Thèse soutenue

La prise en charge technoscientifique de la crise de la biodiversité

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Auteur / Autrice : Vincent Devictor
Direction : Bernadette Bensaude-Vincent
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 22/10/2018
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Philosophie (Paris ; 1998-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'étude des techniques, des connaissances et des pratiques (Paris ; 1989-....)
Jury : Président / Présidente : Philippe Huneman
Examinateurs / Examinatrices : Bernadette Bensaude-Vincent, Raphaël Larrère, François Sarrazin
Rapporteur / Rapporteuse : Christophe Bonneuil, Geoffrey C. Bowker

Mots clés

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Résumé

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L’état et le devenir de la diversité biologique préoccupent la science et la politique depuis près d’un demi-siècle. Dans ce travail, nous questionnons le modèle linéaire en vigueur qui suppose que la recherche scientifique décrit une réalité objective sur laquelle la politique peut s’appuyer pour formuler des décisions éclairées sur la « crise de la biodiversité ». En adaptant l’hypothèse foucaldienne de biopouvoir, nous montrons qu’un régime de savoir-pouvoir de type technoscientifique se déploie sous la forme de prises en charge du vivant. Nous étudions les multiples traductions dont la diversité biologique fait l’objet lors de sa quantification, sa mise en relation avec le fonctionnement des écosystèmes, et le calcul d’équivalences écologiques. Dans chacune de ces étapes, nous décrivons les transformations ontologiques de la biodiversité impliquées et la manière dont science et politique coproduisent un dispositif de maîtrise de la nature. Ces prises en charge partagent la propriété de reconfigurer l’espace-temps endogène aux entités écologiques pour qu’il devienne compatible avec des préoccupations anthropocentrées. Ces reconfigurations produisent des résistances multiples et ignorent l’oikos de la biodiversité dont nous soulignons les caractéristiques à partir de l’héritage de Ernst Haeckel et de Jacob von Uexküll. Nous concluons que les recherches des conditions et des modes d’existence de la biodiversité peuvent servir de base à une « écologie de la biodiversité » conçue comme contre-dispositif non anthropocentré. Ce travail propose d’ouvrir une réflexion sur la manière dont la crise écologique bouscule les catégories d’espace, de temps et d’environnement.