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Martinet noir

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Apus apus

Le martinet noir (Apus apus) ou parfois simplement martinet est une espèce d'oiseaux de la famille des apodidés.

Morphologie

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Cet oiseau mesure de 16 à 17 cm de longueur pour une envergure de 42 à 48 cm et une masse de 31 à 56 g[1].

Cette espèce se distingue aisément de l'hirondelle par ses ailes en forme de faucille, son corps plus effilé et plus grand, une coloration générale bien plus foncée et, mise à part sa gorge, l'absence de zones blanches. De même les grandes troupes qu'ils forment et les cris perçants qu'ils poussent sont caractéristiques. Ces poursuites stridentes, dans lesquelles à partir de la mi-mai on observe beaucoup de jeunes adultes non nidificateurs, marquent les limites de la colonie de martinets.

Longévité

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Le martinet noir vit généralement plus de vingt ans[2]. Sa longévité maximale est de 31 ans.

Comportement

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Groupe de martinets en vol.
Martinets en vol, Tomaszow Mazowiecki, Pologne.

Excepté en période de couvaison ou de nourrissage, le martinet noir passe l'intégralité de sa vie en vol, y compris pour se nourrir et pour dormir[1],[3]. Les martinets noirs peuvent ainsi voler dix mois consécutifs, ne se posant qu'en de très rares occasions[4]. Cela en fait la plus longue durée connue chez les oiseaux, devant le martinet alpin et la frégate du Pacifique[4],[5].

Excellent voilier, le martinet peut atteindre des vitesses de 200 km/h sur de courtes distances[6], ce qui en fait l'un des animaux les plus rapides. Extrêmement précis, il est capable de rejoindre son nid via un petit orifice de quelques centimètres de diamètre, sans diminuer son allure.

Alimentation

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Le martinet noir se nourrit de plancton aérien (insectes, araignées) pendant qu'il vole[1]. Il capture plusieurs centaines d'espèces différentes d'arthropodes qu'il est capable de reconnaître en plein vol dans les couches inférieures de la troposphère. Ses principales proies sont les aphides, les hyménoptères, les coléoptères et les diptères[1]. Si les conditions météorologiques ne permettent pas une alimentation suffisante, le martinet peut changer de région. Il dort en volant en groupe de façon circulaire ou au gré de courants aériens en recherchant des zones d'inversion de température à environ 1 500 mètres d'altitude. Le suivi par radar de ces oiseaux[7] a montré qu'ils peuvent voler de nuit jusqu’à 2,5 km d'altitude, et qu'au crépuscule et à l'aube ils effectuent des vols ascensionnels qui semblent ne pas faire partie de leur cycle de sommeil, mais qui pourraient selon des scientifiques néerlandais leur servir « à récolter des informations sur les conditions atmosphériques », peut-être pour prédire la météo de la nuit et des jours à venir afin de savoir où aller chasser les insectes dont leur survie dépend[8].

Reproduction

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Œufs de Martinet noir Muséum de Toulouse.

Les martinets construisent leur nid à plat dans des anfractuosités de falaises ou de murs[1]. Ils sont en général fidèles à leur nid qu'ils réutilisent chaque année. Celui-ci est constitué de toutes sortes de matériaux légers (plumes, brins d'herbes ou feuillettes) recueillis au gré des vents et agglomérés par de la salive[1]. On y retrouve parfois même des papillons, des demoiselles, ou des petits bouts de plastique. La maturité sexuelle est atteinte à partir de la 3e année, même si certains individus ne se reproduisent pas avant leur 4e ou 5e année.

