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Pongal

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Illustration stéréotypique du Pongal : Marmite de riz mis au feu et en ébullition; Cannes à sucre en décoration; Réalisation de kolam (mandala) colorés; Fond de soleil (évoquant Surya).

Le Pongalபொங்கல் (poṅkal) littéralement bouilli par-dessus en tamoul — aussi appelé Makar Sankranti dans d'autres régions de l'Inde (ಸಂಕ್ರಾಂತಿ (saṅkrānti) en canarais ; సంక్రాంతి (saṅkrānti) ou మకర సంక్రాంతి (makara saṅkrānti) en télougou) est une fête des moissons et d'actions de grâce, mais aussi propitiatoire de l'Inde[1].

D'après certains, le Pongal est historiquement une fête séculière[2] indépendante de l'hindouisme[réf. nécessaire], ce qui pourrait indiquer une origine très ancienne. Pour d'autres, Pongal est une fête d'origine agricole, lié à l'hindouisme par la symbolique, les rituels, les pratiques et les croyances qui s'y manifestent. Principalement célébré en Inde du Sud, particulièrement au Tamil Nadu, en Andhra Pradesh et au Karnataka, il l'est aussi à Singapour, en Malaisie et au Sri Lanka, où il existe des communautés tamoules. Malgré cette prépondérance de l'Inde du Sud, on reconnaît cette fête dans d'autres parties de l'Inde, dans le Nord par exemple où elle porte le nom de Makar Sankranti. Au Maharashtra et dans le Gujarat, elle prend la forme d'un concours de cerf-volant. Au Penjab et en Haryana elle est célébrée sous le nom de Lohri.

Célébration

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En Inde méridionale

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Au Tamil Nadu

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Le Pongal est parfois surnommé de Tamizhar Thirunal, c'est-à-dire la « Fête » ou le « Grand Jour » des tamouls. La fête a lieu généralement le 14 ou le 15 janvier qui est le premier jour du mois de Thai du calendrier tamoul. Un proverbe tamoul dit : Thai Pirandhal Vazhi Pirakkum (தை பிறந்தால் வழி பிறக்கும்), soit La naissance du mois de Thai pave la route à de nouvelles opportunités.

La fête dure quatre jours. Au cours du premier, Bhogi, les vieux tissus et vêtements sont jetés et brûlés, marquant le début d'une nouvelle vie. Le deuxième jour, le jour du Pongal proprement dit, ou Thai Pongal, on met à bouillir du riz avec du lait frais et de la mélasse ou du sucre brun, tôt le matin, en laissant le mélange déborder, ce qui explique le nom de la fête. Les gens préparent des en-cas et des desserts, se rendent visite l'un l'autre et échangent des vœux. Le troisième jour, Mattu Pongal, est destiné à rendre grâce aux vaches et aux buffles, car la légende dit que le bétail accepta d'aider l'homme à labourer les champs, à seule la condition d'être fêté et honoré une fois par an. Dans les régions méridionales et occidentales de l'État, sont organisés à cette occasion des tournois de Jallikattu, une pratique tauromachique sociale et sportive, où des compétiteurs se mesurent pour contrôler des taureaux d'élevage appelés les kōyil kāḷai (கோயில் காளை) ou « taureaux de temple ». Le dernier jour, Kanum Pongal — « kanum » signifiant à voir — les jeunes gens se réunissaient sur les bords des rivières pour y chercher notamment un futur conjoint, une pratique qui est tombée aujourd'hui en désuétude. C'est aussi et surtout l'occasion de sorties de loisirs entre proches, constituant depuis une date majeure dans les secteurs du divertissement (notamment le cinéma) et du tourisme[3],[4]. Durant cette période les gens consomment de la canne à sucre et décorent leur maison avec des kolam.

Controverses autour de Pongal et du « Nouvel an tamoul »
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Une coupelle de cakkarai poṅkal ou sakkarai pongal, un plat de riz préparé le second jour.

Sous l'influence d'idéologies politiques et culturelles telles que le Dravidianisme ou le Nationalisme tamoul, le Pongal a connu depuis le début du XXe siècle une récupération politique encourageant sa célébration en tant que Nouvel an « ethnique »[5]. Une pratique nouvelle qui entre en conflit avec la fête de Puthandu, qui est le nouvel an du calendrier tamoul, influencé par le calendrier hindou et observé au printemps.

