Alliance franco-indienne (Amérique)
L'alliance franco-indienne a été une alliance entre des peuples amérindiens et les Français, centrée sur les Grands Lacs et l'Illinois au cours de la guerre de la Conquête (1754-1763)[1].
Historique
[modifier | modifier le code]L'alliance impliquait les colons français d'un côté, et les Abénaquis, Outaouais, Menominees, Winnebagos, Mississaugas, Illinois, Sioux, Hurons, Pétuns, et Potawatomis de l'autre[1]. Il a permis aux Français et aux Autochtones de former un havre de paix dans la moyenne vallée de l'Ohio avant que le conflit ouvert entre les puissances européennes n'éclate[2].
La France avait depuis longtemps une présence en Amérique du Nord, qui a débuté par la création de la Nouvelle-France en 1534. L'acculturation et les conversions ont été promues, notamment à travers les activités des missions jésuites en Amérique du Nord. Par exemple le jeune jésuite Isaac Jogues débarque au Canada avec d'autres missionnaires en 1636 et tente de se fixer chez les Autochtones vivant sur les bords du lac Huron. Il évangélise les Saulteaux puis les Hurons, mais en 1642, il est capturé et torturé par les Iroquois[3]. Selon l'historien du XIXe siècle Francis Parkman :
« La civilisation espagnole a écrasé les Indiens ; la civilisation anglaise les a méprisés et négligés ; la civilisation française les a enlacés et chéris. - Francis Parkman[4]. »
Charles de Menou d'Aulnay, tenace, généreux, méthodique poursuit l'œuvre d'Isaac de Razilly et de Samuel de Champlain. Il établit des dizaines de familles d'agriculteurs et de pêcheurs, bâtit des forts, des chaloupes, un séminaire. À travers toutes les épreuves, les attaques ou les maladies « on se marie, on bâtit, le pays se multiplie, les terres se défrichent et tout le monde pense à s'établir. » Jean Nicolet reconnaît les rives du lac Michigan et s'allie aux Autochtones rencontrés[3].
Les colons français se sont dirigés vers le sud de la Louisiane, en se déplaçant le long des vallées de l'Ohio et du Mississippi. La France s'est alliée à un grand nombre de nations en Amérique du Nord, avec l'intention de vaincre les Britanniques. Selon un observateur :
« Toutes les nations indiennes ont été convoquées et invitées à se rejoindre pour aider les Français à repousser les Britanniques qui venaient de les chasser des terres qu'ils possédaient[1]. »
Les troupes françaises et amérindiennes se sont combinées dans des offensives contre les Britanniques. En , Montcalm réunit un groupe de 6 000 soldats français et 2 000 Autochtones à la bataille de Fort William Henry.
En 1759, la Grande-Bretagne a eu une série de succès, notamment avec la bataille de Fort Niagara, les Français n'étaient pas en mesure d'approvisionner et d'assister ses alliés autochtones, si bien que l'alliance franco-indienne commença à s'effritter. Dans le même temps, les Britanniques firent des promesses de soutien et de protection des Autochtone. Finalement, Québec fut pris en lors de la bataille des plaines d'Abraham[5].
Longtemps après la disparition de la Nouvelle-France en 1763, les communautés franco-amérindiennes maintiennent la pratique de la foi catholique, parlent français et utilisent des noms français[6]. Du Saint-Laurent au Mississippi, des communautés françaises cosmopolites accueillent des Autochtones et les Noirs[6].
Pendant la guerre d'indépendance des États-Unis et le début de l'alliance franco-américaine, les Français seront encore mélangés avec les troupes autochtones, comme lors la bataille de Kiekonga en 1780, sous le commandement d'Augustin de La Balme[7].
Galerie
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Le père Jacques Marquette prêchant au milieu d'Amérindiens dans les années 1670.
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Conférence entre les Français et les chefs autochtones autour d’une cérémonie traditionnelle vers 1750.
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Montcalm essayant d'arrêter le massacre des soldats et civils britanniques par les Autochtones au Fort William Henry.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Franco-Indian alliance » (voir la liste des auteurs).
- (en) James M. Volo et Dorothy Denneen Volo, Family Life in Native America (lire en ligne), p. 316.
- (en) Colin G. Calloway, The American Revolution in Indian country (lire en ligne), p. 6.
- Henri Servien, Petite histoire des colonies et missions françaises, Niort, éditions du Chiré, , 192 p. (ISBN 2-85190-055-2), p. 41.
- Cté par Cave, p.42
- The scratch of a pen by Colin Gordon Calloway p. 5 (lire en ligne)
- The American Revolution in Indian country by Colin G. Calloway p. 3 (lire en ligne)
- The American Revolution in Indian country by Colin G. Calloway p. 41 (lire en ligne)
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Alfred A. Cave, The French and Indian war, Westport, Conn, Greenwood Press, , 175 p. (ISBN 978-0-313-32168-9, lire en ligne)
- Jean Bérenger et Jean Meyer, La France dans le monde au XVIIIe siècle, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'Histoire », , 380 p. (ISBN 2-7181-3814-9)
- Patrick Villiers, Jean-Pierre Duteil et Robert Muchembled (dir.), L'Europe, la mer et les colonies : XVIIe – XVIIIe siècle, Paris, Hachette supérieur, coll. « Carré histoire », , 255 p. (ISBN 2-01-145196-5)
- Gilles Havard, « Les Français en Amérique : la colonisation oubliée », L'Histoire, no 285, , p. 58-63
- Edmond Dziembowski, La guerre de Sept Ans, Paris, éditions Perrin, coll. « Tempus », , 851 p. (ISBN 978-2-262-07502-6)
- Laurent Veyssière (dir.) et Bertrand Fonck (dir.), La guerre de Sept Ans en Nouvelle-France, Québec, Septentrion (Canada) et PUPS (France), , 360 p. (ISBN 978-2-89448-703-7)
- Laurent Veyssière (dir.) et Bertrand Fonck (dir.), La chute de la Nouvelle-France, Québec, Septentrion (Canada), , 587 p. (ISBN 978-2-89448-828-7)