Nouvelles-Hébrides (condominium)
(en) New Hebrides Condominium
1906–1980
Drapeau des Nouvelles-Hébrides (1969) |
Blason |
Statut |
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Capitale | Port-Vila |
Langue(s) | Anglais, français et bichelamar |
Monnaie | Franc des Nouvelles-Hébrides |
XVIIIe siècle | Explorations européennes |
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1906 | Condominium franco-britannique |
30 juillet 1980 | Indépendance |
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Entités suivantes :
Les Nouvelles-Hébrides, officiellement le condominium des Nouvelles-Hébrides (en anglais : New Hebrides Condominium), étaient une colonie franco-britannique sous forme de condominium érigée dans l'archipel océanien de Mélanésie dans l'actuel Vanuatu, du [Note 1] à son indépendance le . C'est l'un des deux condominiums coloniaux du XXe siècle avec le Soudan anglo-égyptien et le « dernier exemple du régime condominial s'appliquant à un territoire et à une population d'importance notable[1] ».
Régime original dû à l'impossibilité pour l'un et l'autre des deux pays d'abandonner l'archipel, il a la particularité de voir s'exercer trois souverainetés : celles propres à chacun des deux États envers leurs nationaux et leurs sociétés, et celle du condominium pour les indigènes, les relations entre les différentes nationalités, l'administration et les services condominiaux[2]. Il a pris fin avec l'indépendance des Nouvelles-Hébrides en 1980 après deux ans de transition. L'État nouvellement créé prit alors le nom de Vanuatu.
Histoire
[modifier | modifier le code]La création du Condominium résulte de tout un contexte de géopolitique spécifique au début du XXe siècle : après l'incident diplomatique de Fachoda, au Soudan, entre la France et le Royaume-Uni, la Grande-Bretagne effectue un revirement très sensible de politique étrangère à partir de 1901, et avec l'accession au trône du très francophile Édouard VII.
Le Royaume-Uni lança donc une politique surprenante de rapprochement avec la France, pour répondre à la montée en puissance de l'empire allemand, et trouver un allié solide lors de la conclusion de l'Entente cordiale en 1904.
Pour concrétiser cette entente, régler les problèmes coloniaux entre les deux puissances constituait l'une des priorités pour les nouveaux alliés. La France proposait d'échanger les établissements français dans l'Inde contre la Gambie, enclavée dans la colonie du Sénégal. Mais la Gambie était devenue protectorat britannique en 1894. Le deuxième choix, définitif, se porta alors sur les îles des Nouvelles-Hébrides, au Nord de la Nouvelle-Calédonie. Pour symboliser et concrétiser l'entente entre les deux états, les Britanniques proposèrent à la France de faire de la colonie un condominium entre les deux États, et les Britanniques demandèrent à la France de conserver les 5 comptoirs de l'Inde. La proposition fut saluée avec enthousiasme par la majorité des parlementaires des deux pays.
En 1906, la France et le Royaume-Uni s'entendent pour administrer l'archipel conjointement. Son statut fait l'objet de nombreuses publications de coloniaux, d'hommes politiques, de diplomates et de juristes (Nicolas Politis en particulier).
Le protocole du n'utilise toujours pas le terme « condominium » mais évoque à l'article 4 des « services communs ». Pendant la guerre de 1914-1918, il n'y eut aucun envoi de volontaires indigènes car juridiquement, la question de sa dévolution a constitué un problème de droit international : l'archipel était démilitarisé, deux systèmes légaux cohabitant dans un cadre pacifiste entre les deux nations britannique et française.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, de juin 1940 à octobre 1945, l'archipel passe directement sous administration britannique, tout en maintenant fictifs et symboliques les droits français sur le condominium. Des soldats américains occupent également l'archipel de 1942 à 1947, afin d'éviter une invasion japonaise.
Les Nouvelles-Hébrides deviennent indépendantes le en prenant alors le nom de Vanuatu, dérivé du mot Vanua (« terre » ou « pays »).
