Aller au contenu

Ophrys abeille

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Ophrys apifera

L'Ophrys abeille (Ophrys apifera) est une espèce d'orchidaceae terrestre européenne.

Étymologie

[modifier | modifier le code]

Ophrus signifie sourcil, apifera : du latin apis (abeille) et fero (je porte).

La floraison a lieu d'avril à juin dans le bassin méditerranéen[1] et à partir de mai dans les régions plus nordiques.[réf. nécessaire]

Cette espèce se rencontre en pleine lumière ou à mi-ombre, sur sols surtout calcaires, dans les pelouses, les garrigues, les broussailles, les bois clairs, les prés ras, rocailles, talus, dunes, au bord des routes également. Jusqu'à 1 500 mètres d'altitude.

Pollinisation

[modifier | modifier le code]

Ophrys apifera est pollinisée par des abeilles solitaires (dont plusieurs espèces d'eucères, parmi elles, Eucera longicornis) mais pas par les abeilles sociales (comme l'abeille domestique). La plante attire l'insecte en produisant une odeur qui imite l'odeur de l'abeille femelle[2]. De plus, le labelle se comporte comme un leurre que l'abeille mâle confond avec une femelle. Le transfert de pollen se produit pendant la pseudocopulation qui s'ensuit.

Certaines chrysomèles peuvent également se prendre au piège, des cas d'Exosoma lusitanicum en pseudocopulation avec celui-ci ont été rapportés[3].

Si la fécondation croisée n'a pas eu lieu, Ophrys apifera a recours à l'autofécondation. On peut observer un basculement précoce des pollinies sur le stigmate. Cette particularité provoque des variations locales nombreuses dont on a parfois voulu faire des espèces nouvelles. (O. jurana, bicolor, aurita, fulvofusca, trollii, botteroni, friburgensis, saraepontana, flavescens...). Les illustrations suivantes montrent les lusus jurana, bicolor et aurita. Le lusus jurana est caractérisé par de grands pétales roses presque identiques aux trois sépales et un labelle bicolore déformé, tandis que aurita présente deux pétales allongés (au moins du double de ceux de l'espèce type). Le lusus bicolor est quant à lui caractérisé par un labelle bicolore, la zone basale étant plus claire que la zone apicale.

Aire de répartition

[modifier | modifier le code]

Cette plante euro-méditerranéenne des régions tempérées de l'Atlantique jusqu'au Caucase, parfois abondante, se rencontre presque dans toute la France, Corse comprise, aussi en Île-de-France de façon sporadique.

Très rare en Bretagne , placée sur la liste rouge du Massif armoricain, elle a été découverte à Concarneau en plein milieu urbain dans un jardin public : on y a recensé 70 tiges florales en 2021 et 265 en 2023[4].

Morphologie

[modifier | modifier le code]
Illustration de feuille et de fleur d'Ophrys apifera.
  • Grands sépales roses ou blancs avec nervure verte pour la plupart des variantes.
  • Petits pétales jaune verdâtre, velus, triangulaires.
  • Labelle caractéristique 1 semi-globuleux, velouté, avec dessins jaunes, 2 lobes latéraux en forme de bosse ; fait penser à un abdomen d'insecte.

Statuts de protection, menaces

[modifier | modifier le code]

L'espèce n'est pas considérée comme étant menacée en France. En 2021 elle est classée Espèce de préoccupation mineure (LC) par l'UICN.

Toutefois localement l'espèce peut se raréfier: elle est considérée Quasi menacée (NT), proche du seuil des espèces menacées ou qui pourrait être menacée si des mesures de conservation spécifiques n'étaient pas prises, dans la région Haute-Normandie; elle est considérée Vulnérable (VU) en Picardie et Nord-Pas-de-Calais.

En France, elle est protégée dans les régions Centre, Franche-Comté, Limousin, Nord-Pas-de-Calais et dans les départements de la Dordogne et de la Meurthe-et-Moselle[5].

Espèces proches et hybrides primaires

[modifier | modifier le code]


La première description de cette espèce fut réalisée par William Hudson en 1762 dans sa première édition de Flora Anglica avec le nom botanique actuel (basionyme) mais il existe de nombreux synonymes[6], certains botanistes pensant être en présence de nouvelles espèces. Un important nombre de variétés a également été proposé (non citées dans cette liste) ainsi que certains lusus (anomalies morphologiques) mais aucune n'est officiellement reconnue.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Benoît Larroque et Jean Favennec, Guide de la flore du littoral sableux méditerranéen : De la Camargue au Roussillon, Éditions Sud Ouest, , 277 p. (ISBN 9782817704487), p. 151
  2. Pollinisation et productions végétales par P. Pesson, Jean Louveaux, p. 126-127
  3. « POLLINISATEURS D'ORCHIDEES - Un coléoptère chrysomélidé : Exosoma lusitanicum, pollinisateur potentiel d'Ophrys apifera.- SFO Société Française d’Orchidophilie de Poitou-Charentes et Vendée », sur orchidee-poitou-charentes.org (consulté le ).
  4. Guirec Flécher, « À Concarneau, sans tonte et sans pesticide, la rare orchidée prend racine », Journal Le Télégramme,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. INPN, Protection de l'Ophrys apifera Huds. en France
  6. (en) Référence World Checklist of Selected Plant Families (WCSP) : Ophrys apifera

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :