Je suis passé à l’Obs cet après midi. J’ai été très gentiment reçu, mais
il y a fort peu de chances que mes photos noir et blanc passent.
Première raison évoquée : le chef, Perdriel, n’aime pas le noir et
blanc. Tant pis pour l’info. Seconde raison, le papier les sort mal.
Troisième raison : ça ne va pas à côté des multiples petites pubs en
couleur.
A part ça l’ambiance est assez hall de gare. On discute dans les
couloirs, c’est le pas de course. Heureusement qu’ils ne font pas un
quotidien. Il fait trop chaud. On fume dans les couloirs. Tout le monde
est charmant et très occupé. Un peu comme le journal quoi : il y a de
tout et dans tous les coins. Chic et relax à la fois. Je me demandais pourquoi je
n’aimais pas ce journal, maintenant je le sais.
Chacun gère sa petite urgence. On joue à faire de l’actu. A avoir de
bonnes idées qui, une fois passées à la moulinette du journal : format
court, photos sans intérêt, pub omniprésente, deviendront elles aussi
sans intérêt. Sans lendemain. Sujets « montés » parce que l’Obs ne pouvait
pas ne pas en parler. Cécile Machine, la rédactrice qui pond l’article
est charmante. Bonne journaliste à première vue. Elle aussi chic et
relax. Son reportage sera bien mais s’effacera entre les pubs.
Pourquoi tout ça, cette usine, cette industrie qui produit du moche pour
être feuilleté dans les salons le week-end. Les salles d’attente des
dentistes, avocats, coiffeurs dès le lundi ? Je dois être le seul à me
poser la question cet après-midi dans cette usine. De renoncements en
renoncements ils finiront par publier des enquêtes de 3 feuillets et des
reportages de 2. Ils donnent tous l’image de bosser dans une PME un peu
bordélique sans savoir pourquoi : la retraite, les copines de couloirs,
la coke et les putes qu’on trouve plus facilement quand on part en
"grand reportage" pendant 5 jours. Tu vois ça me fait de l’effet d’aller
au Nouvel Obs.
Déjà que je n’y allais qu’une fois tous les deux ans... Avec les papiers
ignobles de Jean Daniel et ce que j’ai vu cet après midi, c’est décidé,
je n’irai plus. La vie est ailleurs. Le journalisme est ailleurs. Ah
oui, j’ai oublié de te dire : en plus ça pue la poussiére. Ca doit être
la climatisation. J’ai proposé à Cécile Machine de m’inviter à déjeuner.
Histoire de lui montrer les coulisses du reportage qu’elle réalise en
passant d’un rendez vous à l’autre, d’un bouquin à une revue de presse à
une étude...
Je crois que je vais rigoler. De toute façon marcher me fera du bien.
J’arrête pas de travailler chez moi comme un dingue. Un dingue qu’elle a
aussi dû penser de moi, là-dessus au moins je suis d’accord avec elle.
Ah oui, on se vouvoie alors qu’on doit avoir le même âge. Je ne sais pas
si c’est parce que je l’impressionne ou si c’est moi qui ait commencé
pour la tenir à distance.
Vivement qu’il y ait rupture totale des stocks de papier. On verra moins
de pub et on lira moins de connerie. De toute façon j’ai plus la télé.