Administration
[modifier | modifier le code]Statut
[modifier | modifier le code]L'histoire de la formation de la colonie a conduit à un condominium particulier. En effet, si une communauté internationale partielle condominante peut posséder des organes immédiats (compétence directe) et médiats (compétences dédoublées entre les États), dans le cas des Nouvelles-Hébrides la France et le Royaume-Uni exercent des compétences qu'elles n'ont pas abandonnées à la communauté partielle condominante : « chaque puissance demeure (...) souveraine à l'égard de ses nationaux et des sociétés légalement constituées conformément à sa loi »[3]. Malgré cette « altération de la pureté théorique du condominium », les Nouvelles-Hébrides sont bien le « dernier exemple du régime condominial s'appliquant à un territoire et à une population d'importance notable »[1].
Ce condominium, n'étant pas une personnalité juridique, ne peut élaborer de traité ni en signer. Il n'est cependant concerné par les conventions multilatérales que la France et le Royaume-Uni ont signées que dans la mesure où les deux puissances condominantes y sont convenues de l'application[4].
Haut-commissaire de la République française (1907-1980)
[modifier | modifier le code]Début | Fin | Titulaire | Titres |
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Victor Liotard | |||
Pierre Brun | |||
Jules Louis Richard | |||
Adrien Bonhoure (suppléant pour Richard) | |||
Auguste Brunet | |||
Jules Repiquet | |||
Joseph Joulia (suppléant pour Repiquet) | |||
Henri d'Arboussier (intérim) | |||
Joseph Guyon | |||
Henri d'Arboussier (suppléant pour Guyon) | |||
Gabriel Thaly (suppléant pour Guyon) | |||
Léonce Jore (1re fois) | |||
Bernard Siadoux | |||
Marcel Marchessou | |||
Léonce Jore (2e fois) | |||
René Barthes | |||
Georges-Marc Pélicier | |||
Colonel Denis (vichyste) | |||
Henri Sautot (à partir de juillet 1941, Georges Thierry d'Argenlieu est Haut-Commissaire) | |||
Auguste Montchamp | |||
Christian Laigret | |||
Jacques Tallec | |||
Georges Parisot | |||
Pierre Cournarie | |||
Bordarier (intérim) | |||
Raoul Angammarre | |||
René Hoffherr | |||
Aimé Grimald | |||
Laurent Péchoux | |||
Georges Poulet (suppléant pour Péchoux) | |||
Casimir Marc Biros | |||
Jean Risterucci | |||
Louis Verger | |||
[5] | [6] | Jean-Gabriel Ériau | Haut-commissaire de la République française dans l'océan Pacifique et aux Nouvelles-Hébrides, gouverneur de la Nouvelle-Calédonie et dépendances |
[7] | [8] | Claude Charbonniaud | Haut-commissaire de la République française dans l'océan Pacifique et aux Nouvelles-Hébrides, gouverneur de la Nouvelle-Calédonie et dépendances |
Commissaire-résident de la République française (1901-1980)
[modifier | modifier le code]Nomination | Entrée en fonction | Fin | Titulaire | Titres |
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Gaudence Charles Faraut | ||||
Charles Bord | ||||
Jean Colonna | Commissaire résident par intérim. | |||
Charles Noufflard | ||||
Jean Colonna | Commissaire résident par intérim. | |||
Jules Martin | ||||
Jean Solari | Chef de bureau, exerce l'intérim à la suite du départ de Martin | |||
Jules Repiquet | Commissaire résident par intérim jusqu'au 30 juin 1912 puis titulaire au | |||
Jacques-Louis Miramende | Intérims d'Edmond Lippman (-) et Alfred Solari (-). | |||
Alfred Boisivon | Commissaire résident par intérim | |||
Henri Joseph Marie d'Arboussier | Intérims d'Auguste Adolphe Joseph Marie Raoul de la Vaissière (-) et Paul François Joseph Ballot (-). | |||
Gabriel Henri Joseph Thaly | Commissaire résident par intérim | |||
Maurice Georges Tronet | Commissaire résident par intérim | |||
Antoine Louis Carlotti | ||||
Henri Sautot | Commissaire résident par intérim jusqu'au 19 juin 1934, date de sa titularisation. Ensuite, intérims de Fernand Casimir (-) et Léon Alexandre Frédéric Le Boucher (-) | |||
Robert Charles Henri Kuter | Intérims d'Alfred Houques-Fourcade du au et du à | |||
André Ménard | ||||
Pierre Amédée Jean Anthonioz | Commissaire résident par intérim jusqu'à sa titularisation le 24 juin 1950. Ensuite, intérim de Marc Paul Agostini (11 juin 1954-fébut 1955). | |||
Benjamin Favreau | ||||
André Marie Théodore Bijon | ||||
Maurice Charles Jules Delauney | ||||
Jacques Mouradian | ||||
Robert Jules Amédée Langlois | ||||
Robert Gauger | ||||
Bernard Pottier | ||||
Jean-Jacques Robert |
Administration postale
[modifier | modifier le code]Les timbres postaux des Nouvelles-Hébrides illustrent l'histoire du condominium.
