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Le rappeur Maes interpellé au Maroc

Par Violette Lazard

Publié le , mis à jour le

Le rappeur Maes, de son vrai nom Walid Georgey, lors d’une séance photo à Paris 14 janvier 2020.

Le rappeur Maes, de son vrai nom Walid Georgey, lors d’une séance photo à Paris 14 janvier 2020.  CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Installé à Dubaï depuis fin 2022, le rappeur visé par un mandat d’arrêt international a tenté de rejoindre le Maroc juste avant la visite dans l’Emirat du ministre de la Justice français, Gérald Darmanin. Il a été interpellé à Casablanca.

Le départ avait-il été anticipé, ou préparé à la hâte à l’annonce de la visite officielle du ministre de la Justice français dans l’Emirat ? D’après nos informations, le rappeur français Maes, originaire de Sevran en Seine-Saint-Denis et installé à Dubaï depuis plus de deux ans, visé par un mandat d’arrêt émis par la justice française depuis octobre 2023, s’est envolé vers le Maroc le 18 janvier dernier et a été interpellé à Casablanca. Cette interpellation au Maroc, pays dont le rappeur de 30 ans est originaire, interviendrait dans le cadre d’une enquête menée localement contre Maes, Walid Georgey de son vrai nom. Il serait entendu dans une affaire d’enlèvement et séquestration. Son avocate française, Me Diane de Condé, jointe par « le Nouvel Obs », n’était pas en mesure de nous confirmer cette information.

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Le chanteur Maes a toujours proclamé s’être installé à Dubaï pour échapper à des tentatives de racket et à des menaces sur sa vie dans son quartier. « Je suis parti à Dubaï après que des véhicules de mon clip ont été brûlés par des jaloux de ma cité […]. On a essayé de me racketter, je me suis dit, mais, d’habitude c’est moi qui fais ça aux gens (rires) », expliquait-il en février 2023 sur un site consacré à la musique. L’un de ses proches avait également été la cible de tirs. Depuis son exil émirati, il se met régulièrement en scène au volant de grosses cylindrées, dans le désert ou sortant des boîtes de nuit les plus bling-bling de la ville.

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En France, dans le cadre de plusieurs enquêtes franciliennes mettant en scène des règlements de compte sur fond de trafic de drogue, le nom de Maes est depuis évoqué et ressort dans les investigations menées notamment par la brigade criminelle de la préfecture de police de Paris. Il est également visé par un mandat d’arrêt pour ne pas s’être présenté en octobre 2023 au tribunal où il devait être jugé pour des violences en réunion, après avoir asséné des coups de poing à un homme à la sortie d’un studio en septembre 2018 à Paris. En juin 2024, il avait finalement été condamné en son absence à 10 mois de prison, et avait dû annuler un concert prévu à Paris. Maes a par ailleurs déjà été condamné en 2015 dans une affaire de trafic de stupéfiants, et avait été incarcéré quelques mois.

Une très faible coopération des Emirats arabes unis

Le chanteur s’est envolé des Emirats arabes unis quelques heures avant l’arrivée du ministre de la Justice Gérald Darmanin, venu discuter avec les autorités locales de coopération judiciaire, et de lutte contre le blanchiment de l’argent de la drogue. Se sachant visé par au moins un mandat d’arrêt, Maes a-t-il tenté d’échapper à une interpellation lors de cette visite diplomatique et éminemment politique ?

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Des dizaines de narcos français sont en effet réfugiés dans ce paradis du cash, investissent des mannes financières colossales, notamment dans l’immobilier, et peuvent compter sur une très faible coopération de la justice locale avec les demandes d’extradition de la justice française. Gérald Darmanin s’était déjà rendu dans l’Emirat en tant que ministre de l’Intérieur en octobre 2023, de nombreuses interpellations étaient intervenues peu après mais aucun des narcotrafiquants français visés par des mandats d’arrêts n’avait été extradé vers la France, réussissant à prendre la fuite vers l’Algérie ou le Maroc. Un magistrat de liaison français a depuis été nommé sur place, mais la coopération judiciaire reste disparate et plusieurs narcotrafiquants recherchés par la France ont pu prendre la fuite sans être extradés.

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