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Rudeltaktik

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Le terme Rudeltaktik (en français : tactique des meutes) ou en anglais Wolfpack (en français : meute de loups) se réfère à une tactique militaire d'attaque en masse utilisée par les U-Boote (sous-marins) allemands de la Kriegsmarine pendant la bataille de l'Atlantique au cours de la Seconde Guerre mondiale contre les convois Alliés.

Dans l'Océan Pacifique, des sous-marins de la Marine américaine utilisèrent cette même tactique contre les expéditions japonaises pendant la campagne sous-marine alliée.

L'idée selon laquelle une attaque groupée de sous-marins est plus efficace qu'une attaque isolée est très ancienne[Quand ?]. Elle impose cependant la concertation entre attaquants que l'état des technologies de communication ne permettait pas avec les premiers submersibles. Durant le premier conflit mondial, les Allemands avaient ainsi imaginé qu'un sous-marin de commandement pourrait, dans la zone d'opérations, diriger les attaques des autres submersibles. Cette idée ne fut pas réalisée[1].

Karl Dönitz, commandant des U-Boote, concepteur de la tactique Rudeltaktik.

En 1935, le commandant des U-Boote Karl Dönitz rédige un manuel décrivant la tactique d'attaque de groupe (Gruppentaktik). Ainsi, la tactique est prête à l'emploi dès le début du conflit.

En 1939, Dönitz, publie un autre livre[note 1] dans lequel il évalue qu'il faudrait que l'Allemagne dispose de 300 sous-marins[note 2] pour être en mesure d'atteindre les objectifs militaires[3]. Sur ces 300 sous-marins, 90 seraient en embuscade, par groupes de trois, pour intercepter les convois sur les trois principales routes identifiées (Atlantique nord, centre de l'Atlantique et le long des côtes africaines après Gibraltar[4]).

La planification de la marine de guerre allemande (ou : "plan Z") ne prévoit que 249 sous-marins de tous types, parmi lesquels 152 U-Boote correspondant à la demande de Dönitz : 90 de type VII.B et 60 de type IX. Les autres sont soit des sous-marins côtiers, soit des modèles privilégiés à l'époque, comme des croiseurs sous-marins (similaires au Surcouf français), ou encore, des « sous-marins d'escadre » destinés à ouvrir la route des forces de surface.

À l'ouverture des hostilités, Dönitz ne dispose en tout et pour tout que de 57 U-Boote, 18 dans l'Atlantique, 21 en mer du Nord, 10 dans la mer Baltique et 8 autres non opérationnels[5].

L'attaque en meute repose sur le principe d'établir des cordons d'U-Boote, disposés en travers des routes présumées des convois. Avec un espacement d'environ 20 nautiques entre deux U-Boote, le convoi a, en théorie, peu de chance d'échapper à la détection.

Une fois repéré, il est pris en filature par un U-Boot, lequel prévient par radio, en cryptant les messages grâce au système Enigma, le quartier général des U-Boote en Europe (Befehlshaber der U-Boote ou BdU - également le titre de Dönitz) en précisant la position, le cap et la vitesse du convoi. Le BdU dirige alors les autres U-Boote éléments de la meute vers le convoi afin de l'intercepter, synchronisés de telle manière qu'ils puissent converger pour une attaque dans la nuit. Les sous-marins rejoignent à vitesse maximum (donc en surface) la position fournie pour attaquer à plusieurs et pour déborder l'escorte du convoi[6]. Cette convergence soudaine de sous-marins a été l'origine du nom de la tactique, Rudeltaktik ou meute de loups, s'apparentant aux attaques des loups gris.

L'organisation de ces groupes implique de disposer de suffisamment d'U-Boote, de posséder des renseignements pour savoir où établir les lignes, et enfin de connaitre la vitesse à laquelle le groupe pourra se concentrer sur sa proie.

Le nombre d'U-Boote disponibles augmentera au fil du temps (concernant le nombre de bateaux en mer, il faut compter ceux qui sont en route pour la zone du combat et ceux qui retournent, pour une raison ou une autre, vers leurs ports d'attache respectifs). Les renseignements sont fournis, d'une part, par le B-Dienst capable de décrypter une partie des messages britanniques et, d'autre part, par les avions Focke-Wulf Fw 200 Condor qui observent les routes maritimes. Le regroupement des U-Boote dans la zone où le convoi a été repéré prend une vingtaine d'heures, selon les calculs des sections de recherche opérationnelle des Alliés.

Le point faible de la Rudeltaktik réside dans les communications, donc dans les échanges par radio. Chaque message est susceptible d'être repéré et la position de l'émetteur d'être localisée par triangulation. La doctrine de Dönitz impose que l'U-Boot qui découvre le convoi envoie aussitôt un message initial, puis un toutes les heures. Les Alliés, via les instruments de radiogoniométrie, sont rapidement capables de repérer l'U-Boot émetteur et de l'obliger à plonger, s'ils ne parviennent pas à le détruire.

