Mosquée Hirami Ahmet Pasha
La mosquée Hirami Ahmet Pasha (en turc : Hırami Ahmet Paşa Mescidi) est une ancienne église grecque orthodoxe convertie en mosquée après la chute de Constantinople en 1453. La petite église originelle avait été l’une des trente-six églises de Constantinople dédiées à Saint-Jean-Baptiste et faisait partie du monastère du même nom[1]. Son nom complet était alors Saint-Jean-le-Précurseur-en-Trullō (en grec : Ἃγιος Ἰωάννης ὁ Πρόδρομος ἐν τῷ Τρούλλῳ/ Hagios Ioannis ho Prodromos en tō Trullō). C’est la plus petite église byzantine de Constantinople encore en existence.
Emplacement
[modifier | modifier le code]La mosquée est située dans le quartier Çarșamba du district Fatih[N 1]. Elle se trouve sur Koltutçu Sokak, dans une petite place entourée d’édifices modernes à 400 mètres au sud de l’église Pammakaristosqui surplombe la Corne d’Or.
Histoire
[modifier | modifier le code]Par son style, l’église semble avoir été construite au XIIe siècle. Toutefois, son existence ne nous est connue qu’après la chute de Constantinople en 1453. L’historien Georges Sphrantzès (1401 – 1478) rapporte dans son Histoire que lorsque Gennadios Scholarios fut investi par Mehmet II (r. 1444 – 1446; 1451 - 1481) en tant que patriarche de Constantinople et comme tel responsable de la communauté grecque devenue un « millet »[N 2], il choisit comme siège du patriarcat l’église Pammakaristos (en grec : Θεοτόκος ἡ Παμμακάριστος, - Très sainte mère de Dieu), Hagia Sophia jusqu’alors siège du patriarcat ayant été transformée en mosquée. Il s’y trouvait toutefois une communauté de religieuses qui furent déplacées vers l’église Saint-Jean-le-Précurseur-(près)-du-Dôme[2].
D’après Sphrantzès, ce nom viendrait de la proximité d’un palais, dit « Trullos » (en latin : Trullus, en italien : trullo (dôme), qui aurait été recouvert d’un dôme et était situé près de l’église Pammakaristos[2].
À la fin du XVIe siècle, sous le règne du sultan Murat III (r. 1574 – 1595), Hirami Ahmet Pasha, anciennement agha (commandant) des Janissaires, transforma en 1587/1588 l’église de la Pammakaristos en mosquée[3]. Par la suite (et avant 1598 date de sa mort), il expulsa les religieuses de leur couvent de Saint-Jean-le-Précurseur et transforma également leur église en mosquée[4]. La mosquée que l’on voit sur un dessin des années 1870 en bon état, était en ruines au début du XXe siècle; elle fut complètement restaurée et rouverte au culte islamique en 1961 [5].
Architecture
[modifier | modifier le code]L’édifice est construit en maçonnerie faite de briques et de pierres. Son plan est celui d'une église en croix grecque inscrite[N 3], surmonté d’une coupole. Elle comprend un *bema divisé en trois parties et un *narthex. Y compris le narthex, l’église ne fait que 15 mètres de longueur[5]. Les bras nord et sud de la croix sont couverts d’une voute en berceau et l’intérieur est éclairé par des rangées de triples fenêtres. Au centre, quatre colonnes à *chapiteaux soutiennent un tambour qui porte un dôme octogonal. Les trois *absides secondaires sont semi-circulaires tant à l’intérieur qu’à l’extérieur (seul exemple de ce genre à Constantinople). L’abside centrale se projette de trois mètres à l’extérieur et est éclairée par un ensemble de trois fenêtres séparées par deux colonnes à chapiteaux[6]. Le *diakonikon a été transformé en *mihrab dans la mosquée. La *prothésis est surmontée d’une voute en berceau. La mosquée n’a pas de minaret.
L’édifice avant sa restauration était en très mauvaise condition : le narthex était pratiquement en ruines, les colonnes étaient disparues et les peintures à peine visibles[5]. Les quatre colonnes manquantes ont été remplacées par des colonnes anciennes dont l’origine est inconnue[7].
Glossaire
[modifier | modifier le code]- Abside : partie saillante en demi-cercle d'une église.
