Cette liste recense les élections organisées durant l'année 1936. Elle inclut les élections législatives et présidentielles nationales dans les États souverains, ainsi que les principaux référendums.
En 1936, le monde se remet de la Grande Dépression, dont les ravages se font néanmoins encore sentir dans certains pays. L'extrême-droite s'étend en Europe. En Espagne (février), la victoire électorale de la gauche entraîne une révolte armée de la part de nationalistes de droite et d'extrême-droite, et le début de la guerre d'Espagne. En Grèce, le roi Georges II fait fi des résultats des élections de janvier, et nomme un gouvernement d'inspiration fasciste, qui interdit les partis démocratiques. Au Japon, déjà sous régime militaire, les élections législatives de février sont suivies d'une tentative de coup d'État ultra-nationaliste, et d'un rapprochement avec l'Allemagne nazie. L'Allemagne, quant à elle, organise au mois de mars un simulacre d'élection, où le Parti nazi est le seul autorisé.
Dans plusieurs pays d'Amérique latine (Argentine, Cuba, Honduras, Panama), l'année 1936 est marquée par des élections truquées, qui maintiennent au pouvoir des gouvernements issus de la droite autoritaire. En Lituanie (juin) et en Estonie (décembre), les élections se déroulent sous un régime de droite à parti unique.
À l'inverse en Europe du Nord (Danemark, Finlande, Norvège, Suède) et en Europe de l'Ouest (Belgique, France) se déroulent des élections libres, démocratiques et multipartites - même si la France est le seul de ces six pays à ne pas encore reconnaître le droit de vote des femmes. Les élections dans tous ces pays sont remportées par la gauche. Le scrutin de 1936 en France (avril et mai) aboutit à la victoire historique du Front populaire. Aux États-Unis, enfin, la popularité des politiques sociales et interventionnistes du New Deal permet aux Démocrates de remporter aisément les élections législatives et présidentielle (novembre).
De nombreux pays en 1936 ne reconnaissent pas encore le droit de vote des femmes. Néanmoins, les élections ci-dessous se déroulent au suffrage universel sans distinction de sexe, sauf en cas d'indication contraire (« élection au suffrage masculin »).
Fin 1933, des manifestants de gauche s'emparent du pouvoir, renversant la dictature de Gerardo Machado. Les révolutionnaires au pouvoir introduisent d'importantes réformes sociales, reconnaissent le droit de vote aux femmes, et abrogent unilatéralement l'amendement Platt qui autorise les États-Unis à intervenir militairement dans le pays pour y défendre leurs intérêts. En , une contre-révolution de droite, appuyée par les États-Unis, porte le colonel Fulgencio Batista au pouvoir. Celui-ci ne se déclare pas initialement président, mais gouverne à travers des hommes de main ; d'où ces élections.
Alternance. Parlement sans majorité. Le Parti libéral (centriste, républicain, nationaliste, vénizéliste) obtient une majorité relative des sièges, devançant nettement le Parti du peuple (conservateur, monarchiste) au pouvoir. En l'absence d'une majorité claire à l'assemblée, le premier ministre sans étiquetteKonstantínos Demertzís demeure néanmoins à la tête d'un gouvernement provisoire de compromis. Lorsque ce dernier décède d'une crise cardiaque en avril, le roi Georges II nomme Ioánnis Metaxás (Parti de la libre opinion : extrême-droite) à sa succession, bien que son parti n'ait que sept députés. Le , avec l'appui du roi, Metaxás établit un régime dictatorial d'inspiration fasciste, concentrant les pouvoirs entre ses mains. Les partis d'opposition sont interdits. C'est le régime du 4-Août.
Élections au suffrage masculin. Élection d'une assemblée constituante, convoquée par le président Tiburcio Carías Andino avec pour but principal de consolider sa mainmise sur le pouvoir. À cette date, le régime politique connaît une dérive autoritaire de plus en plus marquée. Le Parti communiste est notamment interdit.
Les résultats officiels affirment que le Parti national (conservateur), au pouvoir, a remporté presque 100 % des voix, et que le Parti libéral n'a obtenu que quarante-six voix sur l'ensemble du pays. Le Parti national détient ainsi tous les sièges à l'assemblée. Celle-ci adopte une nouvelle constitution qui permet au président d'exercer un nouveau mandat sans passer pas les urnes, accroît la durée de ce mandat, réduit les pouvoirs du parlement, indique explicitement que les femmes ne peuvent pas être citoyennes, et rétablit la peine de mort.
