Charte éthique de Libération
Libération est un titre, un quotidien dâinformation libre, vigilant et indépendant.
Un média dâinformation
Lâobjectif de Libération est de fournir une information complète et vérifiée, dans tous les domaines. Sans préjugés, ni complaisance, ses enquêtes, reportages et analyses sâemploient à comprendre et à décrire lâactualité, les mutations des sociétés et des cultures. Tout journaliste et tout salarié de Libération se doit de respecter les règles de déontologie telles quâelles figurent dans la présente charte.
Un média libre
Libération ne fixe dâautres bornes à sa liberté que celles quâil sâimpose dans le respect des valeurs démocratiques. Cette liberté lâincite à toutes formes de création journalistique et préside lâensemble de ses choix et traitements de lâinformation. Elle lui interdit en revanche de véhiculer passivement toute propagande susceptible de compromettre les principes qui fondent cette déclaration.
Un média vigilant
Libération prend chaque jour le parti des citoyens et de leurs droits contre toutes les formes dâinjustice et de discrimination, individuelles ou collectives. Libération oppose, tant aux discours officiels quâaux inclinations personnelles, le scepticisme indispensable au respect des faits. Il prétend au regard critique sur tous les magistères, exigences à laquelle aucune constitution ne saurait, à elle seule, répondre.
Un média indépendant
Pour informer en toute indépendance et garantir sa crédibilité, la Société éditrice de Libération se doit de rechercher son équilibre économique fondé sur la vente de lâinformation recueillie et mise en forme par ses journalistes sur tous les supports, imprimés et numériques.
La pérennité de ces principes détaillés dans cette charte est indispensable pour garantir lâindépendance éditoriale et la qualité dâune information crédible et rigoureuse qui font la valeur des publications du titre Libération. Ces principes et les dispositions de la charte sâappliquent à tous les supports dâinformations, imprimés, numériques, audio et vidéo, et à toute activité (réseau social, filialesâ¦) qui utiliserait le titre ou le logo Libération.
Le Comité dâindépendance éditoriale (CIE), prévu par le Pacte dâindépendance convenu avec les actionnaires et annexé aux statuts de la SARL Libération, veille à lâapplication de cette charte. Il est composé de trois représentants de la Société des journalistes, du directeur de la rédaction et dâun représentant de lâactionnaire de référence. Ce Comité prend ses décisions à la majorité. Il est saisi par tout journaliste qui le souhaite, par la direction de la rédaction, par des actionnaires ainsi que par des lecteurs. Il peut sâautosaisir.
Lâassociation « la Société des Journalistes et du Personnel de Libération » (ci-après « SJPL ») composée des journalistes de Libération titulaires dâune carte de presse ainsi que des autres salariés de Libération, a pour objet de veiller à la défense de lâindépendance éditoriale et du respect des règles déontologiques au sein des rédactions de la société. Elle peut être saisie à tout instant par tout journaliste pour un sujet relatif à cette charte. Elle peut sâautosaisir pour les mêmes sujets. La Direction de la rédaction est tenue de la consulter et de la recevoir à sa demande. Elle nomme ses représentants au Comité dâindépendance éditoriale.
Comité dâindépendance éditoriale (CIE)
Au sein de la SARL Libération, est créé un Comité dâindépendance éditoriale (CIE) chargé de veiller au respect du pacte dâindépendance, à la présente charte éthique et à la charte publicitaire de Libération. Le CIE répond à toute demande des journalistes, de la direction de la rédaction et des actionnaires ainsi que de lecteurs, visant les faire respecter. Ce Comité est notamment saisi par des journalistes estimant avoir fait lâobjet de pressions extérieures ou dâactionnaires du journal, concernant lâinformation quâils traitent, et des articles paru ou à paraître.
Composition
Le CIE est composé de trois journalistes désignés par le bureau de la société des journalistes, du directeur de la rédaction et dâun représentant de lâactionnaire de référence.
Fonctionnement
Le CIE peut être saisi par tout journaliste, par la direction de la rédaction, un actionnaire ou un lecteur estimant que la charte éthique de Libération nâest pas respectée. Le CIE rend un avis consultatif. Le comité dâindépendance éditoriale pourra décider, à la majorité qualifiée de trois membres sur cinq, de demander au directeur de la rédaction la publication de manière visible dâun article décrivant les motivations de la saisine du CIE et les raisons de son avis. Cet article sera publié sur les éditions papiers et électroniques. Si le CIE conclut après examen quâun journaliste a été ou est victime de pressions qui lâempêchent de respecter la charte dâéthique, alors, il peut accéder à la clause de conscience.
Rapport annuel
Le CIE rédige un rapport annuel, au plus tard fin février pour lâannée précédente. Ce rapport, qui peut anonymiser les cas étudiés et traités, est disponible pour tout salarié et rendu public. Il rend compte des situations rencontrées lâannée précédente, et des solutions mises en Åuvre à lâinitiative du CIE. En cas de besoins, il peut demander au directeur de la rédaction la publication dans Libération dâun avis sur un cas particulier.
