Aller au contenu

Bachianas brasileiras no 5

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Bachianas brasileiras n° 5
W389
Image illustrative de l’article Bachianas brasileiras no 5
Manuscript des Bachianas brasileiras nº 5.

Genre Musique de chambre
Nb. de mouvements deux
Musique Heitor Villa-Lobos
Effectif Soprano

Huit violoncelles

Durée approximative
Aria : h 6 min 50 s

Dança : h 4 min 20 s

Dates de composition

Aria : 1938
Dança : 1945

Dédicataire Arminda Villa-Lobos
Création

  • Aria seul : Rio de Janeiro Drapeau du Brésil Brésil
  • Version complète : Paris Drapeau de la France France
Interprètes
  • Aria seul : Ruth Valadares Côrrea dirigée par Villa-Lobos
  • Version complète : soprano Hilda Ohlin dirigée par Villa-Lobos
Versions successives
  • 1948 : Transcription pour soprano et piano par le compositeur (W390)
  • Transcription pour guitare et voix de soprano par le compositeur (W391)

Les Bachianas brasileiras no 5, écrites en 1938 et en 1945, constituent l'œuvre musicale sans doute la plus célèbre du compositeur brésilien Heitor Villa-Lobos[1],[2]. Composées pour une formation de 8 violoncelles et une voix de soprano, elles s'articulent en deux mouvements, une aria et une danse. Le premier mouvement a d'ailleurs été transcrit pour piano et voix de soprano puis pour guitare et voix de soprano par Villa-Lobos lui-même.

Villa-Lobos emploie des caractéristiques de la musique de Bach, comme « une ressource folklorique universelle riche, profonde comme les musiques populaires de tous les pays, expression directe des peuples[1] ».

Le premier mouvement Aria (Cantilena) - Adagio a été dédié à Arminda Villa-Lobos. Les paroles de ce mouvement sont de Ruth Valadares Corrêa, et la composition présente des similitudes avec des œuvres comme l' Aria de Bach et la Vocalise (1915) de Sergei Rachmaninoff[3].

Villa-Lobos a écrit cette composition en deux temps. Le deuxième mouvement a été composé après que Villa-Lobos ait composé la dernière de ses Bachianas Brasileiras, la numéro neuf.

Structure de l'œuvre

[modifier | modifier le code]

Ce premier mouvement, en la mineur, est le plus connu ; il est structuré selon le schéma A-A'-B-A.

Après une introduction aux violoncelles, jouée deux fois, le chant commence. La partie A est une vocalise (sans parole) d'une grande difficulté d'exécution, car ayant un ambitus assez élevé. Cette partie est ensuite jouée en variante A' avec un violoncelle soliste, et les autres violoncelles en accompagnement.

La partie B est un poème décrivant la beauté du ciel le soir (paroles de Ruth V. Corrêa).

Tarde, uma nuvem rosea lenta e transparente,
Sobre o espaço sonhadora e bela!

Chaque vers est psalmodié, en allant de l'aigu vers le grave. L'accompagnement aux violoncelles suit de près le chant, avec des dissonances absentes de la partie A.

Le thème initial A est alors repris, mais à bouche fermée.

Le second mouvement est la Dança (Martelo) - Allegretto (1945) (poème de Manuel Bandeira).

En mettant le terme "Martelo" dans cette deuxième section, Heitor Villa-Lobos fait référence non pas à un type de danse du nord-est du Brésil, mais à un style poétique connu sous le nom de Martelo (pt), qui est l'une des modalités les plus anciennes de la littérature de cordel[2].

Les vers du poème employés dans l'aria écrit par Ruth Valadares Côrrea sont les suivantes :

« Ária (Nuvem rósea)

Tarde uma nuvem rósea lenta e transparente
Sobre o espaço, sonhadora e bela!

Surge no infinito a Lua docemente
Enfeitando a tarde, qual meiga donzela
Que se apresta e a linda sonhadoramente
Em anseios d'alma para ficar bela

Grita ao céu e a terra toda a natureza!
Cala a passarada aos seus tristes queixumes
E reflete o mar toda a sua riqueza
Suave a luz da Lua desperta agora
A cruel saudade que ri e chora!

