Ploum.net le blog de Lionel Dricot 2024-12-30T18:07:28.966795Z https://ploum.net/ Ploumhttps://ploum.net Mon collègue Julius https://ploum.net/2024-12-23-julius-fr.html 2024-12-23T00:00:00Z 2024-12-23T00:00:00Z <h1>Mon collègue Julius</h1> <ul> <li><a href="/2024-12-23-julius-en.html">Translation in English</a></li> <li><a href="https://lazygyu.net/blog/my_colleague_julius">Lazygyu의 한국어 번역</a></li> </ul> <p>Vous connaissez Julius ? Mais si, Julius ! Vous voyez certainement de qui je veux parler ! </p> <p>J’ai rencontré Julius à l’université. Un jeune homme discret, sympathique, le sourire aux lèvres. Ce qui m’a d’abord frappé chez Julius, outre ses vêtements toujours parfaitement repassés, c’est la qualité de son écoute. Il ne m’interrompait jamais, acceptait de s’être trompé et répondait sans hésiter à toutes mes interrogations.</p> <p>Il allait à tous les cours, demandait souvent les notes des autres pour « comparer avec les siennes » comme il disait. Et puis il y eut le fameux projet informatique. Nous devions, en équipe, coder un logiciel système assez complexe en utilisant le langage C. Julius participait à toutes nos réunions, mais je ne me souviens pas de l’avoir vu écrire une seule ligne de code. Au final, je crois qu’il s’est contenté de faire la mise en page du rapport. Qui était très bien.</p> <p>De par sa prestance et son élégance, Julius était tout désigné pour faire la présentation finale. Je suis sûr qu’il a fait du théâtre, car, à son charisme naturel, il ajoute une diction parfaite. Il émane de sa personne une impression de confiance innée.</p> <p>À tel point que les professeurs n’ont pas tout de suite réalisé le problème lorsqu’il s’est mis à parler de la machine virtuelle C utilisée dans notre projet. Il avait intégré dans la présentation un slide avec un logo que je n’avais jamais vu, un screenshot et des termes n’ayant aucun rapport avec quoi que ce soit de connu en informatique.</p> <p>Pour celleux qui ne connaissent pas l’informatique, le C est un langage compilé. Il n’a pas besoin d’une machine virtuelle. Parler de machine virtuelle C, c’est comme parler du carburateur d’une voiture électrique. Cela n’a tout simplement aucun sens.</p> <p>Je me suis levé, j’ai interrompu Julius et j’ai improvisé en disant qu’il s’agissait d’une simple blague entre nous. « Bien entendu ! » a fait Julius en me regardant avec un grand sourire. Le jury de projet était perplexe, mais j’ai sauvé les meubles.</p> <p>Durant toutes nos études, j’ai entendu plusieurs professeurs discuter du « cas Julius ». Certains le trouvaient très bon. D’autres disaient qu’il avait des lacunes profondes. Mais, malgré des échecs dans certaines matières, il a fini par avoir son diplôme en même temps que moi.</p> <p>Nos chemins se sont ensuite séparés durant plusieurs années.</p> <p>Alors que je travaillais depuis presque une décennie dans une grande entreprise où j’avais acquis de belles responsabilités, mon chef m’a annoncé que les recruteurs avaient trouvé la perle rare pour renforcer l’équipe. Un CV hors-norme m’a-t-il dit.</p> <p>À la coupe parfaite de son costume, à sa démarche et sa prestance, je reconnus Julius avant même de voir son visage.</p> <p>Julius ! Mon vieux camarade !</p> <p>Si j’avais vieilli, il semblait avoir mûri. Toujours autant de charisme, d’assurance. Il portait désormais une barbe de trois jours légèrement grisonnante qui lui donnait un air de sage autorité. Il semblait sincèrement content de me revoir.</p> <p>Nous parlâmes du passé et de nos carrières respectives. Contrairement à moi, Julius n’était jamais resté très longtemps dans la même entreprise. Il partait après un an, parfois moins. Son CV était impressionnant : il avait acquis diverses expériences, il avait touché à tous les domaines de l’informatique. À chaque fois, il montait en compétence et en salaire. Je devais découvrir plus tard que, alors que nous occupions une position similaire, il avait été engagé pour le double de mon salaire. Plus des primes dont j’ignorais jusqu’à l’existence.</p> <p>Mais je n’étais pas au courant de cet aspect des choses lorsque nous nous mîmes au travail. Au début, je tentai de le former sur nos projets et nos process internes. Je lui donnais des tâches sur lesquelles il me posait des questions. Beaucoup de questions pas toujours très pertinentes. Avec ce calme olympien et cet éternel sourire qui le caractérisait. </p> <p>Parfois il prenait des initiatives. Écrivait du code ou de la documentation. Il avait réponse à toutes les questions que nous pouvions nous poser, quel que soit le domaine. C’était quelquefois très bon, souvent médiocre voire du grand n’importe quoi. Il nous a fallu un certain temps pour comprendre que chacune des contributions de Julius nécessitait d’être entièrement revue et corrigée par un autre membre de l’équipe. Si nous ne connaissions pas le domaine, il fallait le faire vérifier par un expert externe. Très vite, le mot d’ordre fut qu’aucun document issu de Julius ne devait être rendu public avant d’avoir été relu par deux d’entre nous.</p> <p>Mais Julius excellait dans la mise en page, la présentation et la gestion des réunions. Régulièrement, mon chef s’approchait de moi et me disait : « On a vraiment de la chance d’avoir ce Julius ! Quel talent ! Quel apport à l’équipe ! »</p> <p>J’essayais vainement d’expliquer que Julius ne comprenait rien à ce que nous faisions, que nous en étions au point où nous l’envoyions à des réunions inutiles pour nous en débarrasser afin de ne pas avoir à répondre à ses questions et corriger son travail. Mais même cette stratégie avait ses limites.</p> <p>Il nous a fallu une semaine de réunion de crises pour expliquer à un client déçu par une mise à jour de notre logiciel que, si Julius avait promis que l’interface serait simplifiée pour ne comporter qu’un seul bouton qui ferait uniquement ce que voulait justement le client, il y avait un malentendu. Qu’à part développer une machine qui lisait dans les pensées, c’était impossible de répondre à des besoins aussi complexes que les siens avec un seul bouton.</p> <p>C’est lorsque j’ai entendu Julius prétendre à un autre client, paniqué à l’idée de se faire « hacker », que, par mesure de sécurité, nos serveurs connectés à Internet n’avaient pas d’adresse IP que nous avons du lui interdire de rencontrer un client seul.</p> <p>Pour celleux qui ne connaissent pas l’informatique, le &quot;I&quot; de l’adresse IP signifie Internet. La définition même d’Internet est l’ensemble des ordinateurs interconnectés possédant une adresse IP.</p> <p>Être sur Internet sans adresse IP, c’est comme prétendre être joignable par téléphone sans avoir de numéro.</p> <p>L’équipe s’était désormais organisée pour que l’un d’entre nous ait en permanence la charge d’occuper Julius. Je n’ai jamais voulu dire du mal à son sujet, car c’était mon ami. Une codeuse exaspérée a cependant exposé le problème à mon chef. Qui lui a répondu en l’accusant de jalousie, car il était très satisfait du travail de Julius. Elle a reçu un blâme et a démissionné un peu après.</p> <p>Heureusement, Julius nous a un jour annoncé qu’il nous quittait, car il avait reçu une offre qu’il ne pouvait pas refuser. Il a apporté des gâteaux pour fêter son dernier jour avec nous. Mon chef et tout le département des ressources humaines étaient sincèrement tristes de le voir partir.</p> <p>J’ai dit au revoir à Julius et ne l’ai plus jamais revu. Sur son compte LinkedIn, qui est très actif et reçoit des centaines de commentaires, l’année qu’il a passée avec nous est devenue une expérience incroyable. Il n’a pourtant rien exagéré. Tout est vrai. Mais sa façon de tourner les mots et une certaine modestie mal camouflée donne l’impression qu’il a vraiment apporté beaucoup à l’équipe. Il semblerait qu’il soit ensuite devenu adjoint de la CEO puis CEO par intérim d’une startup qui venait d’être rachetée par une multinationale. Un journal économique a fait un article à son sujet. Après cet épisode, il a rejoint un cabinet ministériel. Une carrière fulgurante !</p> <p>De mon côté, j’ai essayé d’oublier Julius. Mais, dernièrement, mon chef est venu avec un énorme sourire. Il avait rencontré le commercial d’une boîte qui l’avait ébahi par ses produits. Des logiciels d’intelligence artificielle qui allait, je cite, doper notre productivité !</p> <p>J’ai désormais un logiciel d’intelligence artificielle qui m’aide à coder. Un autre qui m’aide à chercher des informations. Un troisième qui résume et rédige mes emails. Je n’ai pas le droit de les désactiver.</p> <p>À chaque instant, à chaque seconde, j’ai l’impression d’être entouré par Julius. Par des dizaines de Julius. </p> <p>Je dois travailler cerné par des Julius. Chaque clic sur mon ordinateur, chaque notification sur mon téléphone semble provenir de Julius. Ma vie est un enfer pavé de Julius.</p> <p>Mon chef est venu me voir. Il m’a dit que la productivité de l’équipe baissait dangereusement. Que nous devrions utiliser plus efficacement les intelligences artificielles. Que nous risquions de nous faire dépasser par les concurrents qui, eux, utilisent à n’en pas douter les toutes dernières intelligences artificielles. Qu’il avait mandaté un consultant pour nous installer une intelligence artificielle de gestion du temps et de la productivité.</p> <p>Je me suis mis à pleurer. « Encore un Julius ! » ai-je sangloté.</p> <p>Mon chef a soupiré. Il m’a tapoté l’épaule et m’a dit : « Je comprends. Moi aussi je regrette Julius. Il nous aurait certainement aidés à passer ce moment difficile. »</p> <ul> <li><a href="https://mamot.fr/@[email protected]/113675679701829415">Inspiré par un post d’Étienne sur Mastodon</a></li> <li><a href="https://betterimagesofai.org/images?artist=MaxGruber&title=Clickworker3d-printed">Image de Max Gruber/Better Images of AI</a></li> </ul> <div class="signature"><p>Je suis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a> et je viens de publier <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, <a href="https://pvh-editions.com/ploum">achetez mes livres</a> (si possible chez votre libraire) !</p> <p>Recevez directement par mail <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/">mes écrits en français</a> et <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">en anglais</a>. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser <a href="/atom_fr.xml">mon flux RSS francophone</a> ou <a href="/atom.xml">le flux RSS complet</a>.</p> </div> Ploumhttps://ploum.net My colleague Julius https://ploum.net/2024-12-23-julius-en.html 2024-12-23T00:00:00Z 2024-12-23T00:00:00Z <h1>My colleague Julius</h1> <ul> <li><a href="/2024-12-23-julius-fr.html">Traduction en français</a></li> <li><a href="https://lazygyu.net/blog/my_colleague_julius">Lazygyu의 한국어 번역</a></li> </ul> <p>Do you know Julius? You certainly know who I’m talking about!</p> <p>I met Julius at university. A measured, friendly young man. He always wore a smile on his face. What struck me about Julius, aside from his always perfectly ironed clothes, was his ability to listen. He never interrupted me. He accepted gratefully when he was wrong. He answered questions without hesitation.</p> <p>He attended all the classes and often asked for our notes to &quot;compare with his own&quot; as he said. Then came the infamous computer project. As a team of students, we had to code a fairly complex system software using the C language. Julius took part in all our meetings but I don’t remember witnessing him write a single line of code. In the end, I think he did the report formatting. Which, to his credit, was very well done.</p> <p>Because of his charisma and elegance, Julius was the obvious choice to give the final presentation.</p> <p>He was so self-confident during the presentation that the professors didn’t immediately notice the problem. He had started talking about the C virtual machine used in our project. He even showed a slide with an unknown logo and several random screenshots which had nothing to do with anything known in computing.</p> <p>For those who don’t know about computing, C is a compiled language. It doesn’t need a virtual machine. Talking about a C virtual machine is like talking about the carburettor of an electric vehicle. It doesn’t make sense.</p> <p>I stood up, interrupted Julius and improvised by saying it was just a joke. “Of course!” said Julius, looking at me with a big smile. The jury was perplexed. But I saved the day.</p> <p>Throughout our studies, I’ve heard several professors discuss the “Julius case.” Some thought he was very good. Others said he was lacking a fundamental understanding. Despite failing some classes, he ended up graduating with me.</p> <p>After that, our paths went apart for several years.