Navigation – Plan du site

AccueilNumérosNS-16L’influence de l’actionnariat sal...

L’influence de l’actionnariat salarié sur la performance RSE. Le cas des sociétés cotées au SBF 120

The influence of employee share ownership on CSR performance. The case of SBF 120 listed companies
Oussama Moustabchir, Mohamed Khenissi et Jean-Yves Juban
Traduction(s) :
The influence of employee share ownership on CSR performance. The case of SBF 120 listed companies [en]

Résumés

Cet article analyse l’influence de l’actionnariat salarié sur la performance RSE des entreprises françaises. En nous appuyant sur un échantillon de 102 sociétés appartenant à l’indice boursier SBF 120 sur la période allant de 2012 à 2021, les résultats obtenus montrent que l’actionnariat salarié influence positivement la performance globale en matière de RSE, en particulier la performance sociale et de gouvernance. Nous montrons également que l’actionnariat salarié ne devient un véritable levier de la performance environnementale que lorsque les salariés détiennent un niveau significatif, voire majoritaire, du capital de leur entreprise. Notre étude met ainsi en évidence que le développement de l’actionnariat salarié valorise les efforts des entreprises en matière de RSE. Ces résultats apparaissent robustes à l’utilisation de deux mesures alternatives de l’actionnariat salarié.

Haut de page

Texte intégral

1. Introduction

1La période récente est marquée par un véritable engouement pour l’actionnariat salarié (AS) dans la plupart des économies occidentales. Aux États-Unis comme dans nombre de pays européens, les salariés sont de plus en plus nombreux à détenir une participation financière dans le capital de leur entreprise. À la fin 2019, près de 14 millions de salariés aux États-Unis, soit environ 10 % de la main-d’œuvre du secteur privé américain, déclarent posséder des actions de l’entreprise pour laquelle ils travaillent (« National Center for Employee Ownership », 2021)1. En Europe, le recensement 2021 de la » Fédération Européenne de l’Actionnariat Salarié » (FEAS)2 dénombre environ 7 millions d’actionnaires salariés dans les grandes entreprises européennes (8 millions avec les PME). Avec environ 3 millions d’actionnaires salariés en 2021, la France est le pays européen qui compte le plus d’actionnaires salariés (non-dirigeants), loin devant le Royaume-Uni (1,8 million) et l’Allemagne (0,9 million). Selon la FEAS (2021), la proportion des salariés actionnaires par rapport au total des salariés s’établit à 34,5 % en France alors que la moyenne européenne se situe à environ 19,5 %. Dans le SBF 120, le Panorama d’Eres (2022)3 révèle qu’il existe 2,42 millions d’actionnaires salariés, détenant environ 68 milliards d’euros d’actifs de leurs entreprises. Le rapport d’Eres (2022)4 affiche également un record historique en termes d’opérations collectives d’AS dans le SBF 120, avec 42 plans collectifs lancés en 2021 contre une moyenne historique de 32 opérations depuis 2011. De plus, l’observatoire de l’AS d’Amundi (2022)5 permet de constater que le nombre des actions souscrites par des salariés dans leur entreprise en France a quadruplé entre 2013 et 2021, passant de 900 millions d’euros à 3,8 milliards d’euros en valeur de marché. Ces chiffres montrent clairement que les salariés émergent –sinon, s’affirment– aujourd’hui comme un groupe d’actionnaires clés en France.

2Cette importance de l’AS en France s’explique en grande partie par le soutien des pouvoirs publics, qui encadrent et encouragent son développement depuis plus de deux décennies (Guedri et Hollandts, 2008). À cet égard, le législateur français a instauré plusieurs dispositifs visant à faciliter, développer et pérenniser l’AS dans les entreprises. Par exemple, la loi Breton du 30 décembre 2006 a rendu obligatoire pour les entreprises cotées la représentation de l’AS au conseil d’administration (CA) lorsqu’il atteint les 3 % du capital. La loi Macron du 6 août 2015 a introduit des allègements fiscaux rendant l’AS plus attractif pour les salariés et pour les entreprises. La loi PACTE du 22 mai 2019 incite à favoriser l’AS et entend l’ambition du législateur français d’atteindre les 10 % d’AS dans le capital des grandes entreprises à l’horizon de 2030. La loi de Finance 2021 du 29 décembre 2020 prévoyait elle-même des mesures incitatives visant à promouvoir encore plus l’AS dans les entreprises. Ceci illustre le fait que l’importance de l’AS en France reflète une volonté politique, celle d’encourager son développement pour ses effets sociétaux positifs à long terme sur la stabilité de l’emploi, la réduction des inégalités sociales et, plus globalement, sur le partage de la valeur (Guedri et Hollandts, 2008). Par-delà cette volonté des pouvoirs publics, l’importance de l’AS en France est aussi le résultat de la mise en place de certaines conditions avantageuses de souscription offertes par les entreprises (abondement, décote), qui incitent les salariés à la détention d’actions et limitent considérablement les risques de pertes financières qu’ils encourent (Cézanne et Hollandts, 2021). Ces formules incitatives à l’acquisition d’actions par les salariés constituent un levier important pour l’essor de l’AS en France (Eres, 2022).

3Si l’AS suscite actuellement l’intérêt des sphères politique et économique en France et qu’il connaît pour l’heure un engouement général tant en termes d’usage par les entreprises que d’adhésion des salariés, les recherches académiques consacrées à l’analyse de ses effets sur les performances des entreprises françaises ne parviennent pas à des résultats convergents, notamment sur le plan empirique (Aubert et al., 2016 ; Abdelnour et al., 2022). En effet, de récentes études en France ont montré que l’AS a un effet positif sur la performance de l’entreprise (Aubert et al., 2016 ; Cézanne et Hollandts, 2021), tandis que d’autres ont trouvé un lien négatif entre l’AS et la performance de l’entreprise (Aubert et al., 2014 ; Toe et al., 2017). D’autres encore ont affirmé un lien curvilinéaire montrant l’existence d’un effet de seuil dans la relation entre l’AS et la performance de l’entreprise (Guedri et Hollandts, 2008 ; Garfatta et Zorgati, 2021). Et d’autres enfin n’ont pas pu établir de lien significatif en raison notamment des niveaux relativement faibles de l’AS par rapport à la structure actionnariale de l’entreprise (Trébucq, 2002 ; Poulain-Rehm et Lepers, 2013).

4Outre cette absence de consensus empirique clair concernant l’impact direct de l’AS sur la performance de l’entreprise, la littérature empirique portant sur cette relation s’est principalement intéressée aux critères financiers et économiques pour mesurer la performance de l’entreprise. Or, ces critères ne sont pas toujours objectifs (Jackson et al., 2008). En effet, des facteurs aléatoires peuvent influencer, tant positivement que négativement, la performance financière de l’entreprise (Magnan, 2006). En outre, le seul critère « financier » ne suffit pas pour mesurer la performance globale et à long terme d’une entreprise et ne se fonde pas sur une prise en compte des attentes des différentes parties prenantes de l’entreprise (Charreaux et Desbrières, 1998 ; Hill et al., 2007). À ce titre, il existe un consensus général sur le fait que la performance d’une entreprise doit être évaluée non seulement sur le volet « financier », mais également sur celui « extra-financier » relevant de la RSE, qui est articulée autour des dimensions : environnementale, sociale et de gouvernance (Saghroun et Eglem, 2008 ; Billio et al., 2021). Pour faire face aux limites des critères financiers, de plus en plus d’entreprises ont tendance à privilégier les critères RSE pour apprécier la performance globale de l’entreprise. Ces derniers envoient un signal positif dans la mesure où ils renseignent sur la manière dont l’entreprise est gérée dans son ensemble et, par conséquent, donnent une indication globale sur la pérennité de l’activité de l’entreprise et aident à prévoir la performance de l’entreprise à long terme (Hill et al., 2007). En outre, ils constituent une composante essentielle de la gestion des risques et une source potentielle de création de valeur durable (O’Neill et al., 2009). C’est d’ailleurs ainsi que les entreprises ont tendance à s’approprier certains critères RSE afin de retrouver une légitimité sociétale contestée depuis la crise financière de 2008 (Périn et Lanoizelée, 2012).

5Malgré l’abondante littérature sur l’AS, très rares sont les recherches académiques qui s’intéressent aux effets de l’AS en matière de RSE, notamment en France. Ces recherches se sont attachées à étudier les effets de l’AS en termes de divulgation RSE (Gillet-Monjarret et Martinez, 2012 ; Abdelnour et al., 2023) et d’intégration des critères RSE dans la rémunération des dirigeants (Khenissi et al., 2019). D’autres recherches, plus récentes, se sont focalisées sur la différence entre les administrateurs élus par les actionnaires salariés et ceux élus par l’ensemble des salariés en ce qui concerne les performances extra-financières de l’entreprise (Nekhili et al., 2021). Néanmoins, à notre connaissance, aucune recherche ne porte sur l’impact direct de l’AS sur la performance RSE des entreprises en France. Pourtant, cette question mérite une attention toute particulière, car les actionnaires salariés ont généralement un horizon d’investissement long-termiste dans l’entreprise et, en raison de leur double statut, ont des intérêts qui ne sont pas seulement centrés sur la maximisation de la valeur actionnariale (Winkler et al., 2019 ; Bonelli et al., 2022). En tant que groupe d’actionnaires stable, ils ont intérêt à minimiser la prise de risque et à accroître la performance à long terme de leur entreprise, et en tant que salariés, ils ont intérêt à améliorer le climat social et les conditions de travail dans l’entreprise (Zhou et al., 2022 ; Kong et al., 2023). Ce qui peut se traduire par une grande attention portée aux questions RSE. D’autant plus que l’AS offre aux salariés un sentiment de « propriété psychologique », qui accroît leur attachement et établit un lien émotionnel fort et durable envers leur entreprise (Pierce et al., 1991 ; Wagner et al., 2003). En outre, les actionnaires salariés ont accès à plus d’informations (en tant que salariés) que tous les autres actionnaires externes et, par conséquent, ils peuvent contribuer à réduire l’asymétrie d’information subie par les actionnaires externes concernant la stratégie RSE mise en œuvre, notamment dans les assemblées d’actionnaires (Guery et Stevenot, 2017 ; Abdelnour et al., 2023). De plus, lorsque les salariés deviennent également actionnaires de leur entreprise, ils manifestent leur confiance dans l’avenir de l’entreprise (Poulain-Rehm et Lepers, 2013). Cela peut être considéré comme un signal explicite de création de valeur durable. Ainsi que le soulignent Winkler et al. (2019), la présence d’actionnaires salariés est généralement associée à une vision long-termiste et à une prise de conscience de l’importance de la RSE pour la survie de l’entreprise. Selon une récente enquête réalisée par Amundi (2021)6 en France, 84 % des entreprises interrogées considèrent l’AS comme indissociable à la RSE.

