Cabinet Scholz
(de) Kabinett Scholz
République fédérale d'Allemagne
Président fédéral | Frank-Walter Steinmeier |
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Chancelier fédéral | Olaf Scholz |
Vice-chancelier | Robert Habeck |
Élection | 26 septembre 2021 |
Législature | 20e |
Formation | |
Durée | 2 ans, 11 mois et 5 jours |
Coalition |
SPD-Grünen-FDP (2021-2024) SPD-Grünen (depuis 2024) |
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Ministres | 16 |
Femmes | 8 |
Hommes | 8 |
Moyenne d'âge | 51,2 ans |
Bundestag (2021-2024) |
416 / 736 |
---|---|
Bundestag (depuis 2024) |
324 / 736 |
Le cabinet Scholz (en allemand : Kabinett Scholz) est le gouvernement fédéral de la République fédérale d'Allemagne depuis le , sous la 20e législature du Bundestag.
Il est dirigé par le social-démocrate Olaf Scholz et formé après les élections fédérales du 8 décembre 2021. Il se compose initialement de 16 ministres fédéraux, dont un porte le titre de vice-chancelier. Lors d'un remaniement opéré en , il passe à 14 ministres.
Il est initialement constitué d'une coalition « en feu tricolore » entre le Parti social-démocrate, Les Verts et le Parti libéral-démocrate. Celle-ci est rompue en avec le départ du Parti libéral-démocrate, provoquant la mise en minorité de l'exécutif.
Il succède au quatrième cabinet de la chrétienne-démocrate Angela Merkel.
Historique du mandat
[modifier | modifier le code]Ce gouvernement est dirigé par le nouveau chancelier fédéral social-démocrate Olaf Scholz, précédemment vice-chancelier et ministre fédéral des Finances. Il est constitué et soutenu par une « coalition en feu tricolore » entre le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD), l'Alliance 90/Les Verts (Grünen) et le Parti libéral-démocrate (FDP). Ensemble, ils disposent de 416 députés sur 736, soit 56,5 % des sièges du Bundestag.
Il est formé à la suite des élections fédérales du 26 septembre 2021.
Il succède donc au quatrième cabinet de la chrétienne-démocrate Angela Merkel, au pouvoir depuis , constitué et soutenu par une « grande coalition » entre les Unions chrétiennes (CDU/CSU) et le Parti social-démocrate.
Formation
[modifier | modifier le code]Au cours du scrutin, le Parti social-démocrate progresse et devance les Unions chrétiennes, qui réalisent le plus mauvais résultat de leur histoire. Les Verts et le Parti libéral sont les principaux bénéficiaires de ce scrutin, profitant du rejet de la grande coalition au pouvoir[1],[2].
Le , les écologistes font part de leur souhait d'ouvrir des discussions exploratoires avec le Parti social-démocrate dans l'optique de mettre en place une coalition « en feu tricolore », une position partagée quelques heures plus tard par le Parti libéral-démocrate[3]. Les chefs de file des trois partis en discussion annoncent le avoir conclu positivement leurs entretiens exploratoires, ce qui leur permet d'ouvrir des négociations pour établir un contrat de coalition précis et détaillé[4].
L'accord de coalition est dévoilé publiquement le [5]. Les ministres écologistes et libéraux sont désignés le par leurs partis respectifs[6],[7]. Huit jours plus tard, la date d'élection d'Olaf Scholz comme chancelier fédéral est programmée au [8]. Les sociaux-démocrates dévoilent deux jours avant l'identité des titulaires de leurs départements ministériels[9].
Avec huit femmes et neuf hommes, ce cabinet est le plus paritaire des gouvernements en début de mandat. En ne se comptant pas, Olaf Scholz obtient la parité parmi ses ministres, qu'il avait promise pendant sa campagne. L'exécutif compte 16 ministres, soit un de plus que dans le gouvernement précédent avec la réintroduction du ministère des Travaux publics, disparu depuis 1998. Deux ministres seulement sont originaires de l'ex-Allemagne de l'Est et Cem Özdemir devient le premier ministre fédéral allemand issu de l'immigration turque[10].