Tarde, uma nuvem rósea lenta e transparente

Sobre o espaço, sonhadora e bela! »

— Ruth Valadares Côrrea

« Aria (Nuage rose)

Après-midi, un nuage rose lent et transparent
Sur l'espace, le rêve et la beauté !

La lune se lève doucement dans l'infini
Ornant l'après-midi, comme une douce jeune fille
Qui se hâte et rêve sa belle
Dans le désir de son âme d'être belle.

Toute la nature crie au ciel et à la terre !
Fais taire les oiseaux à leurs tristes cris
Et la mer reflète toute sa richesse
Le doux clair de lune réveille maintenant
Le désir cruel qui rit et pleure !

Après-midi, un nuage rose, lent et transparent

Sur l'espace, le rêve et la beauté ! »

Accusation de plagiat

[modifier | modifier le code]

La partition connue du premier mouvement attribue les paroles à Ruth Valladares Corrêa, qui a chanté lors de la première audition. Au journal "A Noite", le 20 mars 1939, le bahianais Altamirando de Souza a affirmé que Heitor Villa-Lobos avait entendu un de ses poèmes en 1938 et, un mois plus tard, l'avait sollicité en disant qu'il allait "utiliser" l'un d'eux dans une pièce. Mais, n'ayant pas été crédité, il a accusé Villa-Lobos de plagiat[4].

L'affaire a été jugée en avril 1939, mais Heitor Villa-Lobos avait déjà fourni un autre texte pour cette composition, celui de Ruth Valladares Corrêa[4].

Pour Marisa Gandelman, avocate spécialisée dans le droit d'auteur en musique, « les poètes mis en musique par Villa-Lobos, semble-t-il, se sont sentis honorés ou s'en sont moqués. C'était une informalité créative. Il y a au moins un autre cas avec Villa-Lobos, la querelle avec le poète Catulo da Paixão Cearense sur l'utilisation du poème Rasga o Coração dans les Choros no 10 (pt)[4]. »

Plus tard, Altamirando de Souza sera également accusé de plagiat par le natif d'Alagoas Jayme de Altavilla, qui pointe du doigt le "détournement" de son sonnet "Você" - publié par Altavilla dans la revue Fon-Fon (pt) en 1926, et reproduit par Altamirando en février 1939[4].

En 2019, la partition originale a été découverte, et on peut y voir que Villa-Lobos a bien accordé le crédit à Altamirando de Souza, mais, semble-t-il, ils n'ont pas été pressés sur les disques vinyles[5].

Discographie sélective

[modifier | modifier le code]

L'œuvre dispose de très nombreux enregistrements qui l'ont popularisé dès 1945. Villa-Lobos a écrit avec fierté à un ami[1] :

« Avez-vous vu le disque que j'ai fait avec CBS ? Bachianas brasileiras n°5 a été nommé meilleur disque 1946 ! »

  • Les enregistrements de référence sont sans doute ceux dirigés par le compositeur :

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a b c d et e « Bach au Brésil : La Bachianas Brasileiras n°5 de Heitor Villa-Lobos », sur radiofrance.fr, (consulté le ).
  2. a et b (pt) Osvaldo Colarusso, « Bachianas Brasileiras Nº5 e a difícil arte de se cantar em português », sur gazetadopovo.com.br, (consulté le ).
  3. (pt) « Un peu de musique de Villa-Lobos »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Museu Villa-Lobos (consulté le ).
  4. a b c et d (pt) Luciana Medeiros, « La partition qui a valu à Villa-Lobos d'être accusé de plagiat est découverte », sur folha.uol.com.br, .
  5. (pt) « Manuscript belies alleged plagiarism by Villa-Lobos »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur noticias.band.uol.com.br.
  6. « Joan Baez et la Bachianas Brasileiras n°5 de Villa-Lobos », sur radiofrance.fr, (consulté le ).

Liens externes

[modifier | modifier le code]