6L’objectif de cet article est d’étudier l’impact direct de l’AS sur la performance RSE des entreprises françaises. Pour ce faire, notre étude s’appuie sur un échantillon de 102 entreprises cotées à l’indice SBF 120 et observées sur une période de 10 ans allant de 2012 à 2021. C’est à notre connaissance la première contribution sur ce sujet dans le contexte français, qui se caractérise d’ailleurs par un environnement législatif et réglementaire favorable au développement de l’AS (loi Macron de 2015 et loi PACTE de 2019) et à l’engagement envers la RSE (loi Sapin 2 de 2016 et loi relative au devoir de vigilance de 2017). Le cas du SBF 120 est particulièrement intéressant, car cet indice est le plus représentatif des différentes activités de l’économie française (Brinette et al., 2021), et il est utilisé dans la plupart des recherches académiques consacrées à l’identification des liens entre l’AS et la performance des entreprises en France (Toe et al., 2017 ; Nekhili et al., 2021 ; Cézanne et Hollandts, 2021). De plus, les entreprises qui le composent mènent une politique d’AS active, qui associe les salariés au capital et à la gouvernance de leur entreprise (FAS, 2021). L’approche empirique consiste à utiliser des analyses de régression sur données de panel. Pour traiter les problèmes d’endogénéité qui affectent la plupart des travaux empiriques sur l’AS (Toe et al., 2017), nous employons la méthode des moments généralisés (GMM) en système (Blundell et Bond, 1998). Nos résultats montrent que l’AS a un impact direct positif et significatif sur la performance RSE globale de l’entreprise. Dans le détail, l’AS a un impact positif et significatif sur la performance sociale et de gouvernance, mais pas d’impact significatif sur la performance environnementale de l’entreprise. Un test de robustesse des résultats obtenus confirme que l’impact positif de l’AS sur la performance RSE n’est pas sensible à la mesure de l’AS retenue. Cette analyse de robustesse révèle aussi l’existence d’impacts positifs sur la performance environnementale dans le cas d’un AS significatif, c’est-à-dire une présence élevée, voire majoritaire, des salariés dans le capital de leur entreprise.

7Les contributions de notre étude s’avèrent multiples. Tout d’abord, elle apporte une contribution à la littérature existante sur les effets de l’AS et son efficacité pour les entreprises qui le pratiquent. Notre étude poursuit et élargit les recherches académiques consacrées à l’identification des liens entre l’AS et la performance des entreprises françaises, en proposant d’étendre le champ d’analyse à la performance RSE. Sur le plan empirique, elle contribue à combler le manque identifié d’études empiriques sur la relation directe entre l’AS et la RSE, en analysant des données issues de grandes entreprises françaises sur une période récente et relativement longue allant de 2012 à 2021. Notre étude permet d’établir un lien direct et positif entre l’AS et la performance RSE des grandes entreprises françaises. Nos résultats rejoignent ceux de Zhou et al. (2022) et Kong et al. (2023) montrant que les actionnaires deviennent plus sensibles à la RSE lorsqu’ils sont également salariés de leur entreprise. Ils soutiennent également ceux de Bonelli et al. (2022) selon lesquels les salariés prennent en compte les performances RSE de leur entreprise, lorsqu’ils décident d’investir en AS. En termes de contributions managériales, notre étude permet de mettre en lumière que l’AS valorise les efforts des entreprises en matière de RSE. Ainsi, les entreprises devraient comprendre qu’il en va de leur intérêt en termes de RSE de favoriser le développement de l’AS. Ce qui implique que l’AS peut être considéré par les partenaires externes de l’entreprise, et en particulier les investisseurs, comme un signe d’une gouvernance long-termiste et d’un meilleur engagement envers la RSE. Enfin, notre étude contribue aux débats récents sur la place de l’AS dans le partage de la valeur. Nos résultats mettent en valeur la volonté affichée par les pouvoirs publics français d’encourager et de promouvoir encore plus l’AS dans les entreprises françaises. Ils suggèrent également des recommandations pouvant aider les entreprises dans leurs choix d’actionnariat, et pouvant éclairer les régulateurs au sujet des pratiques porteuses de RSE pour les entreprises avec, au cœur des débats actuels en France, les notions de gouvernance partagée et de réforme de l’entreprise.

8L’article est structuré de la manière suivante : dans la première partie, nous présentons la revue de littérature, le cadre d’analyse et énonçons les hypothèses de recherche. Dans la deuxième partie, nous décrivons les données, l’échantillon et la méthodologie utilisée. Les résultats sont présentés et discutés dans la troisième partie.

2. Revue de littérature, cadre d’analyse et hypothèses

9Avant de mettre l’accent sur la relation directe entre l’AS et la performance RSE, il nous paraît nécessaire, dans un premier temps, de présenter ce que recouvre l’AS et d’analyser les travaux qui se sont consacrés à ses effets sur la performance de l’entreprise.

2.1. L’AS et la performance de l’entreprise

10Du point de vue théorique, le référentiel le plus largement mobilisé dans la littérature sur l’AS est la théorie de l’agence (Jensen et Meckling, 1976). L’idée qui sous-tend cette théorie est que la séparation de la propriété du capital et de la gestion de l’entreprise donne naissance à une divergence –partielle ou totale– d’intérêts entre les actionnaires et les dirigeants aboutissant nécessairement à des conflits inducteurs de coûts d’agence qui limitent le potentiel d’amélioration des performances de l’entreprise. Ces conflits sont dus à des divergences d’intérêt et d’horizon, à la manipulation par les dirigeants d’informations spécifiques concernant à la fois leurs efforts et leurs compétences réelles et à la propension qu’ont les dirigeants à se rendre indispensables et à s’auto-désigner comme principale source de productivité et d’innovation (Charreaux, 2000 ; Desbrières, 2002). Pour y faire face, la théorie de l’agence propose un ensemble de mécanismes disciplinaires –incitatifs et de contrôle– permettant de rapprocher les intérêts en jeu et contraindre les dirigeants à agir dans l'intérêt de l’entreprise et de ses actionnaires (Charreaux, 1997). Au regard de cette théorie, l’AS constitue un mécanisme qui peut amener les salariés à agir dans l’intérêt des actionnaires et limiter les sources des conflits (Desbrières, 2002 ; Cardoni, 2020). En outre, compte tenu de l’alignement des intérêts qu’il favorise dans l’entreprise, l’AS peut constituer un canal d’échange d’informations susceptible d’améliorer les décisions prises au sein de l’entreprise (Guery et Stevenot, 2017). Profitant de leur double statut et donc de la confrontation de plusieurs sources d’information, les actionnaires salariés peuvent contribuer à réduire l’asymétrie d’information et à augmenter la transparence au sein de l’entreprise, notamment en assemblée générale (Desbrières, 2002). Du point de vue de cette théorie, si l’AS permet d’aligner les intérêts des salariés sur ceux des actionnaires et d’assurer une meilleure circulation de l’information dans l’entreprise, il devrait contribuer à minimiser les sources de conflits et à améliorer la performance de l’entreprise (Cardoni, 2020 ; Aubert et al., 2017 ; Abdelnour et al., 2022). La pratique de l’AS peut aussi améliorer la performance de l’entreprise grâce à ses effets bénéfiques incitatifs sur les comportements individuels et collectifs des salariés (Klein, 1987 ; Ben-Ner et Jones, 1995). De plus, l’AS peut constituer une alternative de stabilité du capital, notamment en cas de risques de prise de contrôle (Pugh et al., 1999).

11Même s’il s’avère être bénéfique à divers égards, l’AS n’est cependant pas exempt de certains comportements déviants, voire de risques pour les entreprises qui le pratiquent. En effet, certaines études soulignent que l’AS peut favoriser le développement des comportements de « passager clandestin » et faciliter l’enracinement salarial, et aussi managérial (Gharbi et Lepers, 2008 ; Aubert et al., 2014). La pratique de l’AS peut même parfois décourager la syndicalisation et, en même temps, créer des conflits entre les différents groupes de salariés (Mygind et Poulsen, 2021). S’ajoute à cela le fait qu’il confère aux salariés un risque résiduel puisqu’ils investissent à la fois en capital humain et en capital financier dans leur entreprise (Blair et al., 2000 ; Benartzi et al., 2007). Par ailleurs, des études alertent que lorsque l’AS atteint des niveaux élevés du capital, il devient une source d’inefficience pour les entreprises qui le pratiquent (Faleye et al., 2006 ; Guedri et Hollandts, 2008). En effet, les actionnaires salariés peuvent pousser les dirigeants à favoriser les intérêts des salariés, ce qui peut entraîner un risque de perte de compétitivité de l’entreprise (Kim et Ouimet, 2014 ; Toe et al., 2017). De plus, les actionnaires salariés sont généralement réticents à prendre des risques en raison de leur double investissement dans l’entreprise (Bova et al., 2015), et cette aversion au risque peut amener à de mauvaises prises de décisions, notamment en matière d’investissement (Faleye et al., 2006).

12Ce lien théorique entre l’AS et la performance de l’entreprise a fait l’objet de plusieurs études empiriques, dont les résultats semblent mitigés (Guedri et Hollandts, 2008 ; Aubert et al., 2016). Aux États-Unis, Blasi et al. (2016) montrent que l’AS a un effet positif sur la performance de l’entreprise. Kim et Ouimet (2014) trouvent que les faibles niveaux d’AS ont des effets positifs sur la performance et que le lien s’inverse pour des niveaux élevés d’AS. Faleye et al. (2006) constatent que les entreprises ayant une fraction élevée du capital détenue par les salariés investissent moins, prennent moins de risques, se développent plus lentement, créent moins de nouveaux emplois, s’écartent plus de l’objectif de maximisation de la valeur actionnariale, et sont moins productives. En dehors du contexte américain, l’étude de Kim et Patel (2017), portant sur 31 pays européens (dont la France) et un échantillon de 1 797 entreprises sur la période entre 2006 et 2014, montre que l’AS a des effets positifs très faiblement significatifs sur la performance de l’entreprise. Dans le cas de la France, Hollandts et Guedri (2008) trouvent que l’AS a un fort impact positif sur la performance financière de l’entreprise. Aubert et al. (2016), analysant un échantillon de 902 filiales appartenant à un même groupe coté français entre 2003 et 2007, soulignent l’existence d’impacts globalement positifs de l’AS sur la performance de l’entreprise. Plus récemment, Cézanne et Hollandts (2021) affirment que l’AS permet d’accroître la performance financière des entreprises. En revanche, Toe et al. (2017) constatent que l’AS, lorsqu’il implique une part significative du capital, a un effet négatif sur la performance économique de l’entreprise. Guedri et Hollandts (2008) mettent en évidence une relation curvilinéaire (en forme U inversé) entre l’AS et la performance de l’entreprise. Ces auteurs notent, conformément aux résultats de Kim et Ouimet (2014) aux États-Unis, que les faibles niveaux d’AS ont des effets positifs sur la performance et que le lien s’inverse pour des niveaux élevés d’AS. De leur côté, Garfatta et Zorgati (2021) font remarquer que les niveaux d’AS inférieurs à 3 % ont un effet positif sur la performance et qu’au-delà de ce seuil, l’effet s’inverse et devient négatif. Par ailleurs, Trébucq (2002), se référant à un échantillon d’entreprises familiales et non familiales cotées, trouve que l’AS n’a pas d’effet significatif sur la performance de l’entreprise. De même, Poulain-Rehm et Lepers (2013) concluent que l’AS n’a aucun effet sur la performance de l’entreprise. Néanmoins, la possibilité d’une amélioration de la performance de l’entreprise grâce à l’AS ne cesse de susciter l'intérêt des chercheurs (Abdelnour et al., 2022). Une récente méta-analyse réalisée par O’Boyle et al. (2016), portant sur 102 échantillons correspondant à 56 984 entreprises du monde entier, indique que les liens entre l’AS et la performance de l’entreprise, bien que globalement positifs, restent dans l’ensemble encore incertains.

