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Jean Ier de Chalon

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Jean Ier de Chalon
Sceau équestre de Jean Ier de Chalon (reproduit dans les Eléments de paléographie de Natalis de Wailly, 1838).
Titre de noblesse
Comte de Chalon
-
Prédécesseur
Béatrice de Chalon (d)
Successeur
Biographie
Naissance
Après Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Surnoms
L'Antique, le SageVoir et modifier les données sur Wikidata
Famille
Père
Mère
Béatrice de Chalon (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Béatrice d'Auxonne
Clémence de Bourgogne (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Mahaut de Bourgogne (d) (à partir de )
Isabelle de Courtenay (d) (entre et )
Laure de Commercy (d) (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Marguerite de Chalon (d)
Hugues de Chalon
Jean Ier de Chalon-Auxerre
Mahaut de Chalon (d)
Jean Ier de Chalon-Arlay
Marguerite de Chalon (d)
Elisabeth de Chalon (d)
Agnès de Chalon
Étienne de Chalon (d)
Jeanne de Chalon (d)
Pierre de Chalon (d)
Hugues de Chalon
Blanche de Chalon (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Blason

Jean Ier de Chalon, initialement d'Auxonne, dit l'Antique ou le Sage, né vers 1190 et mort le , est comte de Chalon, comte d'Auxonne et seigneur de Charolais (1227 à 1237) ; il est ensuite sire de Salins, tout en gardant le nom de sa mère, de Chalon, et régent du comté de Bourgogne pour son fils Hugues de Chalon, sa belle-fille la comtesse Adélaïde Ire de Bourgogne et son petit-fils Othon IV de Bourgogne jusqu'à sa mort. Il est auteur de la maison de Chalon.

Jean, né vers 1190, est le fils cadet Étienne II ( ), dit de Bourgogne-Comté, d'Auxonne, comte en Bourgogne, mais se titrant, par usurpation de titre, comte de Bourgogne[1], et de Béatrice ( ), dite de Thiers/Thiern, comtesse de Chalon[2],[3].

Il est le descendant par sa mère de Lambert de Chalon ( ), fait comte de Chalon (Chalon-sur-Saône) par le roi franc Lothaire[3].

Ses parents divorcent après sa naissance[2]. Son père épouse (v. 1212/14) Agnès de Dreux, et sa mère se marie (v. 1200) au chevalier Guillaume III des Barres ( )[2].

L'une de ses sœurs, Béatrice épouse de Simon, seigneur de Joinville[2]. La seconde, Clémence, épouse Bertold V, duc de Zähringen[2].

Nom et surnom

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Jean est le fils du comte Étienne II d'Auxonne. Toutefois lors de la vente du comté de Chalon en 1237, il conserve le nom de sa mère, de Chalon[1]. Il est ainsi considéré comme l'auteur de la maison de Chalon[3]. Il reconnu comme le fils de la comtesse Béatrice, en 1213, dans une charte de Cluny (ego Johannes, filius comitisse Cabilonensis)[4].

Il porte les surnoms « le Sage » ou encore « l'Antique »[2]. Joseph de La Pise (1580-1646), greffier au Parlement d'Orange et auteur d'une histoire de la principauté d'Orange et de ses princes, issus des Chalon-Arlay, tige des Chalon, indiquait que Jean était « surnommé l'Ancien ou le Sage, parce qu'il avoit soin de conserver ses sujects en paux, reconcilier leurs querelles, et entretenir en amitié ses enfants. »[5]

Puissant seigneur bourguignon

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Par son père, il héritera du comté d'Auxonne, de l'un des bourgs Lons-le-Saunier, des seigneuries de Rochfort, d'Orgelet, d'Arlay, d'Oiselay, ainsi que de plusieurs châteaux[6]. Il est également l'héritier des terres de Choye et Ferrières, venues de son arrière-grande-mère-paternelle, Poncia de Traves[6]. Il hérite par sa mère du comté de Chalon, en 1227[6].

