Voir aussi : Rien, ríen

Étymologie

modifier
(Date à préciser) Du latin rem, accusatif de res (« chose ») qui est encore le sens du substantif rien dans certaines expressions populaires ou régionales.

Pronom indéfini

modifier
Invariable
rien
\ʁjɛ̃\
 
Mémorial du 17 avril 1891, situé rue du 14 juillet à Corbeil-Essonnes, qui commémore cette journée paisible où il ne se passa strictement rien en ce lieu.

rien \ʁjɛ̃\ masculin singulier invariable

  1. (Soutenu) (Avec une valeur positive) Quelque chose, quoi que ce soit. — Note : se dit parfois, dans cette acception, dans les phrases construites pour exprimer un sens négatif.
    • Marie.– Est-ce que je comprends rien à tes livres latins ? — (Alfred de Musset, Lorenzaccio, 1834, acte II, scène 4)
    • Il serait maintenant impossible à aucun de nous de se rien rappeler de lui. — (Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857)
    • […] trouvez-moi rien dans la nature qui, dans la première période de l’existence, soit aussi dépendant, et par conséquent aussi sujet que l’homme. — (Pierre-Marie Quitard, Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes et des locutions proverbiales de la langue française, Paris : chez P. Bertrand, 1842, page 658)
    • Rénier préféra être brûlé vif, plutôt que de rien céder. — (Jean-Henri Merle d'Aubigné, Histoire de la Réformation en Europe au temps de Calvin, tome 2, chapitre 12, Paris : chez Michel Lévy frères, 1878, ThéoTex, 2016, page 496)
    • Y avait-il rien de plus misérable que d’en être réduit à montrer son derrière en public et à déféquer sur la chaussée ? Y avait-il rien de plus humiliant que ces culottes baissées, cette posture accroupie, cette nudité laide et contrainte ? — (Patrick Süskind, Le Pigeon, Livre de Poche, 1987, page 48)
  2. (Avec une valeur négative, et en corrélation avec ne) Absence de quelque chose ou, par extension, de toute chose.
    • On pourrait remplir des pages entières avec l’exposé sommaire des thèses contradictoires, cocasses et charlatanesques qui forment le fond des harangues de nos grands hommes ; rien ne les embarrasse […]. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre IV, La grève prolétarienne, 1908, page 159)
    • Tenez, qu’est-ce qui se passe à la Bourse ? Des gens qui n’ont rien prennent le droit d’acheter une marchandise dont ils savent parfaitement que la livraison ne s’accomplira jamais, mais qu’ils revendront avec profit. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, pages 167-168)
    • Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau. — (Anaxagore de Clazomènes)
    • Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. — (Antoine Lavoisier)
    • Rien n’est jamais acquis à l’homme […]. — (Louis Aragon)
  3. (Avec une valeur négative, mais sans l’adverbe ne) Absence de quelque chose ou, par extension, de toute chose.
    • Au commencement Dieu créa de rien le ciel, la terre, l’air, le feu, et l’eau. — (Bonnaire-Mansuy, Cosmogonie, ou De la formation de la terre et de l'origine des pétrifications, chap. 3, Paris : Librairie ecclésiastique de Rusand & Lyon : chez Rusand, 1824, page 25)
    • Aucune trace d’effraction, rien de forcé, pas d’empreintes digitales ni d'ADN étranger au personnel. Rien ! — (Jérémie Lebrunet, Alice et le Crédit solidaire, Éditions Destination Futur, 2013, partie 2)
    • À l’automne le paresseux ne laboure pas,
      à la moisson il cherche, et… rien !
      — (Proverbes XX, 4, traduction Émile Osty)
    • Rien de gracieux comme ses mouvements d’épaules, lorsqu’elle attire le menton pour se cacher entièrement la figure, qui, par instants, se montre à la dérobée. — (Flora Tristan, Les Femmes de Lima, dans Revue de Paris, tome 32, 1836)
  4. Sans rien + verbe à l’infinitif : tournure rendant l’action du verbe totalement négative.
    • Rester sans rien dire.
  5. Peu de chose.
    • Les chevaux islandais se vendaient pour rien autrefois, et la coutume était de les acheter pour les revendre au retour ; […]. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 17)
  6. (Vieilli) Personne.
    • Madame de Chartres qui estoit extrêmement glorieuse, ne trouvoit presque rien digne de sa fille [Mlle de Chartres] — (Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, 1678)
    • Il n’est rien de plus inepte qu’un séminariste ; rien de moins propre à être un jour ce que l’on veut qu’il soit, un pasteur éclairé : ces jeunes gens n’ont la tète remplie que de fadaises mystiques. — (Nicolas Edme Restif de La Bretonne, Monsieur Nicolas, part. 1 : Souvenirs d’enfance, an V)
Il faut faire la liaison devant une voyelle.
Lorsque ce mot est l’objet direct et utilisé dans un temps composé, il est placé entre l’auxiliaire et le verbe.
  • Je n’ai rien dit. [→ voir J’ai dit quelque chose.]
  • Il n’a rien trouvé d’intéressant. [→ voir Il a trouvé quelque chose d’intéressant.]
Lorsque ce mot est l’objet direct et utilisé avec un infinitif, il est placé devant l’infinitif.
  • Je ne veux rien dire. [→ voir Je veux dire quelque chose.]
L’autre pronom avec ces caractéristiques est tout.

Synonymes

modifier

Dérivés

modifier

Proverbes et phrases toutes faites

modifier

Vocabulaire apparenté par le sens

modifier
  •   rien figure dans le recueil de vocabulaire en français ayant pour thème : rien.

