Utilisateur:Psycanard/BrouillonTdC
Facteurs psychologiques
[modifier | modifier le code]Il existe aussi des facteurs dans la psychologie de l'individu qui pourraient favoriser l'adhésion à une théorie du complot. Les facteurs les plus populaires sont les suivants :
- Certains traits ou facteurs liés à la personnalité[1] : Wegnar-Egger et Bangerter mettent en avant plusieurs traits de personnalité pouvant faciliter l'adhésion aux théories du complot. Notamment, ils montrent que l'irrationalité est fortement corrélée avec l'adhésion aux complots de type "système". Ce que les auteurs qualifient ici d'irrationalité fait référence à la « croyance dans certains phénomènes ésotériques et le degré de croyance religieuse ». De plus, l'anxiété générée par les phénomènes sociaux actuels favorise également l'adhésion aux théories de type système. Par ailleurs, les TC de type "minorité" sont liées à une personnalité autoritaire qui se traduit selon les auteurs[1][2] par de la discrimination envers les étrangers et une tendance à se positionner à droite politiquement parlant. Ceci fait référence au conservatisme politique qui se traduit également par une plus forte anxiété personnelle. De même, la paranoïa serait un trait de personnalité fréquemment associé aux théories du complot, mais les auteurs[1] ne trouvent cependant qu'un faible impact de celle-ci sur les croyances aux théories du complot.
- La mentalité complotiste[3] : selon Taguieff, « il s’agirait d’une conséquence de la tentative rationaliste de la pensée des Lumières, qui a conduit à la suppression du mystère, à un désir de compréhension, au développement de l’esprit critique, attitude qui, si elle est trop systématisée, peut verser dans le soupçon et la mystification. On constate ainsi une tendance de ce courant démystificateur et visant au désenchantement du monde à se retourner en réenchantement »[4]. Ainsi,la mentalité complotiste permet à chacun de se retrouver dans ce nouvel ordre mondial, et de faire face à l'angoisse que celui-ci procure.
- La cognition paranoïde[5] : elle se différencie de la paranoïa puisqu'elle n'est pas pathologique mais serait une forme de paranoïa "normale"[1]. Ainsi, pour défendre ses croyances aux théories du complot, l'individu utilise la cognition paranoïde[5] ou le style paranoïde[6], qui consiste à s'accrocher à certaines preuves qu'un complot pourrait exister et les défend coûte que coûte réfutant tout arguments contradictoires et s'appuyant sur ceux-ci pour valider ses croyances. Dans son modèle de cognition paranoïde, Kramer[5] explique qu'elle reposerait sur un sentiment de mal être et d'anxiété généré par diverses situations précédentes à cette cognition. Cette dysphorie entraine de l’hyper-vigilance et de la rumination qui vont à leur tour biaiser les jugements portés sur la situation pour aboutir finalement à une cognition paranoïde. La cognition paranoïde ne s'applique pas uniquement aux théories du complot mais à d'autres situations.
Communication et propagation
[modifier | modifier le code]Aux théories du complot sont associés des phénomènes de propagation de grande ampleur. Cette section concernera donc l'analyse psycho-sociale de la communication qui accompagne les théories du complot.
A travers la littérature conspirationniste
[modifier | modifier le code]A travers la littérature conspirationniste serbe, les processus de représentation sociale (dont les concepts d'ancrage et de l'objectivation) ont favorisé la diffusion et la prolifération d'explications conspirationnistes en Serbie lors des bombardements de l'OTAN[7]. Il s'agit plus précisément de la théorie de la "neocortical warfare" selon laquelle l'OTAN aurait utilisé des méthodes chirurgicales sur les cerveaux de leurs adversaires.
L'exemple de la théorie de la "neocortical warfare"[7]: A l'origine, ce terme a été introduit dans les années 1990 dans la littérature américaine sur le thème de la guerre de l'information. Il s'agissait d'une métaphore pour désigner un nouvel ensemble de techniques visant à utiliser l'information comme une arme, afin de créer un nouveau concept de guerre sans violence physique (acquisition d'informations stratégiques, manipulation, persuasion et désinformation de l'adversaire).
Cependant, il existe un processus cognitif universel qui consiste à effectuer un glissement sémantique des expressions métaphoriques vers leur expression littérale, lorsque ces métaphores sont utilisées pour faciliter la compréhension d'un nouveau concept[8]. Et en effet, l'expression "neocortical warfare" s'est introduit dans la littérature conspirationniste serbe au sens littéral d'intervention chirurgicale sur les cerveaux des adversaires. Ce glissement sémantique à l'origine de la théorie du complot de la "neocortical warfare" peut s'expliquer par l'action du processus de représentation sociale. Il s'agit plus précisément de deux processus cognitifs : le processus d'ancrage et celui de l'objectivation, qui sont les outils du processus de représentation. Dans l'exemple de la Serbie, l'idée est que ce nouveau concept de "neocortical warfare" a été ancré dans la culture conspirationniste serbe, puis qu'il lui a été donné une réalité concrète. Par conséquent, cette métaphore a été représentée dans la culture conspirationniste serbe comme la description d'une méthode existante et effective de manipulation.