13Ce manque de consensus empirique clair concernant l’impact direct de l’AS sur la performance de l’entreprise peut avoir différentes sources. Outre les différences au niveau du contexte économique et culturel, de l’évolution du cadre légal et réglementaire, des effets de la période d’étude et des caractéristiques spécifiques à chaque échantillon d’entreprises (Kim et Patel, 2017), notre examen de la littérature empirique sur ce sujet nous a permis de relever quelques limites ou « gaps ». Tout d’abord, la plupart des travaux empiriques se concentrent sur la relation directe AS–performance sans tenir compte du poids relatif de l’AS au sein du capital ni de l’effet de seuil pouvant exister dans cette relation. Ainsi, la plupart de ces travaux ne permettent pas de déterminer de manière claire dans quelle mesure l’AS affecte les performances de l’entreprise (Toe et al., 2017). Ensuite, la lecture de ces travaux montre que ce manque de consensus peut être expliqué par un problème méthodologique concernant le sens de causalité dont souffrent la plupart des études consacrées à l’identification des liens directs entre l’AS et les performances de l’entreprise (Guery et Stevenot, 2017). Enfin, on remarque l’utilisation uniquement des critères financiers et économiques pour mesurer la performance de l’entreprise. Or, ces critères ne sont pas toujours objectifs et s’avèrent insuffisants pour prévoir la performance globale et à long terme de l’entreprise (Jackson et al., 2008). On observe que, malgré l’intérêt grandissant et l’attrait récurrent pour les critères RSE comme mesure de performance, très rares sont les travaux qui analysent la relation entre l’AS et la performance RSE. Pourtant, ces critères RSE reflètent la manière dont l’entreprise est gérée dans son ensemble et donnent une indication globale sur la pérennité de l’activité de l’entreprise (Hill et al., 2007). Dès lors, on peut légitimement s’interroger sur l’impact direct de l’AS sur la performance RSE.

2.2. L’AS : une pratique porteuse de RSE pour les entreprises ?

14Les recherches académiques consacrées à l’identification des liens entre l’actionnariat et la RSE indiquent que les différentes catégories d’actionnaires (minoritaires, majoritaires, internes, externes, etc.) poursuivent des objectifs divergents et ont des préférences différentes concernant l’engagement RSE de leur entreprise (Dam et Scholtens, 2012 ; Faller et Zu Knyphausen-Aufseß, 2018). Du point de vue de la théorie de l’agence, cette divergence d’intérêts sur la RSE est liée à des différences en termes d’exposition au risque, d’horizon temporel d’investissement et de bénéfices potentiels de la RSE entre les différentes catégories d’actionnaires (Barnea et Rubin, 2010). Si l’on s’appuie sur cette argumentation, les actionnaires salariés sont la catégorie la plus exposée au risque puisqu’ils réalisent un double investissement (en capital financier et en capital humain) dans la même entreprise (Blair et al., 2000 ; Benartzi et al., 2007). De plus, en raison de leur relation d’emploi, ils ont généralement une perspective à plus long terme que les actionnaires externes (Blair, 1999). En outre, compte tenu de leur double statut, les actionnaires salariés ont des intérêts qui ne sont pas seulement centrés sur la maximisation de la valeur actionnariale (Gillet-Monjarret et Martinez, 2012). Ceci indique que les actionnaires salariés ont un intérêt direct et durable à améliorer la performance RSE de leur entreprise. Cependant, la littérature indique que les actionnaires salariés ont généralement une capacité d’influence faible par rapport aux autres actionnaires (Dam et Scholtens, 2012). De fait, leur rapport de force est très souvent incomparable à celui des actionnaires de contrôle qui exercent une influence décisive sur les orientations et les choix stratégiques de l’entreprise (Trébucq, 2002 ; Kaswan, 2022). Ce qui implique que l’influence et la pression que les actionnaires salariés sont susceptibles d’exercer du point de vue RSE peuvent être insignifiantes ou insuffisantes lorsqu’ils ne détiennent qu’une faible fraction du capital. Néanmoins, s’ils coordonnent leurs votes et agissent avec d’autres catégories d’actionnaires partageant des préférences similaires en matière de RSE, ils devraient être en mesure d’exercer une influence considérable sur l’engagement RSE de leur entreprise (Dimson et al., 2015). Les actionnaires salariés peuvent donc à ce titre influencer d’autres catégories d’actionnaires, notamment en orientant leurs votes vers la RSE (Miloud et Cabrol, 2023). Ceci suggère que les actionnaires salariés peuvent surmonter l’obstacle de leur faible poids relatif en constituant des coalitions avec d’autres catégories d’actionnaires (Desbrières, 2002 ; Barko et al., 2021). Au demeurant, même si les droits de vote ne garantissent pas aux salariés une influence effective sur l’engagement RSE de leur entreprise, l’analyse ne doit pas être faite uniquement au regard de la part du capital et des droits de vote qu’ils détiennent, mais également au regard des gains informationnels qu’ils sont susceptibles d’apporter aux assemblées d’actionnaires et, par le biais de leurs représentants, au CA (Guery et Stevenot, 2017 ; Nekhili et al., 2021).

  • 7 Un « Fonds Commun de Placement d’Entreprise » FCPE constitue aujourd’hui le principal véhicule de l (...)
  • 8 Lorsqu’ils détiennent collectivement plus de 3 % du capital social de leur entreprise (Loi Breton, (...)

15Conformément à la théorie de l’agence, les actionnaires salariés ont tendance à réduire le niveau global de l’asymétrie d’information, car ils ont accès à plus d’informations (en tant que salariés) que tous les autres actionnaires externes (Guery et Stevenot, 2017 ; Abdelnour et al., 2023). Compte tenu de leur avantage informationnel, les actionnaires salariés sont en mesure d’assurer une meilleure circulation de l’information concernant la RSE, en faisant notamment profiter aux actionnaires externes réunis en assemblées générales des informations spécifiques qu’ils détiennent sur la mise en œuvre de la stratégie RSE de leur entreprise (Desbrières, 2002 ; Winkler et al., 2019). En tant que salariés, leur présence lors des assemblées d’actionnaires devrait être d’un effet bénéfique dans la mesure où elle peut empêcher les dirigeants de profiter de leur avantage informationnel par rapport aux actionnaires externes (Dardour et al., 2015 ; Hollandts, 2018). Ce qui indique que l’AS est susceptible d’être révélateur de la stratégie RSE mise en œuvre. À cet égard, Guery et Stevenot (2017) soulignent, qu’en raison de l’alignement des intérêts qu’il favorise, l’AS est généralement associé à un meilleur partage ainsi qu’une meilleure diffusion de l’information au sein de l’entreprise. Récemment, Abdelnour et al. (2023) montrent que l’AS a des effets positifs en termes de divulgation volontaire des émissions de carbone de l’entreprise. Outre le fait que les actionnaires salariés peuvent contribuer à réduire l’asymétrie d’information subie par les actionnaires externes concernant la mise en œuvre de la stratégie RSE de l’entreprise (Guery et Stevenot, 2017), ils sont en mesure d’intervenir lors des assemblées générales d’actionnaires, en votant en faveur ou en proposant des résolutions (du type « Say on sustainability » ou « Say on climate », par exemple) exigeant des dirigeants de l’entreprise qu’ils s’expriment et justifient la stratégie RSE mise en œuvre. D’autant plus qu’ils bénéficient de structures, telles que les FCPE7, leur permettant d’agir collectivement. En outre, ils peuvent user de leur droit de représentation au CA8 pour faire pression sur la direction de l’entreprise du point de vue RSE. Ce point est d’ailleurs mis en avant par Nekhili et al. (2021) qui soulignent que la présence d’actionnaires salariés au CA a un impact positif sur la performance RSE.

16L’analyse du lien AS-RSE revient également à inscrire la réflexion sur la pratique de l’AS dans sa contribution au renforcement de l’engagement RSE de l’entreprise et de sa mise en œuvre. Les travaux de recherche sur la RSE trouvent généralement leur justification théorique dans le cadre de la théorie des parties prenantes développée par Freeman (1984). Cette théorie part du fait que chaque entreprise entretient de multiples relations avec de nombreux individus ou groupes d’individus (les salariés, les clients, les actionnaires ou les investisseurs, les fournisseurs ou les créanciers, l’État et la communauté, etc.) qui affectent, et sont affectés par, l’activité de l’entreprise (Donaldson et Preston, 1995). Au regard de cette théorie, l’engagement en matière de RSE se définit comme une réponse à la pression exercée par les parties prenantes afin de garantir la viabilité de la coalition qui constitue l’entreprise (Clarkson, 1995). À cet égard, l’importance du rôle et du soutien des salariés en matière de RSE est reconnue depuis l’œuvre séminale de Bowen (1953). Les salariés constituent, en fait, les acteurs qui assurent la continuité des activités de l’entreprise et l’exécution de ses stratégies, décisions et engagements (Donaldson et Preston, 1995). En tant que groupe essentiel de parties prenantes, ils peuvent jouer un rôle important non seulement en matière de mise en œuvre de la stratégie RSE, mais aussi dans l’incitation des entreprises à la RSE (Clarkson, 1995 ; Rupp et al., 2006). À cet effet, Helmig et al. (2016), comparant les pressions exercées par différentes parties prenantes de l’entreprise, montrent que les salariés exercent une plus grande pression sur la mise en œuvre des décisions socialement responsables. Si de nombreuses études ont mis en évidence le rôle clé des salariés en matière de RSE (Onkila et Sarna, 2022), rares sont les études qui s’intéressent aux effets de l’AS en termes de RSE. Pourtant, en devenant actionnaires, les salariés sont susceptibles d’être plus sensibles à la RSE de leur entreprise (Nekhili et al., 2021). En tant que groupe d’actionnaires stable, ils portent un intérêt à la minimisation du risque futur et à l’augmentation de la performance à long terme de l’entreprise, et en tant que salariés, ils portent un intérêt à l’amélioration du climat social et des conditions de travail dans l’entreprise (Desbrières, 2002). Ce qui peut se traduire par une grande attention portée aux questions RSE. En outre, les actionnaires salariés sont généralement réticents à prendre des risques en raison de leur double investissement (capital et travail) dans l’entreprise, et cette aversion au risque peut les conduire à exercer des pressions sur leur entreprise du point de vue RSE (Bova et al., 2015 ; Kong et al., 2023). De plus, compte tenu du climat de confiance et de coopération et de la surveillance mutuelle qu’il favorise entre les salariés (Desbrières, 2022), l’AS pourrait inciter les autres salariés (non-actionnaires) à exécuter efficacement la stratégie RSE de l’entreprise (Zhou et al., 2022). L’AS peut ainsi favoriser la prise de responsabilité et contribuer à rendre plus long-termiste la gestion de l’entreprise. Ainsi que le soulignent Winkler et al. (2019), la présence d’actionnaires salariés est généralement associée à une vision long-termiste et à une prise de conscience de l’importance de la RSE pour la survie de l’entreprise. Pugh et al. (1999) indiquent, pour leur part, que l’AS minimise la gestion court-termiste et peut pousser les dirigeants à mettre en place des stratégies de long terme, comme par exemple, l’engagement envers la RSE. Sur la base d’un échantillon de plus de 380 000 salariés, Bonelli et al. (2022) montrent que les salariés sont plus attentifs à l’engagement RSE de leur entreprise, lorsqu’ils deviennent actionnaires. De leur côté, Zhou et al. (2022) constatent que les entreprises qui pratiquent l’AS se distinguent par de meilleures performances RSE. Tous ces arguments conduisent à présumer une influence positive de l’AS sur la performance RSE. Par conséquent, nous émettons l’hypothèse suivante :

H1. L’AS a une influence positive sur la performance RSE de l’entreprise.

