Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse
Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse[1] est une retranscription d'un Le Séminaire que Jacques Lacan a tenu à l'École normale supérieure à Paris entre janvier et , établie par Jacques-Alain Miller et publiée au Seuil en 1973.
Contexte
[modifier | modifier le code]En , Serge Leclaire succède à Jacques Lacan en tant que président de la Société française de psychanalyse (SFP). En mai des émissaires de l'Association psychanalytique internationale (API) sont envoyés à Paris et rencontrent Leclaire. Ils expriment non seulement des doutes quant à l’attitude de Lacan à l'égard de Freud, mais ils affirment que Lacan manipule le transfert à travers les sessions courtes : il doit donc renoncer à former des futurs psychanalystes. Au congrès de Stockholm de juillet, l'API vote un utltimatum : le nom de Lacan doit être rayé de la liste des didacticiens dans les trois mois à venir. Deux semaines avant l’expiration de l’ultimatum, une motion est votée en ce sens, le . Le une réunion doit se tenir pour décider de la conduite à suivre vis-à-vis de Lacan et de l'AIP. Lacan écrit alors à Leclaire qu'il ne s'y rendra pas et qu'il ne peut se dédire, ce qui entraîne son exclusion le jour même. Le devait se tenir à Saint-Anne son séminaire, mais c'est une séance unique, intitulée «les Noms du père ». En effet, Lacan annonce l'arrêt de son séminaire ; des fragments en seront publiés dans L’excommunication[2]. Il reprend son séminaire hébergé dans les locaux de l'École normale supérieure en , s'adressant particulièrement aux normaliens, public plus nombreux et plus intellectuel, ce qui le conduit à modifier son style et son contenu[3]. Selon Jacques Sédat, il abandonne alors son retour à Freud, pour développer davantage, dans le cadre de ce séminaire, sa propre pensée et les fondements de la psychanalyse.
Contenu
[modifier | modifier le code]Lacan parle de la censure de son enseignement et de son excommunication des cercles psychanalytiques officiels. Son objectif reste de former de futurs psychanalystes tout en se demandant si la psychanalyse est une science, si oui, dans quelles conditions et pour quel objet — science de l’inconscient ou science conjecturale du sujet — et que peut la psychanalyse nous apprendre de la science ?
Lacan cherche dans ce onzième séminaire à mettre en évidence ce qu'il a nommé « les concepts freudiens majeurs - j’en ai isolé quatre qui semblent appartenir à cette catégorie... Les deux premiers, l’inconscient et la répétition. Le transfert - j'espère l’aborder la prochaine fois - et enfin la pulsion ».
Le titre de 1974 a souvent été contesté comparé à celui de 1964 intitulé « Les fondements de la psychanalyse » qui implique qu'il n'est pas question de concepts ni qu'il n'y en aurait que quatre.
Parmi les quatre concepts mentionnés, trois ont été développés par Lacan entre 1953 et 1963. Quant aux pulsions — dont l'importance a été grandissante depuis l'étude de l’objet a dans le séminaire de 1963 intitulé l’Angoisse — Lacan les considère comme fondamentalement différentes de besoins biologiques. Le principe de la pulsion n’est pas d'atteindre un but mais de suivre sa propre tension, qui est de graviter autour de l'objet. La véritable source de jouissance étant le mouvement répétitif de ce circuit fermé. Selon Lacan, Freud définit la pulsion (Trieb) comme une construction de quatre éléments discontinus « La pulsion n’est pas la poussée (Drang) ; dans "La pulsion et ses vicissitudes" Freud distingue quatre termes à la pulsion : (Drang), la poussée ; Quelle, la source ; Objekt, l’objet ; Ziel, la visée. Une telle liste peut sembler assez naturelle ; mon but est de prouver que ce texte a été écrit pour montrer que ce n’est pas si naturel que ça »[4]. La pulsion est une construction profondément symbolique et culturelle. Les chemins de la pulsion sont structurés par trois voix grammaticales :
- Active (voir)
- Réflexive (se voir soi-même)
- Passive (faire voir soi-même)
Les deux premières sont auto-érotiques ; seule dans la troisième un sujet apparaît, « ce sujet, l’autre, apparaît dans la mesure où la pulsion a été capable de montrer sa trajectoire circulaire », la pulsion est toujours active, c’est pourquoi il n'écrit pas "être vu" pour la troisième instance.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « The Four Fundamental Concepts of Psychoanalysis » (voir la liste des auteurs).
- Ou, sous son titre général, Le Séminaire, livre XI, les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse.
- David Macey Lacan in Contexts (1988)
- Jacques Sédat, « Lacan, Jacques-Marie Émile », p. 901, in Alain de Mijolla (dir.), Dictionnaire international de la psychanalyse 2. M/Z. Calmann-Lévy, 2002, (ISBN 2-7021-2530-1)..
- Jacques Lacan, The Four Fundamental Concepts of Psychoanalysis
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jacques Lacan, Séminaire Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse. Les fondements de la psychanalyse, Mercredi , nouvelle traduction établie par un cartel franco-espagnol, Essaïm, 2006/2 no 17, p. 65-82, article en ligne.
- Fierens Christian, Lecture des quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse. Le séminaire XI de Lacan, Fernelmont, EME Éditions, coll. « Psy-Passerelles », (ISBN 978-2-8752-5069-8)
- Jean-Luc Monnier, « Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse - Introduction au Séminaire XI », sur École de la cause freudienne (consulté le )
- Stéphane Lojkine, « De la chaîne signifiante à l'entrelacs du visible : le Séminaire XI de Lacan - Cours d’initiation à la french theory », sur Utpictura18 Critique et théorie - Université Aix-Marseille, (consulté le )
- Danielle Eleb, « La causalité dans Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse », Point Hors Ligne, ERES, , p. 43-46 (ISBN 9782749203461, résumé)