La jeunesse est une richesse collective. Loin d’être un «problème à traiter», elle est l’une des solutions à la crise qu’affronte le pays. C’est grâce à elle que se font jour des comportements nouveaux dans la société, que les batailles pour l’égalité des droits progressent, que l’on pourra dans le futur mettre fin au patriarcat, faire respecter la dignité humaine autant que nos ressources naturelles.
Une partie de la jeunesse est abandonnée. Appauvrie, victime de la sélection sociale, privée d’emploi, elle est précarisée.
La crise sanitaire a mis en lumière la situation catastrophique dans laquelle elle se trouve. Les vidéos de milliers de jeunes, en file indienne, devant les organismes de distribution alimentaire ont fait le tour des médias. Ces images profondément scandaleuses, indignes de la sixième puissance mondiale, traduisent l’abandon politique de la jeunesse de notre pays. Si ces scènes insoutenables ont fait l’actualité des médias, cette situation est loin d’être nouvelle. En sacrifiant les jeunes, c’est l’avenir de la nation que l’on hypothèque.
De la sélection organisée par le dispositif « Parcoursup » aux emplois au rabais, en passant par la précarité étudiante, nombre de jeunes subissent un véritable parcours du combattant. Le chemin menant à un premier emploi stable est jonché d’embûches, lesquelles menacent à tout moment de briser leurs rêves et leurs aspirations.
Le million et demi de jeunes gens aujourd’hui privés d’emploi ou de formation résume, à lui seul, le bilan des politiques conduites à l’occasion des derniers quinquennats : tous ont été marqués par le cynisme, par un manque d’ambition pour la jeunesse. À son tour, Emmanuel Macron a eu pour seule réponse à la précarité des jeunes la création d’un contrat d’engagement. Celui-ci n’est qu’une garantie jeune réchauffée. Dans la lignée des contrats « TUC » (pour « travaux d’utilité collective) ou des contrats « première embauche » de jadis, il n’aura fait qu’entériner l’existence d’un sas de précarité à l’entrée de la vie active.
Désabusé·e·s, résigné·e·s, las d’une situation qui peut leur apparaître inéluctable, les jeunes s’abstiennent majoritairement. Comment s’en étonner? Lorsqu’ils et elles se sont mobilisé·e·s, par dizaines de milliers, pour défendre leurs droits, ce gouvernement les a violemment réprimé·e·s. Comme à Mantes-la-Jolie, lorsque des policiers ont odieusement contraint des lycéen·ne·s opposés à « Parcoursup » à se mettre à genoux, les mains sur la tête.
Un pouvoir qui brutalise ainsi sa jeunesse prive la France de perspective. On peut bien, à l’Élysée, se gargariser de l’engagement de quelques jeunes dans le Service national universel (SNU), le macronisme est le premier responsable d’une crise de confiance qui n’a cessé de s’aggraver d’année en année.
Il est temps de prendre la mesure d’un désastre qui n’a rien de conjoncturel ou de provisoire. Ce moment essentiel, où se dessine la vie future d’une femme ou d’un homme, doit impérativement devenir synonyme d’autonomie et d’émancipation.
La jeunesse regorge de force créatrice. Elle est un potentiel d’innovation et d’ingéniosité, essentiel pour répondre aux défis économiques, sociaux, sanitaires et environnementaux auxquels nous sommes confronté·e·s. Elle représente, de ce fait, un levier pour changer de système et mettre un terme aux logiques capitalistes, dont la faillite devient chaque jour plus évidente.
Pour cette raison, la jeunesse doit devenir une grande cause nationale. L’heure est venue de rompre radicalement avec trente ans d’incurie et de renoncement. De donner des perspectives d’espoir à la jeunesse. De lui permettre d’accéder aux moyens de son épanouissement, à des pouvoirs de décider de son avenir.