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Frontière entre la France et l'Italie

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Frontière entre la France et l'Italie
Image illustrative de l’article Frontière entre la France et l'Italie
Caractéristiques
Délimite Drapeau de la France France
Drapeau de l'Italie Italie
Longueur totale 515 km
Particularités
Historique
Création XIXe siècle
Tracé actuel 1967

La frontière entre la France et l'Italie est la frontière terrestre et maritime séparant ces deux États membres de l'Union européenne. Il s'agit de l'une des frontières intérieures de l'espace Schengen.

Caractéristiques

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Borne de la frontière, vue du côté français dans les Alpes-Maritimes.

La frontière franco-italienne s'étend sur 515 km[1], au sud-est de la France et au nord-ouest de l'Italie.

Elle débute au nord par le tripoint constitué avec les frontières franco-suisse et italo-suisse (45° 55′ 23″ N, 7° 02′ 40″ E), sur la crête ouest du mont Dolent (3 819 m d'altitude), dans la commune française de Chamonix-Mont-Blanc (département de la Haute-Savoie), la commune italienne de Courmayeur (Vallée d'Aoste) et la commune suisse d'Orsières (canton du Valais).

La frontière suit ensuite une direction générale vers le sud, jusqu'à la mer Méditerranée, qu'elle atteint entre Menton en France et Vintimille en Italie. Cette frontière suit en grande partie la ligne de partage des eaux entre versants français (notamment le bassin du Rhône) et italiens (notamment le bassin du Pô). Cependant, en quelques endroits, ce principe n'est pas respecté, généralement en faveur de la France qui déborde ainsi dans la région géographique d'Italie :

La frontière sépare trois régions (Vallée d'Aoste, Piémont et Ligurie) et quatre provinces italiennes (Aoste, Turin, Coni et Imperia) de deux régions (Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur) et cinq départements français (Haute-Savoie, Savoie, Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence, et Alpes-Maritimes).

Frontière maritime

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La frontière maritime en mer Méditerranée est plus complexe du fait de la présence de la Corse dans la mer de Ligurie dont le littoral est italien. Une frontière sépare donc la Corse avec la péninsule italienne au travers du canal de Corse mais aussi la Sardaigne au travers des bouches de Bonifacio. Un accord ratifié par la France en définit les zones de souveraineté[2] ; l'accord n'a pas été ratifié par le Parlement italien.

Passages routiers

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La frontière franco-italienne est montagneuse. Les points de passage routier entre les deux pays sont rassemblés dans cette liste exhaustive (les routes sont listées du nord au sud) :

Conséquence du traité de Paris, c'est désormais la fin du plateau de Saint Nicolas qui délimite la frontière franco-italienne 10 km après le col du Mont-Cenis.
Passages routiers entre la France et l'Italie
Passage Altitude (m)
1 Tunnel du Mont-Blanc 1 381
2 Col du Petit-Saint-Bernard 2 188
3 Col du Mont-Cenis[3] 2 085
4 Tunnel du Fréjus 1 297
5 Col de l'Échelle[4] 1 762
6 Col de Montgenèvre 1 850
7 Col Agnel 2 744
8 Col de Larche 1 991
9 Col de la Lombarde 2 347
10 Col de Tende[5] 1 871
11 Tunnel de Tende 1 270
12 Baisse de Sanson[6] 1 706
13 Vallée de la Roya 220
14 Col de Vescavo 477
15 Tunnel de la Giraude (A8) 220
16 Route Menton - Vintimille 4

Certains de ces cols sont fermés à la circulation durant l'hiver, chaque année ; c'est par exemple le cas du col du Mont-Cenis[7], du col de l’Échelle ou du col Agnel[8].

Liaisons ferroviaires

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Du fait du caractère montagneux de la frontière franco-italienne, il n'existe que trois liaisons ferroviaires internationales : Modane - Bardonnèche, Coni - Vintimille par Tende et Marseille - Vintimille. Le tableau ci-dessous liste tous les passages ferroviaires entre les deux pays, du nord au sud.

Passages ferroviaires entre la France et l'Italie
Passage Altitude (m) Ligne de chemin de fer
1 Tunnel du Mont-Cenis 1 123 Ligne de la Maurienne (Drapeau de la France France), Ligne du Fréjus (Drapeau de l'Italie Italie)
2 Tunnel du col de Tende 1 032[9] Ligne de Coni à Vintimille
3 Vallée de la Roya 176 Ligne de Coni à Vintimille
4 Menton 20 Ligne de Marseille à Vintimille
Frontière entre la France et l'Italie près de Menton en 1940.

La frontière entre les deux pays remonte à celle séparant le royaume de Sardaigne et la France pendant le XIXe siècle. En 1860, le traité de Turin rattache la Savoie et le comté de Nice à la France ; la précision de la frontière entre l'Empire français et le royaume de Sardaigne est effectuée l'année suivante.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, l'Italie revendique et administre une zone d'occupation à la date de l’armistice du 24 juin 1940 (armistice franco-italien signé à la villa Incisa près de Rome), puis étendue à partir du 11 novembre 1942. Les Allemands occupent la zone italienne à partir de 1943, et le territoire est finalement libéré par la France entre 1944 et la fin avril 1945.

La frontière est modifiée au traité de Paris en 1947, lorsque la France annexe notamment Tende et La Brigue. Cette annexion est approuvée par référendum local à une large majorité.

