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Dictionnaire de la Bible/Adéodat

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Letouzey et Ané (Volume Ip. 215-216).
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ADÉODAT

ADÉODAT, guerrier mentionné dans l’histoire de David. II Reg., xxi, 19, et I Par., xx, 5. La Vulgate, en ces deux endroits, a traduit les noms propres qu’on lit dans le texte hébreu, au lieu de les reproduire dans leur forme originale. 1o Le vrai nom du héros de David était Elchanan (hébreu : ’Elḥânân). Saint Jérôme en a formé Adeodatus, en expliquant le mot hébreu, comme signifiant « Dieu a donné ». Plus loin, II Reg., xxiii, 24, il a conservé un nom semblable sous sa véritable forme Elchanan. — 2o Le père d’Elchanan s’appelait Jaïr ; c’est par suite d’une traduction analogue à la première que la Vulgate dit : « Adeodatus, filius Saltus, » en traduisant la signification de Jaïr : « bois. » — Saint Jérôme a expliqué, dans ses Quæst. hebr., t. xxiii, col. 1361, pourquoi, contrairement à son habitude, il n’a pas conservé dans ces passages les noms hébreux sous leur forme primitive : c’est parce que le second livre des Rois dit qu’Elchanan (Adéodat) tua le géant Goliath ; or nous savons par I Reg., xvii, 49-51, que ce fut David qui terrassa Goliath ; d’où il conclut que David et Elchanan sont un seul et même personnage, ce qu’il cherche à prouver par la signification du nom d’Adéodat et par quelques autres considérations. Mais le saint docteur ne prend pas garde que David tua Goliath sous le règne de Saül, tandis que l’exploit raconté II Reg., xxi, 19, eut lieu sous le règne de David. La solution de la difficulté que présente le texte des Rois est la suivante : ce texte a été altéré. Nous en trouvons une première preuve dans la variante que présentent certains manuscrits hébreux, où on lit : ’Elḥânân ben-ya‘arê ’ôrgîm, « Elchanan (ou Adéodat), fils des bois de tisserands. » Ces mots offrent un sens si peu naturel, qu’on les a corrigés en lisant : ’Elḥânân ben Yâ‘îr, et en supprimant le mot ’ôrgîm, « tisserands, » qui se lit à la fin du verset, et qu’on a supposé avec beaucoup de vraisemblance avoir été répété un peu plus haut par distraction. L’exemplaire sur lequel a traduit saint Jérôme portait d’ailleurs cette faute, puisqu’il a traduit : « Adeodatus… polymitarius. » Une seconde preuve de l’altération du texte des Rois, c’est la leçon différente de I Par., xx, 5, qui résout simplement toutes les difficultés. La Vulgate porte : « Adéodat, fils du Bois (Saltus), Bethléhémite, frappa le frère de Goliath. » On voit que le mot « tisserand », polymitarius, a disparu, et que le géant vaincu par Elchanan n’est pas Goliath, mais son frère. Autant il est peu probable, comme on a essayé de le dire pour résoudre la difficulté, qu’il ait existé à si peu d’intervalle deux géants philistins portant le même nom, autant, au contraire, il est naturel que, si Goliath a eu un frère, ce frère ait été lui aussi un géant. Mais saint Jérôme, qui a traduit fidèlement cette partie du texte des Paralipomènes, n’a pas rendu exactement une autre partie importante de ce passage. Pour le mettre d’accord avec celui des Rois, il a dit qu’Adéodat était Bethléhémite. L’auteur des Paralipomènes ne dit point cela, il écrit : « Elchanan frappa Lachmi, frère de Goliath. » Les mots ʾeṭ-Laḥmî, que devait avoir primitivement le texte des Rois, ont été changés par un copiste dans ce livre en bêṭ hallaḥmî, « Bethléhémite. »