Crise politique allemande de 2024
Crise politique allemande de 2024 | |
Le limogeage du ministre fédéral des Finances libéral Christian Lindner rompt la coalition au pouvoir. | |
Type | Crise politique |
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Pays | Allemagne |
Cause | Désaccords économiques et budgétaires |
Date | |
Participant(s) | Olaf Scholz Christian Lindner Friedrich Merz |
Résultat | Mise en minorité du gouvernement fédéral Élections anticipées |
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Une crise politique survient en Allemagne au début du mois de , après que le chancelier fédéral Olaf Scholz a limogé son ministre fédéral des Finances Christian Lindner et ainsi provoqué la rupture de sa coalition.
Cette décision intervient à la suite d'un désaccord relatif à la politique économique et budgétaire et fait suite à de nombreuses tensions au sein de la coalition « en feu tricolore » qui gouverne l'Allemagne depuis 2021. Le chancelier indique avoir l'intention de poser la question de confiance au Bundestag, un échec conduisant à la convocation d'élections anticipées.
Contexte
[modifier | modifier le code]À la suite des élections fédérales de 2021, remportées à la majorité relative par le Parti social-démocrate (SPD) d'Olaf Scholz, un gouvernement fédéral de coalition se met en place en sous l'autorité de ce dernier. Il rassemble, outre le SPD, Les Verts (Grünen) et le Parti libéral-démocrate (FDP). Cette coalition « en feu tricolore » est une première au niveau fédéral.
Le SPD et les Grünen sont situés au centre gauche, tandis que le FDP évolue au centre droit. Cette différence idéologique conduit, dès les débuts de la coalition, à l'expression de désaccords[1],[2], notamment dans les domaines du budget, de l'écologie ou des services sociaux, qui ont généré le blocage de l'action gouvernementale[2]. Parallèlement, l'Allemagne s'est enfoncée dans une crise économique, rendant l'exécutif impopulaire[2].
En , le Tribunal constitutionnel fédéral a prononcé l'inconstitutionnalité partielle du projet de loi de finances pour 2023. Il a considéré que la technique ayant consisté à affecter une partie de la dette contractée pour faire face à la pandémie de Covid-19 mais non-dépensée dans un fonds spécial pour la lutte contre le changement climatique était contraire à la Loi fondamentale, générant un déficit inattendu de 60 milliards €[2]. Les mesures prises pour le corriger ont entraîné notamment des protestations dans le monde agricole, accentuant l'impopularité du gouvernement[2],[3],[4].
Le ministre fédéral de l'Économie et du Climat écologiste Robert Habeck propose en d'instituer un nouveau fonds spécial pour soutenir les investissements privés financé par l'endettement public, ce qui serait incompatible avec le mécanisme constitutionnel de « frein à l'endettement »[5]. En réaction, le ministre fédéral des Finances libéral Christian Lindner rend public le une note de politique économique de 18 pages[6] qui promeut l'arrêt de toute nouvelle réglementation, une baisse des impôts et des dépenses publiques, notamment celles dédiées à la lutte contre le changement climatique[7]
Le SPD et les Grünen considérant cette note comme une « provocation » dont le contenu est incompatible avec l'accord de coalition, une réunion des chefs des partis et de leurs groupes parlementaires de la majorité parlementaire est convoquée le , en présence d'Olaf Scholz et Robert Habeck[5].
Limogeage de Christian Lindner
[modifier | modifier le code]Dans la soirée du , à l'issue de la rencontre au sommet de la coalition, le chancelier fédéral annonce qu'il va demander au président fédéral Frank-Walter Steinmeier de relever le ministre fédéral des Finances de ses fonctions. Le chef de l'État fédéral est en effet, selon la Loi fondamentale, la seule autorité pour ce faire.
