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Dictionnaire de la Bible/Abia

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Letouzey et Ané (Volume Ip. 41-42-43-44).
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ABIA

ABIA, hébreu : ʾAbîyâh, ʾAbîyâhou, « Jéhovah est mon père ; » Septante : Ἀβιά ; nom d’homme et de femme.

Sommaire
(ne fait pas partie du texte original)

  1. abia, fils de Béchor.
  2. abia, femme de Hesron.
  3. abia, second fils de Samuel.
  4. abia, femme d’Achaz.
  5. abia, fils de Roboam, roi de Juda.
  6. abia, fils de Jéroboam Ier.
  7. abia, un des descendants d'Éléazar, fils d’Aaron.
  8. abia, prêtre.


1. abia, fils de Béchor, un des fils de Benjamin. I  Par., vii, 8.

2. abia, femme de Hesron, petit-fils de Juda. I Par., ii, 24.

3. abia, second fils de Samuel. Le prophète se l’associa avec son frère Joël dans l’administration de la justice. Les deux frères s’en acquittèrent si mal, que le peuple réclama un roi. I Reg., viii, 2 ; I Par., vi, 28.

4. abia, femme d’Achaz et mère d’Ézéchias, roi de Juda, IV Reg., xviii, 2 ; II Par., xxix, 1. Elle était fille de Zacharie. Voir Zacharie. On trouve la forme abrégée, Abi, IV  Reg., xviii, 2. Voir Abi.

5. abia (hébreu : ʾAbiyâm, dans les Rois ; aussi sous la forme ʾAbiyâhou, II Par., xiii, 20, et ʾAbiyâh, II Par., xii, 16), fils de Roboam, roi de Juda, succéda à son père en 960 av. J.-C. (d’après la chronologie reçue ; voir Chronologie), et régna pendant trois ans. I Par., xii, 16 ; xiii, 1-2 ; cf. III Reg., xv, 2. Cette durée de trois années ne doit pas être prise à la lettre, car il est dit qu’Abia monta sur le trône dans la dix-huitième année du règne de Jéroboam, roi d’Israël, III Reg., xv, 1, et ailleurs qu’Asa, son fils, lui succéda dans la vingtième année du même règne de Jéroboam. III Reg., xv, 9. Ce n’est donc que deux ans et quelques mois qu’Abia régna sur Jérusalem et Juda, la Sainte Écriture, selon l’usage des Juifs, comptant pour une troisième année l’année commencée. Abia eut pour mère Maacha (hébreu : Maʿâkâh), fille d’Abessalom, III Reg., xv, 2 ; cf. II Par., xi, 20, qui est appelée, II Par., xiii, 2, Mîkâyâhou, par une erreur manifeste de transcription. Le mot Abessalom (hébreu : ʾAbišalôm) est sûrement une variante d’Absalom (hébreu : ʾAbšalôm), et le personnage dont il s’agit ici peut être le fils de David, quoique d’après quelques-uns il soit le même qu’Uriel. Voir Abessalom et Uriel 2. Mais cette identification du père de Maacha avec le fils de David soulève une difficulté. Nous savons, en effet, qu’Absalom n’eut qu’une fille, qui s’appelait Thamar, II Reg., xiv, 27, et pas de fils. II Reg., xviii, 18. Donc, ou bien Maacha est la même que Thamar, ce qui est invraisemblable, car il faudrait dire qu’Absalom portait aussi le nom d’Uriel ; ou bien elle est fille de Thamar, qui avait épousé Uriel de Gabaa, II Par., xiii, 2, et petite-fille d’Absalom, dont elle est appelée par extension la fille. Cf. Josèphe, Ant. jud., VIII, x, 1. Quelques interprètes, comme Thenius, Bertheau, ont cherché une autre explication, et comme la mère d’Asa, fils d’Abia et son successeur au trône, porte le même nom, II Par., xv, 16 ; III Reg., xv, 13, ils ont pensé que la fille d’Uriel était la mère d’Asa et non d’Abia, et que, par quelque inadvertance de copiste, son nom avait été substitué dans le texte à celui de la mère d’Abia. Cette supposition est sans fondement. Il paraît plus naturel de dire que dans les quatre passages où le nom de Maacha est marqué, il s’agit de la même personne, et que si Maacha, mère d’Abia, est aussi appelée mère d’Asa, bien qu’elle ne soit que sa grand’mère, c’est qu’elle avait conservé sous le règne de son petit-fils la dignité et le titre de reine mère, dignité et titre qui lui furent enlevés quand Asa la destitua à cause de son idolâtrie. II Par., xv, 16.