- Le processus d'ancrage[7] : Le processus d'ancrage consiste à simplifier les choses nouvelles ou étranges en les ramenant dans une catégorie de choses ordinaires, donc dans un contexte familier[9]. L'évènement ayant induit ce processus d'ancrage de la métaphore de la "neocortical warfare" dans un contexte conspirationniste est la publication en 1995, dans le principal journal militaire yougoslave (Vojno Delo), d'un article sur les méthodes de "guerre de l'information" employées par l'armée américaine. Or, ce journal était connu pour avoir soutenu la diffusion de bon nombre de théories conspirationnistes ayant trait à la création du "Nouvel Ordre Mondial", il faisait donc partie de la culture conspirationniste serbe. Bien que la métaphore de la "neocortical warfare" n'ait pas été présentée dans ce journal en terme de réalité effective, elle a été représentée dans ces termes là par les lecteurs du journal. Cette représentation s'explique par le fait que la notion de "neocortical warfare" a été ancrée dans un contexte de culture conspirationniste où de tels faits sont considérés comme réels.
- Le processus d'objectivation[7] : Le processus d'objectivation consiste à rendre concret ce qui est abstrait, donc à donner une réalité physique à un concept abstrait[9]. En 1999, le livre Neocortical war a été publié par le Military Publishing Institute, qui est la maison d'édition officielle de l'armée yougoslave. L'auteur semble ne s'être inspiré que de l'article paru dans Vojno Delo. A partir de cet article où le concept de "neocortical warfare" est ancré dans un contexte de littérature conspirationniste, l'auteur déduit qu'il s'agit de faits réels, non d'une métaphore. En effet, on trouve dans ce contexte des théories de type manipulation des masses par le biais de techniques secrètes et scandaleuses, ce qui correspondrait tout à fait à des pratiques comme la lobotomie. Le livre Neocortical war évoque donc une guerre où la métaphore de la "neocortical warfare" est objectivée, en décrivant des techniques dont le but est de procéder à de réelles lésions organiques cérébrales. Pour la première fois, le concept est décrit sans ambiguïté comme une réalité. De plus, les thèmes abordés dans ce livre présentent les caractéristiques mystiques et pseudo-scientifiques classiques des théories conspirationnistes, comme l'implantation de puces électroniques, le lavage de cerveau, l'utilisation de messages subliminaux ou les rituels sataniques. C'est ainsi que la métaphore de la "neocortical warfare" s'est objectivée, s'inscrivant clairement en tant que théorie du complot classique dans la littérature conspirationniste serbe.
AUTRE
[modifier | modifier le code]Cette analyse de la dynamique communicationnelle des théories du complot en termes de processus de représentation (ancrage et objectivation) peut aussi s'appliquer à la construction des théories elles-mêmes[7]. Ces théories sont faîtes d'une accumulation de preuves convaincantes basées sur une analyse du détail extrêmement poussée, ce qui fait basculer de "indéniable" à "invraisemblable" notre jugement de la théorie officielle[10]. Ces preuves sont faîtes d'arguments et de concepts de sens commun ordinaires, mais dont le but est de démontrer une théorie extraordinaire. Ainsi, on ancre ces arguments et concepts ordinaires dans le cadre interprétatif conspirationniste, afin qu'ils soient représentés de manière compatible avec la culture conspirationniste. En ce sens, cette accumulation de preuves caractéristique des théories du complot implique elle aussi un processus de représentation.
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incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesWagner-Egger et Bangerter
- Altemeyer, B. (1988). Ennemies of freedom: Understanding right-wing authoritarianism. San Francisco : Jossey-Bass.
- Tagieff P.-A.,La Foire aux « Illuminés ». Ésotérisme, théorie du complot, extrémisme. Paris, Éd. des Mille et Une Nuits, 2005.
- synthèse de Marie de Jerphanion sur le travail de Taguieff La Foire aux « Illuminés ». Ésotérisme, théorie du complot, extrémisme. En ligne: http://assr.revues.org/7272?lang=en
- Kramer R. M., Paranoid cognition in social systems: Thinking andacting in the shadow of doubt. Personality and Social Psychology Review,n° 2, 1998, p. 251-275
- Hofstadter, R. (1965). The paranoid style in American politics. In R. Hofstadter (Ed.), The paranoid style in American politics and other essays (pp. 3-40), Harvard : Harvard University Press.
- Byford J., Anchoring and objectifying “neocortical warfare”: re- presentation of a biological metaphor in Serbian conspiracy literature. Papers on Social Representations, n° 11, 2002, p. 1-14.
- Soyland, A.J., Psychology as metaphor. London: Sage, 1994.
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incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesMoscovici
- Hofstadter, R., Paranoid style in American politics and other essays. London: Jonathan Cape, 1966.