Souris
l'appellation « Souris » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
Taxons concernés
Parmi les Rodentia :
- dans la famille des Dipodidae (souris sauteuses)
- dans le genre Napaeozapus
- dans le genre Zapus
- dans la famille des Heteromyidae
- dans le genre Perognathus (souris à abajoues)
- dans la famille des Muridae
- dans le genre Acomys (souris épineuses)
- dans le genre Apodemus (mulots)
- dans le genre Micromys
- dans le genre Mus
- dans le genre Nilopegamys
- dans le genre Notomys (souris sauteuses)
- dans le genre Onychomys
- dans le genre Peromyscus
- dans le genre Pseudomys (fausses souris)
- dans le genre Reithrodontomys
- dans le genre Sminthopsis
- dans le genre Vandeleuria
- etc.
et aussi les espèces :
- voir texte
Souris commune
- Souris domestique
« Souris » est un nom du vocabulaire courant qui peut désigner toutes sortes de mammifères rongeurs ayant généralement une petite taille, un museau pointu, des oreilles rondes, un pelage gris-brun et une queue relativement longue. Autrement dit, ce terme ne correspond pas à un niveau précis de la classification scientifique des espèces. Il s'agit d'un nom vernaculaire dont le sens est ambigu en biologie, car il est applicable seulement à une partie des espèces classées dans l'ordre des Rodentia. Toutefois, en disant « souris » les francophones font le plus souvent référence à la souris grise (Mus musculus), une espèce commune des maisons, élevée également comme animal de compagnie ou de laboratoire. La souris chicote, elle, émet un cri ressemblant à un petit crissement.
Par analogie, le terme « souris » est souvent repris pour désigner d'autres petits rongeurs, principalement des Muridés, famille qui comprend aussi les campagnols et mulots, et de nombreux rats.
En revanche, mis à part de vagues similitudes d’apparence, les chauves-souris forment un groupe de mammifères bien différent : l'ordre des Chiroptères.
Étymologie et histoire du terme
[modifier | modifier le code]Souris vient du français médiéval : souriz (1175) puis souri (1200).
À partir du XVIe siècle sont distinguées les « souris terrestres » (1562), des sortes de musaraignes, les « blanches souris » (1576), la « souris de terre » (1753-67) ou « petit mulot », la « souris de montagne » (1768) ou « lemming », les « souris d'eau » (1812), ainsi que divers autres animaux parfois très éloignés de la souris commune[1].
Le mot souris est mentionné dès la première édition du Dictionnaire de l'Académie française (1694), qui n'évoque apparemment que la souris commune et en donne comme définition : « Petit animal à quatre pieds, qui se retire dans les trous des maisons, et qui ronge[2]… »
Pourtant, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, L'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et d’Alembert définit le « rat » comme étant l'espèce Mus domesticus, c'est-à-dire l'actuelle souris domestique[3].
Le Dictionnaire de la langue française d'Émile Littré, publié à partir de 1863, en donne une définition analogue[4]. À partir de l'édition de 1832, la définition donnée par le Dictionnaire de L'Académie française évolue, indique en plus qu'il s'agit d'un représentant de la famille des rongeurs et précise qu'il s'agit d'un animal « plus petit » que le rat[2].
Le Trésor de la Langue Française (1971-1994) en donne une définition beaucoup plus étendue, mentionnant les Muridés et plus spécialement la souris domestique (Mus musculus) et sa variante albinos, la souris blanche. Ce dictionnaire indique aussi que le terme s'étend à des espèces voisines de la souris domestique, présentes sur les cinq continents, mais également à certains marsupiaux ou à quelques chauve-souris[5].
Une jeune souris est appelée un souriceau[2]. Un piège à souris, est appelé une souricière[2].