En 1214, il épouse Mahaut ou Mathilde de Bourgogne (1190-1242), fille du duc Hugues III de Bourgogne[1]. Par ce mariage, il devient l'oncle du duc de Bourgogne[6] et du dauphin de Viennois.

Les nombreuses possessions de Jean ne forment cependant pas un territoire compact[6]. Il essaye d'obtenir cette unité qui lui manque notamment en luttant contre les seigneurs du Jura[6]. L'occasion se présente à la suite du soulèvement de Gaucher de Commercy contre le duc et qui se solde par un traité, en 1236, humiliant pour le seigneur[7].

Consolidation de l'implantation franc-comtoise

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Jean échange, en 1237, avec le duc Hugues IV de Bourgogne, le comté de Chalon, ainsi que les terres reçues lors de son mariage, contre la seigneurie de Salins[1],[3]. L'accord entre les deux seigneurs se déroule à Saint-Jean-de-Losne, le [8]. Le duc reçoit ainsi les terres qui étaient enclavées dans les comtés d'Auxonne et de Chalon, tandis que Jean obtient en plus de la baronnie de Salins, mentionnée plus haut, Bracon, Vuillafans, Ornans, ainsi que les terres conquises sur Gaucher de Commercy — le traité de 1236 est rappelé à cette occasion[9] — à savoir Montrivel, Château-Vilain, Nans, Charbonnel, le Val de Mièges, auxquelles s'ajoutent fief de Chaussin, le château des Clées au pays de Vaud[10],[8],[1].

L'hommage auprès du duc, la même année, permet de connaître d'autres terres non-mentionnées dans le précédent acte : Poupet, Montfort, ainsi que les fiefs de Château-Chalon, Saint-Aubin, Bretenières, Charollesetc.[10], des terres outre-Saône en Empire[1].

Il remet cependant à Alix de Dreux et son époux Robert de Choiseul les terres de Traves, la saline de Scey-sur-Saône et Frotey[11],[12].

Malgré ces derniers abandons, le traité permet à Jean d'obtenir un territoire « parfaitement cohérent et largement regroupé » et de bénéficier de ressources financières en lien avec les salines[11]. Il déplace sa résidence de la région de la Saône au Jura, entre Pontarlier et Saint-Claude[3].

Seigneur franc-comtois

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Il s'appuie sur les gens des bourgs auxquels il concède des chartes d’affranchissement et sur le clergé en accueillant les dominicains qui remplissent les fonctions d’inquisiteurs.

La possession de Salins, par l'exploitation du sel, donne à Jean la fortune nécessaire pour obtenir les appuis et acquérir les terres qui lui confèreront sa puissance. Pour protéger cette cité et ses routes commerciales, et notamment les routes du sel, il hérisse la région de châteaux-forts : Le Pin, Montmahoux, Sainte-Anne, Arguel, Arlay et Nozeroy où il réside habituellement. Pour éviter les péages du comte de Pontarlier, il achète aux moines de Saint-Claude les forêts de la région de Pontarlier et de Jougne qu'il fait défricher, dans lesquelles il trace de nouvelles routes et où il fonde les localités de Châtelblanc, Chaux-Neuve et Rochejean, cette dernière conservant dans son appellation le souvenir de l'illustre baron.

En 1248, après la mort du comte Othon III de Bourgogne, Jean devient comte régent du comté de Bourgogne pour son fils Hugues de Chalon, sa belle-fille Adélaïde Ire de Bourgogne et son petit-fils Othon IV de Bourgogne.

Il obtient le de l'empereur Guillaume une charte l'autorisant de frapper la monnaie[13]. Les deniers portent un écu à la bande, représentant les armes des Chalon[13]. Il monnaye avec le titre de seigneur de Rochefort, mais le Cabinet des Médailles conserve également un denier attribué à Jean le Sage avec les titres de comte de Bourgogne (comes) et seigneur de Salins (Dominas)[13].

Mort et succession

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Jean meurt le [2]. Son corps est inhumé dans l'abbaye de la Charité auprès de son père, Étienne d'Auxonne[14].

Le roi Louis IX doit intervenir comme médiateur dans de nombreuses querelles de succession familiale.