Abia avait vingt-sept frères et soixante sœurs par son père, II Par., xi, 21 ; par sa mère il n’avait que trois frères, Éthaï, Ziza et Salomith, II Par., xi, 20, sur lesquels il avait été investi d’une sorte d’autorité (hébreu : r’ôš, « tête, » par extension, chef, personnage principal ; Septante : ἀρχων), dont l'étendue n’est pas déterminée. II Par., xi, 22. D’après les Septante et la Vulgate, Abia aurait mérité cette dignité par sa sagesse, ꝟ. 23 ; mais le texte hébreu rapporte cette sagesse à Roboam, qui, pour éviter les conflits entre ses nombreux enfants, et peut-être surtout pour empêcher que quelques frères jaloux ne se liguassent contre Abia, son préféré, leur donna à chacun la garde d’une des places fortes de son royaume. Le texte insinue que l’unique raison de cette préférence de Roboam pour Abia fut la préférence même qu’il avait pour sa mère Maacha, et ce fut aussi la raison qui le lui fit choisir pour successeur, bien que par sa naissance il n’y eût aucun droit. C’est aussi pour cela qu’entre tous ses frères, Abia demeura à Jérusalem, capitale du royaume, menant une vie luxueuse au milieu d’un grand nombre de femmes et d’enfants. II Par., xi, 21-23. Le texte, il est vrai, semble rapporter cette magnificence domestique au temps qui suivit sa victoire sur Jéroboam ; mais, comme il est impossible qu’il ait eu vingt-deux fils et seize filles dans le court espace de temps qui s’écoula entre cette victoire et sa mort, il faut dire qu’il épousa le plus grand nombre de ses quatorze femmes avant même d’arriver au trône. Si l’auteur des Paralipomènes n’en parle qu’après le récit de la guerre contre Israël, c’est sans doute pour rapprocher sa prospérité domestique de ses succès politiques et militaires. Ce trait montre qu’Abia avait imité Salomon et Roboam dans leurs inclinations sensuelles, et manifeste déjà l’abaissement moral de la royauté en Juda.

Cet excès ne fut pas le seul qui souilla le règne d’Abia. S’il ne se livra pas lui-même à l’idolâtrie, il la laissa pratiquer impunément ; ce qui eût suffi à lui attirer la colère de Dieu, s’il n’avait eu pour ancêtre David, le fidèle serviteur de Jéhovah. C’est à cause de lui, et aussi à cause des antiques promesses faites à ses aïeux, qu’Abia eut une postérité. III Reg., xv, 4. Cette réflexion, qui a paru à plusieurs une interpolation, fait si bien corps avec le texte, qu’elle donne la clef de la conduite de Dieu au milieu des tristes événements qui remplissent non seulement le règne d’Abia, mais aussi toute la période des rois de Juda. À travers les excès de ces souverains indignes, Dieu voit dans le passé David son serviteur, et dans l’avenir le rejeton de David, le Messie, et à cause de l’un et de l’autre il bénit et conserve au lieu de maudire et de briser.

Abia était plus faible que méchant. Quoiqu’il laissât pratiquer l’idolâtrie et qu’il menât lui-même une vie sensuelle, la foi de David son aïeul demeura ferme au fond de son cœur. Elle se révèle au jour du danger, quand la guerre, depuis longtemps menaçante, vient à éclater entre Israël et Juda. Du moment où les dix tribus s'étaient choisi un roi, il s’était établi entre ces deux portions du peuple choisi une inimitié qui ne pouvait manquer d’éclater. Les rois de Juda, fondés sur les promesses divines faites à David, cherchaient tous les moyens de faire rentrer sous leur autorité les tribus séparées ; Israël, au contraire, prétendait garder son autonomie. Durant le règne de Roboam, la haine, en grandissant toujours, était demeurée latente ; elle éclata sous Abia, et voilà les deux royaumes lancés dans une guerre fratricide qui durera longtemps. S’il faut s’en rapporter au texte, Abia entra en campagne avec 400 000 hommes très vaillants ; Jéroboam en avait le double, 800 000 : chiffres certainement excessifs, aussi bien que celui des 500 000 hommes mis hors de combat. II Par., xiii, 3, 17. Ces erreurs résultent de l’altération du texte hébreu, soit par l’inadvertance des transcripteurs, soit par la grande similitude de quelques lettres hébraïques ; car les Hébreux, comme les Grecs, exprimaient les nombres par les lettres de l’alphabet.

Or, avec son armée, quel qu’en ait été le nombre, Abia vint prendre position sur le mont Séméron (hébreu : Ṣemârayîm), dont la position est douteuse (voir Séméron), mais qui était certainement en Éphraïm. II Par., xiii, 4. Suivant un usage commun à cette époque, le roi de Juda, avant d’engager la bataille, harangua son ennemi. Le discours est élevé et si religieux, que la critique moderne a voulu y voir une contradiction avec ce qui est dit, III Reg., xv, 3, de l’impiété d’Abia. En effet, il déclare n’engager le combat que pour soutenir ses droits inaliénables sur le royaume d’Israël. Jéhovah, dit-il, a donné pour toujours (hébreu : par le pacte du sel, c’est-à-dire d’une manière irrévocable, voir Sel) la royauté en Israël à David et à ses fils. Il a confiance en son droit, qui est le droit de Dieu. Aussi bien les dix tribus se sont adonnées à l’idolâtrie, substituant le culte des veaux d’or à celui de Jéhovah ; elles ont chassé les prêtres et les lévites, elles commettent tous les jours l’iniquité ; tandis que lui, roi de Juda, a gardé le principe constitutif de la monarchie chez les Hébreux, qui est d’être une théocratie dans laquelle le roi est le ministre de Dieu. Il le proclame : le Seigneur (hébreu : hâ’élohim, avec l’article) est le chef de l’armée de Juda ; qu’Israël redoute donc de se lever contre sa puissance. II Par., xiii, 4. Comme on le voit, ce passage n’est point inconciliable avec III Reg., xv, 3. Abia y montre seulement que sa doctrine vaut mieux que sa conduite. S’il se vante ici d’avoir fidèlement gardé le culte de Dieu, le passage du troisième livre des Rois ne dit pas qu’il ait lui-même pratiqué l’idolâtrie ; il a pu pécher seulement en la tolérant.

Pendant ce discours, Jéroboam avait tourné la montagne avec quelques bataillons, et l’armée d’Abia allait être enveloppée par ses ennemis. Le roi sentit le danger, fit sonner les trompettes sacerdotales ; les guerriers poussèrent leur cri de guerre, et soudain Dieu jeta l’épouvante dans les rangs d’Israël. Dans cette confusion, Abia n’eut qu’à lancer son armée en bon ordre ; il s’ensuivit un immense carnage : 500 000 Israélites hors de combat, dit le texte. Abia, poursuivant sa marche, s’empara des villes de Béthel, Jésana et Éphron, avec leurs dépendances. C’est alors sans doute qu’Abia, rempli de gratitude, fit le vœu dont il est question vaguement au troisième livre des Rois, xv, 15, et qui avait probablement pour objet de consacrer au Seigneur le butin fait sur Jéroboam. II Par., xiii, 16-19. La mort empêcha Abia d’accomplir lui-même cette pieuse promesse, que son fils Asa se fit un devoir d’exécuter en son nom. III Reg., xv, 15.

C’est tout ce que l’Écriture nous apprend de ce roi, renvoyant pour le reste à des livres perdus : le livre des Annales des rois de Juda (Dibrê hayyâmîm), III Reg., xv, 7, et le livre (Midraš) du prophète Addo, II Par., xiii, 22. L’égyptologie, qui fournit un si précieux document sur Roboam et ses relations avec Sésac, et l’assyriologie, qui en donne de si intéressants pour les règnes de plusieurs rois de Juda, sont restées muettes sur Abia, qui d’ailleurs ne paraît avoir eu aucune relation politique de quelque importance avec les souverains étrangers. Sans sa victoire sur Jéroboam, ce roi serait demeuré bien effacé dans l’histoire de Juda. Cet épisode a révélé en lui un caractère droit, élevé, énergique même, et capable de grandes choses, si son éducation et son temps n’avaient empêché l’épanouissement de ces précieuses qualités.