Classification
[modifier | modifier le code]Les souris proprement dites appartiennent au genre Mus. Dans le langage courant, le terme désigne plus particulièrement la Souris domestique (Mus musculus)[6]. L'espèce de souris la plus récemment découverte l'a été en 2004 à Chypre[7]. Son origine daterait d'environ 0,5–1 Ma, résultant d'une « colonisation ancienne de l'île ou d'un transport accidentel par les premiers arrivants épipaléolithiques. Dans ce dernier cas, la nouvelle espèce devrait aussi exister quelque part en Asie Mineure »[7].
Par extension ou confusion, on appelle aussi communément « souris » un certain nombre d'espèces de rongeurs de la sous-famille des Murinés (souris, rats et mulots de l'« ancien monde ») et, plus largement, de la famille des Muridés, laquelle comprend aussi les campagnols, les lemmings, les rats, les rats musqués, les hamsters, les gerbilles, etc., voire du sous-ordre des Myomorphes — souris sauteuses, souris à poche, et quelques autres espèces comme la souris du désert (Selevinia betpakdalaensis)[8],[9].
Physiologie, comportement et écologie
[modifier | modifier le code]Les caractéristiques générales des souris sont celles des petits mammifères rongeurs, avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur comportement ou leur physiologie respective.
Caractéristiques communes
[modifier | modifier le code]Écologie
[modifier | modifier le code]Les souris jouent un rôle important dans les écosystèmes :
- en tant qu'animal fouillant le sol et l'aérant ;
- en tant que disperseur de graines ;
- en tant que proie pour de très nombreux prédateurs carnivores sur une grande partie de la planète. Ces prédateurs sont des reptiles (serpents, lézards), des oiseaux (rapaces diurnes et nocturnes), et nombreux mammifères (renards, mustélidés… jusqu'au loup qui ne les dédaigne pas quand il manque de proies plus grosses) ;
- en tant que réservoir de certains pathogènes.
Aspects sanitaires
[modifier | modifier le code]La plupart des rongeurs sont susceptibles d'être réservoir et/ou vecteurs de nombreux pathogènes et parasites (externes ou internes), dont certains peuvent être transmis à l'Homme (ex. : maladie de Lyme, transmise par des tiques, mais dont le réservoir principal semble être, en Amérique du Nord, la souris à pattes blanches).
Certaines espèces de souris sont commensales de l'homme ou pénètrent occasionnellement dans les habitations, entrepôts, poulaillers, etc. Elles peuvent transmettre diverses maladies par leur urine et leurs excréments, par morsure, par des fomites ou encore via les tiques, puces ou poux qu'elles véhiculent.
Dans la nature, ce sont les prédateurs carnivores qui sont leurs régulateurs, ou occasionnellement des épidémies, des incendies de forêts, des inondations, etc.
Dans l'environnement humain (maisons, villes, entrepôts), elles font l'objet d'une lutte par les chats, pièges, poison souricide, entreprise de dératisation, mais les souris sont aussi utilisées comme animal de laboratoire (parfois génétiquement modifiées depuis quelques années en biothérapie).
Noms vernaculaires et noms scientifiques correspondants
[modifier | modifier le code]Le tableau triable suivant présente une synthèse non exhaustive des noms vernaculaires attestés[10] en français et des noms scientifiques correspondants. Il faut noter que certaines espèces ont plusieurs noms possibles. En gras est indiquée l'espèce la plus connue des francophones. Les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques peuvent avoir un autre synonyme valide :
Et aussi :
Nom vernaculaire | Dénomination scientifique |
---|---|
Fausse souris | Pseudomys spp. |
Grosse souris | Steatomys spp. |
Souris de Madagascar | Nesomyinae |
Souris marsupiale | Sminthopsis spp. |
Souris du Nouveau Monde | Sigmodontinae |
Souris-opossum | Marmosa spp. et Burramys parvus |
Le genre Akodon, regroupe un certain nombre d'espèces de « souris » d'Amérique du Sud parfois appelées souris champêtres[20] que les anglo-saxons nomment souvent : grass mice (souris d'herbe) ou South American field mice (souris des champs).
