorale de Valéry Giscard d’Estaing a fait l’objet d’un documentaire de Raymond Depardon rattachable à l’école du cinéma direct, diffusé sous le titre de 1974, une partie de campagne (le titre originellement choisi par le réalisateur étant 50,81 %). Ce film n’a été distribué qu’en 2002, Valéry Giscard d’Estaing s’étant jusqu’alors opposé à la représentation publique du documentaire.
  • 1974, l’alternance Giscard, documentaire de Pierre Bonte-Joseph, diffusé sur Public Sénat en 2019.

Articles connexes

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Liens externes

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