Tactiques d'attaque

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Il n'y a pas de coordination précise entre les U-Boote. Ils se rassemblent en un lieu donné, en se basant sur les émissions radio de celui qui suit le convoi, au moyen des fréquences d'ondes moyennes prévues. Chacun sélectionne des cibles, pour attaquer individuellement le convoi en fonction de sa position et de sa situation.

La recherche opérationnelle avait mis en évidence que les meilleures positions d'attaque des U-Boote se situaient aux flancs des navires alliés. Un convoi s'organise donc en forme de rectangle très allongé, avec un grand nombre de colonnes (12 par exemple) de 4 ou 5 navires.

Un convoi allié en direction du Cap (Afrique du Sud) sous protection aérienne

La vitesse d'un convoi est déterminée par celle du navire le plus lent. Pour cette raison, plusieurs types de convois seront prévus. Les convois « rapides » regroupent des navires dont la vitesse maximum dépasse 7½ nœuds. Les convois « lents », des navires dont la vitesse est inférieure. Enfin, il est considéré que les navires dont la vitesse excède les 15 nœuds peuvent naviguer seuls, le risque d'interception par un U-Boot (d'une vitesse maximum 16-17 nœuds) étant faible. Le code attribué à chaque convoi permet de distinguer les différents types.

Chaque colonne est distante de trois encablures de jour et cinq de nuit, et les cargos y sont espacés de 3 ou 4 encablures[note 3],[7].

Vu la forme des convois, une attaque par les flancs est donc, en pratique, peu efficace.

Otto Kretschmer, l'un des meilleurs[réf. souhaitée] commandants allemands d'U-Boote, utilise avec succès une tactique différente. Il se place à l'arrière du convoi et remonte le long des cibles potentielles en naviguant en surface. Une fois au milieu du convoi, il tire ses torpilles et plonge. Il se laisse alors dépasser par le convoi, avant de recommencer[8].

Une autre tactique consiste pour le sous-marin à se placer à l'avant du convoi. Il plonge sans vitesse, se laisse rattraper par le convoi, lance ses torpilles et revient à l'avant du convoi pour renouveler son attaque[note 4].

Tactiques de défense

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Exposé dès son attaque, l'U-Boot peut profiter du bruit des hélices du convoi pour échapper aux escorteurs.

Il peut aussi utiliser des leurres, comme le Bold, mais surtout profiter du grand défaut de l'ASDIC des escorteurs. Quand celui-ci approche à moins de 100 mètres de sa cible, l'écho n'est plus utilisable. L'U-Boot peut alors en profiter pour changer de direction et échapper à l'attaque.

Opérations Wolfpack

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Environ 250 de ces groupes ont été formés au cours de la guerre, certains ne durant que quelques jours et d'autres jusqu'à quelques mois. Le nombre de sous-marins dans chaque groupe variait de 3 à 4 pour environ 30 U-Boote dans les plus grands groupes.

Quelque 474 U-Boote ont été sollicités dans le cadre d'une meute de loups pendant la guerre.

