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Combat de Noyant-la-Gravoyère

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Combat de Noyant-la-Gravoyère
Description de cette image, également commentée ci-après
Vue en 2014 du château de la Roche, à Noyant-la-Gravoyère.
Informations générales
Date
Lieu Noyant-la-Gravoyère
Issue Victoire des chouans
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau des armées catholiques et royales Chouans
Commandants
Louis d'Andigné
Forces en présence
510 à 550 hommes[1],[2] 400 hommes[3]
Pertes
75 morts[1]
21 blessés[1]
quelques prisonniers (relâchés)[3]
Inconnues

Chouannerie

Batailles

Coordonnées 47° 42′ 17″ nord, 0° 57′ 14″ ouest
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Combat de Noyant-la-Gravoyère
Géolocalisation sur la carte : Pays de la Loire
(Voir situation sur carte : Pays de la Loire)
Combat de Noyant-la-Gravoyère
Géolocalisation sur la carte : Maine-et-Loire
(Voir situation sur carte : Maine-et-Loire)
Combat de Noyant-la-Gravoyère

Le combat de Noyant-la-Gravoyère se le , lors de la Chouannerie. Il s'achève par la victoire des chouans qui repoussent l'attaque d'une colonne républicaine près de Noyant-la-Gravoyère.

Prélude et forces en présence

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La date du combat de Noyant varie selon les sources : Patu-Deschautschamps donne le 17 septembre 1799[2], le général républicain Louis Vimeux le 19[1] et le général royaliste Louis d'Andigné le 21[3]. Ce jour-là, deux colonnes républicaines sorties d'Ancenis arrivent à proximité d'une troupe de chouans commandée par Louis d'Andigné[3] et positionnée entre le bourg de Noyant-la-Gravoyère et la forêt d'Ombrée[2].

Selon le récit laissé par Louis d'Andigné dans ses mémoires[Note 1], les chouans, constamment en mouvement pour éviter les surprises, sont alors en chemin pour Bouillé-Ménard, après avoir passé la nuit au Bourg-d'Iré, lorsque leurs éclaireurs signalent la présence des républicains[3]. D'Andigné envoie alors la moitié de ses troupes en avant-garde pour les surveiller et reste dîner avec son état-major et l'autre moitié de ses forces dans une ferme située à un quart de lieue du bourg de Noyant-la-Gravoyère[3].

Un espion républicain de Pouancé, chargé d'embaucher des chouans, est également découvert et fusillé[3]. Sa fille est laissée libre et repart après avoir réclamé et reçu les vêtements de son père[3]. En chemin, sur la route de Segré à Pouancé, elle croise les colonnes républicaines qui viennent de se réunir et leur indique la position des chouans[3].

Forces en présence

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La colonne républicaine est forte de 510[1] à 550[2] hommes, dont 350 gardes nationaux d'Angers et 160 volontaires des 5e et 19e demi-brigade d'infanterie légère[1],[2] et de la 107e demi-brigade d'infanterie de ligne[2]. Les volontaires revenaient de la campagne d'Italie, où ils avaient été capturés par les Russes, échangés avec la promesse de ne plus servir contre la coalition, puis envoyés contre les chouans[3].

Les chouans sont au nombre de 1 800 à 2 000 selon un rapport du général Vimeux[1], mais d'Andigné déclare qu'il ne commande que 400 hommes lors de ce combat et estime le nombre des républicains entre 700 et 800 hommes[3].

Déroulement

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Aux alentours de midi, les républicains attaquent l'avant-garde royaliste qui livre un vif combat et se retrouve pressée par le nombre[3]. D'Andigné ne se trouve cependant qu'à un kilomètre de son avant-garde et est rapidement prévenu[3]. Il se porte aussitôt sur les lieux du combat avec ses officiers et donne l'ordre aux hommes restés dans le bourg de venir le rejoindre[3]. Les républicains, sans expérience des guerres de l'Ouest, sont surpris, désordonnés et enfoncés par les renforts chouans[3]. Ils prennent la fuite et sont poursuivis par les chouans jusqu'à Segré[3],[1]. Ils évacuent ensuite cette ville au cours de la nuit et se replient sur Le Lion-d'Angers[3],[1], qui est à son tour évacuée par sa garnison quelques jours plus tard[3].

Les pertes des républicains sont de 75 morts et 21 blessés selon le rapport du général Vimeux[1]. D'Andigné porte le nombre des tués à 150 et indique que les blessés restés sur le champ de bataille sont secourus, soignés, puis relâchés[3].