Traductions

modifier

Adverbe

modifier
Invariable
rien
\ʁjɛ̃\

rien \ʁjɛ̃\ invariable

  1. (Populaire) (Ironique) (Par antiphrase) (Suivi d'un adjectif) Beaucoup, très, vraiment.
    • C’était rien drôle ! — (Émile Zola, La Terre, 1887, page 286)
    • – C’est rien bath !
      – Mince alors, on en a de la chance !
      — (Léon Frapié, Le sou, dans Les contes de la maternelle, 1910, éditions Self, 1945, page 180)
    • Oh ! fit la malheureuse en sortant de son corsage frippé deux méchants bouquets de violettes… elles sont comme moi, mes fleurs… Elles sont rien fatiguées… — (Francis Carco, Au coin des rues : La Marchande de fleurs, 1919 ; Éditions G. Crès et Cie, Paris, 1922p. 47)
    • Parc’que mon père, entre nous, il est rien nul ! — (Yves Gibeau, Allons z’enfants, 1952)
    • — C’est rien vilain ! Houlà, que c’est vilain ! — (René Fallet, Paris au mois d’août, Denoël, 1964, Le Livre de Poche, page 130)

Nom commun 1

modifier
Singulier Pluriel
rien riens
\ʁjɛ̃\

rien \ʁjɛ̃\ masculin

  1. Peu de chose ; petite quantité de quelque chose.
    • Nous échangions d’assez jolis riens, quand l’un de nous, un député aimable, M. B…, nous dit :
      — Vous savez : Wood est ici.
      — (Anatole France, L’Étui de nacre, 1892, réédition Calmann-Lévy, 1923, page 95)
    • […] mille riens que je vénère par fétichisme et qu’anime pour moi le souvenir des heures riantes ou mélancoliques. — (Anatole France, L’Étui de nacre, 1892, réédition Calmann-Lévy, 1923, page 239)
    • Elle revient du cabinet de toilette, un peu traînante et lasse des mille riens qu’elle a entrepris déjà […] — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Petits riens qu’on aime à se remémorer, dont on savoure le parfum à mesure qu’on s’avance dans la vie ! — (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942)
    • S'il vous reste un rien de respectabilité, remontez à bord de n'importe quelle barcasse et fuyez cet antre de bandits comme la peste ! — (Sylvio Sereno, Latitude 9°-S, Éditions du Faucon Noir, 1956, page 17)
    • La gamme en sol majeur fut de nouveau exacte, peut-être plus rapide cette fois que la fois précédente, mais d’un rien. — (Marguerite Duras, Moderato cantabile, Les Éditions de Minuit, 1958)
    • Un soir où je dînais chez ses parents, au moment de passer à table, nous nous attardâmes un instant dans le salon, à dire des riens. — (Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958, réédition Le Livre de Poche, page 257)
    • Voilà le genre d’occasion qui n’était pas donné à tout le monde et il s'en fallut d’un rien qu’ivre d’amertume je m’offusquasse de n’y trouver nul profit. — (Max Steen, Schoolblock, 3e étape : Athens (2032-2040), éditions Librinova, 2018)
  2. Néant.
    • D’ailleurs je ne sais plus, je ne vois plus ; me voici de nouveau entré dans le domaine du rêve qui s’efface, de la fumée qui fuit, de l’insaisissable rien — (Pierre Loti, Le Roman d'un enfant, 1890)
    • Yves se repliait, se concentrait sur cette étrange torture dans le rien. — (François Mauriac, Le Mystère Frontenac, 1933, réédition Le Livre de Poche, pages 237-238)

Variantes

modifier

Dérivés

modifier

Proverbes et phrases toutes faites

modifier

Synonymes

modifier

Dérivés

modifier

Traductions

modifier

Nom commun 2

modifier

rien \ʁjɛn\ masculin, au singulier uniquement

  1. (Linguistique) Langue taï supposément parlée au Laos[1], dont l’existence est contestée[2].
Le code de cette langue (rien) dans le Wiktionnaire est rie. (ISO 639-3)

Traductions

modifier

Prononciation

modifier

Anagrammes

modifier

Modifier la liste d’anagrammes

Voir aussi

modifier

Références

modifier
  L’entrée en français a été sélectionnée comme bonne entrée représentative d’une qualité standard pour le Wiktionnaire.
Vous pouvez consulter la page de discussion, la page Wiktionnaire:Évaluation ou la liste des bonnes entrées.

Étymologie

modifier
Du latin rem.

Nom commun

modifier

rien *\rjẽn\ féminin

Cas Singulier Pluriel
Cas sujet riens riens
Cas régime rien riens
  1. Chose.
  2. Personne, créature.

Variantes

modifier

Anagrammes

modifier

Références

modifier

Nom commun

modifier
Cas Singulier Pluriel
Nominatif rien rienēs
Vocatif rien rienēs
Accusatif rienem rienēs
Génitif rienis rienum
Datif rienī rienibus
Ablatif rienĕ rienibus

rien \Prononciation ?\ masculin

  1. Variante de ren.

Références

modifier

Étymologie

modifier
Étymologie manquante ou incomplète. Si vous la connaissez, vous pouvez l’ajouter en cliquant ici.

Nom commun

modifier

rien \Prononciation ?\

  1. Eau.

Références

modifier
  • Donald C. Laycock, “Austronesian Languages: Sepik Provinces”, in Stephen A. Wurm (éd.), New Guinea Area Languages and Language Study, vol 2: Austronesian Languages, Research School of Pacific and Asian Studies, Australian National University, Canberra, 1976, page 414 (de 399-418).