En 1908, le condominium utilise des timbres de la Nouvelle-Calédonie, alors colonie française, et des Fidji, alors colonie britannique, surchargés « Nouvelles-Hébrides Condominium » ou « New Hebrides Condominium ».
Par la suite et jusqu'en 1980, les timbres utilisés portent le plus souvent la mention « Condominium des Nouvelles-Hébrides » ou « New Hebrides Condominium » et les armes du souverain britannique (George VI puis Élisabeth II) et celles de la République française (lettres « RF » et faisceau d'armes).
Administration monétaire
[modifier | modifier le code]Après avoir utilisé le franc français et la livre sterling de 1938 à 1977, les Nouvelles-Hébrides ont eu le franc or pour monnaie. En 1966 est créé le franc des Nouvelles-Hébrides frappé par la Monnaie de Paris. Il s'agissait des pièces de 1 F, 2 F, 5 F, 10 F, 20 F, 50 F et 100 F, de 1966 (seule année du 100 F) à 1979. Des pièces de 1, 2, 5, 10 et 20 francs ont même été frappées en 1982 (donc après l'indépendance), avec la mention « République Française » car le Royal Mint britannique choisi pour frapper la nouvelle monnaie, le vatu (pièces de 1, 2, 5, 10, 20, 50 et 100 vatu), n'a pu livrer cette dernière qu'en 1983 (hormis le 50 vatu de 1981).
Le franc des Nouvelles-Hébrides était très peu utilisé, largement devancé par la livre australienne, et dans une moindre mesure, par la livre sterling britannique[réf. nécessaire].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Note
- Date de la proclamation de la Convention franco-anglaise signée le 20 octobre 1906 et promulguée en France le 11 janvier 1907.
- Références
- Benoist (1972), p. 10.
- Benoist (1972), p. 10-11.
- Benoist (1972), p. 9.
- Benoist (1972), p. 13.
- [PDF] Décret du 11 décembre 1973 portant nomination du haut-commissaire de la République française dans l'océan Pacifique et aux Nouvelles-Hébrides, gouverneur de la Nouvelle-Calédonie et dépendances (M. Jean-Gabriel Ériau), publié au Journal officiel de la République française du 12 décembre 1973, p. 13183 [lire en ligne].
- [PDF] Décret du 13 décembre 1978, portant nomination d'un préfet hors cadre (M. Jean-Gabriel Ériau), publié au Journal officiel de la République française du 14 décembre 1978, p. 4152 [lire en ligne].
- [PDF] Décret du 13 décembre 1978 portant nomination du haut-commissaire de la République française dans l'océan Pacifique et aux Nouvelles-Hébrides, gouverneur de la Nouvelle-Calédonie et dépendances (M. Claude Charbonniaud), publié au Journal officiel de la République française du 14 décembre 1978, p. 4152 [lire en ligne].
- [PDF] Décret portant nomination d'un ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française en République de Vanuatu (M. Yves Rodrigues), publié au Journal officiel de la République française du 31 juillet 1980, p. 1930 [lire en ligne].
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Catalogue Yvert et Tellier, t. 2, première partie, Colonies françaises et territoires d'outre-mer, éd. Yvert et Tellier, 1997.
- Hubert Benoist, Le Condominium des Nouvelles-Hébrides et la société mélanésienne, Éditions A. Pedone, 1972. Thèse pour le doctorat en droit présentée le 2 février 1970 à la Faculté de droit et des sciences économiques de l'Université de Paris.
- Joël Dauphiné, « Un aspect de la traite négrière en Océanie : l'exemple néo-hébridais, 1865-1905 », Ultramarines, , p. 10-19.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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