Bleu persan
L'adjectif pers (prononcé /pɛʁ/), les expressions « bleu de Perse », bleu persan, désignent des nuances de bleu. Comme la plupart des noms et adjectifs de couleur rares ou précieux — notamment glauque, synonyme — ils désignent des nuances variables.
Pers subsiste surtout dans la périphrase « la déesse aux yeux pers » qui désigne Minerve ou Athéna. On le trouve employé pour toute nuance de bleu soutenu qui tende vers une couleur voisine, violet ou vert[1].
Pers, perse
[modifier | modifier le code]L'adjectif pers donne perse au féminin : une robe perse[2] peut être ou non coupée dans un tissu pers : il y a complète homonymie avec une « robe perse, à la mode des Assyriens[3] » et une facile assimilation avec la Perse, bien que l'étymologie affirme que le mot pers — celui de « la déesse aux yeux pers », Athéna — vienne du latin persus « de couleur jacinthe : violet, bleu foncé[1] ».
Dans les textes anciens, le sens étymologique prévaut. Les maréchaux du roi de France portent une « hache d'armes, ayant le manche de velours pers semé de fleur de lys d'or[4] ». Il se distingue, jusqu'au XVIe siècle, du bleu, tiré de blef, qui dérive de blanc et désigne des teintes claires, livides, blafardes. Le bleu, qui désigne aussi à la même époque une matière colorante, finira par occuper tout le champ chromatique bleu moderne[5], tandis que pers se raréfie. À la fin du XVIIe siècle, Furetière décrit Pers comme « Vieux mot qui signifie, de couleur bleue ou tirant sur le bleu… le fil pers est celui qu'on appelle vulgairement fil à marquer, qui est teint avec de l'indigo. C'est un azur couvert et obscur qu'on prétend être venu de Perse, ou d'une couleur de pêche Persienne[6] ».
En teinturerie, on trouve au XIXe siècle « bleu Perse », produit principalement avec du bleu de Prusse après mordançage[7]. C'est une couleur populaire, de robe de bourgeoise ou de grisette[8].
Céramique bleu persan
[modifier | modifier le code]La céramique « bleu persan » est bleu-vert[9]. Des faïences, des porcelaines bleu persan (attesté seconde moitié du XIXe siècle)[10].
La nuance du bleu paraît cependant très mal assurée.
« Un bleu foncé, celui que les amateurs de faïences appellent bleu persan. »
— Catalogue du musée d'Auxerre, 1870[11].
« Un ton chaud et vigoureux, dit “bleu persan”. »
— Dictionnaire de la céramique, 1893[12].
Usage contemporain
[modifier | modifier le code]Les usages contemporains de bleu persan sont très libres. On trouve sous la dénomination « bleu persan » des bleus, généralement assez intenses et tirant sur le vert, mais de nuances fort variées, pouvant aller au bleu violacé.
Les nuanciers proposent 1242 bleu persan, 1226 bleu persan[13].
On trouve aussi des rouges et des violets persans.
Pers et perse sont rares.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Pers (couleur) » (voir la liste des auteurs).
- Trésor de la langue française, « Trésor informatisé de la langue française », Pers.
- « Modes et fashions », Journal des couturières et des modistes, (lire en ligne).
- Edgar Blochet, Les peintures des manuscrits orientaux de la Bibliothèque nationale, Paris, 1914-1920 (lire en ligne), p. 118.
- Jean Le Féron, Catalogue des illustres mareschaulx de France, (lire en ligne), f° 2r.
- Trésor de la langue française, « Trésor informatisé de la langue française », Bleu.
- Antoine Furetière, Dictionnaire universel, t. 3, (lire en ligne). À la page suivante, l'auteur décrit Persique comme une pêche rouge.
- Armand-Denis Vergnaud, Manuel complet du teinturier : contenant l'art de teindre en laine, soie, coton, fil, en drap et en pièce, sur toute espèce de tissu, etc., d'enlever les taches, de dégraisser, reteindre, remettre à neuf, lustrer, etc., Paris, Roret, , 4e éd. (lire en ligne).
- « La mode pour toutes », Journal pour toutes, (lire en ligne).
- Dictionnaire abrégé de l'Académie française, Paris, (lire en ligne), p. 739 « Perse ».
- Journal des Débats, « Exposition de la manufacture nationale de porcelaine, etc. », 30 avril 1850 « bas de page colonne 2 », à propos de céramique chinoise.
- Aimé Cheret, Catalogue du musée d'Auxerre. Seconde section, archéologie régionale., (lire en ligne), p. 88.
- Édouard Garnier, Dictionnaire de la céramique. Faïences, grès, poteries, Paris, Librairie de l'art, (lire en ligne), p. 141.
- « Fils à broder, Sulky : nuancier colonne no 7 », sur annika.fr.