Programme de coalition
[modifier | modifier le code]L'accord de coalition signé par le SPD, les Verts et le FDP s'inscrit pour l'essentiel dans la continuité avec l’ère Merkel, prévoyant une politique économique libérale, des réformes sociales modérées et une diplomatie atlantiste. Sur le plan économique, le contrat de gouvernement s'engage à augmenter le salaire minimum à 12 euros brut de l’heure et le retour à une stricte austérité budgétaire à partir de 2023 (inscrite dans la Constitution, elle avait été suspendue pendant la pandémie de Covid-19), tout en rejetant le rétablissement de l’impôt sur la fortune et les mesures destinées à modifier les lois Hartz que promettait le SPD pendant la campagne électorale. En matière de politique extérieure, le nouveau gouvernement prévoit de ratifier le traité sur l'interdiction des armes nucléaires (Tian) adopté par l’ONU, mais reconnaît par ailleurs le bien-fondé de la « participation nucléaire » de l’Allemagne au déploiement de force des États-Unis en assumant et le stockage de leurs bombes atomiques sur le sol allemand. Il est aussi question d'augmenter les dépenses militaires notamment afin d'équiper l’armée allemande de drones de combat. Sur les questions environnementales, les dernières centrales nucléaires devront fermer en 2022 et les centrales à charbon « idéalement » en 2030, remplacées par des centrales au gaz et par les énergies renouvelables[11].
Budget 2023 jugé anti-constitutionnel
[modifier | modifier le code]En novembre 2023, la Tribunal constitutionnel fédéral juge que « le budget 2023 du gouvernement n'est pas constitutionnel ». Le jugement est perçu comme un « camouflet » « cinglant » pour le gouvernement d’Olaf Scholz[12]. Au début de la législature, celui-ci avait utilisé, par le biais d'une « manœuvre budgétaire controversée », un reliquat budgétaire de 60 milliards d’euros, destiné à l’origine à la lutte contre la pandémie du Covid-19, pour alimenter un « fonds pour la transformation et le climat »[12]. Cette manœuvre avait été dénoncée par l’opposition chrétienne-démocrate comme un « tour de passe-passe budgétaire »[12]. Entre janvier et fin octobre 2023, 31,2 milliards d'euros ont été dépensés sans que cette somme apparaisse dans le budget, ainsi que le reproche le Tribunal constitutionnel. La décision du Tribunal constitutionnel interdit le transfert des 60 milliards d'euros dans ce fonds pour le climat et la transformation de l'économie entraînant notamment le gel des nouveaux crédits d'engagements issus du budget 2023 de tous les ministères fédéraux. Elle a également pour conséquence de plonger le gouvernement d’Olaf Scholz, déjà très divisé sur les questions budgétaires, dans une crise politique[12]. Les dépenses engagées sur la base du fonds, qui ont servi à financer des subventions massives et des plans de décarbonation, voient leur base juridique déclarée nulle[12]. Pour son budget 2024, le gouvernement n'aura finalement que trois options : augmenter les impôts, diminuer les dépenses ou lever la règle dite du « frein à l'endettement », inscrite dans la Loi fondamentale, qui limite les nouveaux emprunts à 0,35 % du PIB[13]. En plein casse-tête financier, le gouvernement est contraint de reporter l'adoption du budget 2024[14].
Manifestations
[modifier | modifier le code]En janvier 2024, le gouvernement d’Olaf Scholz, objet d’une « impopularité record », est confronté à une vague de contestations au sein de la Deutsche Bahn, ainsi que de la part des agriculteurs qui paralysent le pays protestant contre la hausse des prix du diesel[15]. Ces manifestations se produisent alors que le pays est menacé par la récession en raison des difficultés du secteur industriel, plombé par les coûts de l'énergie, toute mesure d'économie auxquelle est contraint le gouvernement passant mal[16].