La déontologie
- - La qualité, la crédibilité du journal et donc la croissance de son audience, sont directement liées à notre respect scrupuleux de lâéthique professionnelle dans tous les domaines. De la vérification des sources à lâexactitude des citations et de la mention explicite des origines de nos informations.
- - Cet effort de vigilance nâimplique aucune « normalisation », ni uniformisation conduisant à la perte de notre identité journalistique.
- - Lâéthique professionnelle commence par le respect des règles élémentaires, connues de tous et que nous nous contentons de résumer sans prétendre à lâexhaustivité :
- - Toute information est rigoureusement sourcée. Lâusage des sources anonymes est lâexception et non la règle.
- - La protection légitime dâune source et le « secret professionnel » de chaque journaliste ne sauraient sâappliquer à lâintérieur de la rédaction vis-à -vis des responsables de celle-ci et dans le strict respect réciproque du travail de chacun, dès lors que lâinformation publiée est de nature à engager la responsabilité juridique du journal.
- - Lâusage dâinformations, en tout ou partie, publiées préalablement par dâautres journaux, implique la mention claire de cette publication, y compris quâil sâagit des agences de presse ou de sites web, et ce dès lors quâil ne sâagit pas dâinformations à caractère officiel considérées comme étant du « domaine public ». De même, les synthèses rédigées à partie de dépêches dâagences doivent être signées comme telles, associées le cas échéant à la signature dâun rédacteur, sâil y ajoute une information originale.
- - Une citation directe, entre guillemets, dès lors quâil ne sâagit pas de textes ou de discours publics, implique que le journaliste a personnellement recueilli les propos cités en la forme. Lâemprunt de citation à dâautres médias (journaux, agences, sitesâ¦) doit être explicitement mentionné. Dans tous les autres cas, lâusage de citations collectées de seconde main doit être banni.
- - Une « bonne » information est nécessairement contradictoire. La mise en cause dâune personne, dâune collectivité, dâune institution â française ou étrangère â entraîne selon la loi, lâouverture dâun droit de réponse. Mais en deçà de cette considération, lâexercice même de notre liberté dâécrire et dâinformer suppose dans tous les cas de solliciter la réaction des personnes ou des institutions mises en cause dans le journal ou dâautres supports Libération. Les explications convaincantes ou non, les justifications voire le démenti pur et simple de nos interlocuteurs nâobligent pas nécessairement à modifier lâinformation que nous publions. Nous ne devons pas moins en faire clairement état.
Collaborations et revenus extérieurs
Un journaliste ne peut accepter pour la rédaction de ses articles dâautres salaires et avantages que ceux que lui assure Libération. Le journaliste sâinterdit de présenter sous la forme rédactionnelle lâéloge dâun produit, dâune entreprise, à la vente ou à la réussite desquels il est matériellement intéressé.
Les collaborations extérieures peuvent apporter un complément individuel de formation ou de pratique professionnelles et contribuer à la promotion de lâimage de Libération. Mais elles ne doivent pas compromettre les intérêts du journal ou lâimage de lâentreprise.
Les journalistes de Libération nâexercent aucune fonction de responsabilité dans aucune autre entreprise de presse (sauf autorisation de la direction de la rédaction). Câest pourquoi les collaborations extérieures régulières, en nom propre ou sous pseudonyme, sont soumises à lâautorisation de la rédaction en chef qui apprécie leur compatibilité avec lâimage de Libération et, après consultation du chef de service concerné, avec la bonne organisation du travail dans le service. De même, dans le cas de collaborations extérieures à caractère occasionnel, en nom propre ou sous pseudonyme, la rédaction en chef est préalablement avisée. Elle vérifie quâelles ne présentent pas de risques de concurrence directe avec Libération, et quâelles ne portent pas atteinte aux principes.
Le journaliste de Libération ne collabore pas à un service public ou une entreprise privée où sa qualité de journaliste, ses influences, ses relations seraient susceptibles dâêtre exploitées. Il ne signe pas de son nom ni sous un pseudonyme des articles de publicité commerciale ou financière.
Le journaliste appelé, au titre de membre de lâéquipe de Libération, à participer à des émissions, débats, tribunes, informe de cette participation la direction de la rédaction.
Travaux extérieurs
Tout texte présentant lâÅuvre dâun collaborateur du journal sera publié dans un espace rédactionnel formalisé. Les articles correspondants seront expressément signalés avant parution en comité de rédaction. Y sera clairement mentionnée la qualité de collaborateur du journal de lâauteur en question. LâÅuvre sera présentée à titre dâinformation, sans jugement de valeur.
Exceptionnellement, lorsque lâÅuvre dâun salarié constitue le prolongement de son activité journalistique à Libération, les informations quâelle contient pourront faire lâobjet dâun article de lâauteur dans le journal, sâil présente un intérêt éditorial, et ce à lâexclusion de tout traitement promotionnel, de toute critique de lâÅuvre et de toute mention de celle-ci dans le titre. La SJPL sera informée de la parution. Les informations sur lâÅuvre seront présentées dans un espace rédactionnel standardisé dédié, court et informatif, pouvant inclure un visuel.