Notes et références

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  1. « Le 21 septembre 1799, nous avions passé la nuit à Bourg d'Iré, d'où nous devions aller à Bouillé-Ménard le jour suivant. Tous les jours, à peu près, nous changions de cantonnement les chefs seuls étaient dans le secret de ces déplacements, en, sorte qu'il était difficile de nous surprendre. Deux colonnes républicaines étaient en mouvement ce jour-là. L'une et l'autre devaient passer à une assez grande distance de nous j'avais d'autant moins d'inquiétude sur leur marche que, depuis quelque temps, nous nous étions, de part et d'autre, plutôt évités que cherchés. Une mesure de prudence m'avait cependant fait donner la moitié de mon monde à l'officier qui commandait l'avant-garde; cette précaution nous fut d'une grande utilité. J'avais fait préparer à dîner, dans une ferme éloignée d'un quart de lieue du bourg, pour moi et pour l'état-major; l'avant-garde devait partir vers midi; le reste suivrait une demi-héûré après. Un homme de Pouancé, chargé par le commandant de la colonne mobile de Craon d'embaucher nos hommes, avait été pris sur le fait, arrêté et fusillé. Sa fille ne l'avait pas quitté jusqu'au moment de sà mort. Elle réclama les vêtements de son père, avec lesquels elle retournait chez elle, lorsqu'elle rencontra, sur la route de Segré à Pouancé, les deux colonnes républicaines qui venaient de se réunir. Les commandants de ces deux colonnes changèrent leurs dispositions, sur le'rapport de cette fille, et vinrent conjointemént nous attaquer. Nous nous mettions à table, au moment où on vint me prévenir que notre avant-garde. allait être attaquée. J'envoyai sur-le-champ aux hommes rèstés dans le bourg l'ordre de marcher pour soutenir les premiers; je partis moi-même avec tous les officiers pour rejoindre l'avant-garde, q'ui n'était encore qu'a un kilomètre. Le combat était déjà très vif. au moment oui j'arrivai. L'avant-garde, pressée par le nombre, commençait à plier; mais les hommes restés au bourg arrivèrent en même temps que moi. Les républicains étaient sept ou huit cents nous étions à peine quatre cents. Nous enfonçâmes néanmoins l'ennemi, le mettant dans un désordre complet, et nous le poursuivîmes jusqu'à Segré, après lui avoir tué environ 150 hommes.

    Les troupes que nous avions combattues dans cette journée arrivaient d'Italie. Elles avaient fait partie de la garnison de Milan, où le maréchal Souwarow les avait faites prisonnières. Elles avaient été ensuite renvoyées en France, sous la condition de ne pas servir jusqu'à leur échange. Les officiers, comme les soldats n'avaient aucune connaissance du genre de guerre de nos pays; ils nous regardaient comme une bande de paysans armés dont ils auraient facilement raison. la vivacité de notre attaque les surprit et les mit en désordre; une fois rompus, ils ne surent rien réparer. Leurs hommes dispersés ne se réunirent que plusieurs jours après. Ceux qui avaient atteint Segré se trouvèrent trop faibles pour y rester. La nuit était horriblement pluvieuse; ils en profitèrent néanmoins pour se rendre au Lion-d'Angers.

    Plusieurs de leurs blessés nous étaient restés entre les mains. Il nous répugnait de les faire périr; ce dont nous avions le droit, puisqu'on ne nous faisait aucun quartier. Nous les fîmes soigner comme s'ils eussent été des nôtres, et nous les renvoyâmes aux Républicains. Nous cherchions depuis longtemps à adoucir le système de guerre qu'on se faisait dans nos pays. Souvent nous l'avions essayé en vain. Cette fois encore, les Républicains ne virent qu'un but politique dans une démarche qui n'eût dû être considérée que comme un acte d'humanité. Cette campagne toutefois ne fut pas souillée d'autant d'actes de cruauté que l'avaient été les campagnes précédentes.

    Cette affaire, connue sous le nom d'affaire de Noyant, en imposa assez aux Républicains pour les empêcher de pénétrer dans mon canton pendant le cours de cette guerre. Le Lion-d'Angers fut évacué peu de jours après. Les garnisons les plus proches que j'avais à redouter furent ainsi les garnisons de Château-Gôntier et de Craon. J'aurais voulu pouvoir enlever ces petites villes elles avaient peu de troupes, mais leur garde nationale était nombreuse, disposée à se bien défendre. Je ne pouvais, sans risquer de perdre beau- coup de monde, essayer de m'en emparer avant d'avoir du canon à ma disposition[3]. »

    — Mémoires de Louis d'Andigné.

Références

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  1. a b c d e f g h i et j Chassin, t. III, 1899, p. 372.
  2. a b c d e et f Patu-Deschautschamps 1840, p. 573.
  3. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et t Andigné, t. I, 1901, p. 385-387

Bibliographie

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  • Louis d'Andigné, Mémoires du général d'Andigné publiés avec introduction et notes par Ed. Biré, t. I, Paris, Plon, , 467 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Charles-Louis Chassin, Les pacifications de l'Ouest 1794-1801-1815 : Du dix-huit fructidor au Concordat et à l'invasion, t. III, Paris, Paul Dupont, , 803 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • F. L. Patu-Deschautschamps, Dix années de guerre intestine : présentant le tableau et l'examen raisonné des opérations des armées royalistes et républicaines dans les départements de l'ouest, depuis le mois de mars, 1793 jusqu'au Ier août 1802, Gaultier-Laguionie, , 635 p. (lire en ligne)