</p> <p>I’ve been working for nearly a decade at a large company where I had significant responsibilities. One day, my boss announced that recruiters had found a rare gem for our team. An extraordinary resume, he told me.</p> <p>From the perfect cut of his suit, I recognised Julius before seeing his face.</p> <p>Julius! My old classmate!</p> <p>If I had aged, he had matured. Still charismatic and self-assured. He now sported a slightly graying three-day beard that gave him an air of wise authority. He genuinely seemed happy to see me.</p> <p>We talked about the past and about our respective careers. Unlike me, Julius had never stayed very long in the same company. He usually left after a year, sometimes less. His resume was impressive: he had gained various experiences, touched on all areas of computing. Each time, he moved up in skills and salary. I would later discover that, while we held similar positions, he had been hired at twice my salary. He also got bonuses I didn’t even know existed.</p> <p>But I wasn’t aware of this aspect when we started working together. At first, I tried to train him on our projects and internal processes. I assigned him tasks on which he would ask me questions. Many questions, not always very relevant ones. With his characteristic calm and his signature smile.</p> <p>He took initiatives. Wrote code or documentation. He had answers to all the questions we could ask, regardless of the field. Sometimes it was very good, often mediocre or, in some cases, complete nonsense. It took us some time to understand that each of Julius’s contributions needed to be completely reviewed and corrected by another team member. If it was not our field of expertise, it had to be checked externally. We quickly had a non-written rule stating that no document from Julius should leave the team before being proofread by two of us.</p> <p>But Julius excelled in formatting, presentation, and meeting management. Regularly, my boss would come up to me and say, “We’re really lucky to have this Julius! What talent! What a contribution to the team!”</p> <p>I tried, without success, to explain that Julius understood nothing of what we were doing. That we had reached the point where we sent him to useless meetings to get rid of him for a few hours. But even that strategy had its limits.</p> <p>It took us a week of crisis management meetings to calm down a customer disappointed by an update of our software. We had to explain that, if Julius had promised that the interface would be simplified to have only one button that would do exactly what the client wanted, there was a misunderstanding. That aside from developing a machine that read minds, it was impossible to meet his complex needs with just one button.</p> <p>We decided to act when I heard Julius claim to a customer, panicked at the idea of being &quot;hacked&quot;, that, for security reasons, our servers connected to the Internet had no IP address. We had to forbid him from meeting a client alone.</p> <p>For those who don’t know about computing, the &quot;I&quot; in IP address stands for Internet. The very definition of the Internet is the network of interconnected computers that have an IP address.</p> <p>Being on the Internet without an IP address is like claiming to be reachable by phone without having a phone number.</p> <p>The team was reorganised so that one of us was always responsible for keeping Julius occupied. I never wanted to speak ill of him because he was my friend. An exasperated programmer had no such restraint and exposed the problem to my boss. Who responded by accusing her of jealousy, as he was very satisfied with Julius’s work. She was reprimanded and resigned shortly after.</p> <p>Fortunately, Julius announced that he was leaving because he had received an offer he couldn’t refuse. He brought cakes to celebrate his last day with us. My boss and the entire human resources department were genuinely sad to see him go.</p> <p>I said goodbye to Julius and never saw him again. On his LinkedIn account, which is very active and receives hundreds of comments, the year he spent with us became an incredible experience. He hasn’t exaggerated anything. Everything is true. But his way of turning words and a kind of poorly concealed modesty gives the impression that he really contributed a lot to the team. He later became the deputy CEO then interim CEO of a startup that had just been acquired by a multinational. An economic newspaper wrote an article about him. After that episode, he joined the team of a secretary of state. A meteoric career!</p> <p>On my side, I tried to forget Julius. But, recently, my boss came to me with a huge smile. He had met the salesperson from a company that had amazed him with its products. Artificial intelligence software that would, I quote, boost our productivity!</p> <p>I now have an artificial intelligence software that helps me code. Another that helps me search for information. A third one that summarises and writes my emails. I am not allowed to disable them.</p> <p>At every moment, every second, I feel surrounded by Julius. By dozens of Juliuses.</p> <p>I have to work in a mist of Juliuses. Every click on my computer, every notification on my phone seems to come from Julius. My life is hell paved with Juliuses.</p> <p>My boss came to see me. He told me that the team’s productivity was dangerously declining. That we should use artificial intelligence more effectively. That we risked being overtaken by competitors who, without a doubt, were using the very latest artificial intelligence. That he had hired a consultant to install a new time and productivity management artificial intelligence.</p> <p>I started to cry. “Another Julius!” I sobbed.</p> <p>My boss sighed. He patted my shoulder and said, “I understand. I miss Julius too. He would certainly have helped us get through this difficult time.”</p> <ul> <li><a href="https://betterimagesofai.org/images?artist=MaxGruber&title=Clickworker3d-printed">Picture by Max Gruber/Better Images of AI</a></li> </ul> <div class="signature"><p>I’m <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a>, a writer and an engineer. I like to explore how technology impacts society. You can subscribe <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">by email</a> or <a href="/atom_en.xml">by rss</a>. I value privacy and never share your adress.</p> <p>I write <a href="https://pvh-editions.com/ploum">science-fiction novels in French</a>. For <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, my new post-apocalyptic-cyclist book, my publisher is looking for contacts in other countries to distribute it in languages other than French. If you can help, <a href="about.html">contact me</a>!</p> </div> Ploumhttps://ploum.net L’urgence de soutenir l’énergie du libre https://ploum.net/2024-12-18-april.html 2024-12-18T00:00:00Z 2024-12-18T00:00:00Z <h1>L’urgence de soutenir l’énergie du libre</h1> <blockquote> Éditorial rédigé pour le Lama déchaîné n°9, l’hebdomadaire réalisé par l’April afin d’alerter sur la précarité financière de l’association. J’étais limité à 300 mots. Pour un bavard comme moi, c’est un exercice très difficile ! (il est déchaîné… hi hi hi ! Elle est amusante celle-là, je viens de la comprendre )<br></blockquote> <ul> <li><a href="https://april.org/campagne/numero/9/">Le Lama déchaîné n°9</a></li> </ul> <p>Montée de l’extrémisme, catastrophes climatiques, crises politiques et sociales, guerres. Entre ces urgences, est-il encore raisonnable de consacrer de l’énergie au logiciel libre, aux communs numériques et culturels? Ne devrait-on pas revoir nos priorités?</p> <p>Le raccourci est dangereux.</p> <p>Ne faut-il pas au contraire revenir aux fondamentaux, réfléchir à l’infrastructure même de notre société?</p> <p>Contrairement à ce que nous serinent les magnats de l’industrie, la technologie n’est jamais neutre. Elle porte en elle sa propre idéologie. Par essence, l’extrême centralisation de nos outils Internet préfigure la centralisation d’un pouvoir autoritaire fasciste. L’ubiquité du modèle publicitaire rend la croissance et l’hyperconsommation incontournable. Ces deux piliers se rejoignent et se complètent dans la normalisation de l’espionnage technologique permanent.</p> <p>Si nous voulons changer de direction, si nous voulons apprendre à limiter notre consommation des ressources naturelles, à écouter et respecter nos différences, à bâtir des compromis démocratiques, il est urgent et indispensable de nous attaquer à la racine: notre infrastructure de communication et d’échange. De libérer le réseau qui nous relie, qui relie nos données, nos échanges commerciaux, nos pensées, nos émotions.</p> <p>Rejoindre un groupe anticapitaliste sur Facebook, poster des vidéos zéro déchet sur Instagram ou utiliser l’infrastructure Outlook pour les mails de son syndicat sont des actes qui participent activement à promouvoir, justifier et perpétuer le système qu’ils cherchent, naïvement, à dénoncer.</p> <p>Ce n’est pas un hasard si les discussions sur le Fediverse et le réseau Mastodon parlent de cyclisme, d’écologie, de féminisme. Parce que la technologie libre et décentralisée porte sa propre idéologie. Parce qu’elle arrive à se maintenir, à effrayer les plus gros monopoles que le capitalisme ait jamais engendrés, et cela malgré le fait qu’elle ne tienne que grâce à des bouts de ficelle et l’énergie de quelques personnes sous-payées ou bénévoles.</p> <p>Lorsque tout semble aller de travers, il faut se concentrer sur les racines, les fondamentaux. L’infrastructure, l’éducation. C’est pourquoi je pense que les actions de l’April, la Quadrature du Net, Framasoft, la Contre-voie et toutes les associations libristes ne sont pas simplement importantes.</p> <p>Elles sont vitales, cruciales.</p> <p>Le libre n’est pas un luxe, c’est une urgence absolue.</p> <blockquote> — Et alors, hi hi hi, Ploum a dit : il est… hi hi hi… Il est déchaîné !<br> — Par pitié, faites un don à l’April sinon il va la raconter de nouveau !<br></blockquote> <ul> <li><a href="https://enventelibre.org/fr/dons/273-dons-april.html">Faire un don à l’April</a></li> <li><a href="https://don.laquadrature.net/fr">Faire un don à la Quadrature du Net</a></li> <li><a href="https://framasoft.org/fr/#support">Faire un don à Framasoft</a></li> <li><a href="https://lacontrevoie.fr/participer/#don">Faire un don à la Contre-Voie</a></li> </ul> <blockquote> Il est déchaîné… hi hi hi…<br></blockquote> <ul> <li><a href="https://ptilouk.net/">Le dessin du Lama est de Gee et sous licence CC By-SA</a></li> </ul> <div class="signature"><p>Je suis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a> et je viens de publier <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, <a href="https://pvh-editions.com/ploum">achetez mes livres</a> (si possible chez votre libraire) !</p> <p>Recevez directement par mail <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/">mes écrits en français</a> et <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">en anglais</a>. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser <a href="/atom_fr.xml">mon flux RSS francophone</a> ou <a href="/atom.xml">le flux RSS complet</a>.</p> </div> Ploumhttps://ploum.net 20 years of Linux on the Desktop (part 2) https://ploum.net/2024-12-16-linux_desktop2.html 2024-12-16T00:00:00Z 2024-12-16T00:00:00Z <h1>20 years of Linux on the Desktop (part 2)</h1> <blockquote> Previously in &quot;20 years of Linux on the Deskop&quot; : Looking to make the perfect desktop with GNOME and Debian, a young Ploum finds himself joining a stealth project called &quot;no-name-yet&quot;. The project is later published under the name &quot;Ubuntu&quot;.<br></blockquote> <ul> <li><a href="/2024-10-20-20years-linux-desktop-part1.html">20 years of Linux on the Desktop (part 1)</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-1">Flooded with Ubuntu CD-ROMs</h2> <p>The first official Ubuntu release was 4.10. At that time, I happened to be the president of my University LUG: LouvainLiNux. LouvainLiNux was founded a few years before by Fabien Pinckaers, Anthony Lesuisse and Benjamin Henrion as an informal group of friends. After they graduated and left university, Fabien handled me all the archives, all the information and told me do continue the work while he was running his company that would, much later, becomes Odoo. With my friend Bertrand Rousseau, we decided to make Louvain-Li-Nux a formal and enduring organisation known as &quot;KAP&quot; (Kot-à-Projet). Frédéric Minne designed the logo by putting the student hat (&quot;calotte&quot;) of Fabien on a penguin clipart.</p> <ul> <li><a href="https://www.louvainlinux.org/">Louvain-Li-Nux</a></li> </ul> <p>In 2005 and 2006, we worked really hard to organise multiple install parties and conferences. We were also offering resources and support. At a time where broadband Internet was not really common, the best resource to install GNU/Linux was an installation CD-ROM.