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Catastrophe de Los Alfaques

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Catastrophe de Los Alfaques
Mémorial de la catastrophe
Mur mémorial sur le côté d'un bâtiment du camping, portant 215 étoiles de cuivre.
Caractéristiques de l'accident
Date
TypeExplosion d'un camion citerne
SiteCamping Los Alfaques, Alcanar
Drapeau de l'Espagne Espagne
Coordonnées 40° 35′ 43″ nord, 0° 34′ 14″ est
Caractéristiques de l'appareil
Type d'appareilCamion-citerne
CompagnieCisternas Reunidas
Lieu d'origineRaffinerie Enpetrol (Tarragone)
Lieu de destinationAlicante
Morts215
Blessésdes centaines
Survivantsdes centaines

Géolocalisation sur la carte : Espagne
(Voir situation sur carte : Espagne)
Catastrophe de Los Alfaques
Géolocalisation sur la carte : Catalogne
(Voir situation sur carte : Catalogne)
Catastrophe de Los Alfaques

La catastrophe de Los Alfaques est un accident routier survenu le dans la commune d'Alcanar (Province de Tarragone) en Espagne. Un camion à semi-remorque citerne transportant 23 tonnes de propylène explose à proximité du terrain de camping « Los Alfaques », situé en contrebas de la route, le long de la mer Méditerranée. La catastrophe fait 215 morts et des centaines de blessés.

Causes de l'accident

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Le camion-citerne est chargé à 12 h 5 à la raffinerie Enpetrol de Tarragone par le conducteur Francisco Ibernón Villena[1]. L'explosion, qui se produit à 14 h 36, a pour origine la surcharge en propylène (gaz inflammable servant à la fabrication de matière plastique) du camion, qui provoque la rupture de l'enveloppe de la citerne sous l'effet de la pression interne du gaz qui s'échappe. Le phénomène de BLEVE qui s'ensuit provoque une onde de choc qui souffle tout à 300 mètres à la ronde, puis une vague de feu qui déferle sur la plage, à plus de 2 000 degrés[1]. Au moment de l'incendie, il y avait environ huit cents campeurs[2] sur les lieux, essentiellement des Français, Belges, Néerlandais et Allemands[1].

Selon l'Institute of Petroleum de Londres, l'accident est dû à une série de négligences : absence sur le véhicule de soupapes de sécurité ; citerne trop remplie ; absence de certification d'épreuves de pression [3]. La citerne du camion pouvait transporter une charge théorique maximale de 19 350 kg, or la pesée à la sortie du chargement indiquait 23 470 kg[3]. Les températures élevées le jour du drame ont augmenté la pression dans la citerne et le conducteur s'est probablement aperçu que le réservoir fuyait, ce qui l'a amené à sortir à vive allure de la zone habitée autour de San-Carlo-de-la-Rapita[3]. L'accident s'est produit peu après la sortie[3]. Le chauffeur s'était engagé sur la route nationale 340, puis sur la petite route côtière d'Alcanar, pour économiser le coût du péage de l’AP7[1].

Le même rapport envisage que le camion ait croisé une source d'ignition à hauteur du camping, ce qui a provoqué l'explosion du propylène en suspension (issu de la fuite) et celle de la citerne du camion[3]. Par ailleurs, la chaleur de l'explosion a causé celle des bonbonnes de gaz des campeurs[4], le tout en quelques secondes[5].

Indemnisation et procès

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Les assurances de la société Cisternas Reunidas, propriétaire du camion-citerne et de la raffinerie Enpetrol, concluent avec les victimes un règlement amiable qui leur accorde 2,5 milliards de pesetas en 1978 (environ 106 millions d'euros). Les victimes se retirent de la procédure pénale. Six personnes sont poursuivies par le tribunal provincial de Tarragone en janvier 1982. Le directeur et le chef de la sécurité de l'usine de Tarragone sont condamnés à un an de prison avec sursis pour imprudences temporaires. Les quatre responsables de la compagnie Cisternas Reunidas sont acquittés[1],[6].

Postérité

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L'éloignement, l'absence de documents sur les plagistes en maillot de bain, et l'extrême détérioration des corps ont rendu l'identification des victimes particulièrement compliquée. « Certaines reposent, aujourd'hui encore, dans une tombe sans nom au cimetière de Tortosa[1] ».

Six mois après la tragédie, le camping entièrement rénové est rouvert aux touristes et est complet, certains membres des familles des victimes étant revenus pour conjurer le sort[7].

Ce drame incite les autorités espagnoles à rendre obligatoire les soupapes de sécurité sur les camions-citernes, interdire les zones densément peuplées à la circulation pour le transport de matières dangereuses, et améliorer la coordination des services d'urgence[8].

Références

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  1. a b c d e et f Clément Mathieu, « Été 78. Los Alfaques, le camping de l’horreur », sur parismatch.com,
  2. Fabrice Drouelle, « Los Alfaques : le camping de l’enfer », sur franceinter.fr, .
  3. a b c d et e « Une série de négligences sont à l'origine de l'explosion de Los Alfaques », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  4. « L'état de nombreux grands brûlés fait redouter un bilan plus lourd », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  5. « Comme à Pompéi... », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  6. (es) Anabel Serrano, Gema García, « 40 años de la tragedia del camping de Los Alfaques », sur elpais.com,
  7. Fabrice Drouelle, « Los Alfaques : le camping de l’enfer », émission Affaires sensibles, 23 septembre 2019, 28 min 05 s
  8. Fabrice Drouelle, « Los Alfaques : le camping de l’enfer », émission Affaires sensibles, 23 septembre 2019, 34 min 15 s

Bibliographie

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  • « Les enseignements de la catastrophe de Los Alfaques. Le débat sur l'acheminement des produits dangereux est ouvert », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  • (en) « It Was Like Napalm », Time, (consulté le ).
  • (es) Grupo Universitario de Investigación Analítica de Riesgos, « El accidente de los Alfaques », Université de Saragosse, (consulté le ).

Articles connexes

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Lien externe

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