Déplacements professionnels
Tout déplacement professionnel dâun journaliste de Libération, salarié ou pigiste, dans le cadre de son activité professionnelle, doit faire lâobjet dâun ordre de mission signé par le chef de son service et par la rédaction en chef. En cas de départ précipité par une urgence manifeste, lâordre de mission sera présenté a posteriori. Lâensemble des frais est pris en charge par le journal.
Un journaliste du quotidien ou dâautres supports médias de Libération ne doit accepter, au titre de Libération, ou en son nom personnel, aucune invitation impliquant la prise en charge totale ou partielle de son voyage ou de ses frais de séjour. Dans la pratique, compte tenu des cas où le voyage de presse constitue un mode dâaccès évident à lâinformation, des dérogations à cette règle pourront être autorisées par la direction de la rédaction. Les voyages de presse doivent faire lâobjet dâune demande et dâune réponse écrites auprès de la direction de la rédaction et doivent rester lâexception et non la règle. Il est indiqué dans le corps du papier sâil sâagit dâune invitation individuelle ou collective. Dans son rapport annuel, le Comité dâindépendance éditoriale rendra compte du nombre de « voyages de presse » acceptés par la direction de la rédaction dans lâannée écoulée, ces derniers devant rester lâexception.
La règle vaut pour les collaborateurs occasionnels qui proposent des articles à la suite de voyages quâils ont effectués sur invitation. Il revient aux chefs de service ou à la rédaction en chef dâexaminer dans quelles conditions ces voyages ont été organisés.
Interviews
Libération accepte la relecture des interviews, pour éviter toute erreur dâinterprétation. Mais cette relecture ne peut déboucher sur une modification substantielle des propos recueillis et les questions ne peuvent être modifiées. Si les modifications demandées dénaturent lâentretien réalisé, les journalistes et la direction de la rédaction peuvent refuser de publier lâinterview.
Insertion de droits de réponse
Les droits de réponse doivent respecter la législation en vigueur. Tout journaliste concerné par un droit de réponse doit en être informé avant sa publication. Et doit être en mesure de réagir en apportant les compléments et précisions nécessaires.
Rectificatifs
La décision de publier ou de refuser lâinsertion dâun droit de réponse est du ressort de la rédaction en chef. Toute demande de droit de réponse doit être immédiatement communiquée à la direction de la rédaction.
Signature
Tout journaliste peut refuser de signer son article sâil considère que les modifications apportées par la rédaction en chef ou lâédition en dénaturent le sens. Tout cas dâespèce est soumis au comité dâindépendance éditoriale.
Procès
Libération protège les journalistes et leurs sources dâinformation. Mais pour exercer efficacement cette protection en cas de procès, tout journaliste doit être en mesure de fournir ses sources à la direction de la rédaction. Les frais de justice sont pris en charge par le journal.
Cadeaux
Les journalistes sâengagent à refuser tout cadeau, dâune valeur autre que symbolique, qui serait de nature à mettre en cause leur indépendance.
Activités diverses et développement
Libération met en Åuvre une politique de développement et diversification de ses activités. Elles peuvent prendre la forme de forums, master classes, partenariats divers avec des acteurs publics et privés. Ces activités ne doivent pas conduire à mettre en cause lâindépendance de la rédaction ou utiliser lâimage, la réputation et la notoriété du journal au service dâintérêts exclusivement commerciaux ou politiques. Le contenu de ces activités, les personnes invitées, les acteurs privés et publics qui y prennent part doivent être compatibles avec cette charte et les valeurs de Libération. Ces projets seront soumis à lâautorisation de la direction de la rédaction. La saisine du CIE sâimpose dès lors quâil y a doute ou risque dây contrevenir, notamment à la demande dâun journaliste concerné par ces activités. Journalistes, direction de la rédaction et actionnaires conviennent que les diversifications nécessaires à lâéquilibre économique de lâentreprise doivent se faire sans dégrader le nom, la marque et les valeurs de Libération.
Dans le cadre de sa responsabilité sociale dâentreprise (RSE), Libération peut être conduit à engager des partenariats liés à la formation initiale et continue des journalistes avec des structures publiques ou privées. Ces partenariats ne peuvent être exclusifs, ils ne peuvent se faire au détriment des valeurs et de la notoriété de Libération.
Devoir de réserve
Les collaborateurs de LibeÌration gardent la plus grande discreÌtion sur ce qui a trait aux travaux et projets de lâentreprise.
Utilisation des réseaux sociaux
Les salarié.e.s de Libération sont libres de sâexprimer sur les réseaux sociaux, dans le respect des lois régissant la liberté dâexpression. Ils et elles gardent également à lâesprit quâils exercent leur activité au sein dâun collectif, et que leur expression publique peut avoir des conséquences tant sur lâimage du journal que sur le travail de leurs collègues.
Ils et elles sont invité.e.s à respecter dans leur utilisation des réseaux sociaux lâesprit de la présente charte, et pourront se reporter utilement aux recommandations dâusage mises à leur disposition.