</p> <p>Thanks to Mark Shuttleworth’s money, Ubuntu was doing something unprecedented: sending free CD-ROMs of Ubuntu to anyone requesting them. Best of all: the box contained two CD-ROMs. A live image and an installation CD. Exactly how I dreamed it (I’m not sure if the free CD-ROMs started with 4.10, 5.04 or even 5.10).</p> <p>I managed to get Louvain-Li-Nux recognised as an official Ubuntu distributor and we started to receive boxes full of hundreds of CD-ROMs with small cardboard dispensers. We had entire crates of Ubuntu CD-ROMs. It was the easiest to install. It was the one I knew the best and I had converted Bertrand (before Fabien taught me about Debian, Bertrand tried to convert me to Mandrake, which he was using himself. He nevertheless spent the whole night with me when I installed Debian for the first time, not managing to configure the network because the chipset of my ethernet card was not the same as the one listed on the box of said card. At the time, you had to manually choose which module to load. It was another era, kids these days don’t know what they are missing).</p> <p>With Louvain-Li-Nux, we literally distributed hundreds of CD-ROMs. I’ve myself installed Ubuntu on tenths of computers. It was not always easy as the market was pivoting from desktop computers to laptops. Laptops were starting to be affordable and powerful enough. But laptops came with exotic hardware, wifi, Bluetooth, power management, sleep, hibernate, strange keyboard keys and lots of very complex stuff that you don’t need to handle on a desktop computer with a RJ-45 hole.</p> <p>Sound was a hard problem. I remember spending hours on a laptop before realising there was a hardware switch. To play multiple sounds at the same time, you needed to launch a daemon called ESD. Our frustration with ESD would lead Bertrand and I to trap Lennart Poetering in a cave in Brussels to spend the whole night drinking beers with him while swearing we would wear a &quot;we love Lennart&quot; t-shirt during FOSDEM in order to support is new Polypaudio project that was heavily criticised at the time. Spoiler: we never did the t-shirt thing but Polypaudio was renamed Pulseaudio and succeeded without our support. </p> <p>Besides offering beers to developers, I reported all the bugs I experienced and worked hard with Ubuntu developers. If I remember correctly, I would, at some point, even become the head of the &quot;bug triaging team&quot; (if such a position ever existed. It might be that someone called me like that to flatter my ego). Selected as a student for the Google Summer of Code, I created a python client for Launchpad called &quot;Conseil&quot;. Launchpad had just replaced Bugzilla but, as I found out after starting Conseil, was not open source and had no API. I learned web scrapping and was forced to update Conseil each time something changed on Launchpad side.</p> <p>The most important point about Bugzilla and Launchpad was the famous bug #1. Bug #1, reported by sabdfl himself, was about breaking Microsoft monopoly. It could be closed once it would be considered that any computer user could freely choose which operating system to use on a newly bought computer.</p> <h2 id="soustitre-2">The very first book about Ubuntu</h2> <p>Meanwhile, I was contacted by a French publisher who stumbled upon my newly created blog that I mainly used to profess my love of Ubuntu and Free Software. Yes, the very blog you are currently reading.</p> <p>That French publisher had contracted two authors to write a book about Ubuntu and wanted my feedback about the manuscript. I didn’t really like what I read and said it bluntly. Agreeing with me, the editor asked me to write a new book, using the existing material if I wanted. But the two other authors would remain credited and the title could not be changed. I naively agreed and did the work, immersing myself even more in Ubuntu.</p> <p>The result was « Ubuntu, une distribution facile à installer », the very first book about Ubuntu. I hated the title. But, as I have always dreamed of becoming a published author, I was proud of my first book. And it had a foreword by Mark Shuttleworth himself.</p> <p>I updated and rewrote a lot of it in 2006, changing its name to &quot;Ubuntu Efficace&quot;. A later version was published in 2009 as &quot;Ubuntu Efficace, 3ème édition&quot;. During those years, I was wearing Ubuntu t-shirts. In my room, I had a collection of CD-ROMs with each Ubuntu version (I would later throw them, something I still regret). I bootstrapped &quot;Ubuntu-belgium&quot; at FOSDEM. I had [email protected] as my primary email on my business card and used it to look for jobs, hoping to set the tone. You could say that I was an Ubuntu fanatic.</p> <figure> <a href="/files/old/ubuntube_fosdem.jpg"><img alt="The very first Ubuntu-be meeting. I took the picture and gimped a quick logo." src="/files/old/ubuntube_fosdem.jpg" width="450" class="center"></a> <figcaption>The very first Ubuntu-be meeting. I took the picture and gimped a quick logo.</figcaption> </figure> <p>Ironically, I was never paid by Canonical and never landed a job there. The only money I received for that work was from my books or from Google through the Summer of Code (remember: Google was still seen as a good guy). I would later work for Lanedo and be paid to contribute to GNOME and LibreOffice. But never to contribute to Ubuntu nor Debian.</p> <h2 id="soustitre-3">In the Ubuntu and GNOME community with Jeff Waugh</h2> <p>Something which was quite new to me was that Ubuntu had a &quot;community manager&quot;. At the time, it was not the title of someone posting on Twitter (which didn’t exist). It was someone tasked with putting the community together, with being the public face of the project.</p> <p>Jeff Waugh is the first Ubuntu community manager I remember and I was blown away by his charism. Jeff came from the GNOME project and one of his pet issues was to make computers easier. He started a trend that would, way later, gives birth to the infamous GNOME 3 design.</p> <p>You have to remember that the very first fully integrated desktop on Linux was KDE. And KDE had a very important problem: it was relying on the Qt toolkit which, at the time, was under a non-free license. You could not use Qt in a commercial product without paying Trolltech, the author of Qt.</p> <p>GNOME was born as an attempt by Miguel de Icaza and Federico Mena to create a KDE-like desktop using the free toolkit created for the Gimp image editor: Gtk. </p> <p>This is why I liked to make the joke that the G in GNOME stands for Gtk, that the G in Gtk stands for Gimp, that the G in Gimp stands for GNU and that the G in GNU stands for GNU. This is not accurate as the G in GNOME stands for GNU but this makes the joke funnier. We, free software geeks, like to have fun.</p> <p>Like its KDE counterpart, GNOME 1 was full of knobs and whistles. Everything could be customised to the pixel and to the milliseconds. Jeff Waugh often made fun of it by showing the preferences boxes and asking the audience who wanted to customise a menu animation to the millisecond. GNOME 1 was less polished than KDE and heavier than very simple window managers like Fvwm95 or Fvwm2 (my WM of choice before I started my quest for the perfect desktop).</p> <figure> <a href="/files/fvwm.jpg"><img alt="Screenshot from my FVWM2 config which is still featured on fvwm.org, 21 years later" src="/files/fvwm.jpg" width="450" class="center"></a> <figcaption>Screenshot from my FVWM2 config which is still featured on fvwm.org, 21 years later</figcaption> </figure> <p>With GNOME 2, GNOME introduced its own paradigm and philosophy: GNOME would be different from KDE by being less customisable but more intuitive. GNOME 2 opened a new niche in the Linux world: a fully integrated desktop for those who don’t want to tweak it.</p> <p>KDE was for those wanting to customise everything. The most popular distributions featured KDE: Mandrake, Red Hat, Suse. The RPM world. There was no real GNOME centric distribution. And there was no desktop distribution based on Debian. As Debian was focused on freedom, there was no KDE in Debian. </p> <p>Which explains why GNOME + Debian made a lot of sense in my mind.</p> <p>As Jeff Waugh had been the GNOME release manager for GNOME 2 and was director of the GNOME board, having him as the first Ubuntu community manager set the tone: Ubuntu would be very close to GNOME. And it is exactly what happened. There was a huge overlap between GNOME and Ubuntu enthusiasts. As GNOME 2 would thrive and get better with each release, Ubuntu would follow.</p> <p>But some people were not happy. While some Debian developers had been hired by Canonical to make Ubuntu, some others feared that Ubuntu was a kind of Debian fork that would weaken Debian. Similarly, Red Hat had been investing lot of time and money in GNOME. I’ve never understood why, as Qt was released under the GPL in 2000, making KDE free, but Red Hat wanted to offer both KDE and GNOME. It went as far as tweaking both of them so they would look perfectly identical when used on Red Hat Linux. Red Hat employees were the biggest pool of contributors to GNOME.</p> <p>There was a strong feeling in the atmosphere that Ubuntu was piggybacking on the work of Debian and Red Hat.</p> <p>I didn’t really agree as I thought that Ubuntu was doing a lot of thankless polishing and marketing work. I liked the Ubuntu community and was really impressed by Jeff Waugh. Thanks to him, I entered the GNOME community and started to pay attention to user experience. He was inspiring and full of energy.</p> <figure> <a href="/files/old/fosdem_jdub.jpg"><img alt="Drinking a beer with Jeff Waugh and lots of hackers at FOSDEM. I’m the one with the red sweater." src="/files/old/fosdem_jdub.jpg" width="450" class="center"></a> <figcaption>Drinking a beer with Jeff Waugh and lots of hackers at FOSDEM. I’m the one with the red sweater.</figcaption> </figure> <h2 id="soustitre-4">Benjamin Mako Hill</h2> <p>What I didn’t realise at the time was that Jeff Waugh’s energy was not in infinite supply. Mostly burned out by his dedication, he had to step down and was replaced by Benjamin Mako Hill. That’s, at least, how I remember it. A quick look at Wikipedia told me that Jeff Waugh and Benjamin Mako Hill were, in fact, working in parallel and that Jeff Waugh was not the community manager but an evangelist. It looks like I’ve been wrong all those years. But I choose to stay true to my own experience as I don’t want to write a definitive and exhaustive history.</p> <p>Benjamin Mako Hill was not a GNOME guy. He was a Debian and FSF guy. He was focused on the philosophical aspects of free software. His intellectual influence would prove to have a long-lasting effect on my own work. I remember fondly that he introduced the concept of &quot;anti-features&quot; to describe the fact that developers are sometimes working to do something against their own users. They spend energy to make the product worse. Examples include advertisement in apps or limited-version software. But it is not limited to software: Benjamin Mako Hill took the example of benches designed so you can’t sleep on them, to prevent homeless person to take a nap. It is obviously more work to design a bench that prevents napping. The whole anti-feature concept would be extended and popularised twenty years later by Cory Doctorow under the term &quot;enshitification&quot;.</p> <p>Benjamin Mako Hill introduced a code of conduct in the Ubuntu community and made the community very aware of the freedom and philosophical aspects. While I never met him, I admired and still admire Benjamin. I felt that, with him at the helm, the community would always stay true to its ethical value. Bug #1 was the leading beacon: offering choice to users, breaking monopolies.</p> <h2 id="soustitre-5">Jono Bacon</h2> <p>But the one that would have the greatest influence on the Ubuntu community is probably Jono Bacon who replaced Benjamin Mako Hill. Unlike Jeff Waugh and Benjamin Mako Hill, Jono Bacon had no Debian nor GNOME background. As far as I remember, he was mostly unknown in those communities. But he was committed to communities in general and had very great taste in music. I’m forever grateful for introducing me to Airbourne.</p> <p>With what feels like an immediate effect but probably lasted months or years, the community mood switched from engineering/geek discussions to a cheerful, all-inclusive community.</p> <p>It may look great on the surface but I hated it. The GNOME, Debian and early Ubuntu communities were shared-interest communities. You joined the community because you liked the project. The communities were focused on making the project better.