Trauma chez les enfants gazaouis
Les psychotraumatismes des enfants et adolescents dans la bande de Gaza au XXIe siècle sont courants. Cette prévalence est liée aux cycles de violence qui perdurent et qu'ils subissent lors du conflit israélo-palestinien.
Historique
[modifier | modifier le code]En 2020, une étude de la revue Frontiers in Psychiatry révèle que les enfants et les adolescents qui grandissent dans des situations de violence politique et de terrorisme sont exposés à des conséquences dommageables pour leur développement et à des effets psychologiques intenses, qui peuvent à leur tour entraîner une symptomatologie psychiatrique[1].
La même étude indique que 88 % des enfants gazaouis ont vécu un traumatisme psychologique personnel, le même nombre ayant vu la démolition de biens, et environ 85 % d'entre eux ont été témoins de traumatismes subis par d’autres personnes. Par ailleurs, l’accès à des soins de santé mentale au sein de la bande de Gaza est particulièrement difficile[2].
L'ONG Save the Children, à la suite des quatre conflits de 2009, 2012, 2014 et 2021, considère que l'exposition répétée à la violence affecte la santé mentale des enfants gazaouis, ces derniers, : « font des crises de terreur, ils souffrent du manque de sommeil, montrent des signes psychiques inquiétants, comme des tremblements, et se remettent à faire pipi au lit »[3]. Selon Save the Children, en 2022, 84 % des enfants souffrent d’anxiété, alors qu'en 2018 ils étaient 50 %. Plus de la moitié évoquent des idées suicidaires et trois enfants sur cinq s’automutilent[4],[5].
Dans un article de Haaretz en 2022, le psychiatre Sam Owaida estime que le terme de syndromes post-traumatiques n'est pas assez exact dans le contexte de Gaza, où « le traumatisme est continu »[6].
En 2024, l’Unicef estime que la presque totalité des enfants gazaouis, immergés dans une « violence extrême », ont « besoin d’un soutien psychosocial et d’une aide psychologique »[7]. Une étude sur les traumatismes subis par les enfants indique, en décembre 2024, que 96 % d'entre eux pensent que leur mort est imminente et que près de la moitié souhaitent mourir[8].
Publications scientifiques
[modifier | modifier le code]Prévalence
[modifier | modifier le code]Selon une revue de la littérature médicale de 2011[9]:
« A number of epidemiological studies have established the psychological impact of war trauma that included PTSD reactions ranging from 10 to 71%, anxiety symptoms of clinical significance between 21 and 34%, and depression symptoms of up to 40%, depending on the extent of exposure and sampling characteristics. »
« Un certain nombre d'études épidémiologiques ont établi l'impact psychologique des traumatismes de guerre, à savoir des réactions de stress post-traumatique touchant de 10 à 71 % de la population des mineurs, des symptômes d'anxiété d'importance clinique en affectant de 21 à 34 %, et jusqu'à 40 % pour les symptômes de dépression, en fonction de l'ampleur de l'exposition et des caractéristiques de l'échantillonnage. »
Rôle du conflit
[modifier | modifier le code]Selon un article de revue de 2023[10]:
« The determinants of traumatic stress that increased the of mental health problems were also identified, including exposure to violence and destruction, loss of family members and friends. »
« Les facteurs déterminants du stress traumatique, qui augmentent le risque de problèmes de santé mentale, incluent notamment l'exposition à la violence et à la destruction, et la perte de membres de la famille et d'amis. »
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ (en) Basel El-Khodary, Muthanna Samara, Chris Askew, « Traumatic Events and PTSD Among Palestinian Children and Adolescents: The Effect of Demographic and Socioeconomic Factors »,
- ↑ « Comprendre l’impact psychologique chez les enfants », La Presse, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Traumatisés par les bombardements, les enfants de Gaza racontent « la peur de mourir » », L'Express, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Piégés. À Gaza, après quinze ans de blocus israélien, 80 % des enfants souffrent de dépression », Courrier international, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ (en) Rhitu Chatterjee, « How a history of trauma is affecting the children of Gaza », National Public Radio, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « The Traumatic Impact of Israel-Gaza Fighting on Palestinian Kids », Haaretz, (lire en ligne) :
« [T]he trauma is continuous. »
- ↑ « A Gaza, la détresse psychologique des enfants sous les bombes : « Avec quelle vision du monde grandiront-ils ? » », Le Nouvel Obs, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ (en-GB) Julian Borger, « Death feels imminent for 96% of children in Gaza, study finds », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) A. Thabet et Panos Vostanis, « Impact of political violence and trauma in Gaza on children's mental health and types of interventions: A review of research evidence in a historical context », Psychology, Political Science, History, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) Abdallah Abudayya, Geir Tarje Fugleberg Bruaset, Hedda Bøe Nyhus et Radwan Aburukba, « Consequences of war-related traumatic stress among Palestinian young people in the Gaza Strip: A scoping review », Mental Health & Prevention, vol. 32, , p. 200305 (ISSN 2212-6570, DOI 10.1016/j.mhp.2023.200305, lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Influence des traumatismes de l'enfance dans la psychopathie
- Crise humanitaire à Gaza en 2023-2024
- Enfants dans les situations d’urgence et de conflit
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Sur l'impact de la violence politique sur la santé mentale des mineurs palestiniens de manière générale, voir (en) Nisreen Agbaria, Stephanie Petzold, Andreas Deckert et Nicholas Henschke, « Prevalence of post-traumatic stress disorder among Palestinian children and adolescents exposed to political violence: A systematic review and meta-analysis », PLOS ONE, vol. 16, no 8, , e0256426 (ISSN 1932-6203, PMID 34437595, PMCID PMC8389374, DOI 10.1371/journal.pone.0256426, lire en ligne, consulté le )
- Sur l'impact du conflit sur la santé mentale des enfants du côté israélien de la frontière gazaouie, voir (en) Orit Nuttman-Shwartz, « The Long-Term Effects of Living in a Shared and Continuous Traumatic Reality: The Case of Israeli Families on the Border With Gaza », Trauma, Violence, & Abuse, vol. 24, no 3, , p. 1387–1404 (ISSN 1524-8380 et 1552-8324, DOI 10.1177/15248380211063467, lire en ligne, consulté le )
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Sarah Boumedda, « À Gaza, «les enfants vont être traumatisés plusieurs fois dans leur vie» », sur Le Devoir,