17Pour approfondir la connaissance des liens entre l’AS et la RSE, il convient d’analyser les incidences de cette pratique en termes de performance environnementale, sociale et de gouvernance d’entreprise.

2.2.1. L’influence de l’AS sur la performance environnementale

18La performance environnementale de l’entreprise touche des aspects tels que les émissions de carbone, l’usage durable des énergies, la réduction de la pollution, la gestion des déchets dangereux, le développement des produits écologiques, la protection de la biodiversité, etc. (ISO 26000, 2010). Il est reconnu dans la littérature que les salariés sont susceptibles de pousser leurs entreprises à être plus engagées en ce qui concerne la responsabilité environnementale (Wolf, 2013). Une étude réalisée par Markey et al. (2016) montre que les salariés jouent un rôle important en matière d’atténuation des émissions de carbone sur les lieux de travail. Farooq et al. (2019) trouvent que les entreprises qui associent les salariés à la prise de décision affichent une meilleure performance environnementale. Très récemment, certains travaux soutiennent l’hypothèse d’un lien positif entre l’AS et l’engagement environnemental de l’entreprise. Sun et Liu (2023) constatent que la pratique de l’AS conduit à une amélioration de l’engagement environnemental de l’entreprise. Abdelnour et al. (2023) affirment un lien positif entre l’AS et la divulgation volontaire des émissions de carbone de l’entreprise. Nekhili et al. (2021) trouvent que la présence d’actionnaires salariés au CA a un impact positif sur la performance environnementale de l’entreprise. De même, Kong et al. (2023) montrent que l’AS a des effets positifs en termes de dépenses de protection de l’environnement, de qualité du reporting environnemental et de respect des critères de RSE. Ces auteurs soulignent que les actionnaires salariés sont généralement réticents à prendre des risques en raison de leur double investissement dans l’entreprise, et cette aversion au risque les conduit à être plus conservateurs et plus soucieux des activités non respectueuses de l’environnement (Bova et al., 2015). À ce titre, les actionnaires salariés sont susceptibles d’exercer des pressions sur l’entreprise pour améliorer sa responsabilité environnementale. À partir de ces arguments, nous émettons l’hypothèse suivante :

H2. L’AS a une influence positive sur la performance environnementale de l’entreprise.

2.2.2. L’influence de l’AS sur la performance sociale

19La performance sociale de l’entreprise couvre des dimensions telles que le respect des droits de l’Homme, la lutte contre la corruption et contre les discriminations, la diminution des inégalités sociales et du chômage, le commerce éthique, le dialogue social et aussi les questions liées aux conditions de travail comme la santé et la sécurité des salariés, le climat social, l’accès à la formation, la liberté d’association et de syndicalisation, etc. (ISO 26000, 2010). Dans ce cadre, une enquête menée par Helmig et al. (2016) montre que les salariés sont le groupe de parties prenantes exerçant le plus de pressions sur la façon dont l’entreprise gère les attentes de la société. Sur ce point, l’AS peut contribuer à renforcer la volonté des salariés à exercer des pressions sur leur entreprise du point de vue social (Winkler et al., 2019). L’AS permet en effet de renforcer les liens entre les salariés et leur entreprise (Klein, 1987). Il accroît leur attachement et établit un lien émotionnel fort et durable envers leur propre entreprise (Wagner et al., 2003). Ceci peut donc les conduire à exercer une plus grande pression en matière de responsabilité sociale de l’entreprise. Et ce d’autant plus qu’ils sont directement concernés par l’engagement social de leur entreprise (Rupp et al., 2006). À ce titre, Robinson et Zhang (2005) ont mis en évidence que l’AS permet de protéger et d’encourager les investissements en capital humain. Guery et Pendleton (2016) soulignent que l’adoption de l’AS est associée à un investissement accru dans la formation. Aubert et Hollandts (2015) trouvent que l’AS permet de réduire l’absentéisme et la rotation du personnel. Dans le même ordre d’idée, Benhamou et Diaye (2011) observent que les problèmes d’absentéisme sont de 34 % inférieurs dans les entreprises disposant d’AS. Park et al. (2004) montrent que les entreprises qui pratiquent l’AS font moins de licenciements et affichent des taux de survie plus élevés. Ces auteurs notent à cet effet que la pratique de l’AS peut jouer un rôle important dans la sécurité de l’emploi et des revenus. Farooq et al. (2019) montrent que les entreprises qui associent leurs salariés à la prise de décision se distinguent par de meilleures performances sociales. Gillet-Monjarret et Martinez (2012) trouvent que l’AS améliore la qualité des informations sociétales divulguées. Plus récemment, Bonelli et al. (2022) font remarquer que les salariés deviennent plus soucieux des conditions de travail et de sécurité de l’entreprise lorsqu'ils décident d'investir en AS. En outre, Kruse (2022) souligne que l’AS conduit à la stabilité de l’emploi et contribue à réduire les inégalités sociales. L’auteur ajoute à cet égard que l’AS peut avoir des effets sociétaux importants puisque le coût des licenciements et des faillites d’entreprises est supporté par les salariés, les familles, les communautés et la société en général. Ces arguments nous amènent à formuler l’hypothèse suivante :

H3. L’AS a une influence positive sur la performance sociale de l’entreprise.

2.2.3. L’influence de l’AS sur la performance de gouvernance

20La gouvernance d’entreprise comprend des mécanismes liés à la manière de créer et de partager la valeur, à la répartition et à l’exercice du pouvoir et des responsabilités, à la régulation des conflits d’intérêts, à la prévention des biais affectant la prise de décision, à la fiabilité de l’information divulguée, à la conformité réglementaire et la primauté du droit, à la lutte contre la fraude et la corruption, aux conditions de pérennité de l’activité de l’entreprise, etc. (Charreaux, 1997, 2011 ; Gomez, 2021). Les travaux de Desbrières (1997, 2002), ainsi que ceux de Cardoni (2020), indiquent que la pratique de l’AS permet d’améliorer la gouvernance de l’entreprise, car elle contribue à aligner les intérêts entre les actionnaires et les salariés, à réduire l’asymétrie d’information dont peuvent profiter les dirigeants, et surtout à donner au système de gouvernance un caractère préventif des éventuels conflits et biais comportementaux affectant les décisions. Dans cette perspective, Guery et Stevenot (2017) notent que la pratique de l’AS est généralement associée à une meilleure circulation de l’information au sein de l’entreprise. Pour ces auteurs, l’AS peut améliorer la gouvernance, en réduisant l’asymétrie d’information au sein de l’entreprise. De leur côté, Bova et al. (2015) affirment que l’AS permet de jouer un rôle dans l’amélioration de la gouvernance d’entreprise, en incitant la direction à la divulgation volontaire d’informations. Ce qui contribue à améliorer la transparence de l’entreprise vis-à-vis des investisseurs et des autres parties prenantes. Les travaux d’Abdenour et al. (2022), à l’instar de Barney (1990a) et Aubert et al. (2017), montrent que l’AS permet de réduire les coûts d’agence au sein de l’entreprise, ce qui se traduit par une baisse des coûts du capital. Par ailleurs, Dardour et al. (2015) indiquent que l’AS peut amener à l’amélioration de la gouvernance d'entreprise en réduisant les comportements opportunistes des dirigeants. Les auteurs soulignent que l’AS permet d’encourager les dirigeants à maximiser la performance de l'entreprise plutôt que leur rémunération personnelle. Dans la même ligne, Hollandts (2018) montre que l’AS a un effet positif sur la probabilité de licenciement des dirigeants peu performants. Plus récemment, Wu et al. (2023) constatent que la probabilité de la fraude financière dans l’entreprise diminue de manière significative après l’adoption de plans d’AS. Ces auteurs soulignent que l’AS permet de jouer un rôle important en matière d’atténuation de la fraude financière, en raison de l’alignement entre les intérêts des salariés et ceux de l’entreprise. Dans cette perspective, la pratique de l’AS apparaît être un point de rencontre d'intérêts initialement divergents pouvant aider l’entreprise à faire passer ses parties prenantes internes d’un état de conflit à un climat de confiance et de coopération (Poulain-Rehm et Lepers, 2013). Ainsi, l’AS peut être considéré comme un mécanisme pouvant conduire à la perspective d’une gouvernance plus avisée des risques, moins conflictuelle et plus responsable et transparente (Desbrières, 2002 ; Cardoni, 2020 ; Abdenour et al., 2022). Par conséquent, nous formulons l’hypothèse suivante :

H4. L’AS a une influence positive sur la gouvernance de l’entreprise.

3. Données et méthodologie

21Dans cette partie, nous justifions le choix de notre échantillon et détaillons les variables d’étude, avant de présenter les modèles et l’approche économétrique adoptée.

3.1. Présentation de l’échantillon

22L’échantillon de notre étude est constitué d’un panel d’entreprises françaises appartenant à l’indice SBF 120 sur la période 2012-2021. Le choix de cet indice est motivé par le fort développement de l’AS dans les entreprises qui le composent. De plus, cet indice est le plus représentatif des différentes activités de l'économie française (Brinette et al., 2022), et il est utilisé dans la plupart des recherches académiques consacrées à l’identification des liens entre l’AS et la performance des entreprises en France (Toe et al., 2017 ; Nekhili et al., 2021 ; Cézanne et Hollandts, 2021). Par ailleurs, notre période d’étude (2012-2021) est marquée par l’instauration en France de lois et de réglementations favorables au développement de l’AS et à l’engagement envers la RSE. Toutefois, nous avons retiré les sociétés dont les données étaient manquantes et les sociétés financières, d’assurance et immobilières en raison de la spécificité de leurs indicateurs de performance et de leurs structures financières (Toe et al., 2017). Notre échantillon final est composé de 778 observations (entreprises-années), qui représentent 102 entreprises non financières cotées à l’indice SBF 120, dont 32 appartiennent au CAC 40, sur une période de 10 ans allant de 2012 à 2021. Concernant la répartition sectorielle de notre échantillon, nous avons retenu la classification internationale GICS « Global Industry Classification Standard », avec un regroupement en neuf classes d’activité (tableau 1).

Tableau 1 : Répartition sectorielle de l’échantillon selon la classification GICS

Tableau 1 : Répartition sectorielle de l’échantillon selon la classification GICS

3.2. Variables et sources des données

3.2.1. Variables dépendantes

23Notre variable dépendante est la performance RSE. L’un des défis majeurs de la recherche empirique sur la RSE est qu’il n’existe pas de méthode unique pour mesurer la performance RSE (Gjølberg, 2009). Ceci est dû au fait que la RSE est une notion difficile à saisir en raison de ses diverses définitions, et des multiples interprétations qu’elle peut susciter (Wood, 2010). S’ajoute à cela sa nature multidimensionnelle, qui conduit à se demander si chaque dimension est mesurable (Dam et Scholtens, 2012). À ce titre, Wood (2010) affirme que les indices ESG proposés par les agences de notation semblent être le seul moyen pour les chercheurs d’obtenir des données sur la performance RSE.

