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Adrien Louis de Bonnières

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Adrien Louis de Bonnières
Image illustrative de l’article Adrien Louis de Bonnières
Portrait d’Adrien-Louis de Bonnières, comte de Souastre, duc de Guînes (1735-1801)

Titre Duc de Guînes
(1776-1806)
Autres titres Comte de Souastre
Grade militaire Lieutenant général
Commandement Grenadiers de France
Régiment de Navarre
Gouvernement militaire Gouverneur de l'Artois
Distinctions Ordre du Saint-Esprit
Ordre de Saint-Louis
Autres fonctions Ambassadeur
Biographie
Naissance
Lille
Décès (à 71 ans)
Père Guy Louis de Bonnières (1703-1763), comte de Souastre
Mère Adrienne Louise Isabelle de Melun
Conjoint Caroline Françoise Philippine de Montmorency-Logny
Enfants Marie Louise Philippine († 1796)
Marie Louise Charlotte († 1792)

Adrien Louis de Bonnières, comte de Souastre puis duc de Guînes, né à Lille le [1], mort le [1] à Paris[2], est un militaire et diplomate français du XVIIIe siècle.

Adrien Louis de Bonnières appartient à la famille de Bonnières, qui assure des charges notables depuis le XIVe siècle, au service des rois de France ou des ducs de Bourgogne[3],[4]. Il est le fils de Guy Louis de Bonnières, comte de Guines, comte de Souastre, lieutenant du Roi de la province d'Artois, député de la noblesse aux Etats d'Artois, et de Adrienne Isabelle Louise de Melun.

Après une brève carrière militaire (il fut colonel des grenadiers de France[1], puis commanda le régiment de Navarre en 1761) qui le conduit, en 1762, au grade de brigadier des armées du Roi[1], Adrien Louis de Bonnières entre dans la diplomatie. Protégé par la Reine, les Choiseul et les Noailles, ami de Frédéric II de Prusse, qui lui avait rendu visite en 1766, il est nommé ministre plénipotentiaire à Berlin en 1768. Mais à peine est-il arrivé qu'il tombe en disgrâce, si bien qu'il faut le rappeler en . Promu maréchal de camp en 1770[1], il est nommé ambassadeur à Londres en 1770. Il reste à ce poste jusqu'en 1776[5]. Il y reçoit le surnom de « Guînes le magnifique » en opposition à « Châtelet le chicaneur », « Guerchy le contrebandier » et « Durand le négociateur »[6].

Courtisan accompli, il chante et joue fort bien de la flûte. Pour lui et pour sa fille, harpiste, Mozart composera, en 1778, le concerto pour flûte, harpe et orchestre (KV299). Ses aptitudes à la cour lui valent de nombreux succès : « C’était une très vivante gazette animée », selon M. de Genlis, en séjour avec lui chez le prince de Conti en 1766 : « toute sa réputation d’esprit tient à une façon d’espionnage de toutes les petites choses ridicules et de mauvais ton, qu’il conte en peu de mots d’une manière plaisante »[7].

Lors de son ambassade à Londres éclate le scandale ou « affaire de Guînes ». Le , le comte demande au ministre qu'on poursuive son secrétaire, Barthélémy Tort de la Sonde, qu'il accuse d'avoir utilisé son nom pour spéculer sur les fonds publics et escroquer plusieurs banquiers parisiens. Tort est arrêté et, pour se défendre, accuse l'ambassadeur ; il affirme avoir agi pour le compte de celui-ci et sur ses instructions. Le duc d'Aiguillon, nommé Secrétaire d'État des Affaires étrangères le , prend le parti de Tort tandis que Marie-Antoinette soutient Guînes. Ce dernier est finalement disculpé par une commission spéciale de conseillers d'État nommée par le Roi, mais seulement par sept voix contre six. L'affaire devait laisser des traces : elle fut l'une des raisons du renvoi de d'Aiguillon et de la vindicte de Marie-Antoinette à son égard.

Le Roi et la Reine continuent de marquer à Guînes la plus grande faveur. À son retour de Londres, il est fait duc de Guînes (brevet de 1776[1]). Une de ses filles, Marie Louise Philippine, épouse, en 1778, Charles de La Croix de Castries. Lorsque ce dernier est fait duc de Castries à brevet en 1784, il obtient du roi la promesse de réversion du duché de Guînes, promesse qui ne pourra se réaliser puisque le duc de Guînes mourra sous l'Empire. À Paris, le duc de Guînes loue au marquis de Castries, père de son gendre, à partir de 1778, le petit hôtel de Castries, qui se trouvait à l'emplacement de l'actuel no 76 rue de Varenne. En , il loue pour sa vie durant une grande propriété située à Courbevoie — alors modeste village de vignerons — agrémentée d'un vaste parc ombragé de quelque deux hectares. La demeure appartient au sculpteur Jean-Baptiste Boiston (1734-1814), qui l'orne bientôt d'une fastueuse décoration intérieure. Elle existe toujours, bien que son parc ait été loti en 1905-1906, et porte le nom d'hôtel de Guines[8].

Il est fait chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit le . La même année, il est promu au grade de Lieutenant-général. En 1785, il est fait gouverneur de Maubeuge. Il est nommé aussi au deuxième bureau de l'Assemblée des notables. Le maréchal de Ségur le nomme au conseil de la guerre en 1787.

