Aller au contenu

Dictionnaire de la Bible/Haséroth

La bibliothèque libre.
Letouzey et Ané (Volume IIIp. 445-446).
◄  HASÉRIM
HASERSUAL  ►
HASÉROTH

HASÉROTH (hébreu : Ḥǎṣêrôṭ ; Septante : Ἀσηρώθ, Num., xi, 34 ; xiii, 1 (hébreu, xii, 16) ; xxxiii, 17, 18 ; Αύλών, Deut., i, 1), une des stations des Israélites dans le désert, après leur départ du Sinaï. Num., xi, 34 ; xiii, 1 ; xxxiii, 17, 18 ; Deut., i, 1. L’hébreu ḥǎṣêrôṭ signifie « clôtures, enceintes ». Voici comment l’explique un voyageur, E. H. Palmer, The desert of the Exodus, Cambridge, 1871, t. ii, p. 321 : « Les Maghrabins ou Arabes d’Afrique, venus primitivement de l’Arabie, ont conservé plusieurs usages domestiques tombés en désuétude dans leur patrie d’origine. Ils demeurent sous la tente, comme les Bédouins de l’Orient, mais n’étant pas, comme ceux-ci, entourés de gens de leur propre race, ils sont exposés à de fréquentes attaques de la part des tribus qui habitent les montagnes de l’Atlas. Pour se protéger contre ces incursions, ils ont recours à une très ancienne méthode de fortification. Quand le lieu propice à un campement a été choisi, le bétail, regardé comme la plus grande richesse de la tribu, est réuni en un seul endroit, et les huttes ou les tentes sont dressées à l’entour en forme de cercle ; le tout est alors environné d’un petit mur de pierres, destiné à servir de défense ; entre les pierres sont placés d’épais fagots d’acacia épineux, dont les branches entrelacées et les pointes en forme de longues aiguilles constituent autour du camp une barrière infranchissable. C’est ce qu’on appelle douars ; on ne peut guère douter que ces douars ne soient la même chose que les ḥǎṣêrôṭ ou « clôtures » en usage parmi les tribus pastorales mentionnées dans la Bible. » — Cette station, mentionnée après celle de Qibrôṭ haṭṭa’ǎvâh ou « les Sépulcres de concupiscence », Num., xi, 34, est depuis longtemps identifiée avec ‘Aïn Ḥaḍrah ou Ḥǔdrah. Cf. E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 151 ; Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 81-83. L’arabe حضرة, Ḥaḍrah, reproduit exactement l’hébreu הֲצֵרוֹת, Ḥǎṣêrôṭ, et donne un sens équivalent : « habitation, parvis, maison. » Le site correspond également aux données scripturaires. C’est une oasis qu’on rencontre au nord-est du Djébel Mûsa, dans la direction d’Akabah, à huit heures d’Eruéis el-Ébéirig, où une conjecture probable place Qibrôṭ haṭṭa’ǎvâh. Elle se trouve un peu à gauche de la route principale qui va du Sinaï à Akabah, et qui, après avoir quitté l’ouadi Sa‘al, passe à travers une plaine de sable, avant d’entrer dans l’ouadi Ghuzaléh. En montant quelque temps dans cette plaine, le voyageur atteint une gorge taillée dans le roc calcaire, à travers laquelle il aperçoit, vers le nord-ouest, l’ouadi Ḥaḍrah s’allongeant entre des rochers de grès, aux formés fantastiques, aux couleurs éclatantes, avec, au delà, une forêt de pics montagneux et, à gauche, une large vallée conduisant vers le Djébel et-Tîh. Au milieu de l’ouadi Ḥaḍrah, se dresse un bosquet de palmiers, d’un vert sombre, avec la source ‘Aïn Ḥaḍrah, qui sort du rocher par derrière. L’eau abondante a le goût douceâtre de celle de Gharandel ; un conduit creusé dans le granit la déverse dans un bassin, d’où elle se répand à travers les jardins que les Arabes cultivent encore aujourd’hui en cet endroit. Le paysage est sans contredit un des plus beaux du désert. Cf. Ordnance Survey of the Peninsula of Sinai, Southampton, 1869, t. i, p. 122 ; E. H. Palmer, The desert of the Exodus, t. ii, p. 312 ; M. J. Lagrange, L’itinéraire des Israélites du pays de Gessen aux bords du Jourdain, dans la Revue biblique, t. ix, 1900, p. 276. — Cette identification est combattue par Keil, Numeri, Leipzig, 1870, p. 246, et H. C. Trumbull, Kadesh-Barnea, New-York, 1884, p. 314. — Au commencement du Deutéronome, i, 1, la Vulgate ajoute au nom d’Haséroth ces mots : « où il y a beaucoup d’or. » L’hébreu Dizâhâb, qu’ils traduisent, indique plutôt un nom de lieu. Voir Dizahab, t. ii, col. 1453.