Ire dynastie égyptienne
– Vers
Statut | Monarchie |
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Capitale | Thinis |
Religion | mythologie égyptienne |
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La Ire dynastie égyptienne, établie à la fin du quatrième millénaire avant notre ère, marque le début de plus de trois millénaires d'institution pharaonique[1]. Elle réalise l'unification de l'Égypte antique, jusqu'alors divisée en deux royaumes distincts, celui du Nord et celui du Sud. Elle dure de 3150 avant notre ère[2] à approximativement 2850 avant notre ère[3].
La tradition attribue cette réunification au roi Narmer, même s'il ne fait pas partie de la Ire dynastie et s'il est généralement classé dans la période prédynastique.
La première dynastie ouvre la période thinite, du nom grec de la capitale des deux premières dynasties, Thinis (Tjene en égyptien).
Unification du pays
[modifier | modifier le code]La palette de Narmer témoigne de l'unification politique du pays.
Mais contrairement au récit traditionnel, probablement conçu au début du Nouvel Empire[4] et qui attribue l'unification de l'Égypte au seul roi Narmer/Ménès, les historiens estiment que celle-ci a été progressive et se serait déroulée sur plusieurs siècles[5]. De plus, l'aspect guerrier de l'unification est également remis en question, aucun support archéologique ne venant le confirmer[5].
Construction d'un État centralisé
[modifier | modifier le code]Le roi concentre le pouvoir entre ses mains, secondé par diverses « maisons » : agriculture, irrigation, finances, culte funéraire royal, armée. Le pays est déjà divisé en nomes (vingt pour la Haute-Égypte, dix-huit pour le delta du Nil), dirigés chacun par un fonctionnaire (âdj-mer, « celui qui creuse le canal ») désigné par le roi. Dans la capitale de chaque nome siège un tribunal (djadjat).
La dualité administrative des « Deux Terres » est préservée au moins en ce qui concerne le Trésor, placé sous l'autorité de deux « chanceliers ». Le recouvrement itinérant des taxes par un voyage royal périodique dans les nomes est progressivement remplacé par un recensement.
Le siège de l'administration centrale est distinct du palais proprement dit, résidence du roi et de la cour, qui avec le harem (qui paraît jouer un rôle économique non négligeable) comprend ses propres services administratifs, domestiques et de production artisanale.
Création d'une économie prospère
[modifier | modifier le code]Une politique cohérente en matière d'irrigation fournit un bon rendement des terres agricoles. On assiste à un développement des cultures traditionnelles (blé, orge et lin), à une multiplication des vergers (acacias, sycomores, palmiers-doum, jujubiers, figuiers, dattiers), des potagers (fèves, lentilles, pois chiches, concombres, oignons), des cultures florales et de la viticulture (vin : irep).
Événements politiques
[modifier | modifier le code]La cité de Memphis est fondée par Narmer ou par Hor-Aha, sous la forme d'une forteresse, au point de jonction des deux anciens royaumes. Il semble y avoir une tentative d'infiltration des Libyens sous Hor-Aha. Ce dernier combat aussi les Nubiens qui menacent les frontières méridionales.
Des expéditions sont lancées en Nubie à des fins commerciales par les rois Hor-Aha, Djer et Sémerkhet. Les routes caravanières vers l'Asie sont sous contrôle : une expédition dans le désert arabique a lieu sous Djet. Le roi Oudimou s'attaque aux pilleurs de caravanes du désert arabique. Une expédition au Sinaï est organisée sous Sémerkhet.
Un comptoir commercial est établi à En-Besor, au sud-est de Gaza. Il est très actif durant la Ire dynastie, ce qui témoigne de l'intensité des échanges avec la Palestine.
Adjib gouverne depuis Memphis, en Basse-Égypte, et s'emploie à apaiser les tensions entre les Deux Terres. Il préfère la diplomatie à la guerre. Toutefois, confronté aux aristocrates de la cour, il est possible qu'il ne mena pas à bien ses projets d'unification du pays.
Son successeur Sémerkhet intrigue les égyptologues. Il est lié à la cour, son rang princier ne fait pas de doute, mais il aurait usurpé le trône. Sa mère, la reine Batyrites, est bien l'épouse de Adjib, mais il semble que Sémerkhet n'est pas le fils choisi pour régner. Ainsi, des chercheurs estiment que Qâ est désigné à sa place, et que Sémerkhet aurait usurpé le trône par jalousie. Cette thèse de l'usurpation est défendue par l'égyptologue Jürgen von Beckerath.
À l'appui de cette thèse, il semble qu'une partie de la cour, des hauts fonctionnaires et des prêtres de Saqqarah n'aient pas reconnu la légitimité du roi. Les relations entre les Deux Terres se tendent et il y a des conflits. Toutefois, la richesse de l'Égypte est immense et le commerce extérieur reste florissant. La tombe de Sémerkhet est somptueuse, ce qui incite les égyptologues à relativiser la thèse d'une usurpation du pouvoir.
Certains indices laissent d'ailleurs penser que Sémerkhet a tenté de se réconcilier avec son demi-frère, Qâ. Celui-ci succèdera à Sémerkhet et ne fera pas effacer son nom, comme c'est l'usage après le règne d'un usurpateur. Le nom de Henuka, ministre de Sémerkhet, figure à côté de ceux du roi et de Qâ. Sémerkhet doit faire face à un autre danger à l'est, et conduit une expédition dans le Sinaï.
