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Rithy Panh

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Rithy Panh
Description de cette image, également commentée ci-après
Nom de naissance Rithy Panh
Naissance (60 ans)
Phnom Penh, Cambodge
Nationalité Drapeau de la France Française
Drapeau du Cambodge Cambodgienne
Profession
Films notables Site 2
Les Gens de la rizière
S21, la machine de mort khmère rouge
L'Image manquante
Everything Will Be OK

Rithy Panh (en khmer : ប៉ាន់ រិទ្ធី[note 1]), né le à Phnom Penh au Cambodge, est un réalisateur, producteur de cinéma, scénariste, monteur, acteur et écrivain franco-cambodgien.

La plus grande partie de sa carrière est consacrée au traumatisme et au travail de deuil à la suite des horreurs commises par le régime des Khmers rouges entre 1975 et 1979.

Famille et jeunesse

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Son père, fils de cultivateur, est un ancien instituteur devenu inspecteur d’école primaire[1].

En 1975, le jeune Rithy Panh a tout juste onze ans quand les Khmers rouges prennent le pouvoir au Cambodge. Suivent presque quatre ans d'un régime sanguinaire où toute la population est envoyée dans des camps de travail. Durant ces années, où il perd ses parents et une partie de sa famille, l'adolescent est témoin des pires atrocités.

Fuite et exil en France

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En 1979, il parvient à rejoindre le camp de Mairut en Thaïlande[2] ; il arrive en France en 1980[3].

Débuts dans le cinéma

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Après une période durant laquelle il rejette tout ce qui pourrait lui rappeler le cauchemar dont il s'est échappé, jusqu’à la langue khmère, il décide de se consacrer à un travail de mémoire à travers le cinéma[4]. Il abandonne alors ses études de menuiserie[5] et entre à l’IDHEC, dont il sort diplômé en 1988[6].

Réalisations

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Son premier documentaire, Site 2, traite déjà du Cambodge, et plus particulièrement des camps de réfugiés en Thaïlande. Le succès de cette première œuvre lui ouvre les portes de certains commanditaires au rang desquels la chaîne de télévision franco-allemande Arte ou le groupe Canal+[5].

En 1995, il est nommé coresponsable de l’Atelier Varan au Cambodge en vue de former de jeunes cinéastes aux documentaires[7].

En 1996, il est lauréat de l'aide à la création de la Fondation Gan pour le cinéma[8].

Après d'autres documentaires, eux aussi pour la plupart consacrés à son pays d’origine, il se fait connaître d’un public averti grâce à son premier long métrage de fiction, Les Gens de la rizière, coécrit avec Ève Deboise. C'est aussi le premier film cambodgien jamais présenté au festival de Cannes, en compétition[9].

Suivent de nouvelles œuvres qui toutes ont pour toile de fond un Cambodge qui a du mal à panser ses plaies et où Rithy Panh montre son talent à immortaliser des tranches de vies dans lesquelles les protagonistes donnent l’impression de se livrer tout en oubliant la caméra[10].

Une nouvelle étape dans la notoriété est franchie avec la sortie, en 2002 de S21, la machine de mort Khmère rouge. Présenté hors compétition au festival de Cannes, le film traite du devoir de mémoire à une époque où le processus de mise en place des chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens est enlisé dans des disputes entre le gouvernement cambodgien et l’Organisation des Nations unies[11],[12],[13].

Suivent Les Artistes du théâtre brûlé, un documentaire lui aussi présenté hors compétition à Cannes, qui traite de la difficulté qu’ont les artistes pour trouver leur place dans la société cambodgienne d’aujourd’hui, puis Le papier ne peut pas envelopper la braise, qui montre le sort cruel des prostituées de Phnom Penh.

Consécration

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En 2006, il reçoit un prix pour l'ensemble de son œuvre décerné par la Scam[14].

Il se lance ensuite dans un nouveau genre cinématographique avec l’adaptation du roman de Marguerite Duras, Un barrage contre le Pacifique avec notamment Isabelle Huppert[15].

En 2013, il reçoit le prix Un certain regard au 66e festival de Cannes pour L'Image manquante, qui est ensuite récompensé par le prix du meilleur documentaire (ex æquo) à la 21e cérémonie des prix Lumière 2016 et, enfin, le Trophée francophone de la contribution technique pour les décors[réf. souhaitée]. Le film est par ailleurs sélectionné dans divers grands festivals américains et européens, nommé à l'Oscar du meilleur film étranger et fait partie de la sélection officielle au FIFDH de Genève 2014.