Olaf Scholz s'explique en se disant contraint d'agir de la sorte, afin d'éviter de nuire à son pays et de maintenir la capacité du gouvernement à agir. Il précise que plus tôt dans la journée, il avait présenté à Christian Lindner une proposition pour combler le déficit budgétaire et avait fait face à un refus[8]. Il annonce également son intention de poser la question de confiance au Bundestag le , son échec prévisible devant permettre la convocation d'élections fédérales anticipées en 2025[9].
En réaction, les ministres fédéraux libéraux de la Justice Marco Buschmann et de l'Éducation Bettina Stark-Watzinger démissionnent[10], alors que le ministre fédéral des Transports Volker Wissing fait savoir qu'il quitte le Parti libéral et se maintient au gouvernement[11].
Le , Frank-Walter Steinmeier démet officiellement Christian Lindner et nomme en remplacement le social-démocrate Jörg Kukies, qu'il assermente dans la foulée, sur recommandation d'Olaf Scholz. Le choix d'un ancien banquier d'affaires pour diriger le ministère fédéral des Finances fait l'objet de critiques, par exemple de la députée et figure de la gauche radicale Sahra Wagenknecht[12].
Développements ultérieurs
[modifier | modifier le code]Les Unions chrétiennes (CDU/CSU) de centre droit, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) d'extrême droite et l'Alliance Sahra Wagenknecht (BSW) de gauche populiste appellent le chancelier à poser la question de confiance dès le mois de et ne pas attendre ainsi deux mois supplémentaires[4],[12],[13].
Olaf Scholz indique son intention de solliciter l'aide de Friedrich Merz, chef de l'opposition et chef de file de la CDU/CSU, pour assurer l'adoption du budget fédéral et augmenter les dépenses militaires[14].
Le , le chancelier se déclare prêt à avancer la date du vote de confiance qu'il a annoncé vouloir solliciter et à l'organiser « avant Noël », à condition d'une entente en ce sens entre le SPD et la CDU/CSU[15]. Un accord survient deux jours plus tard entre les sociaux-démocrates et les chrétiens-démocrates, qui prévoit l'organisation du vote de confiance le afin de tenir les élections le [16].
Sources et références
[modifier | modifier le code]- (en) Sophie Tanno, Sebastian Shukla et Olesya Dmitracova, « Germany’s normally stable government has collapsed. Here’s why », CNN, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Sabine Kinkartz, « Germany's coalition government falls apart — how it happened », Deutsche Welle, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) « German coalition government collapses as Scholz sacks his finance minister », Financial Times, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Damien McGuinness, « Germany engulfed by political crisis as Scholz coalition falls apart », BBC, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Sabine Kinkartz, « German government descends into crisis mode », Deutsche Welle, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) Jan Rosenkranz et Veit Medick, « Lindner konfrontiert Koalition mit neuem Grundsatzpapier », Capital, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) « Lindners Kampfansage an die eigene Koalition », Tagesschau, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Sophie Kiderlin et Matt Clinch, « Germany’s ruling coalition collapses as Chancellor Scholz fires finance minister », CNBC, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) « Kanzler Scholz will im Januar Vertrauensfrage stellen », Tagesschau, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) AFP, « FDP zieht alle Minister aus Regierung zurück », ZDF, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) « Volker Wissing tritt aus der FDP aus und bleibt Verkehrsminister », Der Spiegel, (lire en ligne, consulté le ).
- « Allemagne: l'opposition réclame un vote de confiance autour du chancelier Scholz dès la semaine prochaine », RFI, (lire en ligne, consulté le )
- (de) « Opposition fordert sofortige Vertrauensfrage », Tagesschau, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Sarah Marsh et Andreas Rinke, « Germany faces snap election as Scholz's coalition crumbles », Reuters, (lire en ligne, consulté le ).
- AFP, « En Allemagne, Olaf Scholz se dit prêt à un vote de confiance avant la fin de l’année en vue d’élections anticipées », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- AFP, « Allemagne : les élections législatives anticipées se tiendront le 23 février », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).