Son successeur Qâ est plutôt autoritaire. Il tente de remettre de l'ordre dans les affaires de la cour et du pays. Il mène des campagnes militaires au Proche-Orient. C'est le retour de la prospérité et de la stabilité entre les Deux Terres. Le Sud lui est soumis, comme en témoignent des sculptures du roi retrouvées à Hiérakonpolis. Le pouvoir reste toutefois concentré autour d'Abydos, et Qâ s'entoure de fonctionnaires issus de cette région.
Qâ marie sa fille à un haut fonctionnaire d'Abydos, Hotepsekhemoui (« Les deux puissances sont en paix »). C'est la réconciliation du Sud et du Nord, du dieu Horus avec le dieu Seth. Cet évènement est suffisamment important pour marquer un changement de dynastie dans les listes royales, alors qu'en réalité la succession de Qâ s'est plutôt bien passée. Qâ meurt vers 2828 avant notre ère. Certains chercheurs évoquent les noms de deux possibles rois contestataires : Bâ et Seneferkâ. Ils auraient bien existé, mais se seraient battus entre eux, ce qui permet à Hotepsekhemoui de les neutraliser plus facilement.
Hotepsekhemoui se charge lui-même des offrandes destinées à son beau-père dans l'au-delà. Cela montre, en plus de la splendeur de la tombe de Qâ, que la famille royale était solidement unie. La transition entre la Ire dynastie et la IIe est tout à fait pacifique.
Apparition de l'écriture hiéroglyphique
[modifier | modifier le code]Le système hiéroglyphique, complexe avec plus de 700 signes, apparaît entièrement constitué dès les premiers exemples répertoriés. La double utilisation des signes, pour leur valeur d'image (idéogramme) et pour leur valeur de son (phonogramme) est attestée d'emblée. Le nom du roi Narmer est noté par deux signes, utilisés comme phonogrammes : le poisson nâr et le ciseau de sculpteur mer. L'écriture n'apparaît au début qu'en rapport direct avec l'institution royale. Les « énoncés-titres » ne forment pas des phrases complexes et sont essentiellement à usage administratif ou idéologique.
Souverains de la Ire dynastie
[modifier | modifier le code]Toutes les dates sont avant notre ère.
Pharaon | Règne[6] | Capitale | Tombe | Momie | |||||||||||||||
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Narmer | vers 3150 avant notre ère | Thinis | Tombe B17-B18 du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos | ? | |||||||||||||||
Hor-Aha | entre 3100/3095 | Thinis | Tombes B10-B15 et B19 du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos | ? | |||||||||||||||
Djer | entre 3095/3040 | Thinis | Tombe O du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos | ? | |||||||||||||||
Djet, le roi Serpent (Ouadji) | entre 3040/3020 | Thinis | Tombe Z du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos | ? | |||||||||||||||
Merneith ? | vers 3000 | Thinis | Tombe Y du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos | ? | |||||||||||||||
Den (Oudimou) | entre 3020/2985 | Thinis | Tombe T du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos | ? | |||||||||||||||
Adjib ou Merbapen | entre 2985/2975 | Thinis | Tombe X du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos | ? | |||||||||||||||
Sémerkhet | entre 2975/2955 | Thinis | Tombe U du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos | ? | |||||||||||||||
Qâ | entre 2955/2930 | Thinis | Tombe Q du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos | ? | |||||||||||||||
Sneferka[7] | Thinis | Oumm el-Qa'ab à Abydos ? | ? | ||||||||||||||||
Horus Oiseau[7] | Thinis | Oumm el-Qa'ab à Abydos ? | ? |
Arbre généalogique
[modifier | modifier le code]Scorpion II ou Ka | Shesh Ire | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Avant ce pointillé : Dynastie zéro | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Nârmer | Neith-Hotep | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Benerib | Âha | Khenthap | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Djer | Herneith | Nakhtneith | Peneboui | Besou | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Âhaneith | Djet | Meritneith | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Den | Seshemetka | Semat | Serethor | Qaneith (de) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Âdjib | Batyires | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Semerkhet | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Qaâ | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Bien que le terme pharaon, utilisé avant le Nouvel Empire soit en réalité anachronique (voir Pharaon#Emploi de « pharaon » chez les Égyptiens de l'époque dynastique).
- 3150 est la date généralement retenue pas les égyptologues (N. Grimal), une date également reprise par Sophie Desplancques, L'Égypte ancienne, p. 122.
- Plusieurs dates sont retenues : -2926 (N. Grimal), -2850 (R. Krauss), -2828 (J. von Beckerath), -2793 (J. Málek).
- Sophie Desplancques, L'Égypte ancienne, p. 37.
- Sophie Desplanques, L'Égypte ancienne, p. 38.
- Plusieurs dates peuvent exister ; voir le détail à la page de chaque pharaon
- Jean-Pierre Pätznick, « Horus Seneferou ka-s, quand le dernier souverain de la Ire dynastie devint la première femme pharaon de l’Histoire à porter un nom d’Horus », Procedings of the XIe international Congress of Egyptologists, , p. 468-475
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Sophie Desplancques, L'Égypte ancienne, Paris, P.U.F, coll. « Que sais-je ? 247 », , 126 p. (ISBN 978-2-13-057680-8)
- Toby A.H. Wilkinson, Early Dynastic Egypt, Routledge, , 413 p. (ISBN 978-0-415-18633-9)
- Damien Agut et Juan Carlos Morena-Garcia, L'Égypte des pharaons : De Narmer à Dioclétien, Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », , 848 p. (ISBN 978-2-7011-6491-5 et 2-7011-6491-5)