Rupture de la coalition
[modifier | modifier le code]La coalition est rompue le , à la suite de la décision d'Olaf Scholz de limoger le ministre fédéral des Finances libéral Christian Lindner. Si cette décision est la conséquence d'un désaccord sur la préparation du budget 2025 de l'État fédéral, elle fait suite à de nombreuses mésententes au sein de la majorité, entre le Parti social-démocrate et Les Verts, défenseurs de l'État-providence, et le Parti libéral-démocrate, partisan de la rigueur budgétaire, des baisses d'impôts et de la politique de l'offre. À la suite de cette décision, le chancelier se maintient au pouvoir dans le cadre d'un gouvernement minoritaire et indique son intention de poser la question de confiance au Bundestag le , ce qui devrait conduire à l'organisation d'élections fédérales anticipées[17]. Le , le gouvernement est remanié afin de tenir compte du départ des libéraux : le ministre fédéral des Transports Volker Wissing annonce quitter le FDP afin de se maintenir au sein du cabinet et prend également le poste de ministre fédéral de la Justice, le conseiller spécial d'Olaf Scholz, Jörg Kukies, remplace Christian Lindner, et le ministre fédéral de l'Agriculture Cem Özdemir devient en sus ministre fédéral de l'Éducation[18].
Composition
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- Agence France-Presse, « Elections en Allemagne : SPD et CDU dans un mouchoir de poche, la nouvelle coalition espérée pour Noël », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- Thomas Wieder, « Elections en Allemagne : un paysage politique émietté, des extrêmes contenus et une victoire disputée entre CDU et SPD », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) « FDP nimmt Grünen-Vorschlag zu Ampel-Sondierungen an », Der Spiegel, (lire en ligne, consulté le ).
- Agence France-Presse, « Elections en Allemagne : les sociaux-démocrates du SPD, les libéraux et les Verts annoncent un accord préliminaire pour former un gouvernement », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- Agence France-Presse, « En Allemagne, le SPD, les Verts et les libéraux sont parvenus à un accord de coalition », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) « German Greens name 5 ministers in Olaf Scholz’s Cabinet », Politico Europe, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) « Habeck soll Vizekanzler werden », ZDF, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) « Kanzlerwahl für kommenden Mittwoch geplant », Rheinische Post, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) « SPD gibt Ministerien bekannt, Lauterbach wird neuer Gesundheitsminister », Der Spiegel, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) « Die neue Bundesregierung im Überblick », Süddeutsche Zeitung, (lire en ligne, consulté le )
- Bruno Odent, « Allemagne. Olaf Scholz prend la gauche à contre-pied », L'Humanité, (lire en ligne, consulté le )
- Cécile Boutelet, En Allemagne, la Cour constitutionnelle rappelle le gouvernement à l’ordre en matière budgétaire, lemonde.fr. 15 novembre 2023
- Emmanuel Grasland, L'Allemagne se cherche une porte de sortie budgétaire, lesechos.fr, 21 novembre 2023
- En plein casse-tête financier, l'Allemagne reporte l'adoption du budget 2024, lefigaro.fr, 22 novembre 2023
- Pierre Avril, Allemagne: Olaf Scholz essuie la colère des agriculteurs, lefigaro.fr, 8 janvier 2024
- Allemagne: forte mobilisation des agriculteurs en colère contre le gouvernement Scholz, la-croix.com, 8 janvier 2024
- Elsa Conesa, « En Allemagne, Olaf Scholz limoge le ministre des finances et acte la fin de sa coalition », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- Nick Alipour, « Crise parlementaire : le chancelier Olaf Scholz dévoile son nouveau gouvernement », Euractiv, (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Politique en Allemagne
- Élections fédérales allemandes de 2021
- Coalition en feu tricolore
- Cabinet Merkel IV