Vers mai-juin, la femelle pond deux ou trois œufs qui sont couvés pendant 19 à 27 jours[1]. Mâle et femelle se relaient pendant la période de couvaison et de nourrissage. Les adultes stockent les insectes qu'ils capturent dans leur gorge, ce n'est que lorsque cette balle atteint 1 ou 2 g qu'ils reviennent nourrir leurs petits. Ceci leur permet de nicher en ville et d'aller chasser à une distance plus ou moins grande du site de nidification, exploitant ainsi les ressources en nourriture de façon optimale. Par mauvais temps, les jeunes martinets peuvent subsister plusieurs jours sur leurs réserves de graisse, période pendant laquelle ils entrent dans une léthargie. Un nouveau-né peut ainsi rester en vie sans nourriture au moins pendant 48 heures. Des oisillons un peu plus âgés peuvent survivre à des périodes de disette de plusieurs jours. À l'issue de la période de nourrissage (37 à 56 jours), les jeunes quittent le nid et deviennent aussitot indépendants[1].

En temps normal, la croissance des jeunes est marquée par deux périodes d'amaigrissement, au moment de la formation du plumage et au moment de l'envol. Il n'est pas rare qu'à cette date les parents aient déjà commencé leur migration vers l'Afrique. Les jeunes se débrouillent tout seuls pour apprendre à chasser. Sauf exception, ils passeront près de deux ans sans se poser.

Répartition et habitat

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Le martinet noir est le seul martinet présent dans presque toute l'Europe. L’aire de reproduction de cette espèce s’étend de l’Afrique du Nord à l’Asie centrale. Elle atteint 70° de latitude nord en Norvège et 68° en Russie. Deux sous-espèces ont été décrites:

  • Rouge: Zone de nidification
  • Bleu: Zone d'hivernage
Martinet en vol.
Envol des jeunes martinets

Le martinet est l'un des rares oiseaux qui apprennent à voler et à se nourrir sans l'aide de leurs géniteurs, lesquels peuvent entamer leur migration sans attendre que leur progéniture soit autonome.

Au bord de leur nid, bien agrippés avec leurs serres, ils entraînent leurs ailes en battements rapides. Cela peut durer plusieurs jours. Ils quittent le nid dès qu'ils se sentent prêts, vers les 42 jours et il semble qu'ils entament immédiatement leur première migration vers le grand Sud, même s'il est très probable que certains restent encore un certain temps autour de leur colonie.

Un ectoparasite fréquent du martinet noir est un diptère hématophage, la « cratérine du martinet » ou anapère pâle (Crataerina pallida), qui peut l'épuiser s'il survient par grand nombre en temps de disette[réf. souhaitée]. La cratérine passe la mauvaise saison sous forme de pupe. Elle est présente partout où le martinet se reproduit, sauf en Laponie où elle ne survit pas aux rigueurs de l'hiver.

Systématique

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L'espèce a été décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758, sous le nom initial de Hirundo apus[10].

  • Hirundo apus Linné, 1758

D'après Alan P. Peterson, cette espèce est constituée des deux sous-espèces suivantes :

  • Apus apus apus (Linnaeus) 1758 ;
  • Apus apus pekinensis (Swinhoe) 1870.