</p> <p>With Jono Bacon, the opposite became true. The community was great and people joined the project because they liked the community, the sense of belonging. Ubuntu felt each day more like a church. The project was seen as less important than the people. Some aspects would not be discussed openly not to hurt the community.</p> <p>I felt every day less and less at home in the Ubuntu community. Decisions about the project were taken behind closed doors by Canonical employees and the community transformed from contributors to unpaid cheerleaders. The project to which I contributed so much was every day further away from Debian, from freedom, from openness and from its technical roots.</p> <p>But people were happy because Jono Bacon was such a good entertainer.</p> <p>Something was about to break…</p> <p>(to be continued)</p> <blockquote> Subscribe by email or by rss to get the next episodes of &quot;20 years of Linux on the Desktop&quot;.<br> <br> I’m currently turning this story into a book. I’m looking for an agent or a publisher interested to work with me on this book and on an English translation of &quot;Bikepunk&quot;, my new post-apocalyptic-cyclist typewritten novel which sold out in three weeks in France and Belgium. <br></blockquote> <div class="signature"><p>I’m <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a>, a writer and an engineer. I like to explore how technology impacts society. You can subscribe <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">by email</a> or <a href="/atom_en.xml">by rss</a>. I value privacy and never share your adress.</p> <p>I write <a href="https://pvh-editions.com/ploum">science-fiction novels in French</a>. For <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, my new post-apocalyptic-cyclist book, my publisher is looking for contacts in other countries to distribute it in languages other than French. If you can help, <a href="about.html">contact me</a>!</p> </div> Ploumhttps://ploum.net La colère de l’écrivain https://ploum.net/2024-12-09-colere-ecrivain.html 2024-12-09T00:00:00Z 2024-12-09T00:00:00Z <h1>La colère de l’écrivain</h1> <blockquote> RAPPEL: je serai à Louvain-la-Neuve mardi 10 décembre à 19h à La Page d’Après pour ma dernière rencontre de l’année.<br></blockquote> <ul> <li><a href="https://mobilizon.fr/events/6377c6f1-2941-4008-b333-c11bf8b044e5">Rencontre Littéraire Bikepunk avec Ploum (mobilizon.fr)</a></li> </ul> <blockquote> Comme je l’explique dans la suite de ce billet, le succès de Bikepunk a pris le distributeur au dépourvu et le livre s’est retrouvé indisponible pour beaucoup de libraires. La situation devrait être à présent résolue. Si votre libraire ne peut pas l’avoir rapidement, commandez avant le 10-11 décembre sur le site PVH. Vous devriez le recevoir avant Noël. Un tout grand merci pour votre patience !<br></blockquote> <ul> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/bikepunk">Commander Bikepunk sur le site PVH</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-1">Une colère inextinguible</h2> <p>Il y a une vingtaine d’années, je me suis rendu dans un grand hôtel bruxellois pour une soirée de lectures de poésie. J’ai appelé l’ascenseur. Quand il s’est ouvert devant moi, je me suis subitement retrouvé face à Jean-Marie Le Pen et son garde du corps. Je l’ai reconnu sans aucune hésitation, sans aucun doute. </p> <p>J’ai été tétanisé. </p> <p>Sans réfléchir, par réflexe, j’ai fait un pas en arrière et refusé de rentrer dans l’ascenseur. Tout en montant les escaliers, je me suis longuement demandé si ce réflexe était juste. Si cette personne méritait cette attention, si j’aurais du l’ignorer totalement et faire comme si de rien n’était. Je me demandais également s’il se rendait à la même soirée que moi, soirée organisée par la veuve d’un résistant belge célèbre qui avait été prisonnier à Dachau. </p> <p>À la fin de la soirée, discutant avec cette vieille dame adorable et très intéressante, je lui tends un recueil de mes propres poèmes. Elle prend un très long moment pour lire mes poèmes, les relire avant de se tourner vers moi avec un petit signe de dénégation :</p> <p>— Vous n’êtes pas un poète.</p> <p>La douche est froide.</p> <p>— Vous avez trop de choses à dire. Trop de colère, trop de sujets à aborder. Vous n’êtes pas un poète. Vous êtes un écrivain !</p> <p>Cette rencontre me revient régulièrement en tête et je ne peux que constater la justesse de cette analyse. Je veux en dire trop tout le temps. Parfois, je laisse écouler ma colère, brute, sauvage, violente et agressive. Parfois je tente de la catalyser ou de la camoufler en utilisant l’analyse rationnelle, l’humour voire même l’hypocrisie. Il n’en reste pas moins que je ne fais que rajouter un « é » devant chacun de mes cris pour en faire des écrits. </p> <p>Chaque écrit est un cri, chaque cri est un écrit. Toute ma vie n’est que la gestion de cette colère bouillonnante qui m’anime (et que mon épouse m’éduque à contrôler).</p> <p>C’est pour quoi j’ai été incroyablement touché de découvrir que Terry Pratchett, un de mes modèles, était un homme profondément, désespérément en colère.</p> <ul> <li><a href="https://www.theguardian.com/books/2014/sep/24/terry-pratchett-angry-not-jolly-neil-gaiman">Neil Gaiman: ‘Terry Pratchett isn’t jolly. He’s angry’ (www.theguardian.com)</a></li> </ul> <p>Une autre anecdote que j’ai retenue de la très chouette biographie de Terry Pratchett est, qu’au bord du burn-out, il a finalement accepté de prendre six mois sabbatiques pour se reposer de l’écriture. À son retour, son agent lui a demandé ce qu’il avait fait de ces six mois. « J’ai écrit deux livres » a répondu Terry Pratchett.</p> <p>Tout le monde peut écrire. L’écrivain est celui qui ne peut pas s’empêcher d’écrire. Il en est de même du blogging. On me demande parfois pourquoi je blogue autant. Je ne peux que répondre : « Parce que je ne peux physiquement pas faire moins ». Comme je répondais à Eddy Caekelberghs sur les ondes de la RTBF, si je ne le faisais pas, j’ai l’impression que j’exploserais. J’écris comme je refuse de monter dans un ascenseur avec Jean-Marie Le Pen : par réflexe, par nécessité vitale.</p> <ul> <li><a href="https://indymotion.fr/w/1iLbQeLuTdL3TyZY5GFupY">Ploum à l’émission Majuscules avec Eddy Caekelberghs (indymotion.fr)</a></li> </ul> <p>J’ai tellement de choses à écrire et il me reste tellement peu d’années pour le faire. Je dois en permanence faire des choix, me dire « non » à moi-même, repousser les nouvelles idées qui m’assaillent. Un problème que Thurk a appelé « The Boltzmann Brain ».</p> <ul> <li><a href="gemini://thurk.org/blog/613.gmi">The Existential Boltzmann Brain (thurk.org)</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-2">L’industrie du livre</h2> <p>Écrire. Oui, mais pourquoi ? Pour être lu bien sûr ! Le Graal, pour un auteur non anglophone, c’est d’être traduit en anglais pour accéder au marché international. Mais ce marché rêvé est-il si formidable ? Le monde de l’édition est typiquement un marché de type « Winner takes it all » comme le décrit Jaron Lanier dans son livre « Who owns the future ? ».</p> <p>Si vous n’êtes pas une mégacélébrité de type Michelle Obama ou un auteur à franchise de type Tom Clancy, n’espérez pas vendre plus de 1000 voire 2000 livres. Dans le monde entier. Et, en fait, même si vous êtes une mégacélébrité avec des millions de followers, le succès n’est pas du tout garanti.</p> <ul> <li><a href="https://www.elysian.press/p/no-one-buys-books">No one buys books (www.elysian.press)</a></li> </ul> <p>Mais pourquoi y’a-t-il autant de livres alors ? Parce que, comme les investisseurs dans les startups, les éditeurs cherchent le prochain Harry Potter ou le prochain 50 Shades of Grey, l’anomalie qui n’arrive que tous les 5 ou 10 ans.</p> <p>L’article dépeint également une dépendance incroyablement morbide à Amazon, avec une grande partie du budget marketing des livres partant chez Amazon pour « remonter dans les résultats de recherche ». Faut dire qu’un livre sur deux est aujourd’hui acheté chez Amazon.</p> <p>Alors, par pitié, soutenez les libraires indépendants ! Allez flâner, commandez chez eux, écoutez leurs recommandations. Nous avons déjà perdu trop de libertés chez les GAFAM, l’idée de perdre les librairies me terrorise.</p> <p>Je vous propose de nous retrouver ce mardi 10 décembre, à 19h à La Page d’Après à Louvain-la-Neuve pour une rencontre littéraire. J’aime les libraires ! Si vous êtes libraire, n’hésitez pas à me contacter, je me déplace avec plaisir ou je profite de déplacements pour vous rendre visite.</p> <ul> <li><a href="https://mobilizon.fr/events/6377c6f1-2941-4008-b333-c11bf8b044e5">Rencontre Littéraire Bikepunk avec Ploum (mobilizon.fr)</a></li> <li><a href="https://www.lapagedapres.be/">La Page d&#x27;Après (www.lapagedapres.be)</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-3">L’indisponibilité de Bikepunk</h2> <p>Je suis conscient de me tirer une balle dans le pied. De par la stratégie de mon éditeur de minimiser les interactions avec Amazon, de ne leur céder que le strict nécessaire, mon roman Bikepunk s’est retrouvé en rupture de stock chez le géant américain alors même que je faisais plusieurs apparitions télé. Puis en rupture de stock chez les libraires, le distributeur ne pouvant pas suivre la demande. On en est au point où je crains que la version EPUB soit bientôt également épuisée.</p> <p>Je ne vais pas me plaindre que mon livre ait du succès ! Au point de voir une émission télé accoler mon nom à la phrase « Le vélo comme seule arme contre l’aveuglement d’une société ».</p> <figure> <a href="/files/ln24.jpg"><img alt="Ploum sur LN24, Le vélo comme seule arme contre l’aveuglement d’une société" src="/files/ln24.jpg" width="450" class="center"></a> <figcaption>Ploum sur LN24, Le vélo comme seule arme contre l’aveuglement d’une société</figcaption> </figure> <p>Ou de lire le peu suspect de gauchisme Paris-Match définir Bikepunk comme un mouvement de rébellion urbaine « utilisant le vélo comme symbole de résistance contre les systèmes dominants » (sic). </p> <ul> <li><a href="https://www.parismatch.be/actualites/societe/2024/12/08/deux-roues-un-combat-quand-le-bikepunk-redefinit-la-rebellion-urbaine-FCJV42AVDNEW5AKPQ2LEJPDK2E/">Deux roues, un combat : quand le bikepunk redéfinit la rébellion urbaine (www.parismatch.be)</a></li> </ul> <p>Je suis à la fois empli de gratitude envers vous pour cet enthousiasme, pour votre incroyable soutien et plein de frustration, car ce sont certainement des centaines d’exemplaires de Bikepunk qui n’ont pas trouvé leurs lecteurs. Des centaines de personnes frustrées ou déçues. Des opportunités manquées parce que tant mon éditeur que moi tentons de sortir de la ligne Amazon/grands distributeurs appartenant à des milliardaires. </p> <p>Si Bikepunk n’est pas disponible chez votre libraire et que vous le voulez pour Noël, commandez-le en urgence sur le site PVH.</p> <ul> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/bikepunk">Commander Bikepunk en ligne</a></li> </ul> <p>Et rappelez-vous qu’il est sous licence libre. Vous avez le droit de le copier et de le partager ! La première liberté est celle de l’imagination. Libérez les histoires, libérez l’imaginaire !</p> <h2 id="soustitre-4">De la nourriture que nous offrons à notre cerveau</h2> <p>Cette mainmise de quelques monopoles sur l’industrie du livre me rend inquiet. Beaucoup de jeunes auteurs ne sont pas mis en avant pour promouvoir des « valeurs sûres ». Si nous avons besoin de relire en permanence Zola ou Hugo, nous avons également besoin d’entendre de nouvelles voix, de tester de nouvelles idées. Pour éviter l’uniformisation, un livre n’a pas besoin d’être génialissime, grandiose ou culte. Il peut se contenter de nous offrir, à un moment de notre vie, une nouvelle perspective inconsciente. Il suffit qu’il soit différent. Votre corps est composé de ce que vous mangez, votre esprit est composé de ce que vous lisez. Même si vous ne vous en souvenez plus, même si ça vous a semblé sans importance, même si vous n’avez pas fini le livre. Vous êtes ce que vous lisez.</p> <ul> <li><a href="https://blog.jim-nielsen.com/2024/you-are-what-you-read/">You Are What You Read, Even If You Don’t Always Remember It (blog.jim-nielsen.com)</a></li> </ul> <p>Il y a déjà 11 ans, je faisais une analogie entre la nourriture que nous consommons et ce que nous offrons à notre cerveau.</p> <ul> <li><a href="/pour-une-alimentation-intellectuelle-saine-et-variee/index.html">Pour une alimentation intellectuelle saine et variée (ploum.net)</a></li> </ul> <p>Cal Newport, l’auteur de « Digital Minimalism » a repris cette analogie pour décrire les réseaux sociaux comme des fabriques de contenus « ultra-transformés ». La nourriture ultra-transformée est, en effet, produite pour être irrésistible : un goût très fort, du sel, de la graisse, un engourdissement de la satiété. Finalement, on se rue sur des posts Facebook ou Instagram tout comme on se jette sur sachet de chips.