En 2015, le conseil général de Haute-Saône est détenu par une majorité de gauche depuis 2001, articulée autour d'élus divers gauche, socialistes et radicaux. Son président, Yves Krattinger a décidé en 2014 de ne pas briguer un nouveau mandat de sénateur afin de se consacrer exclusivement au département. Il confirme sa décision l'année suivante en annonçant que s'il est réélu dans son canton et que la gauche reste majoritaire, il briguera un nouveau mandat à la tête du département[2].
Quatorze des vingt-trois conseillers généraux de la majorité départementale briguent un nouveau mandat lors de ce scrutin. La majorité comprend principalement des candidats socialistes et divers gauche mais s'ouvre également à une candidate radicale et une candidate divers droite.
Le MoDem qui détient un siège avant l'élection n'est présent dans aucun canton cette fois-ci.
L'opposition départementale de droite coordonnée par Frédéric Burghard aligne des candidats dans l'ensemble des cantons. Bien que la majorité des candidats soit issue des rangs de l'UMP, de nombreux binômes intègrent des candidats Divers droite ou UDI[3]. L'unité est au rendez-vous, à l'exception du canton de Vesoul-2 où Marie-Dominique Aubry mène une campagne dissidente après avoir refusé de former un tandem avec Loïc Cavagnac[4]. L'ancienne conseillère générale socialiste Martine Silvain apporte son soutien à la dissidente Marie-Dominique Aubry et dénonce au passage le sexisme et le machisme qui régneraient dans l'assemblée départementale[5].
Le Front national est présent dans la totalité des cantons du département, ce qui est inédit par rapport aux dernières élections cantonales dans le département et ce malgré l'obstruction dont se dit victime le parti[6]. Cependant, les gains espérés en nombre de sièges restent modestes et ce malgré les 34,23 % réalisés par le parti aux européennes dans le département.
Les écologistes d'Europe Écologie Les Verts sont présents dans trois cantons (Vesoul, Rioz et Marnay. Ils annoncent aussi qu'ils ne présentent personne sur les cantons d'Héricourt en raison de leur participation active à la majorité municipale[7].
Le Front de gauche et le parti communiste sont représentés chacun dans trois cantons[8].
Avant l'élection, sept femmes siègent au conseil général, ce qui représente 21,88 % de l'effectif total. En raison du nouveau mode scrutin on sait déjà qu'elles seront dix-sept dans la nouvelle assemblée[9].
Les prévisions sont partagées, certaines voient le conseil départemental de Haute-Saône basculer à droite[10],[11] tandis que les autres prédisent que le département restera à gauche[12],[13].
Alors qu'au niveau national la gauche est difficulté, avec un président de la République et un gouvernement impopulaires, dans la Haute-Saône, un département qui n'a pas voté socialiste au second de l'élection présidentielle depuis 1988, la gauche résiste et parvient à se hisser en tête dans 8 des dix-sept cantons du département et est en ballottage favorable dans deux autres. Néanmoins, dans le canton de Vesoul elle est éliminée par le Front national et se retrouve troisième dans le canton de Dampierre-sur-Salon où le binôme de candidats en accord avec la ligne politique du Parti socialiste choisissent de ne pas maintenir leurs candidatures au second tour, afin d'éviter l'élection de conseillers frontistes. En nombre de voix, le vote est coupé en trois dans le département, un tiers pour gauche, un tiers pour la droite et un tiers pour le Front national. Ce dernier parvient à être en tête dans trois cantons et est présent au second tour dans la totalité des cantons à l'exception de celui de Jussey, il est même bien placé dans le canton d'Héricourt-1 où ses candidats devancent nettement le binôme de gauche dont les réserves de voix sont faibles pour le second tour.
La droite qui lorgne sur le département apparaît en difficulté, malgré ses performances dans l'ouest du département, elle est éliminée dans les deux cantons de Lure et d'Héricourt au profit du Front national. Même dans les cantons ruraux censés lui être favorable comme ceux de Marnay, Gray ou Port-sur-Saône la droite est devancée.
Autre résultat notable, dans le canton de Vesoul-2 où Marie-Dominique Aubry et Benoît Thomassin qui menaient une campagne dissidente, sont arrivés en tête et ont sévèrement battu le binôme investi officiellement par l'UMP qui n'a fini que quatrième derrière le PS et le Front national.
Fait marquant également par rapport aux précédentes élections cantonales, aucun candidat n'est élu dès le premier tour. Le meilleur score est obtenu par le binôme UMP dans le canton de Dampierre-sur-Salon qui frôle l'élection avec près de 49 % des voix.
La participation est également supérieure de neuf points à la moyenne nationale, avec 59,21 % de votants dans la Haute-Saône contre 50,17 % au niveau national.
Le jeudi au matin, a eu lieu l'élection du président du conseil départemental à laquelle seul Yves Krattinger s'est porté candidat. À l'issue du scrutin, Yves Krattinger est élu avec 22 voix, contre les 12 bulletins blancs de l'opposition de droite qui a choisi de ne pas présenter de candidat[17].
↑En application des articles 47 et 51 de la loi n° 2013-403 du 17 mai 2013 relative à l'élection des conseillers départementaux, des conseillers municipaux et des conseillers communautaires, et modifiant le calendrier électoral.