Sa veuve, Laure de Commercy, apaise en 1275 une querelle entre le seigneur d'Orbe, dans le canton de Vaud en Suisse, et Pierre de Champvent au sujet des hommes et terres que celui-ci avait dans la ville d'Orbe avant qu'elle fût fermée[15].

Descendance

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Jean de Chalon se marie trois[1], et dont il a plus de quinze enfants attestés, auxquels s'ajouteraient des enfants naturels (non précisément connus)[2].

Dans la littérature, le nom de ses enfants peut être soit de Chalon, soit celui de Salins ou encore celui de Bourgogne. Les enfants précédés d'un (?) ne sont pas toujours attestés.

Les armes de la maison de Chalon sont de gueules à la bande or.[25],[26]

Plusieurs sceau de Jean Ier ont été conservés. La base numérique des sceaux conservés en France ont présente plusieurs :

  • sceau équestre (1230), composé d'un cavalier, non armorié, levant son épée ;
  • sceau du secret (1230), composé d'une aigle, accompagné de la légende Secretum comitis Johannis ;
  • sceau équestre armorié rond (1238), composé d'un cavalier portant un écu d'une bande ;
  • sceau équestre armorié rond (période 1231-1261), composé d'un cavalier portant un écu d'une bande, armoiries qui se retrouvent également sur la housse du cheval et la bannière. Il porte la légende ainsi retranscrite + S(igillum) ⋅ J(o)h(ann)is Comiti / s Burgundie / Et / D(omi)ni ⋅ Sal[inen]sis ;
  • sceau équestre armorié rond (période 1243-1256), composé d'un cavalier au galop portant un écu d'une bande et une oriflamme.

Notes et références

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  1. Pourrait être la fille de la seconde épouse de Jean de Chalon, Isabelle de Courtenay[17].
  2. Hugues Du Tems (1774) mentionne Marguerite, sans nom et sans date[22]. Alphonse Rousset mentionnait comme se succédant : Jeanne de Bourgogne (1274), Marguerite de Bourgogne (1280), Mahaut de Bourgogne (1282-1288)[23]