</p> <ul> <li><a href="https://calnewport.com/on-ultra-processed-content/">On Ultra-Processed Content (calnewport.com)</a></li> </ul> <p>Ce qui me perturbe dans cette analogie, c’est la réalisation que les problèmes sont identiques, mais que les personnes qui sont conscientes de l’un ignorent complètement l’autre.</p> <p>Dans les rassemblements de geeks linuxiens ou de rôlistes libristes, le coca et la cigarette, par exemple, sont trop souvent normalisés et tolérés (ce que je réprouve fortement).</p> <p>Mais l’inverse est tout aussi vrai : les personnes attentives à l’alimentation, à l’écologie, à la santé se concentrent sur Instagram, Facebook, Tik-Tok et/ou Twitter, alimentant une crise d’obésité informationnelle morbide. Leur suggérer de communiquer par Signal plutôt que Whatsapp leur fait souvent lever les yeux au ciel. Le domaine ne les intéresse pas. Je ne parle même pas de Mastodon…</p> <p>Il y a même des groupes &quot;anticapitalistes&quot; sur Facebook !</p> <h2 id="soustitre-5">La cohérence plutôt que la perfection</h2> <p>C’est pourquoi je suis particulièrement heureux de travailler avec un éditeur qui explore, qui teste de nouveaux modèles, qui crée une atmosphère de collaboration entre tous les auteurs et qui a pour mission première de contribuer à la liberté de la culture.</p> <p>Non seulement les livres sont sous licence libre, mais les auteurs sont encouragés à rejoindre le Fediverse !</p> <ul> <li><a href="https://fedidevs.com/s/MjM/">Suivre tous les auteurs PVH sur Mastodon</a></li> </ul> <p>L’équipe PVH lutte tous les jours, toutes les heures pour tenter de diffuser des livres et des idées de liberté sans baisser son froc devant les milliardaires qui tentent d’imposer ce qu’ils sont sûrs de vendre ou, pire, ce qui arrange leurs intérêts idéologiques. C’est difficile, il y a des couacs comme l’indisponibilité de Bikepunk. Mais, vous savez quoi ? Ça commence à fonctionner ! Le logiciel libre Be-Bop, développé en interne, commence à prendre de l’ampleur.</p> <ul> <li><a href="https://be-bop.io/">Be-bop, le logiciel de vente de PVH</a></li> </ul> <p>PVH n’est pas parfait. Personne n’est parfait. Mais nous tentons de garder une ligne cohérente dans notre combat pour promouvoir et diffuser la culture de l’imaginaire et la philosophie du libre. </p> <p>Votre compréhension, votre patience, vos achats, vos partages sont le meilleur des soutiens. Merci ! Merci de faire partie de cette aventure, de parler de nous autour de vous. Vous n’apaisez pas ma colère, mais vous m’aidez à la transformer, à la canaliser pour contribuer à quelque chose de plus grand, quelque chose dont nous pourrons un jour être fières et fiers.</p> <p>Comme le dit très bien Framasoft : Le chemin est long, mais la voie est libre !</p> <ul> <li><a href="https://indymotion.fr/w/ckueE9iTAVJc95yvJ61y9A">Pour les curieux, la vidéo d’où est extraite l’image. Mais ne perdez pas votre temps, ça reste de la télé.</a></li> </ul> <div class="signature"><p>Je suis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a> et je viens de publier <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, <a href="https://pvh-editions.com/ploum">achetez mes livres</a> (si possible chez votre libraire) !</p> <p>Recevez directement par mail <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/">mes écrits en français</a> et <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">en anglais</a>. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser <a href="/atom_fr.xml">mon flux RSS francophone</a> ou <a href="/atom.xml">le flux RSS complet</a>.</p> </div> Ploumhttps://ploum.net Pérenniser ma numérique éphémérité https://ploum.net/2024-12-06-perenite-ephemerite.html 2024-12-06T00:00:00Z 2024-12-06T00:00:00Z <h1>Pérenniser ma numérique éphémérité</h1> <p>J’écris mon journal personnel à la machine à écrire. De simples feuilles de papier que je fais relier chaque année et dont le contenu n’est nulle part en ligne.</p> <p>Pourtant, j’ai le sentiment que ce contenu a beaucoup plus de chances d’être un jour accessible voire, soyons fou, lu par mes enfants, mes petits enfants et, qui sait, plus loin encore.</p> <p>Parce qu’hormis un incendie dramatique, ces écrits sont quasiment indestructibles. Qu’ils sont facilement trouvables sur l’étagère de mon bureau. Qu’ils sont facilement lisibles et le resteront sans aucune connaissance autre que la langue française.</p> <p>Tout ce qui est publié numériquement est à quelques erreurs de manipulation de se faire effacer définitivement. Un accident anodin peut rendre un support illisible. Un mot de passe oublié rendre des documents définitivement inaccessibles. Mais pas besoin d’aller si loin : si demain je disparais, qui serait capable de retrouver quoi que ce soit dans le fouillis de mon disque dur ? Même en imaginant qu’il ne soit pas chiffré !</p> <p>Si tout est transitoire, le pire n’est-il pas de confier cette impermanence à des entreprises externes ?</p> <h2 id="soustitre-1">L’anti-pérennité des réseaux propriétaires</h2> <p>Votre histoire sur les réseaux sociaux propriétaires peut disparaître à tout moment. Cela fait longtemps que je le crie et le répète partout, mais rien ne vaut un bon exemple.</p> <p>Depuis 2024, Strava n’autorise plus de partager un lien. Qu’il soit dans un post ou une activité, ce lien est supprimé.</p> <p>Pire: tous les liens des posts précédents ont été supprimés. Toutes vos histoires Strava ont été altérées de manière permanente.</p> <ul> <li><a href="https://communityhub.strava.com/t5/strava-features-chat/upholding-platform-safety/m-p/45352/thread-id/8013">Upholding platform safety (communityhub.strava.com)</a></li> </ul> <p>Bon, il faut avouer que Strava est en train de suivre à la lettre le processus de merdification en limitant son API et ses conditions d’utilisation.</p> <ul> <li><a href="https://www.dcrainmaker.com/2024/11/stravas-changes-to-kill-off-apps.html">Strava&#x27;s Big Changes Aim To Kill Off Apps (www.dcrainmaker.com)</a></li> <li><a href="/2023-06-15-merdification.html">De la merdification des choses (ploum.net)</a></li> </ul> <p>Ne faites confiance à aucun réseau social propriétaire ! N’oubliez pas que tout service propriétaire va un jour fermer ou devenir soudainement inutilisable selon vos critères. Ou supprimer arbitrairement votre compte.</p> <ul> <li><a href="/et-si-vos-comptes-disparaissaient-demain/index.html">Et si vos comptes disparaissaient demain ? (ploum.net)</a></li> </ul> <p>Si votre unique raison de garder un compte sur un service propriétaire est &quot;parce que vous y avez un historique&quot;, sachez que cet historique ne vous appartient pas. La question n’est pas de savoir s’il va disparaître ou non, mais « quand ? » Car il va disparaître. C’est une certitude.</p> <h2 id="soustitre-2">L’humanité et la non-marchandisation des réseaux libres</h2> <p>Vous allez me dire que le libre n’est pas nécessairement mieux. Mastodon, par exemple, ne permet à ma connaissance pas d’exporter l’intégralité de son historique personnel.</p> <p>Mais, comme c’est du logiciel libre, rien ne s’oppose à implémenter des outils qui font ce genre de choses. Rien n’empêche de trouver ou de créer des alternatives. </p> <p>C’est complètement imparfait, mais, au moins, on est face à des êtres humains.</p> <p>Un très beau témoignage d’Aemarielle, aquarelliste arrivée sur Mastodon en 2022. En résumé, Mastodon c’est vachement mieux pour les humains. </p> <ul> <li><a href="https://www.aemarielle.com/mastodon-ressenti/">Mastodon, mon ressenti | Aemarielle (www.aemarielle.com)</a></li> </ul> <p>Mais les influenceurs aux grosses métriques sont complètement perdus : il n’y a pas d’algorithme et donc pas moyen de les exploiter pour faire monter son audience. Il n’y a pas des milliers de robots et de comptes abandonnés qui font grimper le nombre de followers. La population du Fediverse a également tendance à ignorer voire à critiquer les contenus publicitaires ou avec des titres inutilement accrocheurs. </p> <p>Les compétences développées par certain·e·s durant quinze ans sur Twitter sont donc inutiles, voire contreproductives, sur Mastodon !</p> <p>Certains ne sont pas prêts à ce genre de plateforme. Ils ont eu la chance d’un moment être favorisés par les algorithmes Twitter/X/Instagram et, du coup, ils se raccrochent à tout prix à ces plateformes, à ce modèle.</p> <p>Sur ces plateformes, vous êtes la marchandise comme le rappelle judicieusement X. En effet, le magazine satirique The Onion souhaite racheter le média d’extrême droite InfoWars (ce qui est très drôle). Mais X rappelle qu’ils sont propriétaires du compte X d’InfoWars et ne le transmettront pas à The Onion.</p> <ul> <li><a href="https://www.404media.co/xs-objection-to-the-onion-buying-infowars-is-a-reminder-you-do-not-own-your-social-media-accounts/">X&#x27;s Objection to the Onion Buying InfoWars Is a Reminder You Do Not Own Your Social Media Accounts (www.404media.co)</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-3">Libre et science</h2> <p>L’accès libre et pérenne aux données et aux algorithmes n’est pas seulement historique et pratique, c’est également essentiel pour le principe scientifique. Si, en lisant votre papier, il n’est pas possible de reproduire vos résultats, car il manque l’un et/ou l’autre, ce n’est plus de la science, mais du simple « personal branding ».</p> <p>Le marketing et la &quot;protection de la propriété intellectuelle&quot; sont deux vers qui rongent les cerveaux, y compris des scientifiques les plus pointus.</p> <ul> <li><a href="https://bernardrentier.wordpress.com/2024/11/18/pour-un-ecosysteme-scientifique-plus-solide-plus-transparent-et-plus-fiable/">Pour un écosystème scientifique plus solide, plus transparent et plus fiable (bernardrentier.wordpress.com)</a></li> </ul> <p>À propos, j’ai appris que les mots « sciences » et « shit » ont la même racine. Et que « nice » vient de la négation de science et signifiait à la base « ignorant » avant de subtilement évoluer vers « gentil ». Bref, un peu concon…</p> <ul> <li><a href="https://www.arrantpedantry.com/2019/01/24/science-and-shit/">Science and Shit (www.arrantpedantry.com)</a></li> </ul> <p>J’adore l’étymologie.</p> <h2 id="soustitre-4">La solution du libre</h2> <p>Le logiciel de gestion de librairie Biblys se libère. Un très beau témoignage de son auteur.</p> <ul> <li><a href="https://blog.biblys.fr/posts/biblys-est-desormais-un-logiciel-libre">Biblys est désormais un logiciel libre (blog.biblys.fr)</a></li> </ul> <p>Le libre n’est pas utopiste, il n’est pas meilleur, il n’est pas idéaliste : il est aujourd’hui indispensable !</p> <h2 id="soustitre-5">Penser sa propre disparition avec git</h2> <p>Si la pérennité de vos données en ligne est importante, il faut y penser, vous y préparer. C’est une des raisons majeures qui m’ont poussé à simplifier ce blog et en faire un simple répertoire remplit de fichiers au format texte que n’importe qui peut copier entièrement avec une simple commande git.</p> <ul> <li><a href="/2022-12-04-fin-du-blog-et-derniere-version.html">La fin d’un blog et la dernière version de ploum.net (ploum.net)</a></li> </ul> <p>Pour avoir sur votre ordinateur une copie de tout mon blog, y compris le logiciel qui le génère, il suffit de taper, dans un terminal :</p> <blockquote> git clone https://git.sr.ht/~lioploum/ploum.net<br></blockquote> <p>J’envisage même de mettre les sources de mes livres dans ce dépôt. Faut que j’investigue les sous-dépôts dans git.</p> <ul> <li><a href="https://git.sr.ht/~lioploum/ploum.net">~lioploum/ploum.net - Static generator for my blog with content - sourcehut git (lioploum)</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-6">Gwit</h2> <p>Je suis le développement de Gwit, une manière de publier des sites Internet à travers Git. L’auteur de Gwit a justement pris mon site en exemple pour l’adapter au format Gwit.</p> <ul> <li><a href="gemini://oldest.gwit.site/log/_en/20241018--adapting-ploum-sites/">Adapting Ploum&#x27;s sites to gwit (oldest.gwit.site)</a></li> </ul> <p>C’est très technique, mais ce que je pense que tout le monde devrait retenir c’est que ça a été rendu possible, car les sources et le contenu de mon blog sont disponibles sous une licence libre et avec une simple commande git comme cité plus haut. L’auteur n’a pas du me demander la permission, n’a pas hésité. Il a le droit de le faire.</p> <p>Et j’en suis incroyablement flatté…</p> <h2 id="soustitre-7">L’arme ultime : RSS</h2> <p>Je le dis, je le répète : la solution à l’immense majorité de nos problèmes, le réseau social ultime, c’est le flux RSS. On suit ce qu’on veut suivre, sans publicités, sans tracking, dans la police qui est le plus lisible pour nous. Nos abonnements restent confinés à notre lecteur de RSS.