Confusions possibles
[modifier | modifier le code]- La « souris de terre » ou souris de Hollande (lathyrus tuberosus) est une plante comestible qui ne doit pas être confondue avec l'espèce Apodemus sylvaticus appelée aussi souris de terre[21].
- La « souris de mer », nom donné à divers animaux marins, ne doit pas être confondue avec la souris d’eau qui est en fait une musaraigne aquatique.
Spécificités canadiennes
[modifier | modifier le code]Au Canada, on appelle communément « souris » treize espèces de rongeurs présents sur le territoire canadien et appartenant au sous-ordre des Myomorphes[22].
Les deux plus petites espèces sont la souris des moissons occidentale et la souris à abajoues flavescente (maximum 13 cm avec la queue). La plus grande espèce est la souris sauteuse de l'Ouest qui peut atteindre 25 cm avec sa queue. À la différence de la majorité des souris qui se nourrissent de graines, la souris à sauterelles se nourrit d'insectes[23].
La souris commune a été introduite dans le Nouveau Monde par les premiers colons.
Spécificités gabonaises
[modifier | modifier le code]Source : Petits mammifères terrestres (Soricidés et Muridés) du Complexe d’Aires Protégées de Gamba, Gabon : composition taxinomique et comparaison de méthodes d’échantillonnage.
Carrie O’Brien, William McShea, Sylvain Guimondou, Patrick Barriere et Michael Carleton[24].
Remarque : certaines de ces « souris » peuvent avoir d'autres noms vernaculaires dans d'autres régions d'Afrique.
Utilisation par l'homme
[modifier | modifier le code]La souris est utilisée par l'homme comme animal de laboratoire, animal de compagnie ou comme nourriture pour d'autres animaux de compagnie et dans les zoos. Il s'agit dans ce cas le plus souvent de la Souris domestique (Mus musculus) et de sa variété d'élevage, la « souris blanche ».
En Égypte ancienne, la graisse de souris était utilisée en médecine[25] et le rongeur lui-même pouvait être ingéré dans le cadre d'un rituel magique, par l'enfant et éventuellement sa mère ou nourrice, afin de le guérir d'une affection de la bouche[26]. La finalité de ce rituel s'est perdue au cours du temps et l'ingestion de la souris a été interprétée par Dioscoride comme un médicament destiné à empêcher le nourrisson de trop baver[27]. Les réminiscences de cette pratique se rencontraient au début du XXe siècle en Angleterre et au pays de Galles[28].
Les souris ont certainement été utilisées par l'homme comme source de protéines depuis la nuit des temps. Au XXIe siècle l'habitude de consommer des souris subsiste encore chez certaines peuplades. Par exemple chez les peuples des provinces rurales de l'est de la Zambie. Pour eux, les souris sont un plat recherché et elles sont traditionnellement chassées par les enfants. Capturer les souris leur permet à la fois de limiter les dégâts qu'elles causent aux récoltes et d'obtenir une viande bon marché dans une région où l'élevage est rare et la viande chère à cause des ravages causés par la mouche tsé-tsé. Les Tumbuka consomment 14 sortes de « souris » après les avoir vidées, bouillies, salées puis séchées. Elles sont réservées aux invités, aux ancêtres ou aux fêtes familiales. Cependant la colonisation par les Européens et les influences modernes tendent à ravaler progressivement cette nourriture au rang de plat méprisé[29].
Aspects culturels
[modifier | modifier le code]Les souris, au sens large, et plus particulièrement la souris grise de maisons (Mus musculus), jouent un grand rôle dans l’imaginaire populaire ou enfantin et dans le domaine culturel : croyances, proverbes et citations, poèmes et chansons, livres de toutes natures, bandes dessinées, films, dessins animés en très grand nombre mais aussi dans les arts plastiques.
La souris est parfois source de musophobie (phobie des souris et des rats), probablement en raison du souvenir historique du rôle néfaste des Murinae propagateurs des maladies épidémiques[30].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Souris sur le site du Centre National de Ressources textuelles et Lexicales
- Souris dans les Dictionnaires d'autrefois, des XVIIe, XVIIIe, XIXe et XXe siècles, sur Atilf, consulté en mai 2010
- Diderot et d’Alembert, l’Encyclopédie, ou Dictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers éditée de 1751 à 1772. Lire en ligne.
