Homme de Cro-Magnon
Homme de Cro-Magnon | ||||
Crâne de l'un des individus (Cro-Magnon 1) découverts dans l'abri de Cro-Magnon. | ||||
Coordonnées | 44° 56′ 25″ nord, 1° 00′ 35″ est | |||
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Pays | France | |||
Région | Nouvelle-Aquitaine | |||
Département | Dordogne | |||
Vallée | Vézère | |||
Localité voisine | Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil | |||
Daté de | 27 680 ans AP | |||
Période géologique | Pléistocène supérieur | |||
Époque géologique | Paléolithique supérieur | |||
Découvert le | 1868 | |||
Découvreur(s) | Louis Lartet | |||
Particularités | Premier fossile d'Homo sapiens identifié comme tel en Europe | |||
Identifié à | Homo sapiens | |||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Nouvelle-Aquitaine
Géolocalisation sur la carte : Dordogne
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L'Homme de Cro-Magnon est à l'origine le nom donné à un ensemble de restes fossiles d'Homo sapiens découverts en 1868 par Louis Lartet sur le site de l'abri de Cro-Magnon, aux Eyzies-de-Tayac, en Dordogne, en France, lieu auquel il doit son nom (cros voulant dire « creux » en occitan).
Cette expression a été étendue à la fin du XIXe siècle à tous les représentants de l'espèce Homo sapiens trouvés en Europe au Paléolithique supérieur, entre environ 45 000 et 12 000 ans avant le présent. Cette deuxième acception s'est toutefois aujourd'hui raréfiée dans la littérature scientifique, et s'emploie désormais surtout dans le langage courant. Les chercheurs utilisent actuellement plutôt les expressions Homo sapiens et « Homme moderne ».
Historique
[modifier | modifier le code]Le nom de « Cro-Magnon » vient d'un toponyme faisant référence à un petit abri sous roche situé sur la commune des Eyzies-de-Tayac-Sireuil. Le toponyme lui-même est une francisation de l'occitan Cròsmanhon [ˌkrɔzmaˈŋu, ˌkrɔmaˈɲu]. Le premier élément signifie « creux, grotte »[1], tandis que le deuxième pourrait signifier « grand » (du latin magnus) ou être le nom d'une personne[2],[3].
En 1868, le ministre de l'Instruction publique apprend la nouvelle d'une importante découverte à Tayac. Il confie au géologue Louis Lartet la mission de vérifier son authenticité[4]. Celui-ci relate que les squelettes humains furent trouvés sous un talus formé d'éboulis provenant de l'escarpement rocheux situé au-dessus. La construction de la ligne de chemin de fer Niversac-Agen, vers 1863, avait déjà donné lieu à des emprunts de terre, mais c'est la construction d'une route voisine en qui entraine la découverte des restes humains. Louis Lartet effectue des fouilles sur le site, l'un des nombreux abris sous roche de la falaise des Eyzies. Il découvre cinq squelettes associés à d'autres restes fragmentaires. Parmi les cinq squelettes, on compte un adulte d'une cinquantaine d'années (Cro-Magnon 1), deux autres hommes adultes (Cro-Magnon 3 et 4) dont la taille atteignait 1,80 m, une femme (Cro-Magnon 2) et un nouveau-né, dans ce qui était probablement une sépulture, attribuée alors à l'Aurignacien[5]. À cette époque, ce terme recouvrait ce que l'on nomme aujourd'hui l'Aurignacien et le Gravettien.
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Crâne d'un Homme de Cro-Magnon (masculin).
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Crâne d'un Homme de Cro-Magnon (féminin).
Datation
[modifier | modifier le code]En 2002, une nouvelle datation des restes du site a précisé l'âge de la sépulture[6]. Elle remonte au Gravettien, et pour le fossile Cro-Magnon 1, à 27 680 ans avant le présent (± 270 ans).
Paléopathologie
[modifier | modifier le code]Les études paléopathologiques successives du crâne de Cro-Magnon 1 ont proposé plusieurs hypothèses et diagnostics pour expliquer les lésions osseuses du crâne. En 2018, un examen de tomodensitométrie médicale suivie d'une microtomographie aux rayons X, avec reconstruction faciale en trois dimensions, suggère la présence de neurofibromes (tumeurs bénignes le long du trajet des nerfs périphériques) correspondant à une maladie génétique, la neurofibromatose de type I[7],[8].
Galerie
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Grattoir - Collection de Louis Lartet,
muséum de Toulouse. -
Parure de Cro-Magnon - Collection de Louis Lartet,
muséum de Toulouse.
Historique de l'expression
[modifier | modifier le code]Les squelettes découverts par Louis Lartet, dont celui d'un individu relativement âgé surnommé parfois « le Vieillard », ont été utilisés par Armand de Quatrefages et Ernest Hamy pour définir en 1874 la « race de Cro-Magnon »[9], en la distinguant d'autres « races » (« race de la Truchère », « race de Grenelle », etc.) selon les conceptions de l'anthropologie physique de l'époque. Alors que les autres dénominations définies par Quatrefages et Hamy tombèrent dans l'oubli, celle d'« Homme de Cro-Magnon » connut un grand succès, et fut utilisée pour désigner l'ensemble des fossiles d'Hommes modernes peu à peu découverts en Europe occidentale (Dordogne, Balzi Rossi, etc.).
Par la suite, d'autres expressions dérivées furent créées comme « Proto-Cro-Magnon », désignant les Homo sapiens du Proche-Orient (Qafzeh et Es Skhul), et « Cro-Magnoïdes » ou « Cromagnoïdes », désignant ceux d'Europe présents au Mésolithique[10].