</p> <p>Il faut juste apprendre à s’en servir (et c’est beaucoup plus facile que l’email).</p> <p>Il y a une raison pour laquelle les grandes plateformes tentent de tuer le RSS. Il y a une raison pour laquelle vous devriez suivre ce blog par RSS.</p> <ul> <li><a href="https://pluralistic.net/2024/10/16/keep-it-really-simple-stupid/#read-receipts-are-you-kidding-me-seriously-fuck-that-noise/">Pluralistic: You should be using an RSS reader (16 Oct 2024) (pluralistic.net)</a></li> </ul> <figure> <a href="/files/aaron_swartz.jpg"><img alt="Portrait d’Aaron Swartz par Bruno Leyval" src="/files/aaron_swartz.jpg" width="450" class="center"></a> <figcaption>Portrait d’Aaron Swartz par Bruno Leyval</figcaption> </figure> <p>Aaron Swartz a contribué à la norme RSS. En l’utilisant (ou en utilisant son successeur ATOM), vous célébrez sa mémoire et son combat.</p> <p>Vous souhaitez utiliser un lecteur RSS en ligne classique ? Je vous conseille le FreshRSS de Zaclys ou de Flus:</p> <ul> <li><a href="https://www.zaclys.com/flux/">Flux, chez Zaclys</a></li> <li><a href="https://rss.flus.fr/">FreshRSS de Flus (que j’ai utilisé pendant des années)</a></li> </ul> <p>Vous préférez un truc plus automatisé, plus moderne ? Flus est pour vous.</p> <ul> <li><a href="https://flus.fr/">Flus.fr</a></li> </ul> <p>Mais il y a des centaines de possibilités. Et, comme le souligne Cory Doctorrow, vous pouvez passer de l’un à l’autre sans problème. Il suffit d’exporter la liste de vos flux dans un format (appelé OPML) puis de l’importer dans la nouvelle plateforme.</p> <h2 id="soustitre-8">Penser la disparition</h2> <p>Après, on peut faire comme Bruno, l’auteur du portrait d’Aaron Swartz ci-dessus, et souhaiter disparaître. On peut célébrer l’impermanence.</p> <p>Préserver et transmettre notre patrimoine culturel personnel se pense, s’organise. Mais ne se confie surtout pas à une multinationale publicitaire.</p> <div class="signature"><p>Je suis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a> et je viens de publier <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, <a href="https://pvh-editions.com/ploum">achetez mes livres</a> (si possible chez votre libraire) !</p> <p>Recevez directement par mail <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/">mes écrits en français</a> et <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">en anglais</a>. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser <a href="/atom_fr.xml">mon flux RSS francophone</a> ou <a href="/atom.xml">le flux RSS complet</a>.</p> </div> Ploumhttps://ploum.net La conjuration de la fierté ignorante https://ploum.net/2024-12-02-conjuration-fierte-ignorante.html 2024-12-02T00:00:00Z 2024-12-02T00:00:00Z <h1>La conjuration de la fierté ignorante</h1> <p>Les scientifiques, les vulgarisateurs, les professeurs consacrent leur vie à lutter contre l’ignorance. Mais l’ignorance n’est pas vraiment le problème. Ce qui est dangereux c’est lorsqu’elle se camoufle. Lorsqu’elle se transforme en confiance. </p> <p>Pour un parfait ignorant, l’ignorance camouflée est indistinguable de la connaissance voire de l’expertise. D’ailleurs, l’expert dira toujours : « C’est compliqué, je n’ai pas de réponse toute faite ! » là où l’ignorant camouflé répondra : « C’est très simple ! J’ai la vérité, je vais te l’expliquer ! »</p> <p>De par leur conception, les outils comme ChatGPT sont des ignorants camouflés. Ils ont été littéralement conçus pour faire croire qu’ils savent alors que ce n’est pas le cas. Pour camoufler leur ignorance sous un excès de confiance, ce qui fonctionne très bien depuis des siècles, les politiciens et autres CEOs de multinationales en sont la preuve.</p> <p>C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ces gens-là sont persuadés que l’intelligence artificielle peut remplacer les travailleurs. Parce que leur propre métier consiste à faire semblant de comprendre les choses et qu’ils ont fait tellement semblant qu’ils ont oublié que certains postes, subalternes certes, nécessitent de réellement comprendre.</p> <h2 id="soustitre-1">La peur comme outil marketing</h2> <p>Une excellente analogie de Marcello Vitali-Rosati. ChatGPT utilise la technique des LLMs pour produire un automate conversationnel. L’utiliser pour n’importe quoi d’autre (par exemple pour faire des recherches, des résumés, des traductions, des analyses …) revient à tenter de conduire une tronçonneuse sur l’autoroute sous prétexte qu’elle possède un moteur à explosion.</p> <ul> <li><a href="https://blog.sens-public.org/marcellovitalirosati/chatgpttronconneuse.html">ChatGPT et la tronçonneuse (blog.sens-public.org)</a></li> </ul> <p>D’une manière générale, c’est effrayant comme les gens qui ne comprennent rien sont tellement effrayés à l’idée d’accepter qu’ils ne comprennent rien qu’ils s’engouffrent dans toutes les conneries du marketing. Ce sont par exemple les politiciens tout fiers d’encourager de former les jeunes « à l’IA » (c’est quoi bon sang « se former à l’IA » ?) ou certains professeurs dans les domaines des sciences sociales, tous fiers de montrer une fenêtre ChatGPT à leurs étudiants pour analyser un texte ou préparer les sujets à aborder lors d’un cours.</p> <p>Lorsque j’interroge des gens sur les raisons qui les poussent à utiliser l’IA, la réponse la plus fréquente est : « Pour ne pas être à la traîne ». La peur.</p> <p>Ce qui me frappe certainement le plus c’est que toutes les personnes que j’ai rencontrées qui sont à fond dans « l’IA » sont complètement abasourdies que je soi moi-même critique. Elles n’ont jamais entendu la moindre critique. Elles n’ont jamais imaginé que l’on puisse être critique. On parle de médecins, d’avocats, de banquiers, de chefs d’entreprises : l’IA est pour ces personnes une évidence inquestionnable.</p> <p>Le fait que je puisse être critique les surprend. Elles sont déstabilisées. Elles ne pensaient pas que ce soit possible. Mais peut-être que c’est parce que je ne comprends pas bien.</p> <p>Alors j’assène un coup fatal : je dis que j’ai fait ma thèse de master dans ce domaine et que j’enseigne au département d’informatique de la faculté polytechnique. Je sais, c’est un argument d’autorité moyennement pertinent. Mais ça me permet de raccourcir la conversation sans faire à chaque fois une conférence « Pouet Pouet Coin Coin ». </p> <ul> <li><a href="https://indymotion.fr/w/1FBN53pHuK3QBzFUL4sL6n">Comprendre les bulles - Pouet Pouet Coin Coin (Rennes BreizhCamp 2024)</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-2">Du danger de l’ignorance camouflée</h2> <p>La pire catégorie de personnes est celle des ignares technologiques qui ont la prétention de ne pas en être. Ceux qui ont élevé au rang de compétence principale le camouflage de leur ignorance. Cette prétention à la connaissance leur permet de ne pas écouter ceux qui ont des connaissances réelles voire même de les regarder de haut en les traitant de « geeks ». Il y a un truc pour les reconnaître : ils parlent de « nouvelles technologies », lapsus qui révèle à quel point ces technologies qu’ils font semblant de comprendre à coup de partages sur LinkedIn sont encore nouvelles et inexplorées dans leurs esprits.</p> <p>ChatGPT est l’aboutissement ultime de l’abrutissement par l’outil. Il ne nécessite aucune interface, aucun apprentissage. N’importe qui arrivant à taper sur les touches d’un clavier peut l’utiliser.</p> <p>Lorsqu’un outil est utile, mais complexe à utiliser, la croyance est qu’il faut le rendre plus simple, plus accessible. C’est en partie vrai, mais jusqu’à un certain point.</p> <p>Tout outil requiert un apprentissage pour comprendre dans quoi il s’insère. Pour obtenir un permis de conduire, la première chose qu’on vérifie est votre connaissance du code de la route, connaissance complètement indépendante et orthogonale à votre capacité d’appréhender la mécanique d’une voiture.</p> <p>En supprimant totalement la barrière de l’apprentissage, votre outil devient du grand n’importe quoi. Les gens l’utilisent sans réfléchir. On ne peut pas apprendre à utiliser ChatGPT : il est de toute façon par nature aléatoire, il subit des mises à jour. Vous pouvez l’utiliser pendant 10 ans tous les jours sans jamais devenir « meilleur ». Comme on n’apprend pas à regarder la télévision. Le principe même est stupide.</p> <h2 id="soustitre-3">L’ignorance crée l’abstraction qui crée la complexité qui nourrit l’ignorance</h2> <p>En informatique, les couches d’abstraction créées pour simplifier l’interface ajoutent, au niveau technique, de la complexité, de l’opacité. Empêche l’apprentissage. Ceux qui s’insurgent contre une mauvaise utilisation de leur travail sont traités comme des réactionnaires, sont moqués et exclus de leur propre système.</p> <p>Lorsque, cas réel vécu il y a 25 ans, une personne envoie un email contenant un document au format .doc contenant lui-même une macro lançant un fichier en .exe qui se révèle une animation au format Flash avec le lecteur Flash intégré et que cette animation est en tout et pour tout une image fixe au format .jpg, cette personne est considérée comme normale. </p> <p>Je n’invente rien, ça m’est réellement arrivé.</p> <p>Cette personne, qui n’avait aucune connaissance informatique, m’a ensuite prétendu que j’étais le seul à avoir eu des problèmes pour ouvrir sa photo.</p> <p>Toute personne ne sachant pas voir l’image devrait donc considérer que c’est de sa faute. Qu’il était normal, à l’époque, d’avoir la version de Microsoft Outlook qui ouvre automatiquement la version de Word qui lance automatiquement les macros. Que le geek (moi) qui, devant le risque de sécurité béant, avait configuré l’ordinateur familial pour ne pas permettre cette hérésie était un « alternatif avec des trucs qui ne marchent jamais ».</p> <p>Pour être normal, il faut donc être stupide. Il faut se plier au niveau du plus stupide. C’est une course effrénée vers le bas pour se fondre dans le troupeau du plus crétin tout en prétendant le contraire.</p> <p>Les entreprises comptent là-dessus. Sans cet instinct d’idiotie grégaire, il n’y aurait pas de monopole de Microsoft Windows depuis des décennies (Microsoft Windows étant l’archétype du « C’est nul, ça ne marche pas, mais tout le monde fait comme ça »). </p> <p>Les apparences sont tellement trompeuses que pour tenter d’apparaître le plus malin, il faut être le plus stupide de la bande. Pour tenter d’apparaître le plus riche, il faut s’appauvrir en se payant des trucs inutiles incroyablement chers.</p> <h2 id="soustitre-4">Suivre aveuglément de peur de paraitre ignorant</h2> <p>En 2006, jeune ingénieur cherchant du travail dans une foire d’emploi, je m’installe à la table d’un recruteur et lui tends mon CV.</p> <p>— Aha, Linux. C’est bien pour les étudiants. Mais bon, pour travailler, il faut être sérieux, il faut utiliser Microsoft.<br> — Je pense que Linux est très sérieux et je compte bien travailler dans ce domaine où j’ai une expertise reconnue.<br> — Non, il faut être sérieux. Bill Gates est l’homme le plus riche du monde. Si vous voulez devenir riche, il faut le suivre, pas lutter contre lui !</p> <p>J’ai eu un blanc. À l’époque, je ne pensais pas encore que les gens plus âgés, plus expérimentés et mieux payés que moi pouvaient être à ce point stupides. J’ai d’abord tenté de comprendre :</p> <p>— Mais en le suivant, vous lui donnez de l’argent pour le rendre riche justement. Mieux vaut entrer en compétition.<br> — Aha, vous êtes jeune, vous ne connaissez pas encore la réalité du business.</p> <p>Je me suis levé, j’ai pris le CV des mains du recruteur en disant :</p> <p>— Je reprends mon CV, je ne pense pas qu’il puisse vous être utile. Au revoir.</p> <p>Cette anecdote m’est restée longtemps en tête, me faisant douter de ma propre compréhension. Mais aujourd’hui j’ai l’expérience pour reconnaître que, oui, ce mec était complètement crétin. Donner des sous à un milliardaire en espérant que ça t’enrichisse, c’est complètement con.</p> <p>Et pourtant, c’est incroyablement courant parce que personne n’ose dire : « Je ne comprends pas comment je peux devenir riche » et tout le monde se dit « Je vais obéir aveuglément à quelqu’un de riche parce que je veux lui ressembler » (ce qui est stupide, on est d’accord).</p> <h2 id="soustitre-5">L’écologie de la stupidité</h2> <p>Un autre truc qui est complètement crétin dès qu’on se pose la question de comment ça fonctionne : les mécanismes de compensation carbone.</p> <ul> <li><a href="/2024-06-17-compensation-carbone.html">Les mécanismes de compensation carbone expliqués à mon hamster (ploum.net)</a></li> </ul> <p>Ça parait évident que ces mécanismes nous prennent pour des crétins. Heureusement, certains commencent à s’en rendre compte. L’université d’Exeter a investigué les crédits carbone et conclut, sans surprise, que leur impact est soit nul, soit négatif. En gros, dans le meilleur des cas, ça ne sert à rien, mais, le plus souvent, ça pollue encore plus que ne rien faire du tout.