En , il est nommé gouverneur de l'Artois. Il se lance alors dans une expérience de société minière mais la convocation des États généraux sollicite son attention. Il est désigné responsable de la convocation des électeurs des députés aux Etats-généraux. Les élections ont lieu à Arras en . En , les assises des délégués élus se tiennent aussi à Arras et il préside l'assemblée de la Noblesse[9]. Celle-ci l'élit député de la Noblesse aux États généraux, mais il refuse cette élection et son suppléant, Louis Joseph Thomas Le Sergeant d'Isbergues, siège finalement à sa place.

Émigré en Angleterre pendant la Terreur, il revient en France sous le Consulat. Il y meurt en 1806.

Mariage et descendance

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Adrien Louis de Bonnières épouse le Caroline Philippine Françoise de Montmorency ( - ), fille de Louis François de Montmorency, vicomte de Roulers, et de Marie Anne Thérèse de Rym de Belhem. Il en a deux filles :

Distinctions

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Le duc de Guînes « portait » Vairé d'or et d'azur.[1],[13]

Notes et références

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  1. a b c d e f et g Michel Popoff et préface d'Hervé Pinoteau, Armorial de l'Ordre du Saint-Esprit : d'après l'œuvre du père Anselme et ses continuateurs, Paris, Le Léopard d'or, , 204 p. (ISBN 2-86377-140-X)
  2. Jean-Chrétien-Ferdinand Hœfer, « Guînes (Adrien Louis de Bonnières, comte puis duc de », dans Nouvelle Biographie générale, Tome XXII, 1858, p. 752-753, lire en ligne.
  3. Amédée le Boucq de Ternas, Recueil de la noblesse des Pays-Bas, de la Flandre et d'Artois, Douai, 1884, p. 47, lire en ligne
  4. Voir Souastre pour l'érection en comté de cette terre en 1676.
  5. Il occupa son poste du au , puis du au , et enfin du au .
  6. P. Vauchez, op. cit., p. 44
  7. Van der Vrecken de Bormans, op. cit. p. 40-41
  8. Henri de Frémont (1913-2007), Deux siècles à Courbevoie - À l'ombre d'une maison : l'hôtel de Guines, Courbevoie, Mayenne (Imprimerie de la Manutention, n° 205-94), édité par l'auteur, , 222 p. (ISBN 2-9500407-5-6), p. 18 et 37.
  9. Philippe Sueur, Le Conseil provincial d'Artois (1640-1790), t. 2, Arras, Commission départementale des monuments historiques du Pas de Calais, , 876 p., p. 800-801
  10. « Le Clerc, marquis De Juigné, (Charles-Philibert-Gabriel) », dans Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France : des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume et des maisons princières de l'Europe, précédée de la généalogie de la maison de France, vol. VI [détail de l’édition] (lire en ligne), p. 177-178
  11. Jean-Marie Thiebaud, "Chanoinesses-comtesses de Remiremont (Vosges)".
  12. Paul Denis du Péage, Notes généalogiques sur quelques familles d'Artois et- de Flandres, t. 2, Lille, Silic, , 189 p., p. 26-27
  13. Johannes Baptist Rietstap, Armorial général : contenant la description des armoiries des familles nobles et patriciennes de l'Europe : précédé d'un dictionnaire des termes du blason, G.B. van Goor, , 1171 p. (lire en ligne), et ses Compléments sur www.euraldic.com

Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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  • Van der Vrecken de Bormans, « Un ambassadeur homme de Cour sous Louis XV : le duc de Guînes », Revue d’Histoire diplomatique, 1924, p. 39-60.
  • Christophe Dehaudt, Le duc de Guînes (1735–1806) Un courtisan entre service du roi et affaires au temps des Lumières, Thèse pour l’obtention du grade de docteur de l’Université de Paris IV-Sorbonne sous la direction du Professeur Lucien Bély, Bibliothèque des thèses, 1998. Ouvrage édité par l'ANRT - (ISBN 978-2-7295-7288-4)
  • Christophe Dehaudt, "Autour du mariage de Figaro : Le duc de Guînes et le comte Almaviva", Revue d'Histoire diplomatique, , p. 319-342.
  • Christophe Dehaudt, "La Société minière du duc de Guînes : un exemple de société par actions dans le Nord de la France à la fin du XVIIIe siècle", Revue du Nord, tome 82, no 337, -, p. 739-761.
  • Robert Hammond, « Mission du Comte de Guines à Berlin (1769) », Revue Historique, t. 37, 2 (1888), pp. 322–348/
  • Paul et Pierrette Girault de Coursac, Marie-Antoinette et le scandale de Guînes, Gallimard, 1962.
  • Jean Marcadé, L’ambassade à Londres du comte de Guînes, Université de Paris-Sorbonne, Mémoire de DES, 1955.
  • Sarah Maza, Vies privées, affaires publiques. Les causes célèbres de la France prérévolutionnaire, Paris, Fayard, 1997, p. 143-153
  • Paul Vauchez, Recueil des instructions aux ambassadeurs et ministres de France depuis le traité de Westphalie jusqu’à la Révolution française, t. III (Angleterre), Paris, CNRS, 1965, 583 p., p. 459-479
  • Jean de Viguerie, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2003 – (ISBN 978-2-221-04810-8)