- Bêma : sanctuaire des églises grecques qui contient l’autel et le trône pontifical et qui est surélevé par rapport à la nef [8].
- Chapiteau : pierre portant un ensemble de moulures et d’ornements qui coiffe ou couronne le fût d’une colonne ou d’un pilier[8].
- Coupole : voute hémisphérique dont l’extérieur porte le nom de dôme.
- Croix grecque : plan d'église dans lequel les quatre bras sont égaux par opposition à l'église à plan basilical. La partie centrale est souvent surmontée d’une coupole.
- Diakonikon : absidiole latérale sud (à droite de l'iconostase) placée sous la surveillance d'un diacre où sont conservés les vases sacrés et les vêtements liturgiques dans les édifices religieux orthodoxes.
- Mihrab : niche architecturale qui indique la qibla, c'est-à-dire la direction de la Kaaba à La Mecque vers où se tournent les musulmans pendant la prière.
- Narthex : galerie ou portique intérieur placé à l’entrée d’une église[8].
- Prothesis : absidiole située du côté gauche dans les édifices religieux orthodoxes et où se fait la préparation du pain et du vin pendant les célébrations eucharistiques.
- Voute en berceau : la plus simple des voutes : arc de cercle prolongé en cylindre dont la directrice est une droite[8].
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Extérieur de la mosquée
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Extérieur de la mosquée
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Extérieur de la mosquée
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Extérieur de la mosquée
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Détail de l’extérieur
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Détail de l’extérieur
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Détail de l’extérieur
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Colonne de la mosquée
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Colonne de la mosquée
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Intérieur de la mosquée 1/4
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Intérieur de la mosquée 2/4
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Intérieur de la mosquée 3/4
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Intérieur de la mosquée 4/4
Bibliographie
[modifier | modifier le code]Source première
[modifier | modifier le code]- Georges Sphrantzès. Historia. (dans) Corpus scriptorum historiae byzantinae, Patrologia Graeca, 1838.
Sources secondaires
[modifier | modifier le code]- (en) Van Millingen, Alexander. Byzantine Churches of Constantinople. London, MacMillan & co, 1912. Reproduit par e-KITAP PROJESI & CHEAPEST BOOKS, 2015, (ISBN 978-15-0771-8223).
- (en) Mamboury, Ernest. The Tourists’ Istanbul. Istanbul, Çituri Biraderler Basimevi, 1953.
- (fr) Janin, Raymond. La Géographie ecclésiastique de l’Empire byzantin. Première partie : Le Siège de Constantinople et le Patriarcat œcuménique. 3e vol : Les Églises et les Monastères. Paris, Institut français des Études byzantines, 1953.
- (en) Mansel, Philip. Constantinople, City of the World’s Desire, 1453-1924. London, Penguin Books, 1995 & 1997. (ISBN 978-0-140-262469).
- (de) Müller-Wiener, Wolfgang (1977). Bildlexikon zur Topographie Istanbuls: Byzantion Konstantinupolis, Istanbul bis zum Beginn d. 17. Jh. Tübingen, Wasmuth, 1977. (ISBN 978-3-8030-1022-3).
- (fr) de Vogüe, dom Melchior. Glossaire des termes techniques à l’usage des lecteurs de « la nuit des temps ». Zodiaque, 1965.
- (en) Young, George. Constantinople. New York, Barnes & Noble, 1992. (ISBN 1-56619-084-3).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Hirami_Ahmet_Pasha_Mosque » (voir la liste des auteurs).
Notes
[modifier | modifier le code]- Quartier historique au cœur de la ville d'Istanbul, s'étendant sur la zone prise par Mehmet le Conquérant, le 29 mai 1453, à l’intérieur des anciennes murailles de Constantinople.
- Communauté ethnique conquise dont les droits religieux étaient protégés au sein de l’Empire ottoman.
- Les termes précédés d’un astérisque sont définis dans le glossaire ci-haut.
Références
[modifier | modifier le code]- Janin (1953) p. 423
- Cité par Van Millingen (2015) p. 287
- Mamboury (1953) p. 263
- Müller-Wiener (1977) p. 146
- Janin (1953) p. 457
- Van Millingen (2005) p. 291
- Müller-Wiener (1977) p. 145
- de Vogüe (1965)