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Guerres baussenques

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Guerres baussenques
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Informations générales
Date 1144 - 1162 (18 ans)
Lieu Royaume d'Arles
Casus belli revendications catalanes sur le comté de Provence
Issue Victoire du parti catalan
Belligérants
Seigneurie de Baux
Comté de Toulouse Comté de Toulouse
Comté de Foix
Comté de Provence
Comté de Barcelone
Vicomté d'Albi et de Carcassonne
Commandants
Hugues des Baux
Raymond V de Toulouse
Raimond-Bérenger IV de Barcelone
Bérenger-Raimond de Provence

Les guerres baussenques (1144-1162) conservent dans la mémoire provençale une place importante : elles sont le souvenir « idéalisé » de la résistance des Provençaux et d'une de ses plus illustres familles, la maison des Baux, à l’« occupant » catalan. Sur le plan politique, elles contribuent, par le succès de la maison de Barcelone, à l'établissement de la deuxième dynastie des comtes de Provence.

Des causes à l'épilogue

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Les causes : 1112-1144

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L'origine de ces guerres se situe à la fois dans la rivalité qui oppose la maison de Toulouse à la maison de Barcelone, dans les problèmes successoraux de la première dynastie des comtes de Provence et dans les ambitions d’une grande famille provençale, la maison des Baux.

Conflit d'intérêts

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Statue de Raimond-Bérenger III de Barcelone

Initialement, un conflit d'intérêts entre le comté de Toulouse et celui de Barcelone crée une situation de tension, avec ses opportunités politiques, dans toute la Provence.

Arrêtés vers le Sud, les comtes catalans tournent leurs ambitions vers le littoral méditerranéen, au pied des Cévennes et jusqu'au Rhône où ils se heurtent à la maison de Toulouse. L'opposition de leurs intérêts provoque le conflit. En 1112, le mariage de Douce de Rouergue avec Raimond Béranger de Barcelone, probablement à l'initiative de l'Église[1], avive les tensions. En effet Douce est l'héritière du comté de Provence, étant la fille de Gerberge qui possède le comté de Provence, le comté de Gévaudan, le Carladès et une partie du comté de Rodez. Cette union vaut au comte catalan un surcroît d'autorité en Provence et force Alphonse Jourdain, de la maison de Toulouse, à signer en 1125 un traité délimitant les zones d'influence de chacun[2].

Problèmes successoraux

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À ce conflit d'intérêts se rajoutent des problèmes successoraux relatifs au comté de Provence entre l'ambitieuse maison des Baux et celle de Barcelone.

En effet, Douce a une sœur cadette, Étiennette, en principe déjà dotée et mariée à un comte des Baux, Raymond. Jusqu'en 1127, date de la mort de Douce, les chartes concernant leurs domaines sont signées à la fois par Douce et par son mari. Après cette date, elles ne portent plus que la signature de Raimond Béranger qui se substitue entièrement à sa femme. Tant que Raimond Béranger est en vie, Étiennette n'émet aucune revendication. Cependant, à la mort de ce dernier en 1131, la Provence échoit à son fils Bérenger-Raimond à la suite d'un partage. Raymond des Baux, mari d'Étiennette, jusqu’à cette date fidèle allié du comte de Provence, revendique alors les droits que sa femme tiendrait de sa mère Gerberge.

Gerberge de Provence, comtesse de Provence
1073? ep. Gerbert(v.1053 - v.1110), alias Gilbert (? - v. 1110), vicomte
        │
        ├─ Douce (v.1090-1127 ou 1129) alias Dolça,
        │  ép. en 1112 Raimond Berenger, comte de Barcelone
        └─ Étiennette (1110? - 1160) alias Stéphanie ou Stéphania,
           ép. vers 1116-1120 Raimon des Baux (? - 1150), seigneur des Baux-de-Provence (1095-1150)

Les acteurs et les mouvements collatéraux

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Blason des seigneurs des Baux avec l'étoile à 16 branches.

Du coup, le Midi se divise en deux clans :

  • d'une part, celui de Bérenger-Raimond, cadet de la maison de Barcelone et neveu d'Étiennette, soutenu par son frère aîné Raimond-Bérenger IV de Barcelone, ainsi que par les vicomtes de Carcassonne, de Béziers et de Nîmes ;
  • d'autre part, celui d'Étiennette et de son mari, soutenu par les Toulousains, le comte de Foix, les affiliés des Baux[3], la ville d'Arles (du moins jusqu'en 1150) et même les Génois à qui on peut imputer le débarquement de Melgueil au cours duquel périt le neveu d'Étiennette en 1144.

Cette situation provoque des bouleversements collatéraux auprès d'acteurs secondaires au conflit. Ainsi, la cité d'Arles est en pleine effervescence ; d’après l’historien arlésien Anibert, elle se dote dès cette époque (1131) d’un consulat pour faire face à cette situation de guerre, avec l'assentiment de son archevêque[4].

Les conflits : 1144-1162

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Conrad III

Dans un premier temps, Raimond des Baux s'adresse à l'empereur Conrad III qui possède sur la région une autorité théorique de suzerain afin qu'il reconnaisse les droits d’Étiennette, issus de l'héritage de Gerberge. Le , l'empereur valide leurs titres sans en préciser trop le contenu, et leur donne le droit de battre monnaie, à Arles et à Trinquetaille, avantage attaché à la souveraineté.