- Souris sur le site du XMLittré v1.3
- Souris dans le TLFi, issu du Trésor de la Langue Française (1971-1994). Sur le portail cnrtl, consulté en mai 2010
- (en) Murray Wrobel, 2007. Elsevier's dictionary of mammals: in Latin, English, German, French and Italian. Elsevier, 2007. (ISBN 0-444-51877-0), 9780444518774. 857 pages. Rechercher dans le document numérisé
- François Bonhomme, Annie Orth, Thomas Cucchi, Eleftherios Hadjisterkotis, Jean-Denis Vigne et Jean-Christophe Auffray, « Découverte d'une nouvelle espèce de souris sur l'île de Chypre (A New Species of Wild Mice on the Island of Cyprus) », Comptes Rendus Biologies, vol. 327, , p. 501–507 (ISSN 1631-0691), présenté par Claude Combes.
- Nom vernaculaire français d'après Dictionary of Common (Vernacular) Names sur Nomen.at
- « Souris » dans le Trésor de la langue française
- Attention aux appellations et traductions fantaisistes circulant sur l'Internet
- Souris à abajoues sur le site de L'Encyclopédie canadienne, consulté en avril 2010
- Nom vernaculaire en français d’après Termium plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada
- « Souris », dans Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, Paris, Administration du grand dictionnaire universel, 15 vol., 1863-1890 [détail des éditions].
- Nature et biodiversité algérienne
- (en) M.C. Drever et al., « Predation on Seabird Eggs by Keen's Mice (Peromyscus Keeni): Using Stable Isotopes to Decipher the Diet of a Terrestrial Omnivore on a Remote Offshore Island », Canadian Journal of Zoology, Ottawa, conseil national de recherches Canada, vol. 78, no 11, , p. 2010-2018 (1 p.1/4) (ISSN 0008-4301, résumé).
- (en) Derwent, Thesaurus of agricultural organisms: pests, weeds and diseases, Volume 1. Derwent Publications, Ltd. Éditions CRC Press, 1990. 1529 pages. (ISBN 0-412-37290-8), 9780412372902. Rechercher dans le document numérisé
- [1], Pilliga Mousa
- Mammifères sur la Planète : Distribution par zone géographique consulté en mai 2010
- Onychomys du Nord, Souris à sauterelles sur Planet' Mammifères
- Planet'Mammifères: Le seul site à présenter tous les mammifères de la planète
- Dictionnaire de la langue française d'Émile Littré.
- article Souris (auteur Jean Ferron)
- Macmillan Illustrated Animal Encyclopedia
- [2], Bulletin of the Biological Society of Washington, No. 12
- Bardinet Thierry, Les papyrus médicaux magiques de l'Égypte pharaonique, 1995, p. 344 et 473.
- Amandine Marshall, De l'efficacité de manger une souris cuite en Égypte ancienne, Memnonia XXIV, Le Caire, 2013, pp. 209-214 [lire en ligne]
- Dioscoride, De materia medica, Livre II (69) et De Simplicibus, Livre I (71).
- Amandine Marshall, idem.
- (en) Mwizenge S. Tembo, Mice as a Delicacy: the Significance of Mice in the Diet of the Tumbuka People of Eastern Zambia, Lire le texte en ligne
- Antoine Pelissolo, Les Phobies, faut-il en avoir peur ?, Le Cavalier Bleu Editions, , p. 101
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Souris domestique
- Rat et souris dans la culture
- Liste des souris et rats de fiction
- Liste des noms vernaculaires de rongeurs
- Oreille de souris
- Queue de souris
- Souris épineuse
- Souris de mer
- Souris de montagne
- Souris de terre
- Souris kangourou
- Souris-opossum
- Souris sauteuse
- Souris sylvestre
- Souris végétale
- Musaraigne