24Ainsi, et afin d’opérationnaliser la performance RSE, nous utilisons les données de Refinitiv pour les années entre 2012 et 2021. Cette base de données recueille des informations provenant de diverses sources, telles que les rapports d’enregistrement, les ONG, les médias, les divulgations, les sites des entreprises, etc., et couvre plus de 85 % des entreprises cotées du monde. En s’appuyant sur 900 points d’évaluation qui illustrent le niveau d’engagement des entreprises en matière de RSE, Refinitiv fournit des scores qui varient de 0 à 100 concernant les performances environnementale, sociale et de gouvernance. Refinitiv attribue une pondération spécifique à chaque indicateur en fonction de son importance et évalue les entreprises en matière de RSE par rapport à la performance de leurs pairs du secteur et en fonction du contexte (national et international). Cela garantit que les données sur la RSE ne sont pas biaisées par les facteurs réglementaires spécifiques aux secteurs d’activité des entreprises. Cette spécificité de Refinitiv permet de voir comment l’entreprise se comporte par rapport à ses pairs du secteur, et de comparer sa performance RSE avec celles des autres entreprises du secteur d’activité. De plus, la collecte de données et les évaluations de Refinitiv sur la RSE sont devenues plus sophistiquées (Billio et al., 2021). Enfin, Refinitiv constitue une base de données intéressante pour notre étude puisqu’elle a récemment été utilisée par Nekhili et al. (2021) et Khenissi et Thraya (2022) dans le cadre de recherches comparables en France. Pour ces raisons, nous retenons les indices de Refinitiv comme mesure de performance RSE des entreprises du SBF 120.

25Pour établir les liens entre l’AS et la RSE, nous retenons, à l’instar de Luo et al. (2017) et Wang et al. (2018), quatre mesures de la performance RSE : l’indice de la performance environnementale « Perf_ENV » qui reflète l’impact des activités de l’entreprise sur son environnement naturel vivant et non vivant ; l’indice de la performance sociale « Perf_SOC » qui reflète la manière dont l’entreprise gère les attentes de ses parties prenantes (personnel, clients, société au sens large) ; l’indice de la performance en matière de gouvernance « Perf_GOV » qui reflète la qualité des pratiques de gouvernance pour la création et la répartition de valeur sur le long terme et l’indice de la performance globale en matière de RSE « Perf_RSE » qui donne une indication globale sur la manière dont l’entreprise est gérée dans son ensemble et sur l’impact de ses activités sur ses différentes parties prenantes.

3.2.2. Variable indépendante

26Notre variable indépendante est l’AS. Cette variable a été mesurée de différentes façons dans la littérature. Certains chercheurs utilisent une variable dichotomique qui indique la présence ou non de l’AS (Trébucq, 2002 ; Poulain-Rehm et Lepers, 2013 ; Garfatta et Zorgati, 2021). D’autres chercheurs retiennent la proportion des salariés actionnaires par rapport au nombre total des salariés de l’entreprise (Aubert et al., 2016). Cette mesure manque généralement de précision en ce qui concerne le nombre total des salariés de l’entreprise. En effet, certaines entreprises utilisent le total des salariés au niveau national, tandis que d’autres entreprises s’appuient sur l’effectif total au niveau international (Poulain-Rehm et Lepers, 2013). Une autre mesure de l’AS, et la plus utilisée dans la littérature est le pourcentage des actions détenues par les salariés (non-dirigeants) par rapport au total des actions de l’entreprise (Park et al., 2004 ; Hollandts et Guedri, 2008 ; Toe et al., 2017). Des chercheurs ont toutefois souligné la nécessité d’adopter la fraction des droits de vote accordés aux salariés par rapport au nombre total des droits de vote en circulation comme mesure de l’AS (Faleye et al., 2006 ; Guedri et Hollandts, 2008 ; Abdelnour et al., 2022). En effet, les droits de vote reflètent l’implication directe des salariés dans la prise de décision de l’entreprise (Klein, 1987). Sur ce point, Desbrières (2002) souligne que l’important dans l’AS n’est pas tant la détention d’actions par les salariés que les droits qui y sont attachés. De même, St-Pierre et al. (1996) notent que le partage du pouvoir au sein de l’entreprise est généralement apprécié en fonction de la répartition des droits de vote entre les différents actionnaires. Ainsi, nous utilisons le pourcentage des droits de vote détenus par les salariés « ACT_SAL » comme mesure de l’AS (Klein, 1987 ; Faleye et al., 2006 ; Guedri et Hollandts, 2008). En France, la loi Florange du 29 mars 2014 a introduit le droit de vote double aux actionnaires qui détiennent des actions nominatives pendant deux ans ou plus. À ce titre, il est nécessaire de faire la distinction entre les droits de vote théoriques (ou bruts) et les droits de vote exerçables en assemblées générales (parfois dits droits de vote réels ou nets), tenant compte des droits de vote double et des actions privées de droits de vote. Dans notre étude, nous retenons le pourcentage des droits de vote exerçables en assemblées générales comme mesure de l’AS. Les données sur l’AS sont recueillies à partir des documents d’enregistrement universel des entreprises.

3.2.3. Variables de contrôle

27Conformément à la littérature antérieure sur la RSE de l’entreprise (Dam et Scholtens, 2012 ; Nekhili et al., 2021 ; Khenissi et al., 2022), nous incluons différentes variables de contrôle susceptibles d’influencer la performance RSE. Elles concernent les caractéristiques de l’entreprise, sa structure de propriété et sa gouvernance.

28Concernant les caractéristiques de l’entreprise, la littérature antérieure montre que la taille, l’endettement, le secteur d'activité et la performance financière sont des variables de contrôle importantes pour la performance RSE (Dam et Scholtens, 2012 ; Nekhili et al., 2021). À l’instar de plusieurs travaux (Gillet-Monjarret et Martinez, 2012 ; Khenissi et al., 2019), nous avons opérationnalisé la taille de l’entreprise par le logarithme du chiffre d’affaires « TAILLE ». Le niveau d’endettement est également un facteur important pouvant influencer la performance RSE (Xu et al., 2021). Ainsi, la variable « DETTE » est mesurée par le rapport entre le total de la dette financière et le total d’actif. Par ailleurs, plusieurs travaux montrent que l’appartenance à un secteur d’activité peut exercer une influence sur les décisions en matière de RSE (Dam et Scholtens, 2012). En effet, les secteurs dits « polluants » sont exposés à de fortes pressions réglementaires (Baird et al., 2012). Les effets du secteur d’activité sont estimés à partir de la classification GICS. La variable « SECTEUR » prend la valeur de 1 si l’entreprise est classée dans le secteur correspondant (selon la classification GICS). Enfin, il est intéressant de prendre en compte l’impact de la performance financière sur la performance RSE (Baird et al., 2012). À cet égard, Preston et Sapienza (1990) montrent qu’un niveau élevé de performance financière permet à l’entreprise d’investir davantage dans des projets responsables. Nous distinguons deux mesures de la performance financière : une mesure boursière par la rentabilité d’une action « TSR » et une mesure comptable par la rentabilité des capitaux propres « ROE ».

29En ce qui concerne les variables de structure de propriété, la littérature indique que la nature des actionnaires de contrôle est susceptible d’influencer la performance RSE (Barnea et Rubin, 2010 ; Dam et Scholtens, 2012). À l’instar d’Elage et Dardour (2021), nous avons utilisé trois variables binaires pour identifier la nature de l’actionnariat de contrôle : « FAM » pour l’actionnariat familial, « ETAT » pour l’actionnariat étatique et « INST » pour l'actionnariat institutionnel. Dans cette étude, nous utilisons la détention de 10 % des droits de vote comme seuil minimum pour distinguer l’actionnaire de contrôle (Khenissi et Thraya, 2022). Enfin, « DISP_K » est une variable muette qui prend la valeur 1 si aucun actionnaire ne détient plus de 10 % des droits de vote.

30Concernant les variables de gouvernance, certains travaux récents montrent que le niveau d’indépendance du CA a un effet positif sur l’engagement de l’entreprise en matière de RSE (Agarwala et al., 2022). La variable « INDÉP » mesure le pourcentage d’administrateurs indépendants selon les critères définis par le rapport Bouton. Nous contrôlons aussi la taille du CA (Hafsi et Turgut, 2013). « Board_SIZE » est une variable qui représente le nombre total d’administrateurs (hors administrateurs représentant les salariés). Par ailleurs, la structure du pouvoir au sein du CA (moniste ou duale) est susceptible d’influencer les décisions en matière de RSE (Uyar et al., 2021). Ainsi, « DUAL_DG » est une variable binaire qui prend la valeur 1 si le dirigeant cumule les deux fonctions de contrôle et de gestion et 0 dans le cas contraire. Ensuite, l’existence d’un comité RSE parmi les instances de gouvernance peut refléter un plus grand engagement RSE et peut affecter la performance RSE (Gillet-Monjarret et Martinez, 2012 ; Elmaghrabi, 2021). Ainsi, « COMIT_RSE » est une variable dichotomique qui prend la valeur 1 si l’entreprise dispose d’un comité RSE, et 0 dans le cas contraire. De même, l’intégration des critères RSE dans la rémunération des dirigeants devrait inciter ces derniers à améliorer la performance RSE. À ce titre, « INTÉG_RSE » est une variable binaire qui prend la valeur 1 si l’entreprise a intégré des critères RSE dans le bonus annuel de son dirigeant et 0 dans le cas contraire. Enfin, le nombre de salariés siégeant au CA peut affecter la performance RSE (Nekhili et al., 2021), étant donné que les salariés sont directement concernés par l’engagement RSE de leur entreprise. Ainsi, « SAL_BOARD » est une variable qui représente le nombre d’administrateurs salariés dans l’entreprise.

31Toutes les variables de notre étude sont présentées dans le tableau 2.

3.3. Modèle et approche économétrique

32L’approche économétrique consiste à utiliser des analyses de régression sur données de panel d'entreprises françaises appartenant à l'indice boursier SBF 120, sur la période 2012–2021. Dans notre étude, nous reconnaissons la présence d’une relation de causalité entre les variables dépendantes et indépendantes. En effet, les actionnaires salariés peuvent pousser leur entreprise à améliorer ses performances RSE. Cependant, la performance RSE peut également affecter la volonté des salariés à détenir des actions de leur entreprise (Bonelli et al., 2022). Il est aussi possible que d’autres facteurs non observables (culture d’entreprise par exemple) affectent nos variables d’étude. Aussi, nous ne pouvons pas non plus exclure le risque d’une causalité retardée. Ainsi, notre modèle peut être altéré par un problème d’endogénéité (Semadeni et al., 2014). Pour résoudre ce problème dont souffre la plupart des travaux empiriques sur l’AS (Toe et al., 2017 ; Guery et Stevenot, 2017), nous employons l’estimateur de la méthode des moments généralisés (GMM) en système qui intègre la valeur retardée de la variable dépendante comme variable indépendante pour prendre en compte les problèmes de causalité retardée (Arellano et Bond, 1991 ; Blundell et Bond, 1998). L’utilisation de l’estimateur GMM en système dans nos analyses de régression est appropriée compte tenu de la structure de nos données (Toe et al., 2017 ; Garfatta et Zorgati, 2021 ; Abdelnour et al., 2022). Par conséquent, pour analyser les liens entre l’AS et la performance RSE, nous testons le modèle empirique suivant :

Perf_RSE i,t= β 0 + β 1 Perf_RSE i,t-1 + β 2 ACT_SAL i,t + β CONTROLS i,t + ɛ i,t

33Avec : Perf_RSE i,t est la mesure de la performance extra-financière et ses trois dimensions (environnemental, social et de gouvernance) de l’entreprise i à la date t ; Perf_RSE i,t-1 représente la variable de performance RSE retardée d’une période ; ACT_SAL est la mesure de l’AS de l’entreprise i à la date t ; CONTROLS représente les variables de contrôle.

