En avril 2023, l’Allemagne tirait un trait sur le nucléaire en arrêtant ses trois derniers réacteurs. Cette décision, justifiée par des préoccupations sur la sécurité et la gestion des déchets radioactifs, a provoqué une cascade de critiques.
L’abandon du nucléaire, un choix controversé
Le nucléaire représentait encore, en 2010, près de 22,2 % de l’électricité produite dans le pays. Contrairement aux centrales à charbon ou à gaz, il offre une énergie stable, décarbonée et insensible aux variations climatiques. L’abandon de cette source a forcé l’Allemagne à renforcer son recours aux centrales thermiques, notamment au gaz, qui alourdissent son empreinte carbone tout en réduisant les coûts énergétiques pour un temps.
Les Dunkelflaute – ces périodes où l’absence de vent et de soleil paralysent la production d’électricité renouvelable – ont mis à nu les faiblesses de la stratégie énergétique allemande. À l’hiver 2024, plusieurs épisodes de ce type ont plongé le pays dans des situations critiques.
Sans stockage suffisant pour compenser l’intermittence des énergies renouvelables, l’Allemagne a dû importer massivement de l’électricité.
Les prix de l’énergie sur le marché européen ont atteint des sommets, atteignant 936 €/MWh le 12 décembre. Cette flambée a aussi touché les pays interconnectés comme la Suède, où les consommateurs ont vu leur facture augmenter drastiquement.
La fermeture des centrales n’a laissé à l’Allemagne que des options limitées face à une demande hivernale en forte hausse.
Quels ajustements pour un modèle plus résilient ?
Face aux critiques, l’Allemagne doit rapidement repenser sa transition énergétique pour éviter de nouvelles crises. Investir massivement dans le stockage de l’électricité, notamment via des batteries ou des stations de pompage, semble essentiel pour stabiliser l’approvisionnement.
Une diversification du mix énergétique apparaît incontournable. L’inclusion de centrales à gaz convertibles à l’hydrogène et un retour au nucléaire sont envisagés par certains experts pour garantir une énergie à la fois stable, abordable et respectueuse des objectifs climatiques.
L’exemple allemand montre les défis d’une décarbonation rapide sans compromis. Si l’Energiewende a permis des avancées majeures, l’abandon du nucléaire expose aujourd’hui le pays.
La fixation des prix et l’effet des centrales thermiques :
L’électricité en Europe est échangée sur des marchés où le coût marginal de la dernière unité nécessaire pour satisfaire la demande détermine le prix.
En période de Dunkelflaute :
- Production renouvelable faible : les éoliennes et les panneaux solaires produisent peu ou pas d’électricité
- Appel aux centrales thermiques : les centrales à charbon et à gaz, plus coûteuses, deviennent essentielles pour combler le déficit
- Flambée des prix : ces centrales fixent alors le prix du marché, qui peut atteindre des sommets. Par exemple, le 12 décembre 2024, le prix atteint un record de 936 €/MWh