Références

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  1. a b c d e f et g Jacques Paviot, « Note sur les archives des Chalon conservées à Paris et en Île-de-France », Annales de Bourgogne, Éditions Universitaires de Dijon, nos 1-96,‎ , p. 17-30.
  2. a b c d e f g et h Ernest Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne avec des documents inédits et des pièces justificatives. t. 5, Paris, Lechevalier, , « Deuxième tableau : Généalogie de Jean de Chalon, le Sage ou l'Antique », p. 494-495, lire en ligne sur Gallica.
  3. a b c d et e Ansgar Wildermann (trad. Marie Ellenberger-Leuba), « Chalon de » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  4. Auguste Bernard, Alexandre Bruel, Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny : Tome sixième (1211-1300), Paris, Imprimerie nationale, (lire en ligne), p. 29, no 4476 ; p. 40, no 4487.
  5. Joseph de La Pise, Tableau de l'histoire des princes et principauté d'Orange. Divisé en quatre parties selon les quatre races qui y ont regné souverainement depuis l'an 793 commençant à Guillaume au Cornet premier prince d'Orange jusques a Frederich Henry de Nassau à présent régnant, La Haye, imprimerie de Theodore Maire, (lire en ligne), p. 93.
  6. a b c d e et f Allemand-Gay 1988, p. 147.
  7. Petit 1891, p. 74-76.
  8. a et b Allemand-Gay 1988, p. 148.
  9. Petit 1891, p. 77.
  10. a et b Petit 1891, p. 79.
  11. a et b Allemand-Gay 1988, p. 149.
  12. Jules Finot, Essai historique sur les origines de la gabelle et sur l'exploitation des salines de Lons-le-Saunier et de Salins jusqu'au XIVe siècle, (lire en ligne), p. 65.
  13. a b et c Richard Prot et Pierre Crinon, « Deniers inédits de Jean de Chalon-Auxerre, seigneur de Rochefort (Jura) », Revue Numismatique, no 164,‎ , p. 129-136 (lire en ligne).
  14. Anselme de Sainte-Marie, Histoire de la maison royale de France, et des grands officiers de la Couronne, (lire en ligne), p. 413-414.
  15. Cartulaire de Montfaucon, cité par C. Duvernoy, dans Esquisse des relations qui ont existé entre le comté de Bourgogne et l'Helvétie..., Neuchatel, 1841, notes, p. 19.
  16. « Henri, comte de Vienne, et les 3 mariages de sa femme Elisabeth de Salins », sur MedLands.
  17. Jean d'Auxonne Foundation for Medieval Genealogy.
  18. Le Hète 1995, p. À préciser.
  19. « Tombeau de Mahaut de Chalon », sur Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine (consulté en ).
  20. E. Jolibois, La Haute-Marne ancienne et moderne, ????, p. ???.
  21. Hugues Du Tems, « Besançon », dans Le Clergé de France, t. 2, Paris, Chez Delalain, (lire en ligne), p. 153, abbasses de Battant
  22. Hugues Du Tems, « Besançon », dans Le Clergé de France, t. 2, Paris, Chez Delalain, (lire en ligne), p. 143, abbesses de Château-Chalon
  23. Alphonse Rousset, Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté. t.I : Département du Jura, (lire en ligne [PDF]), , « Château-Chalon (39) ».
  24. Simone François-Vivès, « Histoire des seigneurs et de la seigneurie de Commercy des origines à 1415 », Positions des thèses soutenues par les élèves de la promotion de 1932 pour obtenir le diplôme d'archiviste paléographe, Paris, École nationale des chartes,‎ , p. 81-88 (lire en ligne).
    Simone François-Vivès, Les seigneurs de Commercy au moyen âge (XIe siècle-1429), Nancy, impr. A. Humblot et Cie, 1938, XII-200 pages
  25. Henri Beaune et Jules d'Arbaumont, La noblesse aux États de Bourgogne de 1350 à 1789, Dijon, Lamarche, (lire en ligne), p. 147-148.
  26. Roger de Lurion, Nobiliaire de Franche-Comté, Besançon, P. Jacquin, (lire en ligne), p. 178-180.

Bibliographie

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  • Marie-Thérèse Allemand-Gay, Le pouvoir des comtes de Bourgogne au XIIIe siècle, vol. 368, Presses universitaires de Franche-Comté, coll. « Cahiers d'études comtoises », , 495 p. (ISBN 978-2-251-60368-1, lire en ligne).
  • Laurence Delobette, « Une forme de territorialisation du pouvoir : les châteaux de Jean de Chalon au XIIIe siècle », Images de Franche-Comté,‎ , p. 6-9 (lire en ligne)
  • Laurence Delobette, « "A notre cher fidèle citoyen de Besançon". Une alliance bien comprise, Jean de Chalon († 1267) et les citoyens de Besançon », dans Belfort 1307. L'éveil à la Liberté. Actes du colloque de Belfort 19-21 octobre 2006, Belfort, , p. 171-184.
  • Lucien Febvre, Histoire de la Franche-Comté, Paris, Boivin, , 260 p., chap. VI.
  • Thierry Le Hète, Les comtes palatins de Bourgogne et leur descendance agnatique, histoire et généalogie d'une dynastie sur 8 siècles, IXe – XVIIe siècle, , 416 p..
  • Henri Perrod, Les dynasties féodales du Xe au XVIIe siècle à Lons-le-Saunier, Dole, Éditions de la Nouvelle Revue franc-comtoise, , 330 p. (://www.google.fr/books/edition/Les_dynasties_féodales_du_Xe_au_XVIIe_s/2MciAQAAIAAJ), p. 109-110.
  • Ernest Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne avec des documents inédits et des pièces justificatives, t. IV, Paris, Lechevalier, , lire en ligne sur Gallica.
  • Louis Renard, La Franche-Comté, Histoire et Civilisation, Besançon, Imprimerie Jacques & Demontrond, , p. 69-70.

Articles connexes

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Liens externes

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