Aller au contenu

Tomographie

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Principe de base de la tomographie par projections : les coupes tomographiques transversales S1 et S2 sont superposées et comparées à l’image projetée P.

La tomographie est une technique d’imagerie, très utilisée dans l’imagerie médicale, ainsi qu’en géophysique, en astrophysique et en mécanique des matériaux. Cette technique permet de reconstruire le volume d’un objet à partir d’une série de mesures effectuées depuis l’extérieur de cet objet.

La tomographie (racine grecque tomê, coupe, et ainsi représentation en coupes) est une technique qui consiste à reconstruire le volume d’un objet (le corps humain dans le cas de l’imagerie médicale, une structure géologique dans le cas de la géophysique) à partir d’une série de mesures déportées à l’extérieur de l’objet. Ces mesures peuvent être effectuées à la surface même ou à une certaine distance. Le résultat est une reconstruction de certaines propriétés de l’intérieur de l’objet, selon le type d’information que fournissent les capteurs (capture d’une particule, pression acoustique, atténuation d’un faisceau lumineux, différence de vitesse ou de polarisation d’ondes sismique…).
L’IRM, par exemple, peut fournir des données anatomiques qui, bien que similaires à ce que l’on obtiendrait en découpant l’objet en fines lamelles et en photographiant ces lamelles, sont en fait une cartographie due à la relaxation (retour à l’état d’équilibre) différentielle des spins de l’atome d’hydrogène dans l’eau - constituant principal des tissus organiques.

La tomographie, d’un point de vue mathématique, se décompose en deux étapes. Tout d’abord elle nécessite l'élaboration d'un modèle direct, décrivant suffisamment fidèlement les phénomènes physiques tels qu'ils sont mesurés. Ensuite, on détermine le problème inverse lié au modèle direct ou reconstruction servant à retrouver la distribution tridimensionnelle en se fondant sur le modèle direct. Un exemple simple serait un dérivé du carré magique, où l’on dispose dans un carré trois lignes de trois chiffres, avec la seule condition que les chiffres de 1 à 9 n’apparaissent qu’une fois. Le modèle direct consisterait à calculer la somme de chaque ligne et de chaque colonne d’un carré déjà rempli. Le modèle inverse consiste, connaissant les sommes, à remplir le carré.

Les algorithmes de reconstruction peuvent être très variés mais on les classe souvent en deux catégories :

  • les algorithmes analytiques, basés sur une représentation continue du problème par formule mathématique (par exemple la transformée de Radon) ; souvent simples et rapides, ils ne prennent généralement pas en compte la nature statistique de la mesure (bruit) ;
  • les algorithmes algébriques, basés sur une représentation discrète (matricielle) du problème ; souvent plus élaborés, ils permettent l'utilisation d'un modèle direct obtenu par simulation numérique et utilisent une modélisation statistique de la mesure (modèle direct) pour inverser le problème grâce à des méthodes probabilistes (à partir de critères tels que le maximum de vraisemblance ou le maximum a posteriori et selon des méthodes itératives telles que l'algorithme espérance-maximisation).

La tomographie est appliquée dans les domaines de la médecine, des géosciences, de la thermique…

Applications

[modifier | modifier le code]

La tomographie peut être utilisée dans de nombreux domaines. Dans le domaine de la santé, avec l'imagerie médicale[1], ou en biologie. En microscopie, la tomographie permet par exemple de mieux comprendre comment fonctionne le « moteur biologique » flagellaire qui permet aux bactéries motiles de se déplacer rapidement dans les liquides ou fluides visqueux (c'est le cas des bactéries hélicoïdales spirochètes[2]). Par ailleurs, le Pr Rubén Fernández-Busnadiego et son équipe ont réussi à reconstruire le modèle d’une synapse en fonctionnement, le tout en 3D[3].

En dehors du domaine de la santé, la tomographie est utilisée en paléontologie et en archéologie. Appliquée à la paléoanthropologie, la tomodensitométrie permet d’étudier les structures internes des hominidés fossiles et de compenser les altérations subies au cours de la fossilisation (fossile d’homo erectus de Yunxian en Chine).

La tomographie a de nombreuses applications en contrôle qualité dans l'industrie[4] comme la détection de défauts (porosités, inclusions, fissures), l'optimisation de la conception et le contrôle non-destructif.

Enfin, cette technique est aussi utilisée en géophysique, prospection pétrolière, physique et science des matériaux ainsi que pour le contrôle de production de pièces[5] et le contrôle de bagages.

Les principales techniques tomographiques sont :

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. (en) Philippe P. Bruyant, « Analytic and Iterative Reconstruction Algorithms in SPECT », Journal of Nuclear Medicine, vol. 43, no 10,‎ , p. 1343–1358 (ISSN 0161-5505 et 2159-662X, PMID 12368373, lire en ligne, consulté le )
  2. Electron cryotomography of T. primitia and its periplasmic flagellar motor., Nature. Pour plus de détails voir : Gavin E. Murphy, Jared R. Leadbetter and Grant J. JensenIn situ structure of the complete Treponema primitia flagellar motor ; Nature 442, 1062-1064(31 August 2006) ; 10.1038/nature05015 (résumé)
  3. Rubén Fernández-Busnadiego, Benoît Zuber, Ulrike Elisabeth Maurer, Marek Cyrklaff, Wolfgang Baumeister, Vladan Lucic ; Quantitative analysis of the native presynaptic cytomatrix by cryoelectron tomography ; The Journal of Cell Biology, 2010; 188 (1): 145 DOI:10.1083/jcb.200908082.
  4. admintomo, « Comment la tomographie à rayons X révolutionne le contrôle qualité dans l'industrie manufacturière », sur Tomometrix, (consulté le )
  5. « Le contrôle des pièces par tomographie aux rayons X », sur MetalBlog,
  6. Annexe B ; Principe de la tomographie électrique de la thèse de Céline Rentier intitulée Méthode stochastique de délimitation des zones de protection autour des captages d’eau - Conditionnement par des mesures de conductivité hydraulique K, de hauteur piézométrique h et de résistivité électrique ρ soutenue le 2003-03-14
  7. Michel Chouteau & Erwan Gloaguen, Tomographie électrique en génie et environnement, consulté 2013-04-23
  8. Guy Pallardy, Marie-José Pallardy, Auguste Wackenheim, Histoire illustrée de la radiologie, R. Dacosta, 1989