</p> <ul> <li><a href="https://theconversation.com/we-have-officially-advised-our-university-to-ditch-carbon-offsets-and-focus-on-cutting-emissions-243727">We have officially advised our university to ditch carbon offsets - and focus on cutting emissions (theconversation.com)</a></li> </ul> <p>Mais bon, ce ne sont qu’une minorité d’intellectuels qui rationalisent. Certes, ils ont raison. Mais avoir raison n’est pas une bonne chose pour le succès individuel.</p> <p>L’objectif n’est pas d’être intelligent, mais de convaincre des millions de gens qu’on l’est.</p> <p>L’objectif d’un CEO n’est pas de prendre une bonne décision, mais de convaincre son auditoire qu’il l’a prise. </p> <p>L’objectif d’un politicien n’est pas d’avoir une opinion sur un sujet, mais de faire croire aux électeurs qu’il a la même qu’eux.</p> <p>La particularité des gens intelligents, c’est qu’ils doutent. Ils ne sont donc pas très convaincants… </p> <p>L’intelligence condamne à faire partie des perdants.</p> <ul> <li><a href="/2024-10-01-ode-aux-perdants.html">Ode aux perdants (ploum.net)</a></li> </ul> <div class="signature"><p>Je suis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a> et je viens de publier <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, <a href="https://pvh-editions.com/ploum">achetez mes livres</a> (si possible chez votre libraire) !</p> <p>Recevez directement par mail <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/">mes écrits en français</a> et <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">en anglais</a>. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser <a href="/atom_fr.xml">mon flux RSS francophone</a> ou <a href="/atom.xml">le flux RSS complet</a>.</p> </div> Ploumhttps://ploum.net Offrez des évasions livresques ! https://ploum.net/2024-11-27-offrez-des-livres.html 2024-11-27T00:00:00Z 2024-11-27T00:00:00Z <h1>Offrez des évasions livresques !</h1> <p>La fin de l’année approche à grands pas et, avec elle, l’obligation d’offrir des cadeaux à la famille, la belle-famille, les amis. Difficile d’échapper à cette pression consumériste sans passer pour un rustre. Tenter le cadeau réutilisable ?</p> <ul> <li><a href="/le-cadeau-reutilisable/index.html">Le Cadeau réutilisable (ploum.net)</a></li> </ul> <p>Mais le meilleur cadeau réutilisable n’est-il pas un livre qui peut se partager, se prêter, se perdre, se retrouver ? Alors voici quelques idées de livres pour vous inspirer et prendre un peu d’avance avant que les centres commerciaux ne soient bondés !</p> <p>Sauf mention contraire, les romans recommandés sont sous licence libre ! La plupart des auteur·e·s mentionné·e·s sont sur Mastodon et tou·te·s sont des gens très biens que j’ai beaucoup de plaisir à fréquenter dans la vraie vie !</p> <h2 id="soustitre-1">Le pack « Cyclisteurs »</h2> <p>Pour offrir emballé dans un gilet jaune fluo avec une paire de gants de vélo :</p> <ul> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/bikepunk">Bikepunk de Ploum</a></li> <li><a href="https://tcrouzet.com/books/cyclotrope/">Cyclotrope de Thierry Crouzet (livre qui apparait dans le roman précité, ce qui est un bon gag) (non-libre)</a></li> <li><a href="https://weelz.ouest-france.fr/lecture-une-selection-de-5-livres-velo-pour-passer-lautomne-en-douceur/">5 livres vélo sélectionnés par Weelz!</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-2">Le pack « Écologie, protection des communs et des écureuils qui gambadent »</h2> <p>Pour chambrer gentiment, mais sans en avoir l’air le tonton qui roule en SUV et soutien la construction de la nouvelle bretelle d’autoroute :</p> <ul> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/bikepunk">Bikepunk de Ploum</a></li> <li><a href="https://www.xoeditions.com/livres/pour-ne-rien-regretter/">Pour ne rien regretter d’Henri Lœvenbruck (non-libre)</a></li> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/place-d-ames-papier">Place d’âmes de Sara Schneider</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-3">Le pack « Adblock, anticapitalisme et résistance » </h2> <p>Chère Tata syndicaliste, voici de la lecture pour les piquets de grève de 2025, car on va avoir besoin de toi, je le sens :</p> <ul> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/printeurs-papier">Printeurs de Ploum</a></li> <li><a href="https://www.xoeditions.com/livres/pour-ne-rien-regretter/">Pour ne rien regretter d’Henri Lœvenbruck (non-libre)</a></li> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/sortileges-and-syndicats-une-fantastique-lutte-des-classes-papier">Sortilèges &amp; Syndicats de Gee</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-4">Le pack anti-GAFAM</h2> <p>Cher cousin René, en plus d’un don en ton nom à Framasoft et d’une migration de ton compte mail vers un fournisseur éthique, je t’offre ces belles lectures.</p> <ul> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/stagiaire-au-spatioport-omega-3000-papier">Stagiaire au spatioport Omega 3000 de Ploum</a></li> <li><a href="https://www.xoeditions.com/livres/pour-ne-rien-regretter/">Pour ne rien regretter d’Henri Lœvenbruck (non-libre)</a></li> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/printeurs-papier">Printeurs de Ploum</a></li> <li><a href="https://framasoft.org/fr/#support">Faire un don à Framasoft</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-5">Le pack « LOL, mais un peu jaune »</h2> <p>Je te sens crispée, voici de quoi détendre l’atmosphère en ces temps troublés…</p> <ul> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/stagiaire-au-spatioport-omega-3000-papier">Stagiaire au spatioport Omega 3000 de Ploum</a></li> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/sortileges-and-syndicats-une-fantastique-lutte-des-classes-papier">Sortilèges &amp; Syndicats de Gee</a></li> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/la-grande-sieste-papier">La grande sieste de Natalia Lecœur</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-6">Le pack « Histoire, avec un grand F, comme dans Fantastique »</h2> <p>Toi qui aimes particulièrement l’histoire, la grande, la voici, mais avec, à chaque fois, une légère pointe de fantastique surprenant.</p> <ul> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/hoc-est-corpus-papier">Hoc Est Corpus de Stéphane Paccaud</a></li> <li><a href="https://loevenbruck.org/lapothicaire/">L’apothicaire d’Henri Lœvenbruck (non-libre)</a></li> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/place-d-ames-papier">Place d’âmes de Sara Schneider</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-7">Le pack « âmes sensibles s’abstenir »</h2> <p>Ne venez pas dire que vous n’étiez pas prévenus !</p> <ul> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/carcinopolis-papier">Carcinopolis de Julien Hirt</a></li> <li><a href="https://www.livrs-editions.com/boutique/discordes/si-cetait-un-homme-jack-machillot/">Si c’était un homme de Jack Machillot (non-libre)</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-8">Les coffrets</h2> <p>Pour découvrir la science-fiction vue par un auteur suisse, un auteur français et un auteur belge, le tout dans un magnifique coffret collector tout argenté. Parfait pour actualiser la culture SF.</p> <ul> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/sf-en-vf-selection-ludomire-papier">Coffret SF en VF, de Pascal Lovis, Thierry Crouzet et Ploum</a></li> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/a-l-oree-de-la-ville-papier">BONUS: À l’orée de la ville, d’Allius, qui se marie très bien avec les trois précédents</a></li> </ul> <p>Pour découvrir trois univers de Fantasy très différents et très complémentaires dans un magnifique coffret rouge. Parfait pour ceux cherchent de nouveaux horizons.</p> <ul> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/fantasy-suisse">Coffret Fantasy Suisse, de Pascal Lovis, Aquilegia Nox et Stéphane Paccaud</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-9">Commandez-vite !</h2> <p>Il est possible que votre libraire n’ait pas certains de ces livres.</p> <p>Si vous passez commande avant le 2 décembre sur le site PVH, vous êtes non seulement certains de recevoir vos colis avant Noël, mais, de plus, 20% de la somme récoltée sera allouée à une toute nouvelle bourse pour soutenir les artistes créant sous licence libre. Une raison de plus de commander rapidement !</p> <ul> <li><a href="https://pvh-editions.com/Crowdfunding%20-%20les%2010%20ans">Les 10 ans de PVH Editions (pvh-editions.com)</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-10">Retrouvez les auteurs sur Mastodon…</h2> <p>Pour ajouter une touche de personnalisation, offrez à votre heureux bénéficiaire de créer avec lui un compte Mastodon et d’entrer directement en contact avec les auteurs !</p> <ul> <li><a href="https://mamot.fr/@ploum">Ploum</a></li> <li><a href="https://toot.portes-imaginaire.org/@loevenbruck">Henri Lœvenbruck</a></li> <li><a href="https://framapiaf.org/@gee">Gee</a></li> <li><a href="https://mamot.fr/@tcrouzet">Thierry Crouzet</a></li> <li><a href="https://tooting.ch/@saraschneider">Sara Schneider</a></li> <li><a href="https://mastodon.social/@stephanepaccaud">Stéphane Paccaud</a></li> <li><a href="https://mamot.fr/@Allius">Allius</a></li> <li><a href="https://mastodon.social/@therealjulienhirt">Julien Hirt</a></li> <li><a href="https://toot.portes-imaginaire.org/@Aquilegia_Nox">Aquilegia Nox</a></li> </ul> <p>Bonnes lectures et bonne fête de solstice d’hiver !</p> <div class="signature"><p>Je suis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a> et je viens de publier <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, <a href="https://pvh-editions.com/ploum">achetez mes livres</a> (si possible chez votre libraire) !</p> <p>Recevez directement par mail <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/">mes écrits en français</a> et <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">en anglais</a>. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser <a href="/atom_fr.xml">mon flux RSS francophone</a> ou <a href="/atom.xml">le flux RSS complet</a>.</p> </div> Ploumhttps://ploum.net Hyperconnexion, addiction et obéissance https://ploum.net/2024-11-13-addiction-hyperconnexion-obeissance.html 2024-11-13T00:00:00Z 2024-11-13T00:00:00Z <h1>Hyperconnexion, addiction et obéissance</h1> <h2 id="soustitre-1">De l’hyperconnexion</h2> <p>Nous sommes désormais connectés partout, tout le temps. J’appelle cela &quot;l’hyperconnexion&quot; (et elle ne passe pas nécessairement par les écrans).</p> <p>Parfois, je tente de me convaincre que mon addiction personnelle à cette hyperconnexion est surtout liée à mon côté geek, que je ne peux généraliser mon cas. </p> <p>Et puis, quand je roule à vélo, je me rends compte du nombre de piétons qui n’entendent pas ma sonnette, qui ne me voie pas arriver (même de face), qui ne s’écartent pas et qui, lorsqu’ils réalisent ma présence (qui va, dans certains cas, jusqu’à nécessiter une tape sur l’épaule), ont un air complètement abruti, comme si je venais de les extirper d’un univers parallèle.</p> <p>Et puis je vois cette mère, dans une salle d’attente, dont la petite fille de deux ans tente vainement d’attirer l’attention « Regarde maman ! Regarde ! ».</p> <p>Et puis je me souviens de cette autre mère qui avait placé sa gamine sur un parapet avec plusieurs mètres de vide en dessous juste pour faire une jolie photo pour Instagram.</p> <p>Et puis je vois cet homme d’affaires dans un costume chic, à l’air très sérieux, qui sort son téléphone pour aligner quelques fruits virtuels durant les trente secondes que dure l’attente de son café ou les quinze secondes d’un feu rouge à un carrefour.</p> <p>Et puis, à vélo, je tente vainement de croiser le regard de ces automobilistes, les yeux rivés sur leur écran, mettent en danger la vie de leurs propres enfants assis à l’arrière.</p> <p>Il est impossible de juger chaque anecdote. Parce qu’il y a plein de justifications qui sont, dans certains cas, complètement valables. Une mère peut juste être épuisée de donner toute son attention à son enfant toute la journée. Elle a le droit de penser à autre chose. Un piéton peut être absorbé dans une conversation téléphonique importante ou dans ses pensées. </p> <p>L’individu a le droit. Mais le problème me semble global.</p> <p>Dans les témoignages que je recueille, le plus difficile pour ceux qui arrivent à se déconnecter, c’est qu’ils se rendent compte de l’addiction des autres. C’est particulièrement frappant dans les couples.