Exil sort en 2016, qui revient sur le difficile travail de deuil des survivants de la dictature khmère rouge et tente de représenter l'image des défunts. Le film est marqué par l'évocation de la solitude des exilés, perdus entre deuils, souvenirs et décalage géographique.

L'année suivante, en collaboration avec le compositeur cambodgien Him Sophy, et à la demande de l'ONG Cambodian Living Arts basée à Phnom Penh, il crée le spectacle symphonique Bangsokol, un requiem pour le Cambodge, qui est présenté à Melbourne en 2017 et à Paris en 2018.

En 2018, le documentaire Les Tombeaux sans noms évoque le besoin d'offrir une sépulture aux défunts du régime khmer. À travers de nouveaux témoignages, mais aussi d'incantations[Quoi ?], le réalisateur continue son chemin vers l'apaisement en rendant hommage aux disparus.

En 2024 est présenté à Cannes Rendez-vous avec Pol Pot qui, par un mélange de fiction, d'images d'archives et de cinéma d'animation, revient sur les années noires du régime des Khmers rouges et de leur chef.

Depuis le début des années 2000, Rithy Panh participe à la production d'une grande majorité des œuvres cinématographiques et documentaires qui concernent le Cambodge mais aussi à celle de jeunes talents cambodgiens dont Kavich Neang (Where I go) ou encore Davy Chou pour son premier film Le Sommeil d'or (2011), qui revient sur ce qu'était le cinéma cambodgien avant 1975.

Il a produit Le Temps des aveux, film de Régis Wargnier en 2014 et, en 2017, celui de Jeanne Labrune, intitulé Le Chemin, ainsi que D'abord, ils ont tué mon père, réalisé par Angelina Jolie.

En 2019, il est le producteur exécutif du film Freedom réalisé par Rodd Rathjen, qui raconte l'histoire d'un adolescent cambodgien décidé à rejoindre l'Eldorado que représente la Thaïlande, mais dont le destin croise celui d'un marchand d'esclaves, ce qui va remettre en question ses espoirs.

Centre d'archives Bophana

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Parallèlement à ses films, Rithy Panh est à l'origine de la création du Centre Bophana, à Phnom Penh, un centre de ressources audiovisuelles inauguré le et qui permet au public cambodgien de consulter les archives collectées sur le Cambodge aux formats vidéo, audio ou photographique. Le Centre est nommé Bophana en hommage à l’héroïne du film homonyme de Rithy Panh[17], et qui fut l'une des nombreuses victimes du centre de torture Tuol Sleng, dit S21, sous le régime des Khmers rouges.

Style et thématiques

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L'œuvre de Rithy Panh est imprégnée du travail de mémoire et de la douleur des survivants du régime de Pol Pot et tente de retrouver la culture cambodgienne à travers le cinéma.

Cette conception, importante autant pour le cinéma que pour le Cambodge et sa culture, semble lui faire penser, dans une interview réalisée en , que le cinéma pourrait permettre aux Cambodgiens de se « réapproprier leur identité et leurs racines », à travers le geste et la mise en scène du réel[réf. souhaitée].

Cette ambition, déjà à l’œuvre dans S21, la machine de mort khmère rouge, passe par le geste. Dans la même interview, Panh se dit intéressé par le fait que le corps humain intègre des gestes, au point qu’ils deviennent des automatismes. C'est ce qu'il montre dans S21 en refaisant faire aux gardiens de Tuol Sleng leurs gestes d'alors. Cette mise en scène, non jouée par des comédiens, permet de refaire vivre ce qui n’est plus ; en l'occurrence, en filmant ces gardiens reproduisant ces gestes, les prisonniers sont comme présents, virtuellement. Panh ajoute qu'il a failli sacrifier son film, car s'il s'était approché un peu plus du gardien, il aurait marché sur les prisonniers, et se serait donc trouvé du côté des Khmers rouges.

Filmographie

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Sauf indication contraire, les informations proviennent de la page de l'Internet Movie Database consacrée à Rithy Panh[18].

Réalisateur

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Télévision

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Autres distinctions

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Publications

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Notes et références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Rithy Panh » (voir la liste des auteurs).
  1. En khmer il est habituel, lorsque l'on nomme quelqu'un, de faire suivre le patronyme du prénom. Les Cambodgiens disent donc Panh Rithy, puisque Panh est son patronyme et Rithy son prénom. D'ailleurs l'écriture khmère de son nom (khmer ប៉ាន់ រិទ្ធី) est bien dans l'ordre Panh Rithy.