Tableau 2 : Récapitulatif des variables de l’étude

Variables

Mesure utilisée

Source

Perf_RSE

Indice annuel allant de 0 à 100, mesuré par 414 indicateurs répartis sur 3 dimensions qui reflètent la performance globale de chaque entreprise en matière de RSE.

Refinitiv

Perf_ENV

Indice annuel allant de 0 à 100, mesuré par 129 indicateurs répartis sur 3 sous-dimensions qui reflètent l’impact de l’entreprise sur l’environnement

Perf_SOC

Indice annuel allant de 0 à 100, mesuré par 147 indicateurs répartis sur 4 sous-dimensions qui reflètent l’impact de l’entreprise sur la société.

Perf_GOV

Indice annuel allant de 0 à 100, mesuré par 138 indicateurs répartis sur 3 sous-dimensions qui reflètent la qualité des pratiques de gouvernance.

ACT_SAL

Pourcentage des droits de vote exerçables détenus par les salaries.

Documents

d’enregistrement

universel

CONT_FAM

Variable muette qui prend la valeur 1 si l’actionnariat familial est ≥ à 10 % des droits de vote, 0 sinon.

CONT_INST

Variable muette qui prend la valeur 1 si l’actionnariat institutionnel est ≥ à 10 % des droits de vote, 0 sinon.

CONT_ÉTAT

Variable muette qui prend la valeur 1 si l’actionnariat étatique est ≥ à 10 % des droits de vote, 0 sinon.

DISP_K

Variable muette qui prend la valeur 1 si aucun actionnaire ne détient plus de 10 % des droits de vote, 0 sinon

SAL_BOARD

Nombre d’administrateurs salariés.

INDÉP

La proportion d’administrateurs indépendants.

Refinitiv

INTÉG_RSE

Variable binaire qui prend la valeur 1 si l’entreprise a intégré des critères RSE dans la rémunération de son dirigeant, 0 sinon.

COMIT_RSE

Variable binaire qui prend la valeur 1 si l’entreprise dispose d’un comité RSE, 0 sinon.

DUAL_DG

Variable binaire qui prend la valeur 1 si le dirigeant est lui-même président du CA, 0 sinon.

BOARD_SIZE

Nombre total des administrateurs.

ROE

Rentabilité des capitaux propres.

TSR

Rentabilité de l’action.

TAILLE

Logarithme du chiffre d’affaires.

DETTE

Ratio d’endettement (total dettes/total actif).

SECTEUR

Variable binaire qui prend la valeur 1 si l’entreprise est classée dans le secteur d’activité correspondant (classification GICS) et 0 dans le cas contraire.

Classification

GICS

4. Résultats empiriques, discussion et test de robustesse

34Dans cette partie, nous présentons les statistiques descriptives de notre échantillon d’entreprises avant d’exposer et de discuter les résultats des analyses de régression et du test de robustesse.

4.1. Statistiques descriptives

  • 9 Selon cette étude, les entreprises françaises occupent la troisième position mondiale en matière d’ (...)

35Le tableau 3 présente les statistiques descriptives de notre échantillon, sur la période étudiée. Toutes les variables ont été winsorisées à un niveau de 1 % afin de tenir compte des valeurs aberrantes des données. On constate tout d’abord une performance RSE moyenne de 62,15. Cela montre que les entreprises de notre échantillon se caractérisent par de bonnes performances RSE, mais restent loin du score 75, indiquant une excellente performance en matière de RSE (par rapport à la grille Refinitiv). On peut observer que cette performance est en constante évolution entre 2012 et 2021 (Figure 1) : elle est passée de 45,33 en 2012 à 71,26 en 2021. Cette évolution confirme les résultats d’une récente étude réalisée par l’agence spécialisée EcoVadis9 qui met en évidence l’engagement croissant des grandes entreprises françaises en matière de RSE. Dans le détail, nous constatons que les entreprises françaises accordent une grande importance aux critères sociaux (72,98 en moyenne) qui mesurent l’impact direct ou indirect de l’activité de l’entreprise sur la société, en termes des droits de l’Homme, de santé publique et de diversité (le taux de représentation hommes et femmes, l’emploi des personnes handicapées ou issues de minorités, l’accès à la formation des salariés, la prévention des accidents…). Il en est de même pour la performance environnementale (mesurée par les émissions de gaz à effet de serre, l’usage durable des ressources et l’innovation écologique…), avec un score moyen de 72,42. Concernant la performance en matière de gouvernance, il ressort du tableau 3 que les entreprises de notre échantillon se caractérisent par un niveau intermédiaire en matière de gouvernance (un score de 55,48). Cela suggère qu’il y a encore d’autres améliorations à faire et que les entreprises de notre échantillon doivent poursuivre leurs efforts en termes de gouvernance d’entreprise (la féminisation et l’indépendance des CA, la transparence de la rémunération des dirigeants, la lutte contre la fraude et la corruption, la ratification de stratégie RSE…). L’analyse descriptive de l’AS montre qu’en moyenne le pourcentage des droits de vote détenus par les salariés est de 3,08 %. Il varie de 0 à 33,3 % avec une grande disparité (écart-type de 5 %). On peut remarquer aussi qu’il existe encore des entreprises qui ne disposent pas d’un plan d’AS.

36Concernant les caractéristiques des entreprises, on observe qu’en moyenne le taux de rentabilité des capitaux propres est de 8,64 %. On note également une performance boursière moyenne de 13,10 %. En outre, les entreprises de notre échantillon ont des tailles très diverses, avec une forte dispersion (écart type du logarithme du chiffre d’affaires est de 1,33).

37En ce qui concerne les variables de gouvernance d’entreprise, les statistiques descriptives montrent qu’en moyenne 53,33 % des administrateurs sont indépendants. Les CA sont, en moyenne, composés de 13 membres. Un comité RSE a été instauré dans 85,73 % des entreprises de notre échantillon. Notons également que la majorité des sociétés (65,93 %) ont opté pour une structure moniste où le dirigeant cumule les deux fonctions de contrôle et de gestion. On note aussi que 54,11 % des entreprises de notre échantillon lient la performance RSE à la rémunération de leurs dirigeants. Aussi, les entreprises de notre échantillon n’ont en moyenne qu’un administrateur représentant les salariés.

38Enfin, concernant la structure de propriété, il ressort du tableau 3 que 36,11 % des entreprises de notre échantillon sont contrôlées par des familles actionnaires, 18,6 % sont contrôlées par des investisseurs institutionnels, et 11,82 % sont contrôlées par l’État, ce qui reflète la particularité du contexte français en matière de structure de propriété (Mard et al., 2014). On peut remarquer également que 33,16 % des entreprises de notre échantillon n’ont pas d’actionnaire de contrôle.

Tableau 3 : Statistiques descriptives

Tableau 3 : Statistiques descriptives

39La figure 1 montre l’évolution du niveau moyen de l’AS et de la performance RSE (et ses différentes composantes) de notre échantillon d’entreprises sur la période d’étude.

Figure 1 : Évolution de l’AS et de la performance RSE sur la période d’étude

Figure 1 : Évolution de l’AS et de la performance RSE sur la période d’étude

40Les coefficients de corrélation de Pearson sont présentés dans le tableau 4. Il ressort que les différents coefficients de corrélation sont inférieurs à 0,8 limite fixée par Kennedy (1992), ce qui indique l’absence de multicolinéarité bivariée entre les différentes variables indépendantes. Pour s’assurer de l’absence de problèmes de multicolinéarité, le test des facteurs d’inflation Variance (VIFs) est vérifié. On constate un VIF moyen de 1,51 largement inférieur au seuil critique de 10 (O’brien, 2007). Les problèmes de colinéarité semblent exclus de notre étude d’après l’analyse des indications VIFs.

Tableau 4 : Matrice de corrélation des variables

Tableau 4 : Matrice de corrélation des variables

* Corrélation significative au seuil ≤10%.

