Le rugby à XV s'est diffusé en Italie depuis la France voisine au début du XXe siècle, puis s'est structuré dans les années 1920 autour d'une fédération, avec un championnat(it) et une équipe nationale. La fédération compte de nos jours environ 74 000 membres masculins et 8 000 féminins, répartis en un peu plus de 1000 de clubs, principalement dans le nord du pays. Malgré l'omniprésence du football, le rugby est populaire chez les tifosi ; les matchs de l'équipe nationale attirent jusqu'à plus de 80 000 spectateurs au stade olympique de Rome.
L'Italie a participé à toutes les coupes du monde depuis sa création en 1987, 2 fois en rugby féminin, et dispute le Tournoi des Six Nations depuis 2000, également en rugby féminin. Selon le classement de World Rugby en 2018, l'équipe nationale masculine est au 14e rang mondial tandis que l'équipe féminine est mieux classée au 8e rang. Deux clubs italiens de Trévise et Parme participent au championnat multinational Pro14, ainsi qu'à la Coupe d'Europe ou à la Challenge Cup suivant leurs résultats.
Des formes de football où l'on jouait avec les mains étaient pratiquées en Italie depuis l'époque romaine jusqu'au Moyen Âge. Il est souvent dit que des étudiants français de l'université de Milan ont introduit le rugby à XV dans la péninsule en 1911[1], mais il a été établi que des communautés de Britanniques l'avaient déjà fait à Gênes entre 1890 et 1895[2]. Quoi qu'il en soit c'est dans le nord urbain, particulièrement Milan et Turin, que le rugby commence à se développer en Italie[3].
C'est sous le régime de Mussolini que le XV prend son véritable essor[2]. L'idéologie fasciste promeut la pratique sportive, et particulièrement le football et le rugby, sports collectifs et « fraternels », qui sont mis en avant. À l'époque, le rugby a XV a deux autres avantages aux yeux de Mussolini : il est amateur, et c'est un sport de combat[2].
En 1929 a lieu le premier championnat d'Italie, gagné par l'Ambrosiana Milano[5]. Il regroupe alors 6 des 16 équipes existant en Italie. C'est en mai de la même année que l'équipe nationale joue sa première rencontre internationale, contre l'Espagne, à Barcelone, et perd 9 à 0[1]. L'année suivant les Italiens prennent leur revanche à l'Arena Civica de Milan, en battant les Ibériques (3-0)[8].
Dans les années 1930, le rugby à XV se répand en Italie, principalement dans les grandes villes telles que Milan, Rome, Turin, Bologne, Padoue, Naples, Catane, Gênes, Brescia, et Parme[1],[5]. Il s'implante particulièrement bien en Vénétie[3]. D'après l'historien du rugby Elvis Lucchese, cette région constitue « un territoire agricole avec une culture un peu conservatrice, proche des valeurs du Sud-Ouest français, qui se marie bien avec le rugby de l'époque »[3].
Après la Seconde Guerre mondiale, la tendance s'inverse, et le XV dont l'image est identifiée à celle du régime fasciste, est délaissé[2]. Pour revitaliser son sport, la fédération crée de nouveaux clubs fers de lance dans des villes moyennes : Trévise, L'Aquila, Rovigo, Venise[2]. Ces villes n'ayant pas de clubs de football de haut niveau, le rugby à XV, sans concurrence, s'y épanouit rapidement. Une culture rugby s'ancre durablement dans ces villes, et le sport se développe de nouveau au niveau national[2].
Après le conflit le rugby italien est également influencé par la présence des troupes alliées en Italie (Australie, Nouvelle-Zélande). Mais le style de jeu italien reste proche du jeu français jusqu'aux années 1970[5]. La Vénétie (Rovigo, Padoue et Trévise) domine rapidement le rugby italien, gagnant le surnom de République du rugby italien. Parme et L'Aquila deviennent également des centres importants du rugby à XV[3].
En 1995 ils sont battus par l'Angleterre 20 à 27. Durant les années 1990 les Italiens construisent une bonne équipe qui rencontre des succès face aux équipes des V nations, comme ces deux victoires contre l'Irlande le (37-29) et le 20 décembre de la même année (37-22).
Le ils gagnent pour la première fois une rencontre contre la France 40 à 32 à Grenoble. En janvier 1998, c'est l'Écosse qui tombe (25-21). La même année durant les qualifications pour la coupe du monde de 1999 ils perdent contre l'Angleterre 23 à 15 mais se plaignent au sujet d'un essai d'Alessandro Troncon que l'arbitre a annulé.
En 2000 l'Italie rejoint le Tournoi des Cinq Nations mais cela coïncide avec le départ de plusieurs de leurs meilleurs joueurs. Malgré tout l'équipe gagne son premier match dans cette compétition, contre l'Écosse par 34 à 20.
Depuis leur participation au tournoi est remise en question, mais ils y ont répondu en pratiquant un jeu plus discipliné. En 2001 et 2002 ils ne gagnent pas une seule rencontre du tournoi, et l'entraîneur Brad Johnstone est licencié en 2002.
