Le 10 mai est la « Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition ».
Depuis 2006, la France commémore l’abolition de l’esclavage comme crime contre l’humanité, en vertu de la loi portée par Christiane Taubira. Pourtant, cette mémoire reste souvent cantonnée à une reconnaissance symbolique, déconnectée des réalités contemporaines. Car si les chaînes ont été abolies dans les textes, les logiques de domination, elles, perdurent sous d’autres formes. Le néocolonialisme économique, les accords de libre-échange, l’exploitation des travailleurs du Sud global, le pillage écologique organisé par les multinationales : autant de mécanismes qui prolongent l’histoire coloniale dans le présent, dans une continuité structurelle trop rarement interrogée. Cet article propose une lecture altermondialiste de cette date symbolique. Il se propose de relier le passé esclavagiste aux formes actuelles de subordination, en donnant la parole aux résistances populaires qui, à travers le monde, luttent pour leur souveraineté, pour leurs terres, pour leurs droits, et pour un monde post-colonial réellement émancipé.