4.2. Résultats et discussion

41Le tableau 5 présente les résultats des analyses de régression GMM testant l’influence de l’AS sur la performance RSE globale et ses différentes composantes. Il apparaît tout d’abord que les tests d’Arellano et Bond ne permettent pas de rejeter l’hypothèse d’absence d’autocorrélation des résidus et montrent que la prise en compte d’un seul retard semble suffisante. De même, le test de sur-identification de Sargan confirme la validité globale des instruments. En outre, la significativité de la variable retardée justifie la nécessité de sa prise en compte et confirme la spécification de l’ensemble de nos estimations. Ainsi, les résultats peuvent être présentés et discutés. Le modèle 1 montre que l’AS a un effet positif et significatif sur la performance RSE globale de l’entreprise (β = 23,84 ; p < 5 %). Ainsi, notre hypothèse 1 est validée. Ce résultat est cohérent avec l’analyse de Winkler et al. (2019) pour qui la présence d’actionnaires salariés est associée à une vision long-termiste et à une prise de conscience de l’importance de la RSE pour la survie de l’entreprise. Il corrobore également l’étude récente de Zhou et al. (2022) selon laquelle l’AS fournit aux salariés les incitations nécessaires pour la mise en œuvre efficace de la stratégie RSE de leur entreprise. Ce résultat peut s’expliquer par le fait que les actionnaires salariés ont généralement une orientation à long terme dans l’entreprise et, en raison de leur double statut, ont des intérêts qui ne sont pas seulement centrés sur la maximisation de la valeur actionnariale (Winkler et al., 2019). En tant que groupe d’actionnaires stable, ils ont intérêt à minimiser la prise de risque et à accroître la performance à long terme de leur entreprise, et en tant que salariés, ils ont intérêt à améliorer le climat social et les conditions de travail dans l’entreprise (Zhou et al., 2022 ; Kong et al., 2023). Ce qui peut les amener à exercer des pressions sur leur entreprise d’un point de vue RSE (Bonelli et al., 2022). De plus, en raison de leur avantage informationnel, les actionnaires salariés peuvent contribuer à réduire l’asymétrie d’information subie par les actionnaires externes concernant la mise en œuvre de la stratégie RSE, notamment dans les assemblées d’actionnaires (Guery et Stevenot, 2017 ; Abdelnour et al., 2023). Ce qui suggère que l’AS est susceptible d’être révélateur de la stratégie RSE mise en œuvre. Toutefois, le modèle 2 ne permet pas d’établir un lien significatif entre l’AS et la performance environnementale de l’entreprise. Par conséquent, notre hypothèse 2 est rejetée. Contrairement à l’étude de Kong et al. (2023), la présence des salariés dans le capital ne semble pas représenter un facteur d’influence sur la performance environnementale des entreprises françaises. Ce résultat peut être expliqué par l’hétérogénéité des préférences des actionnaires salariés en raison de leur double statut (Hansmann, 1996). En effet, en tant que salariés, ils sont principalement préoccupés par la stabilité de leur relation d’emploi et l’augmentation de leurs rémunérations. Ainsi, il est concevable de s’attendre à ce qu’ils soient moins attentifs à l’engagement environnemental de leur entreprise. Ce résultat peut donc être attribué au manque d’intérêt direct et d’incitations claires à pousser leur entreprise à adopter des comportements respectueux de l’environnement. En outre, en tant qu’actionnaires, la rationalité financière peut les orienter, au moins indirectement, dans leurs choix et leurs comportements de vote aux décisions. On peut supposer que plus la fraction qu’ils détiennent dans le capital est faible, moins ils seront incités à s’impliquer dans des controverses écologiques qui ne convergent pas nécessairement avec l’objectif de maximisation de la valeur de leur investissement financier. Par ailleurs, l’absence de lien significatif entre l’AS et la performance environnementale peut aussi être liée au faible poids des actionnaires salariés au sein du capital et à leur rapport de force très souvent incomparable à celui des actionnaires de contrôle (Trébucq, 2002). En ce sens, s’ils ne détiennent qu’une fraction limitée du capital et donc des droits de vote aux décisions, les actionnaires salariés peuvent se trouver dans une situation d’impuissance face aux actionnaires de référence. Ceci implique que l’influence et la pression qu’ils sont susceptibles d’exercer en ce qui concerne l’engagement environnemental de leur entreprise peuvent être insignifiantes ou insuffisantes lorsqu’ils ne détiennent qu’une faible fraction du capital. Ces aspects peuvent, dans une large mesure, expliquer l’absence de relation significative entre l’AS et la performance environnementale des entreprises françaises. Le modèle 3 laisse apparaître un effet positif et significatif de l’AS sur la performance sociale de l’entreprise (β = 27,04 ; p < 5 %). Ainsi, notre hypothèse 3 est validée. Ce résultat est cohérent avec la récente recherche de Bonelli et al. (2022) en France montrant que les salariés deviennent plus soucieux des conditions de travail et de la façon dont l’entreprise gère les attentes de la société, lorsqu'ils décident d’investir en AS. Il soutient également l’analyse de Benhamou et Diaye (2011) montrant que la performance sociale est de 34 % supérieure dans les entreprises disposant d’AS. Ce résultat pourrait être expliqué par le fait que les salariés actionnaires sont directement concernés par l’engagement social de leur entreprise. Ce qui implique clairement qu’ils ont un intérêt direct et durable à pousser leur entreprise à l’amélioration du climat social et des conditions de travail (Rupp et al., 2006). Une autre explication est que l’AS conduit à la stabilité de l’emploi et contribue à réduire les inégalités sociales (Aubert et Hollandts, 2015 ; Kruse, 2022). Il permet également de protéger et d’encourager les investissements en capital humain (Robinson et Zhang, 2005 ; Guery et Pendleton, 2016). Et comme le montrent Park et al. (2004), les entreprises qui pratiquent l’AS font moins de licenciements et affichent des taux de survie plus élevés. D’où son effet positif sur la performance sociale de l’entreprise. Le modèle 4 montre que l’AS a un effet positif et significatif sur la performance de l’entreprise en matière de gouvernance (β = 32,47 ; p < 1 %). Par conséquent, notre hypothèse 4 est validée. Ce résultat est en accord avec la littérature traitant ce lien en France (Aubert et al., 2017 ; Guery et Stevenot, 2017 ; Cardoni, 2020). Il rejoint également celui d’Abdelnour et al., (2022) indiquant que l’AS permet de réduire les coûts d’agence au sein de l’entreprise. Il est aussi cohérent avec celui de Wu et al. (2023) qui constatent que la probabilité de la fraude financière dans l’entreprise diminue de manière significative après l’adoption de plans d’AS. Ce résultat peut s’expliquer par le fait que les actionnaires salariés ont une double incitation à renforcer l’efficacité du système de gouvernance de leur entreprise (Hollandts et Guedri, 2008). Pour protéger leur double investissement dans l’entreprise, ils peuvent contribuer à aligner les intérêts entre les différentes parties prenantes internes et donner au système de gouvernance un caractère préventif des éventuels conflits et biais comportementaux affectant les décisions (Desbrières, 2002 ; Cardoni, 2020). De plus, les actionnaires salariés ont accès à plus d’informations (en tant que salariés) que tous les autres actionnaires externes et, par conséquent, ils sont en mesure d’assurer une meilleure circulation de l’information (Desbrières, 2002 ; Winkler et al., 2019). Leur présence lors des assemblées d’actionnaires devrait être d’un effet bénéfique dans la mesure où elle peut empêcher les dirigeants de profiter de leur avantage informationnel par rapport aux actionnaires externes (Dardour et al., 2015 ; Hollandts, 2018). Dans ce cadre, Guery et Stevenot (2017) soulignent que l’AS est généralement associé à une meilleure circulation de l’information et permet d’améliorer la gouvernance en augmentant la transparence au sein de l’entreprise. Dans ce sens, l’AS peut conduire à une gouvernance plus avisée des risques, moins conflictuelle et plus responsable et transparente (Desbrières, 2002 ; Cardoni, 2020 ; Abdenour et al., 2022).

42En somme, nos résultats indiquent l’existence d’impacts positifs de l’AS sur la performance RSE. Dans le détail, l’AS a une influence positive sur la performance sociale et de gouvernance, mais pas d’effet significatif sur la performance environnementale de l’entreprise. L’analyse des particularités des actionnaires salariés permet de mieux appréhender les effets positifs de l’AS en termes de RSE. Comme l’ont souligné Blair et al. (2000), les actionnaires salariés ont la particularité notable d’investir à la fois en capital humain et en capital financier dans leur entreprise. En réalisant ce double investissement dans la même entreprise, ils encourent un double risque : l’un lié à la spécificité de leur investissement en capital humain –difficilement redéployable et valorisable dans d’autres entreprises– (Blair, 1999), et l’autre lié à l’instabilité de la valeur de leur investissement en capital financier (Desbrières, 2002). Ce double risque auquel sont exposés les actionnaires salariés peut les amener à être plus soucieux et plus sensibles aux incidents RSE de leur entreprise (Kong et al., 2023). Cet argument rejoint les analyses de Faleye et al. (2006) et Bova et al. (2015) qui montrent que les actionnaires salariés sont réticents à la prise du risque en raison de leur double investissement dans l’entreprise. Dans ce sens, ils peuvent exercer une grande pression sur leur entreprise et ses dirigeants pour s’engager dans des activités qui témoignent d’un comportement socialement responsable (Kong et al., 2023). Par ailleurs, l’AS contribue à renforcer les liens entre le salarié et son entreprise (Wagner et al., 2003). Ces liens renforcés ont généralement tendance à s’inscrire dans une voie durable (Pugh et al., 1999 ; Winkler et al., 2019). En France, les montants investis en AS ne peuvent pas être débloqués par les salariés pendant les cinq premières années (Aubert et Hollandts, 2015). Notons à cet égard que la loi PACTE de 2019 a augmenté le plafond de décote applicable sur les actions détenues par les salariés de 20 % à 30 % pour une période de blocage de 5 ans, et de 30 % à 40 % pour une période de blocage de 10 ans. Par cette mesure incitative, le législateur vise à pérenniser encore plus l’AS dans les entreprises françaises. Selon l’observatoire de l’AS d’Amundi (2022)10 en France, « les salariés conservent en moyenne plus de 13 ans leurs avoirs investis en actions de l’entreprise, bien au-delà des périodes de blocage ». Ceci indique clairement que les actionnaires salariés ont un horizon d’investissement long-termiste et trouvent alors sens dans la minimisation du risque futur et l’augmentation de la performance à long terme de leur entreprise. Ils peuvent à ce titre contribuer à améliorer la performance RSE de leur entreprise en encourageant des pratiques plus durables (Winkler et al., 2019 ; Zhou et al., 2022). Ils peuvent également favoriser la transparence dans la divulgation RSE et promouvoir une gouvernance plus responsable (Gillet-Monjarret et Martinez, 2012 ; Abdelnour et al., 2023). En outre, compte tenu du climat de confiance et de coopération et de la surveillance mutuelle qu’il favorise entre les salariés (Desbrières, 2022), l’AS peut encourager les autres salariés (non-actionnaires) à exécuter efficacement la stratégie RSE de l’entreprise (Zhou et al., 2022). D’autant plus que l’AS offre aux salariés un sentiment de « propriété psychologique », qui accroît leur attachement et établit un lien émotionnel fort et durable envers leur entreprise (Pierce et al., 1991 ; Wagner et al., 2003). Ce qui peut se traduire par une grande attention portée aux questions RSE.

43Du côté des variables de contrôle, nous observons que la présence d’un comité RSE parmi les instances de gouvernance affecte favorablement la performance RSE globale de l’entreprise, ce qui est cohérent avec l’étude d’Elmaghrabi (2021). En effet, l’existence d’un comité RSE reflète un plus grand engagement RSE et permet de pousser l’entreprise à l’amélioration de sa performance RSE (Gillet-Monjarret et Martinez, 2012). On note également que l’intégration des critères RSE dans la rémunération des dirigeants affecte positivement la performance RSE. Le fait de lier le respect des critères RSE à la rémunération des dirigeants devrait à l’évidence inciter ces derniers à améliorer la performance RSE. On remarque aussi que la proportion d’administrateurs indépendants affecte positivement la performance RSE. Conformément à Agarwala et al. (2022), les administrateurs indépendants améliorent l’efficacité du contrôle de l’entreprise et protègent les intérêts à long terme des différentes parties prenantes. En ce sens, ils ont tendance à maintenir un équilibre entre les considérations financières et extra-financières de l’entreprise (Barnea et Rubin, 2010). En outre, on constate que la dualité des dirigeants influence positivement la performance sociale, mais négativement la performance de gouvernance de l’entreprise, ce qui suggère que les dirigeants puissants sont moins réceptifs aux pressions des administrateurs. Ainsi, la dualité du dirigeant est susceptible d’influencer les décisions en matière de RSE dans le sens qui leur est favorable (Uyar et al., 2021). On note aussi que l’augmentation de la taille du CA a un effet positif sur la performance RSE. En effet, la présence d’un plus grand nombre d’administrateurs accroît la diversité du CA, ce qui peut inciter à la divulgation en matière de RSE (Hafsi et Turgut, 2013). L’influence de la présence des salariés au CA apparaît positive sur la performance RSE. En effet, les salariés sont directement concernés par l’engagement RSE de leur entreprise, y contribuent et y réagissent (Rupp et al., 2006). Ainsi, leur présence au CA devrait être d’un effet bénéfique sur la performance RSE. Dans le même temps, les modèles montrent que le contrôle familial a un effet négatif sur la performance RSE. En effet, les pratiques RSE sont souvent négligées dans les entreprises familiales (Barnea et Rubin, 2010 ; Block et Wagner, 2014). Nous constatons également que le contrôle institutionnel impacte positivement la performance RSE. Ce qui est conforme à la littérature indiquant que les investisseurs institutionnels portent un intérêt croissant aux critères RSE, et exercent plus de pression sur les entreprises pour qu’elles améliorent leurs performances en matière de RSE. On remarque aussi que le contrôle étatique est associé à de mauvaises performances en matière de RSE. Conformément à Dam et Scholtens (2012), l’État poursuit généralement des objectifs divergents (notamment politiques) qui peuvent être contradictoires avec la promotion de la RSE. On note ensuite que la taille de l’entreprise a un effet négatif sur la performance RSE. Il est en effet reconnu que les grandes entreprises –en particulier les grands groupes industriels– prospèrent au détriment du progrès social et environnemental, et leurs activités sont considérées comme une cause majeure des défis socio-écologiques auxquels notre monde est confronté aujourd’hui (Porter et Kramer, 2019).

44En complément de notre analyse de la relation directe entre l’AS et la performance RSE, un test de robustesse a été effectué afin de s’assurer de la validité des liens identifiés.