Le martinet noir et l'Homme

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Raréfaction des martinets

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  • On constate, depuis quelques décennies — comme pour les hirondelles et de nombreuses autres espèces insectivores — un effondrement général de populations du martinet noir sur une grande partie de son aire potentielle de répartition.
    Parmi les explications figure la raréfaction de ses proies en raison d'un usage massif et croissant des insecticides ; en 1962, la biologiste américaine Rachel Carson publia le livre Printemps silencieux (Silent Spring) accusant le DDT d'être cancérigène et reprotoxique (il empêche la bonne reproduction des oiseaux en amincissant la coquille de leurs œufs[11]). Ce livre créa un véritable tollé et fut à l'origine de divers mouvements écologiques. Il a encouragé des évaluations écotoxicologiques qui ont conduit — à partir des années 1970 — à peu à peu interdire le DDT dans certains pays. Ailleurs, son utilisation s'est poursuivie pour combattre des vecteurs de maladie, mais elle reste controversée (en tant que POPs, polluant persistant, et pour ses effets écosystémiques) ; 50 ans après l'appel de Rachel Carson, une étude d'histoire environnementale a analysé au Canada une couche de guano de martinets accumulé dans un dortoir utilisé par ces oiseaux de 1940 à nos jours. Elle a confirmé que le DDT a effectivement eu un impact considérable sur les oiseaux insectivores, en détruisant un grand nombre des insectes dont ils se nourrissent (coléoptères notamment, leurs proies les plus nourrissantes)[12],[13].
    De plus, les constructions urbaines modernes offrent de moins en moins de sites de nidification favorables à cette espèce originellement inféodée aux falaises et qui avait trouvé dans les constructions humaines traditionnelles (tours, clochers, bâtiments élevés en pierres) des sites favorables (dessous de toit, trous entre les pierres, trous de boulin,...).
  • Il existe aussi quelques phénomènes conjoncturels tels que des dépressions océaniques provoquant des périodes de mauvais temps continu au moment de la nidification, susceptibles certaines années de décimer les colonies de martinets (adultes reproducteurs et poussins). Seul le comportement particulier des jeunes adultes, qui consiste en une délocalisation massive vers des régions plus clémentes, peut les sauver.

Philatélie

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Le martinet noir a été présenté dans des émissions de quelques pays européens : Belgique (2007), Italie.

Notes et références

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  1. a b c d e f g et h L. Spanneut, « Martinet noir », sur INPN, (consulté le )
  2. Jean François, « Martinet noir », sur oiseaux.net, (consulté le )
  3. Pour mieux voler, inspirons-nous du martinet qui déforme ses ailes !
  4. a et b (en) Anders Hedenstöm et al., « Annual 10-month aerial life phase in the Commons Swift Apus apus », Current Biology,‎ (lire en ligne)
  5. « Le martinet noir bat le record de vol non-stop: 10 mois sans se poser », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. Champion de l'air - Le Martinet noir
  7. IRM Météo belge 'Des martinets noirs dans les données radar : une découverte étonnante!'
  8. Adriaan M. Dokter & al. (2013) « Twilight ascents by Common Swifts, Apus apus, at dawn and dusk : acquisition of orientation cues ? », magazine Animal Behaviour, (résumé avec Science Daily (en))
  9. « Martinet noir », sur oiseaux-birds.com (consulté le ).
  10. Linnaeus, C. 1758: Systema Naturae per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis, Tomus I. Editio decima, reformata. Holmiæ: impensis direct. Laurentii Salvii. i–ii, 1–824 pp page 192
  11. Rachel Louise Carson, trad. Jean-François Gravrand, Printemps silencieux, Plon, Paris, 1963, p. 287. (ISBN 978-2918490180)
  12. Joseph J. Nocera, Jules M. Blais, David V. Beresford, Leah K. Finity, Christopher Grooms, Lynda E. Kimpe, Kurt Kyser, Neal Michelutti, Matthew W. Reudink et John P. Smol (2012) « Historical pesticide applications coincided with an altered diet of aerially foraging insectivorous chimney swifts »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?); on line 18 April 2012 doi: 10.1098/rspb.2012.0445 Proc. R. Soc. B 7 August 2012 vol. 279 no. 1740 3114-3120 (résumé)
  13. Yves Miserey (2012) La preuve des ravages du DDT sur les oiseaux « Copie archivée » (version du sur Internet Archive), Le Figaro, 01/01/1970, et mis à jour 18/04/2012.

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Références taxinomiques

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Autres liens externes

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Bibliographie

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  • La Hulotte no 78 et no 79
  • Frédéric, L., 1994. Le Martinet noir. Éveil éditeur, coll. « Approche », Saint-Yrieix-sur-Charente, 72 p. (ISBN 2840000032)
  • Genton, B. & M. S. Jacquat, 2014. Martinet noir : entre ciel et pierre. Cahiers du Musée d'histoire naturelle de La Chaux-de-Fonds, no 15, 192 p. (ISBN 2-88423-073-4)