Nom du Wolfpack Nombre de U-Boote Date de formation Date de dissolution[9]
Prien 7
Rösing 5
Nom du Wolfpack Nombre de U-Boote Date de formation Date de dissolution[9]
West 23
Kurfürst 5
Süd 4
Hammer 3
Grönland 21
Kurfürst 7
Markgraf 15
Bosemüller 8
Seewolf 17
Brandenburg 11
Goeben 6
Breslau 6
Mordbrenner 4
Schlagetot 9
Reissewolf 7
Stosstrupp 6
Raubritter 14
Arnauld 4
Störtebecker 19
Steuben 6
Benecke 4
Gödecke 4
Letzte Ritter 3
Seeräuber 8
Ulan 3
Seydlitz 7
Nom du Wolfpack Nombre de U-Boote Date de formation Date de dissolution[9]
Ziethen 12
Robbe 4
Schlei 7
Hecht 3
Umbau 4
Westwall 8
Aufnahme 4
Umhang 3
Blücher 3
Wrangel 2
York 4 12 Mar 1942
Ziethen 4
Eiswolf 8
Naseweis 3
Bums 6
Robbenschlag 8
Blutrausch 10
Strauchritter 9
Hecht 9
Greif 6
Pfadfinder 8
Endrass 9
Eisteufel 11
Hai 6
Wolf 11
Nebelkönig 10
Pirat 13
Steinbrinck 14
Lohs 19
Blücher 8
Eisbär 5
Vorwärts 18
Stier 6
Iltis 7
Pfeil 11
Trägertod 10
Blitz 19
Tiger 17
Luchs 19
Letzte Ritter 4
Tümmler 6
Wotan 11
Panther 34
Leopard 8
Puma 13
Streitaxt 10
Veilchen 13
Südwärts 6
Natter 15
Delphin 9
Kreuzotter 13
Westwall 20
Schlagetot 10
Wal 8
Boreas 10
Drachen 5
Panzer 11
Draufgänger 10
Büffel 3
Raufbold 14
Ungestüm 13
Spitz 11
Delphin 17
Falke 23
Nom du Wolfpack Nombre de U-Boote Date de formation Date de dissolution[9]
Habicht 10
Jaguar 8
Haudegen 26
Landsknecht 21
Nordwind 7
Rochen 13
Pfeil 13
Nordsturm 5
Hartherz 10
Ritter 13
Taifun 5
Robbe 8
Neptun 11
Knappen 4
Sturmbock 9
Burggraf 18
Wildfang 10
Tümmler 6
Neuland 22
Ostmark 11
Westmark 17
Raubgraf 13
Stürmer 19
Unverzagt 6
Wohlgemut 5
Dränger 11
Seeteufel 17
Seewolf 19
Seeräuber 7
Eisbär 12
Sans nom 5
Löwenherz 14
Taifun 4
Adler 16
Lerche 10
Meise 34
Sans nom 8
Specht 24
Amsel 16
Star 16
Drossel 13
Amsel 1 6
Amsel 2 6
Amsel 3 6
Amsel 4 6
Fink 28
Sans nom 9
Elbe 16
Rhein 12
Elbe 1 13
Elbe 2 13
Isar 4
Lech 3
Inn 4
Iller 6
Naab 7
Donau 1 12
Donau 2 11
Oder 9
Mosel 21
Trutz 18
Trutz 1 4
Trutz 2 8
Trutz 3 4
Geier 1 4
Geier 2 4
Geier 3 3
Sans nom 6
Wiking 7
Monsun 9
Leuthen 21
Rossbach 26
Schlieffen 18
Eisenbart 12
Siegfried 23
Schill 10
Siegfried 1 6
Siegfried 2 8
Siegfried 3 6
Jahn 12
Körner 11
Tirpitz 1 4
Tirpitz 2 5 8 Nov 1943
Tirpitz 3 5 8 Nov 1943
Tirpitz 4 4 8 Nov 1943
Tirpitz 5 3 8 Nov 1943
Eisenhart 1 3
Eisenhart 2 3
Eisenhart 3 3
Eisenhart 4 3
Eisenhart 5 3
Eisenhart 6 1
Eisenhart 7 3
Eisenhart 8 4
Eisenhart 9 3
Eisenhart 10 1
Schill 1 8
Schill 2 9
Schill 3 9
Weddigen 17
Coronel 19
Coronel 1 19
Coronel 2 21
Coronel 3 9
Amrum 6
Borkum 17
Föhr 6
Sylt 6
Rügen 1 8
Rügen 2 6
Rügen 3 8
Rügen 4 9
Rügen 5 9
Rügen 6 11
Hela 4
Rügen 7 3
Nom du Wolfpack Nombre de U-Boote Date de formation Date de dissolution[9]
Isegrim 15
Borkum 1 3
Borkum 2 2
Borkum 3 3
Rügen 31
Hinein 8
Stürmer 13
Werwolf 21
Igel 1 15
Igel 2 15
Hai 1 16
Hai 2 3
Preussen 31
Hartmut 4
Boreas 12
Orkan 4
Taifun 4
Hammer 5
Thor 6
Blitz 9
Donner 9
Keil 5
Donner & Keil 14
Trutz 26
Dragoner 6
Grimm 10
Greif 6
Trutz 7
Dachs 6
Grimm 17
Feuer 4
Schwefel 3
Zorn 13
Regenschirm 4
Panther 21
Stier 18
Nom du Wolfpack Nombre de U-Boote Date formation Date dissolution[9]
Rasmus 8
Hagen 13
Seewolf 6
Faust 9

Articles connexes

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Références

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  1. Brezet, op. cit., pages 87-88.
  2. Padfield, op. cit., p. 162-163.
  3. Padfield, op. cit., P. 162.
  4. Padfield, op. cit., carte de la page 448.
  5. Brezet, op.cit., p. 102.
  6. Owen, op.cit., p. 63.
  7. Hague, p. 27.
  8. Owen, op. cit., p. 63.
  9. a b c d e et f http://uboat.net/ops/wolfpacks/index.html
  1. Karl Dönitz, Die U-bootenwaffe ("L'Arme sous-marine"), Berlin, 1939, Mittler.
  2. Selon Padfield, il est difficile de comprendre comment Dönitz arrive à ce chiffre de trois cents ; mais cette donnée est reprise sans contestation dans la plupart des ouvrages traitant de la Bataille de l'Atlantique[2].
  3. Avant le départ, chaque navire doit fournir la hauteur de ses mâts. Ceci permet aux autres navires de calculer, et de garder, aisément leur distance.
  4. . La vitesse en surface d'un U-Boot est de l'ordre de 17 nœuds, bien supérieure à la vitesse d'un convoi. Il peut donc facilement, même en faisant un grand détour pour éviter toute détection, venir se replacer à l'avant du convoi.