Bien que le Puthandu soit à la fois le nouvel an historiquement et coutumièrement suivi par les populations tamoulophones, ses racines védiques et sanskritisantes ont été une source de mécontentement ancien parmi les cercles intellectuels et politiques dravidiens ou tamoulistes[5],[6]. Ces derniers considèrent que le « nouvel an des tamouls » serait à l'origine celui d'un calendrier décorrélé au calendrier hindou, prenant départ au mois de tai (janvier-février) et non au mois de cittirai (avril-mai)[5]. Le parti politique régional du DMK (Dravida Munnetra Kazhagam) et son chef M. Karunanidhi, qui adhèrent ouvertement à cette théorie, officialisent Pongal en tant que Nouvel an tamoul durant leur mandat dans la gouvernance du Tamil Nadu en 2008[6]. Ce changement ne sera pas adopté par la large majorité de la population du Tamil Nadu, hors des milieux sympathisants au DMK et aux idéologies dravidiennes et tamoulistes. En 2011, Jayalalithaa Jayaram, cheffe du parti d'opposition AIADMK (All India Anna Dravida Munnetra Kazhagam), réaccède au poste de ministre en chef de l'État du Tamil Nadu et fait annuler cette résolution prise par son prédécesseur[5],[6].

La nouvelle accession au pouvoir du DMK en 2022 (gouvernement en exercice actuellement) a relancé cette controverse[6].

Au Karnataka

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Au Karnataka, la fête est l'occasion de visiter ses voisins, ses amis et ses parents pour échanger des vœux. On prépare alors un plat appelé Ellu fait de graines de sésame, de noix de coco, de sucre, etc.

En Andhra Pradesh

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Pongal est une célébration aussi connue au Sri Lanka, fêtée parmi les tamoulophones sri lankais. La fête s'y distingue pour n'y durer généralement que deux jours, avec une focalisation sur le Thai Pongal, qui constitue le premier jour de célébration[7]. Un plat similaire au sakkarai pongal indien, le chakkarai pukkai, est traditionnellement cuisiné[8],[9].

Signification astrologique

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Un acteur avec un arceau de feu durant une représentation de théâtre populaire ou terukkūttu, dans le cadre des animations du Pongal à Namakkal (Tamil Nadu, Inde).

La fête a une signification astrologique, elle marque le début de la période de l'Uttarayana, celle où le soleil parcourt dans le ciel ses six mois de course les plus septentrionales. Dans l'hindouisme, Uttarayana est considéré comme auspicieux, opposé à Dakshinaayana, le mouvement méridional du soleil. C'est dans cette période que l'on planifie les évènements importants. Makara Sankranthi fait référence à l'entrée du soleil dans le signe zodiacal du Makara, c'est-à-dire du Capricorne.

Références

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  1. Encyclopedia of Hinduism par C.A. Jones et J.D. Ryan publié par Checkmark Books, page 330, (ISBN 0816073368)
  2. (en) Kulwant Rai Gupta et Amita Gupta, Concise encyclopaedia of India, New Delhi, Atlantic Publishers & Distributors, (ISBN 9788126906390, OCLC 297208709), « Festivals of India », p. 986-987
  3. (en) « Kaanum Pongal Celebrations Draws Massive Crowds, Brings Chennai Traffic To A Crawl: IN PICS » Accès libre, sur ABP News, (consulté le )
  4. (en) « People throng tourist spots for Kanum Pongal celebrations », The Hindu,‎ (ISSN 0971-751X, lire en ligne Accès limité, consulté le )
  5. a b c et d (en) Ramanathan S, « Is Tamil New Year really ‘Tamil’? Politics of Thai vs Chitirai, Karunanidhi’s speech » Accès libre, sur The News Minute, (consulté le )
  6. a b c et d (en) E. T. B. Sivapriyan, « Will Pongal couple up as Tamil New Year’s Day from 2022? » Accès libre, sur Deccan Herald, (consulté le )
  7. (en) Menaka Indrakumar, « THAI PONGAL: the harvest festival to honour the Sun », sur Daily News (consulté le )
  8. (en) Dennis McGilvray et Jessica Kuper (dir.), The Anthropologists' Cookbook, Londres, Kegan Paul International (Routledge), (ISBN 978-0-7103-0543-5 et 978-0-7103-0531-2, OCLC 35521672), 4 (Asia), « Pukkai », p. 200-203
  9. (en) Nesa Eliezer et Rani Thangarajah, Recipes of the Jaffna Tamils, Hyderabad, Orient Longman, (ISBN 9788125025023, OCLC 54373104), « Brown Sugar Rice : Chakkarai Saatham (Chakkarai Pukkai) », p. 21-22

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Articles connexes

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Liens externes

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