Toutefois cette décision est contestée par les armes : dès le début de 1147, la maison de Barcelone en guerre contre Raimond des Baux, lui-même soutenu par les Arlésiens, emporte un succès décisif dû en grande partie à l'absence du comte de Toulouse occupé à la croisade. Son impuissance convainc Raimond de composer et l'incite à négocier avec Barcelone : il concède sa soumission et meurt en Espagne avant la signature du traité de paix. Étiennette et ses quatre fils, Hugues, Guillaume, Bertrand et Gilbert, sont amenés à renoncer à leurs droits sur le comté de Provence. Le traité mettant fin à ce premier épisode est signé à Arles en 1150.

Moins de cinq ans plus tard, Étiennette et ses fils relancent le conflit (1155). Allié au comte de Toulouse Raymond V, Hugues des Baux obtint un premier succès d'ordre diplomatique : il reçoit de la part de l'empereur germanique Frédéric Barberousse la confirmation des titres de sa maison. Mais les hostilités, une fois encore, tournent à sa confusion. La maison des Baux doit s'avouer battue (1156). La paix est négociée à la fin de l'année 1156 par l'entremise de trois personnalités de premier plan qualifiées d'« amis » de la famille de Baux : le comte Raimond V de Toulouse, l'archevêque d'Arles Raimond de Montredon et la vicomtesse Ermengarde de Narbonne[5]. Hugues de Baux et ses frères s'engagent alors à ouvrir le château de Castillon et diverses places fortes à première réquisition. Le château des Baux, siège de la cette famille, et quelques-unes de ses défenses avancées, dont le château de Trinquetaille[réf. nécessaire] sont exclus de cette humiliante condition.

En 1162, lors du troisième et dernier conflit, les Catalans s’assurent définitivement de leurs adversaires. Le château des Baux est rasé et le territoire avoisinant ravagé. La maison de Barcelone fait reconnaître sa victoire militaire par les chancelleries, bien qu’Hugues des Baux essaye de contrarier cette démarche en faisant état auprès de Frédéric Barberousse des deux diplômes pourvus de la bulle d'or impériale, émanant l'un de Conrad, l'autre de Frédéric Barberousse lui-même. Mais Frédéric Barberousse se garde bien de donner raison au vaincu.

Pendant près de vingt ans (1144-1162) la maison des Baux a ainsi tenté de s'imposer dans une Provence où le pouvoir des comtes n'est pas encore réellement affirmé. Les droits nés d'un mariage s'éclipsent dans un autre mariage : l'empereur donne sa nièce Richilde de Pologne, veuve du roi Alphonse VII de Castille au comte Raimond-Bérenger II de Provence, de la maison de Barcelone. Maîtresse des champs de bataille, la dynastie catalane se couvre d'une reconnaissance impériale, à la vérité plus flatteuse qu'efficace, mais qui est le point de départ du véritable pouvoir de cette dynastie dans cette province appelée Provence.

Notes et références

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  1. L'Église se heurte alors à cette époque aux comtes de Toulouse : excommunication de Raymond IV de Toulouse en 1076, soutien de la maison de Toulouse à Aicard, l'archevêque d'Arles destitué en 1080,... Elle profite de l'absence du comte alors en croisade pour sécuriser l'héritage de la Provence dans des mains plus dociles en unissant l'héritière de cette province aux comtes de Barcelone.
  2. Tout le pays au nord de la Basse-Durance et sur la rive droite du Rhône, les châteaux de Beaucaire et de Valabrègue, l'Argence, sont dévolus au comte de Toulouse : c'est le marquisat de Provence. La partie comprise entre le Rhône, la Durance, les Alpes et la mer est la part du comte de Barcelone. Avignon, Pont-de-Sorgues, Caumont et le Thor restent indivis.
  3. Noble Lalauzière - Abrégé chronologique de l'Histoire d'Arles, Arles, Gaspard Mesnier, 1808. p. 128 (année 1145) :
    Dans cette guerre, les plus grands seigneurs se divisèrent suivant leurs passions ou intérêts. …. Dans le parti des Baux, on nomme Rostang et Guillaume de Sabran, Guirand de Simiane, Boniface de Castelane, Hugues et Guillaume des Porcelets, Guillaume d'Eyguières, Isnard et Rostang de Tarascon, Hugues de Rochemaure, Geoffroi de Tourves, Géoffroi de Marseille, Raymond d'Uzès, Rostang et Guillaume de Gantelme, Rostang de Quiqueran, Gantelme Rambaud, Bernard de Beaulieu, Bertrand d'Allamanon, Bernard Roger, comte de Foix, et le comte de Toulouse, qui soutenoit avec la plus grande chaleur les prétentions de Raymond des Baux sur le comté de Provence.
  4. Mathieu Louis Anibert - Mémoires historiques et critiques sur l'ancienne République d'Arles, 1779, p. 7 (en ligne)
  5. Edwin Smyrl, « La famille des Baux (Xe – XIIe siècles) », Cahiers du Centre d'études des sociétés méditerranéennes, vol. 59, no 2,‎ , p. 41, 61-62, 88-92.

Bibliographie

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  • L.Barthélemy, Inventaire du château des Baux, Revue des sociétés savantes, 8e série, T. VI, 1877
  • L. Barthélemy, Inventaire chronologique et analytique des chartes de la maison des Baux, Marseille, 1882
  • L. Paulet, Les Baux et Castillon : Histoire des communes des Baux, du Paradou, de Maussane et de Mouriès, Saint-Rémy de Provence, 1902
  • P. Destandau, Documents inédits sur la ville des Baux, t. III, Mémoires de l’Académie du Vaucluse, 1903
  • Gustave Noblemaire, Histoire de la Maison des Baux, Paris, 1913
  • Fernand Benoit, Les Baux, Paris, 1928
  • O. Maufras, Le castrum des Baux de Provence : histoire d’un site fortifié médiéval, Provence historique, 40, fasc. 159, 1990

Articles connexes

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Liens externes

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