</p> <p>Si les deux sont addicts, aucun ne souffre. Mais que l’un tente de regagner un peu de liberté mentale et il découvre que son conjoint ne l’écoute pas. Est inattentif. Gritty décrit ici la douleur de sa déconnexion en remarquant que son épouse ne l’écoute plus, qu’elle écoute en permanence des messages audios. Il n’avait jamais remarqué le problème avant de se déconnecter lui-même.</p> <ul> <li><a href="gemini://gemini.smallweb.space/gemlog/20241011-dropping-off-the-internet.gmi">The Mind and Dropping Off The Internet (gemini.smallweb.space)</a></li> </ul> <p>Je pense à nos enfants. Nous nous inquiétons de l’impact des écrans sur nos enfants. Mais n’est-ce pas avant tout l’impact de l’hyperconnexion sur les parents qui déteint sur les enfants ?</p> <h2 id="soustitre-2">Négocier avec les machines</h2> <p>Et si cette addiction n’était qu’une adaptation à notre environnement ? Car, comme le décrit très bien Gee, on doit désormais passer notre temps à nous adapter aux machines, à négocier avec leur comportement absurde. </p> <ul> <li><a href="https://grisebouille.net/lhdg20-negocier-avec-une-machine/">LHDG20. Négocier avec une machine (grisebouille.net)</a></li> </ul> <p>Négocier, c’est quand tu veux que la machine fasse quelque chose et qu’elle ne veut pas. Mais il y a pire. Les machines donnent des ordres. Les notifications.</p> <p>Il y a évidemment les notifications sur le smartphone qui nécessitent de tout abandonner pour y obéir. Je viens à l’instant de voir mon plombier, à quatre pattes contre un mur ouvert, les deux mains en train de glisser des tuyaux dans une gaine, se contorsionner pour répondre au téléphone. Une enquête de satisfaction. À laquelle il a répondu posément pendant plusieurs minutes, malgré sa position inconfortable.</p> <p>Outre les smartphones, chaque appareil cherche désormais à imposer son fonctionnement. Mon micro-onde bipe de manière très énervante quand il a fini jusqu’au moment où on ouvre la porte. Si tu profites des deux minutes où ta soupe réchauffe pour aller à la toilette, t’es bon pour te farcir un bip sonore dans toute la maison durant toute la durée. Il faut donc attendre et obéir patiemment. C’est encore plus absurde avec le lave-linge et le sèche-linge. Ce n’est pas comme si c’était urgent ! Mention à mon lave-vaisselle qui, lui, ne bipe pas du tout et se contente de s’ouvrir pour dire qu’il a fini, ce qui est une très bonne idée et prouve qu’il est possible de ne pas emmerder l’utilisateur. Sans doute une erreur qui sera corrigée dans la prochaine version.</p> <p>La palme revient à mes, heureusement anciennes, plaques de cuisson qui ne supportaient pas qu’un objet soit posé dessus. Et qui était d’une telle sensibilité que la moindre tache de graisse ou d’humidité entrainait un bruit continu extrêmement irritant pour dire : « Nettoie-moi, humain ! Tout de suite ! ». Oui, même à trois heures du matin si une mouche s’était posée dessus ou si elle avait soudainement détecté un coin de l’éponge de nettoyage.</p> <p>À noter que la même plaque se désactivait lorsqu’elle détectait une goutte de liquide. Oui, même au milieu d’une cuisson. Et, pendant une cuisson, une tache de graisse ou d’eau, c’est quand même fréquent.</p> <p>— Nettoie-moi, humain !<br> — Finis d’abord de cuire mon repas !<br> — Non, nettoie-moi d’abord.<br> — T’es une taque de cuisson, tu peux survivre à une goutte d’eau sur ta surface.<br> — Nettoie-moi !<br> — Mais tu es bouillante, je ne peux pas te nettoyer, je dois d’abord te laisser refroidir.<br> — C’est ton problème, nettoie-moi !<br> — Alors, arrête au moins de sonner le temps que tu refroidisses.<br> — NETTOIE-MOI HUMAIN !</p> <p>Les outils non intelligents sont désormais un luxe.</p> <ul> <li><a href="/2024-02-12-plaisirs-shopping-moderne.html">Les petits plaisirs du shopping moderne (ploum.net)</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-3">L’addiction à la suffisance </h2> <p>Lorsqu’on est ingénieur où qu’on a des compétences techniques, on sait comment fonctionnent ces engins. Lorsque, comme moi, on a travaillé dans l’industrie, on peut même percevoir les dizaines de décisions stupides prises par des petits chefs qui ont mené à ce qui est un désastre d’inefficacité. Négocier pendant 4 minutes avec une machine pour faire ce qui devrait prendre une seconde est absurde, énervant, irritant.</p> <p>Mais chez les personnes pour lesquelles la technologie est une sorte de magie noire, j’observe souvent une satisfaction voire une fierté à arriver à contourner les limitations parfaitement arbitraire.</p> <p>Les gens sont fiers ! Tellement fiers d’arriver à faire un truc absurde et contre-intuitif qu’ils s’en vantent voire se proposent de l’enseigner à d’autres. Ils font des vidéos Youtube pour montrer comment ils activent une option de leur iPhone ou comment ils font un prompt ChatGPT. Ils deviennent addicts à cette fierté, cette satisfaction, cette fausse impression de contrôle de la technologie. </p> <p>Ils plongent dans l’hyperconnexion en regardant de haut les pauvres geeks comme moi « qui ne savent pas s’adapter aux nouvelles technologies », ils obéissent comme des moutons aux sirènes du marketing, aux décisions commerciales qui leur imposent une nouvelle interface propriétaire. Ils s’autoproclament &quot;geeks&quot; parce qu’ils passent leur journée sur Whatsapp et Fruit Ninja.</p> <p>Ils pensent apprendre, ils ne font qu’obéir.</p> <p>Les humains sont addicts à l’obéissance aveugle. Ils aiment se soumettre à un pouvoir totalitaire opaque à la condition d’avoir de brefs moments où on leur donne l’illusion d’avoir eux-mêmes du pouvoir.</p> <p>Et sur une chose, ils ont raison : les pauvres rebelles qui luttent pour une liberté dont personne ne veut sont des inadaptés.</p> <ul> <li><a href="https://www.librairiewb.com/agenda-164307/rencontre-avec-ploum-pour-bikepunk-les-chroniques-du-flash-pvh/">On se retrouve entre inadaptés ce jeudi 14 novembre à Paris pour discuter de tout ça ?</a></li> <li><a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Obey_%26_Conform_2024-07-17.jpg">Photo par Matt Brown</a></li> </ul> <div class="signature"><p>Je suis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a> et je viens de publier <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, <a href="https://pvh-editions.com/ploum">achetez mes livres</a> (si possible chez votre libraire) !</p> <p>Recevez directement par mail <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/">mes écrits en français</a> et <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">en anglais</a>. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser <a href="/atom_fr.xml">mon flux RSS francophone</a> ou <a href="/atom.xml">le flux RSS complet</a>.</p> </div> Ploumhttps://ploum.net Rencontres littéraires à Paris, à Louvain-la-Neuve et un bout de contribution aux communs https://ploum.net/2024-11-07-rencontres-et-communs.html 2024-11-07T00:00:00Z 2024-11-07T00:00:00Z <h1>Rencontres littéraires à Paris, à Louvain-la-Neuve et un bout de contribution aux communs</h1> <h2 id="soustitre-1">Paris le 14 novembre</h2> <p>Ce jeudi 14 novembre à 19h, je participerai à une rencontre littéraire à Paris, à la librairie Wallonie-Bruxelles. C’est l’occasion de faire dédicacer un exemplaire de Bikepunk à mettre sous le sapin.</p> <ul> <li><a href="https://www.librairiewb.com/agenda-164307/rencontre-avec-ploum-pour-bikepunk-les-chroniques-du-flash-pvh/">Rencontre avec Ploum pour Bikepunk. Les chroniques du flash (PVH) (www.librairiewb.com)</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-2">Louvain-la-Neuve le 10 décembre</h2> <p>Pour les Belges, la rencontre littéraire se déroulera le mardi 10 décembre à 19h dans mon fief de Louvain-la-Neuve, à La Page d’Après, une librairie qui sent bon la librairie. Inscrivez-vous dès à présent en leur envoyant un email.</p> <ul> <li><a href="https://www.lapagedapres.be/">La Page d&#x27;Après (www.lapagedapres.be)</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-3">J’irai dédicacer chez vous…</h2> <p>Pour les Bruxellois qui désirent une dédicace avant Noël et qui ne savent pas venir à Louvain-la-Neuve, je vous propose d’aller chercher un exemplaire de Bikepunk à la librairie Chimères et d’y laisser le livre en dépôt avec un petit papier décrivant la dédicace que vous souhaitez. Je dois passer à la librairie fin novembre, je dédicacerai les livres en attente pour que vous puissiez les récupérer plus tard.</p> <ul> <li><a href="https://www.librairie-chimeres.be/">Librairie Chimères (www.librairie-chimeres.be)</a></li> </ul> <p>Bien entendu, la francophonie ne se limite pas à Paris, Bruxelles et Louvain-la-Neuve. Mais je vais là où je suis invité. Ni mon éditeur ni moi ne disposons d’un attaché de presse en France pour nous mettre en relation avec les médias français et de nous placer des séances de dédicaces dans les librairies de l’hexagone.</p> <p>Et c’est là que vous, lecteurices, vous pouvez nous aider !</p> <p>En parlant du livre avec votre libraire et, si intérêt de sa part, en nous mettant en contact pour que nous fixions une date (j’essaie, bien entendu, de combiner les déplacements). Je viendrai avec ma machine à écrire et mon stylo-ploum. Si vous avez des contacts dans des médias indépendants et/ou cyclistes, parlez de nous !</p> <ul> <li><a href="https://re.lire.im/@pvheditions/113333764479371622">Thread Mastodon sur ce que peuvent faire les lecteurs de Bikepunk</a></li> </ul> <p>Merci à vous de poster des photos de vos vélos avec le tag #bikepunk. Ça me fait chaud au cœur à chaque fois ! (merci Vincent Jousse d’avoir lancé la mode !)</p> <ul> <li><a href="https://mastodon.social/tags/bikepunk">#bikepunk sur Mastodon</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-4">De l’importance des communs</h2> <p>Bon, maintenant qu’on a évacué les questions administratives, parlons sérieusement : un aspect important que je n’ai pas encore évoqué à propos de Bikepunk est qu’il est sous licence libre (CC By-SA). Il fait donc, dès à présent, partie des communs. Je dois reconnaître que, malheureusement, cela ne semble pas intéresser les médias.</p> <p>Les communs sont un concept parfois difficile à percevoir, que le capitalisme cherche à invisibiliser et qui est pourtant tellement indispensable. Sans n’être jamais nommés, les communs ne me sont jamais apparus plus clairement que dans le roman « Place d’âmes », de Sara Schneider (qui est, bien entendu, lui aussi sous licence libre).</p> <p>Je ne connais rien à l’histoire du Jura suisse. La question ne m’intéresse pas le moins du monde. C’est par pur copinage avec Sara que je me suis lancé dans son « Place d’âmes », un peu à reculon. Sauf que j’ai été happé, aspiré. La question qui anime le livre n’est celle du Jura qu’en apparence. En réalité, il s’agit de protéger nos communs. De protéger nos rebelles, nos révolutionnaires, nos sorcières qui, iels-mêmes, protègent nos communs.</p> <p>Une uchronie historique poétique et actuelle, indispensable. À travers l’histoire du Jura, c’est la planète Terre toute entière que décrit Sara.</p> <ul> <li><a href="https://erdorin.org/place-dames-de-sara-schneider/">Critique de &quot;Place d’âmes&quot;, de Sara Schneider, par Alias (erdorin.org)</a></li> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/place-d-ames-papier">Commander « Place d’âmes »</a></li> </ul> <p>D’ailleurs, tant qu’on parle de biens communs, Bruno Leyval commence à mettre ses archives sous licence Art Libre. Parce que l’art est une grammaire, un vocabulaire. En faire un bien commun, c’est donner à chacun le pouvoir de se l’approprier, de le modifier, d’affiner sa perception du monde comme un citoyen acteur et non plus un simple consommateur.</p> <ul> <li><a href="https://libre.brunoleyval.fr/">Libre − Bruno Leyval (libre.brunoleyval.fr)</a></li> </ul> <p>Utilisez, modifiez ces images !</p> <p>Bruno est notamment l’auteur de la couverture de Bikepunk et de l’illustration qui orne ce blog. Elles sont sous licence libre. Vous êtes nombreux à avoir réclamé des t-shirts (on y bosse, promis, ça va prendre un peu de temps).</p> <p>Mais, vous savez quoi ? Vous n’êtes pas obligés de nous attendre. Les images, comme le livre, sont dans les communs.</p> <p>Ils vous appartiennent désormais autant qu’à moi ou à Bruno…</p> <div class="signature"><p>Je suis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a> et je viens de publier <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, <a href="https://pvh-editions.com/ploum">achetez mes livres</a> (si possible chez votre libraire) !</p> <p>Recevez directement par mail <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/">mes écrits en français</a> et <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">en anglais</a>. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser <a href="/atom_fr.xml">mon flux RSS francophone</a> ou <a href="/atom.xml">le flux RSS complet</a>.</p> </div>