Il est alors remplacé par John Kirwan. Les Italiens gagnent un deuxième match en 2003 contre le Pays de Galles 30 à 22. Pour la première fois l'équipe ne termine pas à la dernière place de la compétition. Elle remporte ensuite deux matchs durant la coupe du monde de 2003, mais échoue lors du Tournoi des Six Nations (à cause d'un calendrier dur : 4 matchs en 14 jours). Il faut attendre 2004 pour voir la Squadra Azzurra connaître une nouvelle victoire, cette fois-ci face à l'Écosse. En 2005 l'Italie termine dernière du Tournoi des Six Nations, sans gagner un match, et John Kirwan est remplacé par les Français Pierre Berbizier et Jean-Philippe Cariat. Par la suite les Italiens réalisent une tournée en Argentine où ils créent la surprise en gagnant l'une des deux rencontres 30 à 29. Toutefois les Pumas tiennent leur revanche lorsqu'ils battent l'Italie lors d'une rencontre à Gênes (39-22).
En 2006, lors du Tournoi des Six Nations, les Italiens opposent une forte résistance à leurs adversaires, et obtiennent leur premier succès à l'extérieur dans cette compétition avec un match nul contre le Pays de Galles(18 à 18), et ne s'inclinent face à l'Écosse (13 à 10) qu'à cause d'une pénalité accordée à l'Écosse en fin de partie.
Grâce à la présence de joueurs italiens participant aux compétitions européennes de clubs, le niveau de jeu de l'équipe nationale s'accroît constamment, mais il faudra attendre longtemps avant qu'elle remporte le tournoi. De plus en plus d'Italiens regardent les matchs de rugby. L'une des raisons d'être optimiste pour le rugby italien est que leurs meilleurs joueurs sont plutôt jeunes et vont probablement s'améliorer avec le temps. De plus le budget de la Fédération Italienne de Rugby a connu une forte augmentation : il atteint actuellement vingt-et-un millions d'euros.
Toujours en 2007, l'Italie signe sa première victoire à l'extérieur dans le cadre du Tournoi des Six Nations face à l'Écosse, à Murrayfield sur le score de 17-37. Deux semaines plus tard, la Squadra s'impose contre le Pays de Galles, au Stadio Flaminio. Le résultat, 23 à 20, est historique. C'est en effet la première année depuis son insertion en 2000 que l'Italie remporte deux matchs dans le Tournoi.
Le à Florence, le XV d'Italie du capitaine Sergio Parisse s'impose face à l'Afrique du Sud pour la première fois de son histoire, 20-18[10].
Au XXIe siècle encore, le rugby demeure plus pratiqué dans le nord du pays, et particulièrement la Vénétie, que dans le Mezzogiorno[3]. Sur les 30 titres de champions d'Italie distribués entre 1993 et 2022, plus de la moitié sont remportés par le trio vénète Padoue, Trévise et Rovigo, alors que dans le même temps plus aucun club du sud ne figure dans l'élite[3].
La Federazione Italiana Rugby ou FIR est une organisation membre de l'International Rugby Board (IRB) qui régit l'organisation du rugby à XV en Italie.
Elle regroupe les fédérations régionales, les clubs, les associations, les sportifs, les entraîneurs, les arbitres, pour contribuer à la pratique et au développement du rugby dans tout le territoire italien.
Elle gère le rugby féminin et masculin.
Elle est créée le . En 1929 la fédération organise le premier championnat national.
Le championnat d'Italie de rugby à XV rassemble l'élite des clubs italiens. Ce championnat est dénommé Super 10. Le championnat est créé en 1928-1929. Depuis 2002, l'élite italienne est réduite à dix clubs contre seize précédemment. Le Super 10 constitue l'élite du rugby italien devant la Serie A (20 clubs) et la Serie B (40 clubs).
Après une phase de championnat en matchs aller-retour, les quatre premiers jouent la phase finale en matchs éliminatoires (demi-finale, final) pour désigner le vainqueur final.
Le championnat s'appelle Serie A de 1928 à 1986, Serie A1 de 1986 à 2001, Super 10 de 2001 à 2010, Eccellenza de 2010 à 2023, Serie A Élite Maschile à partir de 2023.
En Italie, la passion du rugby est minoritaire par rapport au football, sport roi dans le pays, et se limite aux régions du Nord situées en Padanie, la passion du rugby est très faible dans le reste du pays, voir quasi inexistante dans certains parties du pays comme le Mezzogiorno.
L'expansion du rugby à XV en Italie a permis une amélioration du championnat domestique. Des industriels ont investi (Silvio Berlusconi[12], Benetton), nombre de joueurs italiens ont été recrutés par les meilleurs clubs anglais ou français[13].
Lors du Tournoi des Six Nations 2007, l'Italie a remporté deux victoires et terminé à la quatrième place, meilleure performance jamais réussie[14]. L'intérêt des medias et du public reste constant et bon enfant alors que l'équipe nationale n'a toujours pas passé le premier tour de la Coupe du monde et qu'une victoire dans le tournoi n'est pas encore envisageable.
(it) Giuseppe Tognetti, 50 anni di speranza, Rovigo, La Guida Editrice, 1979
(it) Luciano Ravagnani et Pierluigi Fadda, Rugby. Storia del Rugby Mondiale dalle origini a oggi, Milan, Vallardi, 2007, 2e éd. (1re éd. 1992), 408 p. (ISBN978-88-87110-92-0 et 88-87110-92-1)