Eredo de Sungbo
Eredo de Sungbo | ||
Fragment de mur. | ||
Localisation | ||
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Pays | Nigeria | |
État | État d'Ogun | |
Coordonnées | 6° 46′ 25″ nord, 3° 51′ 00″ est | |
Géolocalisation sur la carte : Nigeria
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Histoire | ||
Époque | Xe siècle | |
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L'Eredo de Sungbo est un système de murs défensifs et de fossés situé au sud-ouest de la ville yoruba de Ijebu Ode, dans l'État d'Ogun, au sud-ouest du Nigeria. Il a été construit en l'honneur de Bilikisu Sungbo, une aristocrate yoruba[1],[2].
Description
[modifier | modifier le code]La longueur totale des fortifications est supérieure à 160 km[3]. Elles consistent en un fossé aux parois lisses formant une douve intérieure par rapport aux murs qui le surplombent. La hauteur entre le fond du fossé et le sommet des murs peut atteindre 20 mètres. La construction a été faite en latérite, une roche oxydée typique de l'Afrique. Le fossé forme un anneau irrégulier autour des terres de l'ancien royaume d'Ijebu[3] ; l'anneau fait environ 40 km dans le sens nord-sud et 35 km dans le sens est-ouest[4]. Les murs, flanqués d'arbres et envahis par la végétation, transforment le fossé en un tunnel verdoyant[5].
Techniquement, il semble que les constructeurs aient délibérément tenté d'atteindre la couche argileuse ou les eaux souterraines afin de créer un fond de fossé boueux ou marécageux. En effet, lorsque cela est obtenu à faible profondeur, d'un mètre seulement par exemple, le creusement n'a pas été poursuivi. À certains endroits, des statues coniques ont été placées au sommet du fossé[5].
Mythes
[modifier | modifier le code]L'Eredo de Sungbo est relié à la légende de la Reine de Saba[3], qu'on rencontre dans la Bible et dans le Coran[4]. Dans la Bible, il est dit qu'elle a envoyé une caravane chargée d'or, d'ivoire et d'autres présents au roi Salomon. Dans le Coran, elle est une reine d'origine éthiopienne, nommée Bilqis. Les Ijebu l'assimilent à une femme légendaire, une riche veuve sans enfants, appelée Bilikisu Sungbo. Selon la tradition orale, le fossé (l'Eredo) fut construit en sa mémoire. En outre, il est dit que sa tombe serait située à Oke-Eiri, en zone musulmane, juste au nord de l'Eredo. Des pèlerins chrétiens, musulmans et adeptes des religions traditionnelles africaines, se rendent chaque année sur le site, sacré, pour lui rendre hommage[2]. L'archéologie a cependant démontré que la chronologie de la construction est incompatible avec les dates qui correspondraient à celles de la reine biblique. Pour les archéologues, l'Eredo de Sungbo est le signe de l'existence d'une vaste entité politique dans la zone[note 1], antérieure à l'existence du commerce transatlantique[3].
Histoire
[modifier | modifier le code]L'Eredo, conçu dans un but sans doute défensif, fut construit entre 800 et [7], durant une période d'affrontements et de consolidation politique dans la forêt tropicale humide du Nigeria. On pense qu'il a été érigé pour les mêmes raisons qui conduisirent à des constructions similaires au Nigeria, notamment celles d'Ife, Ilesha ainsi qu'aux murs de Benin City (Benin Iya)[note 2]. On pense que l'Eredo fut un moyen d'unifier une zone comprenant diverses communautés en un seul royaume.
La taille imposante du complexe et l'intérêt de sa construction attira l'attention des médias internationaux en septembre 1999, lorsque Patrick Darling, un archéologue britannique, qui avait travaillé sur le site, fouillé en premier lieu par Peter Lloyd, tenta de le faire connaître afin de le préserver[8]. Auparavant, l'Eredo était peu connu en dehors d'une petite communauté composée des résidents locaux et des spécialistes de l'histoire des Yoruba. Quarante ans séparent la publication de Peter Lloyd et celle de Patrick Darling[9], mais cela nécessite cependant de reconsidérer en profondeur l'histoire de l'Afrique de l'Ouest[4].
Patrimoine mondial
[modifier | modifier le code]L'ensemble a été inscrit, avec celui des murs de Benin City, sur la liste indicative du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1995[10].