Élections au suffrage masculin. Depuis 1932 le pays est sous gouvernement militaire, mais maintient un parlement élu et un système politique multipartite.
Alternance. Parlement sans majorité. Le parti Rikken Minseitō (centre-gauche, libéral) obtient une majorité relative des sièges. L'amiral Keisuke Okada (sans étiquette) demeure premier ministre. Six jours après les élections a lieu une tentative de coup d'État de la part d'éléments ultra-nationalistes des forces armées. Après l'échec de ce putsch, le gouvernement militaire consolide son emprise autoritaire sur la société. Un nouveau premier ministre, Kōki Hirota, est nommé au mois de mars. En novembre, il signe une alliance militaire contre l'URSS avec l'Allemagne nazie.
Élections au suffrage masculin. Les années 1930 sont une période de fraudes électorales massives, de corruption, et de répression contre les opposants. C'est la « décennie infâme ».
La Concordancia, alliance de partis de droite au pouvoir, conserve le contrôle du Parlement.
L'Allemagne nazie est une dictature à parti unique, où les opposants politiques sont réprimés et assassinés. Les électeurs sont invités à voter pour ou contre une liste unique de candidats. La mobilisation des électeurs s'effectue par la force et l'intimidation.
Le gouvernement d'union nationale composé du Parti ouvrier (gauche), du Parti catholique (conservateur) et du Parti libéral (laïc, progressiste) conserve la majorité absolue des sièges. Paul Van Zeeland (Parti catholique) demeure premier ministre, bien que le Parti ouvrier ait obtenu davantage de sièges.
Le parti Wafd (centre-droit, nationaliste, libéral-conservateur, laïc) conserve la majorité absolue des sièges. Moustapha el-Nahhas Pacha est nommé premier ministre.
Élections au suffrage masculin. Les élections sont fortement truquées (votes multiples, bourrages d'urnes, destructions d'urnes…), et marquées par des actes d'intimidation à l'encontre de l'opposition.
Juan Demóstenes Arosemena (Parti libéral national), soutenu par une coalition de partis de droite, est élu avec 46,9 % des voix, devant Domingo Díaz Arosemena (soutenu par une alliance de partis libéraux et de gauche). La coalition présidentielle remporte également la majorité absolue des sièges au Parlement.
À la suite du coup d'État de 1926, la Lituanie est un État à parti unique. Les autorités présentent autant de candidats qu'il y a de sièges à pourvoir, puis soumet formellement ces candidats au suffrage populaire.
Élection de la chambre haute (Landsting), au suffrage indirect. Les citoyens élisent des électeurs, qui élisent les membres de la chambre.
La coalition gouvernementale des Sociaux-démocrates et le Parti de la gauche radicale (social-libéral) remporte une majorité absolue des sièges. Le gouvernement dispose ainsi de la majorité dans les deux chambres, pour la première fois depuis 1870.
Élections au suffrage masculin. Renouvellement de la moitié des députés, et du tiers des sénateurs. Les libéraux et les conservateurs s'accordent sur une liste unique de candidats aux législatives, et sur un candidat unique pour la présidentielle.
La liste conduite par le Parti libéral nationaliste (autoritaire, conservateur) remporte la plupart des sièges en jeu. Son candidat Anastasio Somoza García est élu président avec 99,8 % des voix (devant Leonardo Argüello Barreto, du Parti conservateur traditionnel, son seul adversaire). Il établit rapidement un régime dictatorial, corrompu et violent.
À la suite du coup d'État de 1934, qui vise à empêcher une prise de pouvoir violente par l'extrême-droite, l'Estonie est une dictature à parti unique. C'est l'« ère du silence ». Ces élections visent à produire une assemblée constituante. Les candidats sans étiquette sont autorisés en principe à se présenter contre les candidats du gouvernement.
Sans surprise, les élections sont remportées par la Ligue patriotique (droite), seul mouvement politique autorisé. Konstantin Päts, auteur du coup d'État, demeure premier ministre.