Décembre 1920 : le congrès de la SFIO, réuni à Tours, décide à une large majorité de rejoindre l'Internationale communiste, donnant naissance à la Section française de l’Internationale communiste (SFIC). Le jeune parti se veut héritier des intenses luttes de classes qui ont donné, en France, les révolutions de 1789, 1830 ou 1848, aussi bien que la Commune de Paris. Il se veut tout autant héritier du meilleur du mouvement socialiste du XIXe siècle. Il est en même temps le fruit de son époque marquée par l’effroyable boucherie de la Grande Guerre et par l’incroyable espoir né de la Révolution d’Octobre.
Le jeune Parti communiste apporte du neuf dans la vie politique. Très actif dans les luttes ouvrières, il travaille à organiser politiquement les salarié·es dans les entreprises contre leur exploitation et pour une appropriation sociale des richesses qu’ils et elles créent ; il organise la première grande campagne anticolonialiste de l’histoire de France, soutenant les Rifains, au Maroc, contre les impérialismes français et espagnol ; il a l'audace, malgré la loi, de faire élire des femmes. Son action est l'objet d'une dure répression : chaque dirigeant·e communiste connaît, à un moment ou à un autre, la prison...
En 1933, l’arrivée de Hitler au pouvoir en Allemagne, là même où les espoirs révolutionnaires, hors de la Russie, étaient les plus forts, rebat l’ensemble des cartes. Le fascisme s’étend dangereusement en Europe et, en février 1934, il menace la France même. Le Parti communiste français, avec Maurice Thorez, son jeune secrétaire général, pousse alors de toutes ses forces pour conclure un grand rassemblement antifasciste : le Front populaire.
En 1935, sur cette base, sonne l’heure des grandes conquêtes municipales : des « ceintures rouges » enserrent toutes les grandes villes de France. En 1936, c’est la victoire de la coalition aux législatives et, pour le PCF, l’arrivée de plus de 70 députés au lieu de 10. Aussitôt, c’est un immense mouvement social dans lequel les communistes tiennent une place marquante et, pour le monde du travail, des conquêtes sociales majeures. Bientôt, le PCF passe le cap des 300 000 adhérent·es, trouvant un écho inédit au sein de la classe ouvrière mais aussi dans une partie du monde paysan, chez les artistes et les intellectuels. Paul Vaillant-Couturier et Marcel Cachin font de L’Humanité l’un des principaux journaux de ce grand moment de la vie nationale.
Cependant, les tensions ne tardent pas : le PCF doit critiquer la « pause » décidée par le gouvernement Léon Blum ; face à la non-intervention de la France dans la guerre civile en Espagne, il organise les Brigades internationales. En 1938, il est le seul parti à s'opposer aux accords de Munich qui, livrant la Tchécoslovaquie à Hitler, ouvrent la voie à la guerre.
À la suite du pacte de non-agression germano-soviétique, le PCF est interdit : se réalise enfin le vieux rêve de dissolution du parti communiste exprimé de manière de plus en plus bruyante par les réactionnaires de tous poils depuis le Front populaire. Dans la difficulté et le danger de la clandestinité, les communistes entrent pourtant en Résistance : Résistance armée avec le colonel Fabien, premier résistant à abattre un officier nazi ; Résistance politique par la distribution de tracts, de journaux, de papillons… Il paie pour cet engagement un tribut qui lui vaudra le qualificatif de « parti des fusillés » (Elsa Triolet). Dans un esprit de rassemblement, le PCF travaille à construire la France de demain, contribuant à la constitution du Conseil national de la Résistance et à l’élaboration de son programme.
Ce rôle décisif lui vaut de devenir à la Libération le premier parti de France, tant en nombre de suffrages (25 à 28%) que d’adhérent·es (plus de 800 000 en 1946). Avec ses ministres, il pèse de tout son poids pour construire une France nouvelle : Sécurité sociale (Ambroise Croizat), statut de la fonction publique (Maurice Thorez), nationalisations (énergie, avec Marcel Paul), nouvelle Constitution garantissant laïcité, droits sociaux et économiques, droit de vote et d’éligibilité des femmes...
Mais dès 1947, c’est la « guerre froide » et l'éviction des communistes du gouvernement, stoppant cette phase de grands progrès sociaux. Le PCF mène, dans un contexte de rude répression et de censure, la bataille pour la paix (appel de Stockholm : des millions de signataires pour l’interdiction de l’arme atomique), pour la culture (bataille du livre), contre le colonialisme et pour la liberté des peuples (Madagascar, Indochine, Algérie…), comme pour des conditions de vie justes.
La révélation des crimes du stalinisme, en 1956, ébranle la confiance profonde dans l’URSS et crée bien des déchirures. En 1958, le PCF s'oppose, seul comme grand parti, à la prise de pouvoir du général de Gaulle et à la mise en place d'un système présidentiel au service du grand capital en France. Face à la division à gauche, il lance l'idée d'un programme commun. Son soutien actif aux luttes sociales, notamment en mai-juin 68, va de pair avec la recherche d'un débouché politique, qui se heurte à l'orientation droitière des directions socialistes. La publication de sa proposition de programme, « Changer de cap », entraîne une mobilisation qui conduit à la signature du programme commun en 1972. Un puissant espoir grandit dans le pays. Cela se traduit par des centaines de milliers d’adhésions au PCF et, en 1977, par la conquête de nombreuses municipalités.
Le PS de François Mitterrand parvient toutefois à reprendre la tête de la gauche en 1978, sur fond de rupture du programme commun, et triomphe en 1981 devant un PCF très affaibli (15 %). Quatre ministres communistes entrent au gouvernement et laissent malgré tout une empreinte importante.
Dès lors, les efforts du PCF pour ouvrir une perspective vont buter durablement sur ce doute : une politique de progrès libérée de la dictature des marchés financiers est-elle possible ? Pèsent les déceptions face à la gauche au pouvoir, l’évolution libérale des directions socialistes, les difficultés du mouvement social à mettre en échec la désindustrialisation et la contre-révolution libérale mondiale ainsi que l’évolution puis la chute du « socialisme réel » en Europe.
Les luttes se poursuivent cependant : contre l’Europe du capital, les communistes contribuent à arracher l’organisation d’un référendum sur le traité de Maastricht et la victoire du NON est manquée de très peu malgré d’intenses campagnes d’opinion pour le OUI. En 2005, cette fois, c’est la victoire : les communistes et L’Humanité y auront été pour beaucoup.
Au-delà, avec la révolution informationnelle et la mondialisation, avec un capitalisme entraînant l’humanité vers l’abîme et l’empêchant de relever les défis écologiques et civilisationnels auxquels elle est confrontée, la question communiste n’a jamais été aussi brûlante, le projet révolutionnaire aussi nécessaire.
Présent dans tout le pays avec de nombreux·ses militant·es, de nombreux·ses élu·es, le PCF est une force au service de ce combat. À nous de la faire vivre et de la faire grandir !