Borne franco-italienne dans la région du Mont-Cenis au pied du Mont Giusalet sur le versant italien

Depuis 1947, des solutions variées ont été apportées à quelques points qui restaient en litige[10] :

  • dans trois secteurs litigieux, l'abornement a été effectué avec retard, à la suite d'un accord informel entre les deux États concernés :
    • en 1962 ont ainsi été abornés le secteur du Clos des Morts, au nord-est du mont Chaberton, et les abords immédiats d'Olivetta San Michele ;
    • en 1989 seulement a été aborné le secteur des lacs de Colle Longue, qui font partie aujourd'hui de la commune française d'Isola bien qu'ils se situent sur le versant oriental de la chaîne alpine ;
  • dans le secteur du Mont-Cenis, un litige concernant une surface très réduite (un chemin et deux alpages) est réglé par un échange de lettres datées du 28 avril 1964, qui ne prétend être qu'« interprétatif » du traité de Paris ;
  • enfin à Clavières, on procède à une rectification de frontière en bonne et due forme, par échange de lettres datées du 28 septembre 1967, mais dont les formalités d'entrée en vigueur sont différées jusqu'en 1973 (l'abornement étant effectué en 1975)[11],[12].

Frontière au mont Blanc

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Du point de vue de la diplomatie italienne, au début du XXIe siècle un point restait à régler concernant le tracé de la frontière au sommet du mont Blanc[13].

Communes françaises

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Haute-Savoie

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Chamonix-Mont-Blanc, Saint-Gervais-les-Bains, Les Contamines-Montjoie.

Bourg-Saint-Maurice, Séez, Montvalezan, Sainte-Foy-Tarentaise, Tignes, Val-d'Isère, Bonneval-sur-Arc, Bessans, Val-Cenis, Avrieux, Modane.

Hautes-Alpes

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Névache, Montgenèvre, Cervières, Abriès-Ristolas, Molines-en-Queyras, Saint-Véran.

Alpes-de-Haute-Provence

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Saint-Paul-sur-Ubaye, Val d'Oronaye.

Alpes-Maritimes

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Saint-Étienne-de-Tinée, Isola, Valdeblore, Saint-Martin-Vésubie, Belvédère, Tende, La Brigue, Tende[note 1], La Brigue[note 2], Saorge, Breil-sur-Roya, Sospel, Castellar, Menton.

Communes italiennes

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Vallée d'Aoste

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Courmayeur, La Thuile, Valgrisenche, Rhêmes-Notre-Dame

Ville métropolitaine de Turin

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Ceresole Reale, Groscavallo, Barmes, Ussel, Novalaise, Montcenis, Vénaux, Jaillons, Exilles, Bardonnèche, Oulx, Clavières, Césane, Sauze de Césane, Prali, Bobbio Pellice

Province de Coni

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Crissolo, Pontechianale, Bellino, Acceglio, Argentera, Pietraporzio, Vinadio, Valdieri, Entracque, Limone Piemonte, Chiusa di Pesio, Briga Alta

Province d'Imperia

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Triora, Pigna, Rocchetta Nervina, Dolceacqua, Airole, Olivetta San Michele, Vintimille

Notes et références

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  1. Le territoire de la commune de Tende possède deux frontières avec l'Italie
  2. Une exclave de la commune de La Brigue possède également une frontière avec l'Italie
  1. L'Alpe numéro 47, p. 47 & cartes IGN de 1993
  2. Le « mystère » des frontières maritimes franco-italiennes fait polémique en Italie
  3. La frontière passe au hameau de Grand-Croix
  4. La frontière passe en bas de la Vallée Étroite
  5. Route non goudronnée
  6. Route non goudronnée
  7. France 3 Alpes, « Montagne : à l'approche de l'hiver, c'est l'heure de la fermeture des grands cols dans les Alpes », sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, (consulté le )
  8. « Info Route 05 », sur inforoute.hautes-alpes.fr (consulté le )
  9. Au niveau du portail nord du tunnel, plus haut que le portail sud
  10. Sauf notes plus précises, les informations concernant les modifications postérieures à 1947 sont issues de Luc Thévenon, « Bornages et bornes, Le cas de Colle Longue, commune d'Isola, espace contesté (1947-1989) », dans Histoires d'une frontière mentionné en bibliographie, p. 155-156 principalement.
  11. « Le décret de publication de l'échange de lettres sur le site du ministère français des affaires étrangères » a été utilisé comme source pour la date de 1973.
  12. « Échange de lettres constituant un accord relatif à une rectification du tracé de la frontière franco-italienne dans le secteur de Clavières (avec carte). Paris, 28 septembre 1967 » (consulté le )
  13. Voir notamment un « rapport » de la direction générale pour l'Europe au ministère des affaires étrangères italiennes décrivant son programme d'action pour 2001, p. 5.

Bibliographie

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  • Histoires d'une frontière - 150e anniversaire de l'annexion du Comté de Nice à la France, Actes du Colloque de Puget-Théniers 9-11 octobre 2009 coédition Roudoule, écomusée en terre gavotte - Amont, Association Montagne et Patrimoine - ADTRB, (ISBN 2-9520869-7-4)
  • Christophe Gauchon, Des réalisations méconnues : les plus anciens tunnels des Alpes., In: Frontières, Actes du 125e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « L’Europe », Lille, 2000. Paris : éditions du CTHS, 2002. pp. 267-282. (Actes du Congrès national des sociétés savantes, 125) [lire en ligne].