Anthracite
L'anthracite (du grec ἄνθραξ anthrax, charbon) est une roche métamorphique d'origine organique. C'est une variété de charbon grise, noirâtre et brillante extraite des mines.
Catégorie | roche métamorphique |
---|---|
Composition chimique |
86–97 % carbone |
Texture | amorphe, vitreuse |
Couleur | gris, noir |
À ce titre, l'anthracite a été exploité en priorité au cours des XIXe et XXe siècles (cf. Pic de Hubbert appliqué au charbon). Sa densité réelle est de l'ordre de 1,45 à 1,75.
Caractérisation
modifierDans le processus (géologique) naturel de formation du charbon, c'est le stade le plus achevé de la houillification ; il contient 92 à 95 % de carbone, ce qui en fait un des charbons les plus riches en carbone et les plus caloriques.
Produits | Teneur en carbone (en %) |
Pouvoir calorifique (en kJ/kg) |
---|---|---|
Anthracite | 93 - 97 | 33 500 - 34 900 |
Charbon maigre et houille anthraciteuse | 90 - 93 | 34 900 - 36 000 |
Charbon demi-gras ou semi-bitumineux | 80 - 90 | 35 000 - 37 000 |
Charbon gras ou bitumineux à coke | 75 - 90 | 32 000 - 37 000 |
Flambant | 70 - 80 | 32 700 - 34 000 |
Lignite | 50 - 60 | < 25 110 |
Tourbe | < 50 | 12 555 |
Gisements
modifierL'anthracite se trouve exclusivement dans les roches du paléozoïque (Carbonifère et Permien).[réf. nécessaire]
On rencontre de grands gisements miniers en Chine, en Australie, en Europe et aux États-Unis.
En France
modifierD'importants gisements ont existé en France. À titre d'exemple, dans le Dauphiné, au niveau de la région de La Mure ; ils ont été exploités par les Houillères du Dauphiné. Gisements de La Mure :
- Combe Ramis
- La Grand Draye
- La Jonche
- La Motte-d'Aveillans
- Le Majeuil
- Le Marais
- Le Mollard
- Le Peychagnard
- Les Bethoux
- Les Boines
- Les Chuzins
- Les Rioux
- Prunieres
- Putteville
- Serre Leycon
- Saint Theoffrey
- Susville.
En Suisse
modifierD'importants gisements en Suisse et spécialement en Valais ont été exploités jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, relancés en 1938, puis brusquement fermés en 1943[1].
Utilisations
modifierL'anthracite se consume lentement et est utilisé pour :
- le chauffage comme combustible, éventuellement sous forme semi-pulvérulente dans des installations industrielles[3] ; son pouvoir calorifique est de 7 000 à 8 000 kcal/kg ;
- la fabrication d'électrodes ;
- comme colorant ;
- pour produire du caoutchouc synthétique ;
- pour la préparation de charbon activé[4] notamment utilisé pour le traitement primaire de l'eau ;
- en sidérurgie (voir ci-dessous).
Utilisation en sidérurgie
modifierHistoriquement, l'utilisation d'anthracite a été un point clé dans le développement de la sidérurgie, en particulier aux États-Unis. En effet, la mise au point du haut fourneau au coke par Abraham Darby permet d'affranchir cette industrie de la pénurie et du coût du charbon de bois. Malheureusement, la plupart des charbons alors disponibles aux États-Unis étaient incompatibles avec la production de fonte de qualité. Le remplacement du charbon de bois par l'anthracite échoua longtemps, jusqu'à l'invention du vent chaud par James Beaumont Neilson.
En 1831, Frederick W. Gessenhainer dépose un brevet relatif à l'utilisation d'anthracite, dont l'ignition devient possible lorsque l'air soufflé dans le haut fourneau a été préalablement chauffé. Il produit en 1836 à Valley Furnace (en), près de Pottsville en Pennsylvanie, la première fonte à l'anthracite, mais son décès en 1838 suspend momentanément le développement de cette technique aux États-Unis[5].
Indépendamment de Gessenhainer, George Crane et David Thomas, de l'Yniscedwyn Works dans le Pays de Galles, déposent un brevet similaire en 1836. Le nouveau procédé y démarre le . Crane achète cependant les droits relatifs au brevet de Gessenhainer, pendant que Thomas émigre en Amérique où il fonde la Lehigh Crane Iron Company (en) à Catasauqua, en Pennsylvanie. La réussite de ce procédé assure sa diffusion, permettant ainsi l'essor de la sidérurgie américaine[5].
Mécaniquement plus résistant, le coke supplante cependant l'anthracite dès que des charbons cokéfiables sont découverts. Au début du XIXe siècle, la production de fonte à l'anthracite est devenue marginale. De nos jours, l'anthracite n'est plus utilisé que comme complément au coke ou au charbon injecté aux tuyères de haut fourneau, ainsi que comme combustible dans les usines d'agglomération de minerai.
Impacts environnementaux
modifierLes impacts miniers sont proches de ce qu'ils sont pour les autres types de charbons (impacts miniers, écopaysagers et climatiques par l'émission de gaz à effet de serre). En raison d'un haut degré de houillification, la combustion des stériles minières peut engendrer de hautes températures et une flore particulière peut s'installer sur les terrils riches en poussières et restes d'anthracite[6].
Notes et références
modifier- Notes
- Références
- Gérald Arlettaz et Silvia Arlettaz, Histoire du Valais - tome 3 : La Nationalisation du Valais, Société d'histoire du Valais romand, , 270 p.
- (en) « Leo Wehrli », sur wikidata.org (consulté le ).
- Smith, I. W. (1971), The kinetics of combustion of pulverized semi-anthracite in the temperature range 1400–2200 K, Combustion and Flame, 17(3), 421-428 (résumé).
- Lozano-Castello, D. ; Lillo-Rodenas, M. A. ; Cazorla-Amoros, D. ; Linares-Solano, A. (2001), Preparation of activated carbons from Spanish anthracite: I. Activation by KOH, Carbon, 39(5), 741-749.
- (en) Craig L. Bartholomew et Lance E. Metz, The Anthracite Industry of the Lehigh Valley, Ann Bartholomew, , 227 p. (ISBN 978-0-930973-08-7)
- Schramm, J. R. (1966), Plant colonization studies on black wastes from anthracite mining in Pennsylvania, vol. 56, American Philosophical Society.
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierBibliographie
modifier- (en) Sucha, V. ; Kraus, I. ; Madejova, J. (1994), Ammonium illite from anchimetamorphic shales associated with anthracite in the Zemplinicum of the western Carpathians, Clay Minerals, 29(3), 369-377 (résumé avec Inist-CNRS).
- (en) Daniels, E. J. ; Altaner, S. P. (1990), Clay mineral authigenesis in coal and shale from the Anthracite region, Pennsylvania, American Mineralogist (USA), 75 (résumé).
- (en) Daft, M. J. ; Hacskaylo, E. (1976), Arbuscular mycorrhizas in the anthracite and bituminous coal wastes of Pennsylvania, Journal of Applied Ecology, 523-531 (introduction/extrait).
- (en) Murphy, P. D. ; Cassady, T. J. ; Gerstein, B. C. (1982), Determination of the apparent ratio of quaternary to tertiary aromatic carbon atoms in an anthracite coal by 13C-1H dipolar dephasing NMR, Fuel, 61(12), 1233-1240 (résumé).