6. abia (hébreu : ’Abiyâh ; Septante : Ἀβιά), fils de Jéroboam Ier, roi d’Israël (975-954), n’apparaît dans la Bible que pour justifier la parole du Saint-Esprit : que Dieu se venge sur les enfants des iniquités de leurs pères. Jer., xxxii, 18. Quand Jéroboam eut mis le comble à son apostasie en établissant le culte des veaux d’or, le moment du Seigneur arriva : Abia tomba malade. III Reg., xiv, 1. Quelle était sa maladie ? La Sainte Écriture n’en dit rien, mais il est manifeste qu’elle était surnaturelle dans son origine comme elle le fut dans son dénouement. Elle arrive au moment voulu par Dieu, dure ce que Dieu veut, se termine par la mort à l’heure marquée par Dieu. On employa sûrement, pour la combattre, toutes les ressources qu’offrait la science médicale d’alors ; mais en même temps Jéroboam se souvint que naguère, quand il exerçait à la cour de Salomon la fonction de percepteur des tributs, il avait rencontré un prophète de Silo, nommé Ahia, qui lui avait prédit l’heureux événement de son élévation à la royauté. Superstitieux autant qu’il était impie, il conçut le dessein d’obtenir par ruse, du même voyant, une réponse favorable à la guérison d’Abia. Car, pensait-il, si le prophète savait qu’on vient le consulter pour le fils du roi d’Israël, il se garderait de prédire son retour à la santé. D’après ce singulier calcul, Jéroboam fit travestir sa propre épouse et l’envoya à Silo consulter Ahia, sans dire ni qui elle était, ni pour qui elle venait. La santé du malade devait d’ailleurs, dans le plan de Jéroboam, être achetée par des présents offerts au voyant ; mais comme la prudence exigeait que la messagère, vêtue comme une pauvre, ne présentât que des dons modestes, elle offrit dix pains, un vase de miel et un gâteau commun (hébreu : niqqudîm, de nâqad, qui signifie « marquer de petits points », ce qui donne lieu de penser que ces gâteaux étaient troués, ou marqués d’une sorte de pointillé difficile à spécifier. Les Septante ont traduit par ϰολλυρίς, « gâteau ordinaire »). Les prophètes, conduits en cela par l’inspiration d’en haut, accueillaient volontiers ces solliciteurs, et y répondaient soit en prédisant l’issue de la maladie, soit en indiquant le remède au mal. III Reg., xiii, 6 ; xvii, 17 ; IV Reg., i, 4 ; xx, 7 ; Is., xxxviii, 21. Nous voyons, II Par., xvi, 2, Asa blâmé par l’écrivain sacré, parce qu’il avait cherché le secours des médecins au lieu de recourir à Dieu. Le rationalisme, pour échapper au miracle, a voulu voir dans les indications des voyants des procédés ou moyens purement naturels ; mais aucune explication n’est plausible en dehors de la vertu surnaturelle qui était dans les prophètes, ou dont ils étaient les dispensateurs. La chose est manifeste pour le cas d’Abia. Le prophète, presque aveugle, est éclairé d’en haut sur la qualité de celle qui l’interroge, comme aussi sur la cause de la maladie et son issue. Il prédit de la part de Dieu qu’en punition des crimes de Jéroboam, la famille du roi disparaîtra ignominieusement, et que dès ce jour Abia mourra. Le moment de sa mort est déterminé : il expirera au moment où sa mère mettra le pied sur le seuil du palais de Jéroboam, III Reg., xiv, 17 ; le ꝟ. 12 porte : « quand elle entrera dans la ville. » Toutes choses qui s’accomplissent à la lettre et en dehors de toute prévision humaine. C’est à Thersa (grec : Σαριρά) qu’Abia mourut. Cette ville était une des grandes cités d’Israël. Voir Thersa. Abia y reçut la sépulture au milieu des lamentations du peuple, dont il était aimé à cause de son bon naturel. Son âge n’est pas indiqué dans la Bible. III Reg., xiv, 12. Il faut remarquer que tout le passage qui contient cet épisode, III Reg., xiv, 1-20, fait défaut dans le Textus receptus des Septante ; dans le Codex Alexandrinus, il est inséré au chapitre xi du même livre, après le verset 24. Tous les manuscrits du texte hébreu le contiennent à la place qu’il occupe dans la Vulgate. Il n’y a donc aucune raison de mettre en doute son authenticité.

7. abia, un des descendants d’Éléazar, fils d’Aaron ; il se trouva chef de la huitième des vingt-quatre classes ou familles sacerdotales, lorsque David les établit. I  Par., xxiv, 10. Zacharie, père de saint Jean-Baptiste, était de la famille d’Abia. Luc, i, 5.

8. abia, un des prêtres qui signèrent avec Néhémie le renouvellement de l’alliance. II Esdr., x, 7.