Références

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  1. (en) UNESCO, « Cambodia: a wound that will not heal », Courrier, (consulté le ).
  2. (fr) « Biographie Rithy Panh », Stars, sur Orange cinéma (consulté le ).
  3. (en) « Rithy Panh Films », sur Khmer Connection, (consulté le ).
  4. (en) Lekha Shankar, « Rewinding memory - Cambodian director talks about his work and the ‘nuclear bomb’ that struck his homeland », IHT Thai Day,‎ (lire en ligne).
  5. a et b (en) Robert Turnbull, « Staring down horrors of the Khmer Rouge », New York Times,‎ (lire en ligne).
  6. (fr) Thierry Hervieu, Laurent Devanne, « Rithy Panh, cinéaste », sur Kinok (consulté le ).
  7. (fr) « Rithy Panh : Biographie », sur Cinémotions (consulté le ).
  8. « Rithy Panh », Aide à la production - Lauréats depuis 1987 - Lauréats 1996, Fondation Groupama Gan (consulté le ).
  9. (en) « Rithy Panh », Artist sheet, sur Festival de Cannes (consulté le ).
  10. (fr) « Les artistes du théâtre brûlé de Rithy Panh », Fiche film, sur Cinéma le France (consulté le ).
  11. (fr) « Interview Rithy Panh », sur Cinemasie, (consulté le ).
  12. (fr) France Diplomatie, « Entretien avec Rithy Panh à propos de S21, la machine de mort khmère rouge », sur diplomatie.gouv.fr (consulté le ).
  13. (fr) Emmanuel Deslouis, « Entretien avec Rithy Panh, réalisateur », sur [email protected], (consulté le ).
  14. « Les lauréats des Prix de la Scam », sur scam.fr, Scam (consulté le ).
  15. (fr) « Biographie Rithy Panh », sur Allociné (consulté le ).
  16. « 24 mai 2011 - Rithy Panh et Vann Nath Docteurs honoris causa » (consulté le ).
  17. (fr) « Bophana - La genèse du projet », Qui sommes nous ?, sur Centre de ressources audiovisuelles Bophana (consulté le ).
  18. (en) IMDb, « Rithy Panh » (consulté le ).
  19. Olivier Perrais, « Rithy Panh : le renouveau du cinéma cambodgien », Gavroche Thaïlande, no 62,‎ , p. 58 et 59 (lire en ligne [PDF]).
  20. Seymour Dinnematin, « Un autre visage de la nouvelle économie », 01net,‎ (lire en ligne).
  21. FIPA, « Le Papier ne peut pas envelopper la braise », Documentaires de création et Essais (consulté le ).
  22. Cambodge-histoire, « Exclusif : Le cinéaste Rithy Panh témoigne sur les liens entre le bourreau Khmer rouge Dutch et le français », sur gavroche-thailande.com, .
  23. Première, « Cannes 2011 : découvrez la sélection officielle du 64ème festival de Cannes ! », sur premiere.fr (consulté le ).
  24. « FIFDH Genève », sur fifdh.org.
  25. (fr) Thomas Vinterberg, « Prix - Un certain regard 2013 », sur festival-cannes.fr, (consulté le ).
  26. The Wall Street Journal, « Cinéma. Un Cambodgien sur la route des Oscars », Courrier international,‎ (lire en ligne).
  27. « Vertigo - Rithy Panh, cinéaste », sur rts.ch (consulté le ).
  28. Siegfried Forster, « Rithy Panh : "La France est une de mes deux patries" », sur le site web de RFI, (consulté le ).
  29. (en) Festival international brésilien du documentaire É Tudo Verdade, « It's all true Announces Winner (2015) » [PDF], sur etudoverdade.com.br, (consulté le ) : « France is Our Mother Country is chosen as the best Feature film of the International Competition. ».
  30. « Namur : le palmarès du FIFF est connu », sur RTBF, (consulté le ).
  31. « Rithy Panh », Artistes, sur Cinémotions (consulté le ).
  32. (fr) France Culture, « 60e édition : reportages, le Prix France Culture Cinéma », Dossiers, (consulté le ).
  33. Association dont Rithy Panh est membre et qui regroupe les Cambodgiens de la diaspora.
    Cf. : (km) « Emission de Radio France Internationale », sur km.rfi.fr, .
  34. « Rithy Panh, lauréat du Prix Essai France Télévisions 2012 », France 2, (consulté le ).
  35. « Rithy Panh et Christophe Bataille lauréats du Prix Livre et Droits de l'Homme », sur FranceTV info, France Télévisions, (consulté le ).

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Liens externes

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