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Sungbo's Eredo » (voir la liste des auteurs).
Notes
[modifier | modifier le code]« Bilikisu Sungbo's Eredo (Bilikisu Sungbo's moat) in Ijebuland, southwestern Nigeria, is the most outstanding moat out of thousands of ancient city moats and boundary embankments and ditches that stretch across Nigeria. Measuring 160 km in length and 5 to 20 metres in depth, it encloses a vast area. It is the boundary of a sizeable political entity, probably a powerful kingdom, located in the rainforest region from about the 10th century AD onward. According to oral tradition, the moat was constructed by the slaves of a woman named Sungbo, a rich woman whose purported tomb and the adjacent shrine, built by the local people, were developed as a tourist centre by the Ogun State government in the early 1980s. However, owing to a military change of government, the site became neglected. In 2005, the present author trekked along the course of the Eredo, which appeared to be under threat of being destroyed. He strongly advocates the preservation of Sungbo's Eredo. »
« [traduction libre] Le Bilikisu Sungbo Eredo (fossé de Bilikisu Sungbo), situé sur les terres Ijebu, dans le sud-ouest du Nigéria, est le fossé le plus remarquable parmi des milliers d'anciennes douves, digues et fossés qui parsèment le Nigeria. Mesurant 160 km de long et 5 à 20 mètres de hauteur, il entoure un vaste espace. Il marque la limite d'une entité politique importante, probablement un royaume puissant, situé dans la région de la forêt tropicale à partir du 10e siècle apr. J.-C. Selon la tradition orale, le fossé a été construit par les esclaves d'une femme nommée Sungbo, une femme riche dont le tombeau présumé et le sanctuaire adjacents, construits par la population locale, ont été exploités au début des années 1980 en tant que centre touristique. Cependant, à la suite de l'arrivée d'un gouvernement militaire, le site a été négligé. En 2005, l'auteur a parcouru le cours de l'Eredo, qui semblait menacé de destruction. Il préconise fortement la préservation de l'Eredo de Sungbo[6]. »
- Les murs de Benin City sont une série de terrassements interconnectés couvrant 6 500 km2 dans la proche région.
Références
[modifier | modifier le code]- Asante 2014, p. 144.
- Phillips 2000.
- Lasisi 2015, p. 55.
- Darling 1998, p. 58.
- Bures 2007.
- Aremu 2002.
- Le Monde 2010.
- Darling 1999.
- Darling 1998, p. 55.
- UNESCO World Heritage Centre.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) « Benin Iya / Sungbo' s Eredo », UNESCO World Heritage Centre
- (en) P.C. Lloyd, « Sungbo's Eredo », Odu, no 7, , p. 15-22
- (en) Patrick J. Darling, « Sungbo’s Eredo, Southern Nigeria - the survey story », Nyame Akuma, Bulletin of the Society of Africanist Archaeologists, Rice University, no 49, (lire en ligne)
- (en) Norimitsu Onishi, « Eredo journal; A Wall, a Moat, Behold! A Lost Yoruba Kingdom », The New York Times, (lire en ligne)
- (en) Patrick Darling, « Benin Iya, Sungbo's Eredo », sur worldheritagesite.org, UNESCO,
- (en) Barnaby Phillips, « Legends of Nigeria's forgotten monument », BBC news,
- (en) David A. Aremu, « Saving Sungbo's Eredo: a challenge to Nigerian archaeologists », West African Journal of Archaeology, vol. 32, no 2, , p. 63-73 (lire en ligne)
- (en) Frank Bures, « The Lost World of Nigeria », sur WorldHum.com,
- « Nigeria », Le Monde voyage, (lire en ligne)
- (en) D. A. Aremu, J. M. Ogiogwa, J. M. Aleru, J. O. Aleru et A. Ogunfolakan, « Sungbo Eredo Earthwork and its Ecological, Socio-Political and Cultural Significance in Southwest Nigeria », West African Journal Of Archaeology, vol. 43, no 1&2,
- (en) Molefi Kete Asante, The History of Africa : The Quest for Eternal Harmony, Routledge, , 418 p. (ISBN 978-1-135-01349-3, lire en ligne)
- (en) Olanrewaju B. Lasisi, « New Lights on the Archaeology of Sungbo Eredo, South-Western Nigeria », Dig It, Journal of the Flinders Archaeological Society, vol. 3, , p. 54-63 (lire en ligne)