Armes parlantes
Apparence
En héraldique, on appelle armes parlantes ou armoiries parlantes les armes comportant des figures qui expriment plus ou moins complètement le nom du possesseur de ces armes.
Description
[modifier | modifier le code]Cette expression peut se faire selon divers procédés :
- directement : un coq pour un dénommé « Lecoq » ; un lion pour León (Espagne), un château pour Castille ou un écureuil pour les Fouquets (synonymes en moyen français);
- par une homonymie : une grenade pour la ville de Grenade ; un rameau dans le bec d'une colombe pour Jean-Philippe Rameau ;
- par un à-peu-près : un calice pour la Galice, cinq calices pour Saint-Calixte (Québec), ou une couleuvre (latin : coluber) pour Colbert ;
- par une figuration conforme à l’étymologie : un bras tenant une lance pour Shakespeare (« Secoue-lance ») ; un bœuf les pieds dans l’eau pour Oxford (« Gué du bœuf ») ;
- par une forme rébus : un château et un renard pour la commune de Châteaurenard (Bouches-du-Rhône) ; un ours et deux chats pour la commune de Chaource (Aube) ; un sanglier et une fasce ondée d’azur, représentant un ruisseau, pour la commune d’Eberbach en Allemagne (allemand : Eber = sanglier, Bach = ruisseau) ; un faucon sur un mont pour la commune de Falkenberg en Suède (suédois : falken = faucon, berg = mont) ; un rat et un cygne pour la famille de Jean Racine (Racine ≈ rat-cygne)[1].
Cette forme rébus peut comporter des formes « à tiroir », moins parlantes mais souvent plus humoristiques :
- au second degré : un sanglier (plus valorisant…) pour un dénommé « Cochon », ou un voilier pour Marines, une commune en plein milieu du plateau du Vexin (illustration ci-dessous).
Ou même par combinaison de deux procédés (ou davantage) :
- combinaison du rébus et du second degré. Famille Forcadel : D'argent au chêne de sinople sur une terrasse de même, une levrette de gueules courant au-devant de l'arbre. Le chêne est le symbole de la force, la levrette de fidélité, et l'on retrouve le début du mot force et la fin du mot fidèle dans le patronyme ;
- combinaison du rébus et de l'à-peu-près : la commune de Osny (Val-d'Oise) blasonne : D'azur à l'aulne fruité d'or issant d'un nid du même […] pour l'à-peu-près/rébus « aulne-nid ». Un gond et un S pour Gonesse : De gueules […] et à senestre d'un gond enlacé d'une lettre S capitale du même […] pour l'à-peu-près/rébus « gon(d)-Esse ». Des fleurs dans un sac pour Florensac (Hérault) : D'azur à un sac d'or rempli de fleurs d'argent pour l'à-peu-près/rébus « Fleurs-en-sac ». Des arcs dans deux quartiers et un lion dans les deux autres pour la famille Bowes-Lyon : Écartelé : en 1 et 4 d'argent au lion d'azur, au double trescheur fleuronné et contre-fleuronné du même et en 2 et 3 d’hermine aux trois arcs d'or en pal pour l'à-peu-près/rébus « Arcs-lion » (anglais : bows-lion). Et que dire d'Allos et son savoureux blason fait d'une aile et d'un os.
Le terme ancien « armes chantantes » est resté dans la terminologie anglaise (canting arms).
-
Directement :
rois de Castille.
De gueules au château d’or ouvert et ajouré d’azur. -
par synonyme :
Plusieurs familles Fouquet, dont celle du surintendant général des finances de Louis XIV[2] -
Homonymie :
Jean-Philippe Rameau.
D’azur à une colombe d’argent tenant dans son bec un rameau d’olivier d’or. -
Étymologie :
Oxford (Gué du bœuf). -
Rébus :
Allos (Alpes-de-Haute-Provence).
D'argent au demi-vol (aile) de gueules soutenu d'un os de sable posé en fasce. -
Second degré :
Marines (Val-d’Oise, Île-de-France).
D’azur au navire équipé et habillé d’argent voguant sur des ondes du même mouvant de la pointe.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Jacques Berchtold, Des rats et des ratières. Anamorphoses d'un champ métaphorique de saint Augustin à Jean Racine, Paris, Librairie Droz, , p. 176-177. Jean Dubu, « Autour des armoiries de Jean Racine », XVIIe siècle, no 161, , p. 427-431 et planche VIII (ISSN 0012-4273, lire en ligne). Jean Racine, choqué par le rat, ne conserva que le cygne dans le blason qu'il fit enregistrer en 1697 pour l'Armorial général de France, abandonnant ainsi les armes parlantes.
- Nicolas Vernot, « », Revue française d’héraldique et de sigillographie - Études en ligne, « La signification des armoiries françaises à l'époque moderne : nouveaux axes de recherche », Revue française d'héraldique et de sigillographie – Études en ligne, no 5, , p. 15-16 (lire en ligne).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Michel Pastoureau, « Une écriture en images : les armoiries parlantes », Extrême-Orient Extrême-Occident, no 30, (lire en ligne, consulté le ).