La communauté scientifique a aujourd'hui largement abandonné l'expression d'« Homme de Cro-Magnon » au profit de celles d'Homo sapiens et d'« Homme moderne ». « L'Homme de Cro-Magnon » subsiste cependant dans le langage courant, comme dans la chanson de 1955 interprétée par les Quatre Barbus[11].
Génétique
[modifier | modifier le code]Lors du peuplement de l'Europe au début du Paléolithique supérieur, l'Homme de Cro-Magnon avait probablement une peau foncée, sans que l'on puisse dire s'il avait les traits de personnes noires[12],[13].
Selon une étude paléogénétique publiée en 2016, basée sur 51 fossiles d'Homo sapiens européens datés entre 45 000 et 7 000 ans avant le présent, les populations européennes de l'époque de Cro-Magnon (Gravettien) n'ont participé qu'à la marge au patrimoine génétique des populations européennes actuelles. Plusieurs vagues de peuplement postérieures venues du Proche-Orient ou d'Europe orientale ont en effet profondément remanié la composition génétique des populations européennes entre le dernier maximum glaciaire et l'Âge du bronze, effaçant à chaque fois une partie importante du fond génétique antérieur[14]. Bien qu'il ait peuplé l'Europe au Paléolithique supérieur, l'Homme de Cro-Magnon n'a en moyenne qu'une part d'environ 15 % dans le patrimoine génétique des Européens actuels[15].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Dictionnaire occitan-français », [panoccitan.org] (consulté le )
- « Mode de vie au paléolithique supérieur », prehisto.ifrance.com (consulté le ).
- Les Eyzies, capitale de la Préhistoire
- Louis Lartet, Mémoire sur une sépulture des anciens troglodytes du Périgord, Annales des sciences naturelles - zoologie et paléontologie, p. 133, 1874
- Sophie Archambault de Beaune, Les hommes au temps de Lascaux, Hachette Littératures, , p. 121
- D. Henry-Gambier, Les fossiles de Cro-Magnon (Les Eyzies-de-Tayac, Dordogne) : Nouvelles données sur leur position chronologique et leur attribution culturelle, Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, t. 14, fasc. 1-2, p. 89-112, 2002
- (en) Philippe Charlier, Nadia Benmoussa, Philippe Froesch et Isabelle Huynh-Charlier, « Did Cro-Magnon 1 have neurofibromatosis type 1 ? », The Lancet, vol. 391, no 10127, , p. 1259 (ISSN 0140-6736 et 1474-547X, PMID 29619955, DOI 10.1016/S0140-6736(18)30495-1, lire en ligne)
- Bernadette Arnaud, « L'homme de Cro-Magnon avait le visage couvert de nodules », sur Sciences et Avenir, .
- Armand de Quatrefages, et Ernest Hamy, La race de Cro-Magnon dans l’espace et dans le temps, Bulletins de la Société d’Anthropologie de Paris, 9, p. 260-266, 1874
- Bernard Vandermeersch, « Cro-Magnon (homme de) » in Dictionnaire de la Préhistoire, sous la direction d'André Leroi-Gourhan, Presses universitaires de France, Paris, p. 287, 1988
- « L'Homme de Cro-Magnon », sur youtube.com
- Museum National d'histoire Naturelle
- Le Monde
- (en) The genetic history of Ice Age Europe, Institut Howard Hughes, sciencedaily.com, 2 mai 2016
- (en) Johannes Krause, « Ancient European Population History », sur CARTA : Ancient DNA and Human Evolution,
Bibliographie
[modifier | modifier le code]Récente
[modifier | modifier le code]- D. Henry-Gambier, Les fossiles de Cro-Magnon (Les Eyzies-de-Tayac, Dordogne) - Nouvelles données sur leur position chronologique et leur attribution culturelle, dans Bulletins et mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, 2002, tome 14, fascicule 1-2, lire en ligne.
- Marcel Otte, Cro-Magnon, éditions Perrin, 2008.
- Estelle Bougard, Gilles Delluc, Cro-Magnon : images et anecdotes, dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 2014, tome 131, 2e livraison, p. 267-286, lire en ligne.
Ancienne
[modifier | modifier le code]- Armand de Quatrefages, Introduction à l'étude des races humaines, Schleicher Frères et Cie édit., Paris, 1887.
- (en) Armand de Quatrefages, Remarks on the Cro-Magnon remains, dans Reliquiae Aquitanicae, being contributions to the archaeology and palaeontology of Perigord and the adjoining provinces of southern France, Williams & Norgate, London, 1875, p. 123-126, lire en ligne.
- (en) Franz Pruner, An account of the human bones found in the cave of Cro-Magnon in Dordogne, dans Reliquiae Aquitanicae, being contributions to the archaeology and palaeontology of Perigord and the adjoining provinces of southern France, Williams & Norgate, London, 1875, p. 73-92, lire en ligne, planches I à VI, voir en ligne.
- (en) Paul Broca, Cro-Magnon skulls and bones, dans Reliquiae Aquitanicae, being contributions to the archaeology and palaeontology of Perigord and the adjoining provinces of southern France, Williams & Norgate, London, 1875, p. 97-122, lire en ligne.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- L'abri de Cro-Magnon, sur le site du Pôle international de la Préhistoire.
- Visite par l’Association nationale des journalistes scientifiques de l'Abri Cro-Magnon aux Eyzies-de-Tayac.