Tableau 5 : Résultats des régressions GMM testant l’influence de l’AS sur la performance RSE 

Tableau 5 : Résultats des régressions GMM testant l’influence de l’AS sur la performance RSE 

***, **, * represent significance at 1%, 5% and 10% thresholds respectively.

Analyse de robustesse des résultats : une mesure alternative de l’AS

45La littérature empirique indique que l’influence de l’AS sur les performances de l’entreprise varie en fonction des niveaux qu’il représente dans le capital. Certaines études soulignent que l’AS n’a d’effets positifs sur les performances de l’entreprise que lorsque les salariés détiennent une fraction significative, voire majoritaire, du capital de leur entreprise. Par exemple, les travaux d’Aubert et al. (2017), ainsi que ceux d’Abdenour et al. (2022), montrent que l’AS ne devient un véritable mécanisme d’alignement des intérêts entre les actionnaires et les salariés que lorsque ces derniers détiennent une fraction significative, voire majoritaire, du capital. Dans ce cadre, Toe et al. (2017), à l’instar de Trébucq (2002), ont proposé une mesure de l’AS qui permet de prendre en compte le poids relatif des actionnaires salariés par rapport à l’actionnaire principal. Il s’agit en effet de rapporter le pourcentage du capital détenu par les salariés à celui détenu par l’actionnaire majoritaire. Une mesure d’AS qui permet de capter le rapport de force et le pouvoir effectif dont disposent les actionnaires salariés par rapport à l’actionnaire de contrôle, ce que les auteurs désignent comme AS significatif (Toe et al., 2017). Ainsi, nous remplaçons le pourcentage des droits de vote détenu par les salariés par une variable rapportant la fraction du capital détenue par les salariés à celle détenue par l’actionnaire principal. L’analyse descriptive de cette variable « AS_SIGN » montre qu’en moyenne le poids de l’AS par rapport à l’actionnariat principal est de 17,34 % dans les entreprises de notre échantillon, avec une grande disparité (écart-type de 0,34). Notons à cet égard que 18 entreprises de notre échantillon ont comme premier actionnaire leurs salariés. 

46Les résultats des nouvelles analyses de régression GMM sont présentés dans le tableau 6. Le modèle 5 permet de confirmer l’impact positif de l’AS sur la performance RSE globale de l’entreprise (β = 17,20 ; p < 1 %). Ce résultat indique que l’augmentation du niveau d’AS relativement à celui de l’actionnaire principal entraîne des effets positifs sur la performance RSE. On peut alors considérer que plus la participation des salariés au capital est importante, plus les salariés sont conscients de l’importance de la RSE pour la pérennité de l’activité de l’entreprise et plus ils sont incités à pousser leur entreprise à améliorer ses performances en matière de RSE. Ce résultat peut aussi s’expliquer par le fait que la détention d’une part significative, voire majoritaire, du capital par les salariés permet d’accroître leur pouvoir d’agir et de renforcer leur volonté à exercer des pressions sur leur entreprise du point de vue RSE afin de protéger leur double investissement dans l’entreprise (Winkler et al., 2019 ; Abdelnour et al. 2022). Le modèle 6 fait apparaître un effet positif et significatif de l’AS sur la performance environnementale de l’entreprise (β = 7,33 ; p < 1 %). Ce résultat révèle que l’AS ne devient un véritable levier de la performance environnementale que lorsque les salariés détiennent une fraction significative, voire majoritaire, du capital de leur entreprise. Il peut être expliqué par le fait que lorsque les salariés détiennent une part significative du capital et réalisent donc d’importants investissements dans leur entreprise, ils deviennent plus attentifs et plus sensibles à l’engagement environnemental de l’entreprise (Park et al., 2004). En effet, étant donné que l’engagement environnemental permet de réduire le risque de l’entreprise en protégeant celle-ci contre des événements tels que des boycotts de produits, des risques de réputation ou des pénalités réglementaires (Cai et al., 2016), il est donc dans leur intérêt d’exercer des pressions sur la direction de l’entreprise et d’exprimer de plus grandes préoccupations à l’égard des décisions qui créent des dommages à l’environnement (Sun et Liu, 2023). Si l’on ajoute à cela l’aversion au risque qui caractérise les actionnaires salariés, on peut considérer que la détention par les salariés d’une part significative du capital les amène à être plus conservateurs et plus soucieux des activités non respectueuses de l’environnement (Bova et al., 2015 ; Kong et al., 2023). Ce résultat rejoint d’ailleurs celui d’une étude publiée par Eres (2020)11 en France, qui révèle que « les entreprises à très forte culture d’AS se distinguent par de meilleurs résultats en matière de contribution environnementale nette : +7 %, contre -1 % pour les entreprises à faible culture d’AS ». On peut alors considérer que lorsque les salariés ont un poids significatif au sein de la structure de capital de l’entreprise, ils ne s’attendent pas seulement à la maximisation de la valeur de leur investissement financier, mais aussi à ce que leur entreprise adopte des comportements responsables et respectueux de l’environnement. Ils peuvent donc à ce titre user de leurs droits de vote et de représentation au CA pour exercer un contrôle étroit et faire pression sur la direction de l’entreprise pour s’engager dans des activités qui témoignent d’un comportement respectueux de l’environnement, car cela est nécessaire pour protéger la valeur de leur investissement financier et, à terme, la stabilité de leur emploi (Kong et al., 2023). Le modèle 7 confirme que l’AS a un effet positif et significatif sur la performance sociale de l’entreprise (β = 8,71 ; p < 5 %). Ce qui est cohérent avec l’étude précitée d’Eres (2020) indiquant également que « les entreprises ayant une très forte culture d’AS semblent valoriser davantage leur capital humain : leur taux de départs volontaires est inférieur à celui des entreprises à très faible culture d’AS (7,2 % contre 9,7 %) et leur taux de licenciement est également inférieur (3,0 % contre 5,3 %) ». Ce résultat s’expliquerait par le fait que la détention d’une fraction significative du capital offre aux salariés un pouvoir de négociation élevé, ce qui leur permet de protéger et d’encourager les investissements en capital humain (Robinson et Zhang, 2005 ; Guery et Pendleton, 2016). Ainsi que l’ont souligné Abdelnour et al. (2022) « la détention d'une fraction significative, voire majeure [du capital] offre une opportunité sans précédent aux salariés pour détenir un véritable contre-pouvoir ou peser dans un sens qui leur est favorable ». En ce sens, lorsque les salariés réalisent des investissements importants dans le capital de leur entreprise, ils devraient se soucier davantage de l’engagement social de leur entreprise (Bonelli et al., 2022). Le modèle 8 permet de confirmer l’effet positif et significatif de l’AS sur la performance de gouvernance de l’entreprise (β = 11,70 ; p < 1 %). Ce résultat va dans le sens des analyses d’Abdelnour et al. (2022) et Winkler et al. (2019) qui soulignent qu’au-delà d’un certain niveau, les bienfaits de l’AS permettent de compenser ses inconvénients et contribuent à créer un climat de coopération au sein de l’entreprise. La détention d’une fraction significative du capital s’accompagne en effet d’une augmentation des droits de vote et leur garantit une représentation au CA, ce qui peut permettre d’exercer un contrôle plus étroit sur les dirigeants (Desbrières, 2002 ; Abdelnour et al., 2022). Rappelons qu’en France, la loi Breton du 30 décembre 2006 n’impose la représentation de l’AS au CA que lorsque les salariés détiennent au moins 3 % du capital. En outre, l’augmentation des niveaux d’AS par rapport à la structure de l’actionnariat devrait également être associée à une meilleure circulation de l’information (Bova et al., 2015), ce qui pourrait contribuer à augmenter la transparence et à réduire l’asymétrie informationnelle au sein de l’entreprise (Guery et Stevenot, 2017). En résumé, les nouvelles analyses de régression GMM dont nous venons de présenter les résultats permettent de confirmer l’existence d’impacts positifs de l’AS sur la performance RSE des grandes entreprises françaises.

Tableau 6 : Résultats des régressions GMM testant l’influence de l’AS significatif sur la performance RSE

Tableau 6 : Résultats des régressions GMM testant l’influence de l’AS significatif sur la performance RSE

***, **, * represent significance at the 1%, 5% and 10% thresholds respectively.

5. Conclusion

47Cette recherche examine les liens entre l’AS et la performance RSE, en utilisant un échantillon de 102 entreprises françaises cotées au SBF 120 de 2012 à 2021. L’AS est susceptible d’être bénéfique pour l’entreprise dans la mesure où il peut renforcer les mécanismes de contrôle et la convergence des intérêts au sein de l’entreprise (Desbrières, 2002 ; Cardoni, 2020). Il constitue un point de rencontre d'intérêts initialement divergents pouvant aider l’entreprise à faire passer ses parties prenantes internes d’un état de conflit à un climat de confiance et de coopération (Poulain-Rehm et Lepers, 2013). Il peut également contribuer à réduire l’asymétrie d’information et à augmenter la transparence au sein de l’entreprise (Bova et al., 2015 ; Guery et Stevenot, 2017). De plus, lorsque les salariés deviennent également actionnaires de leur entreprise, ils manifestent leur confiance dans l’avenir de l’entreprise (Poulain-Rehm et Lepers, 2013). Cela peut être considéré comme un signal explicite de création de valeur durable. Néanmoins, très rares sont les travaux qui examinent la relation directe entre l’AS et la performance RSE. Cette recherche s’appuie sur des arguments suggérant que les actionnaires salariés sont plus enclins à exercer leurs droits de vote dans l’intérêt à long terme de l’entreprise et plus susceptibles d’orienter la gestion de l’entreprise vers une voie plus durable, car cela va dans le sens de leur intérêt en tant que salariés, mais également en tant que groupe d’actionnaires stable (Blair et al., 2000). Et ce d’autant plus que leurs actions sont souvent logées pour une longue durée dans un FCPE (Trébucq, 2002). En outre, l’AS offre aux salariés un sentiment de « propriété psychologique », qui accroît leur attachement et établit un lien émotionnel fort et durable envers leur entreprise (Pierce et al., 1991 ; Wagner et al., 2003). Ce qui peut se traduire par une grande attention portée aux questions RSE. De plus, compte tenu de leur avantage informationnel, les actionnaires salariés peuvent contribuer à réduire l’asymétrie d’information subie par les actionnaires externes concernant la mise en œuvre de la stratégie RSE, notamment dans les assemblées d’actionnaires (Guery et Stevenot, 2017 ; Abdelnour et al., 2023). Ce qui implique que l’AS est susceptible d’être révélateur de la stratégie RSE mise en œuvre. De surcroît, les actionnaires salariés sont généralement réticents à prendre des risques en raison de leur double investissement dans l’entreprise, et cette aversion au risque peut les conduire à être plus sensibles et plus soucieux des incidents RSE de leur entreprise (Bova et al., 2015 ; Kong et al., 2023). Ainsi, une augmentation de leurs droits de vote devrait les inciter à pousser leur entreprise à mettre en place des stratégies de long terme, telles que l’engagement dans une démarche de RSE (Pugh et al., 1999). Nous faisons l’hypothèse que l’AS a une influence positive sur la performance RSE.

48Nos résultats confirment que l’AS a un effet positif et significatif sur la performance RSE des entreprises du SBF 120. Dans le détail, nos analyses révèlent que l’AS n’a pas d’effet significatif sur la performance environnementale, mais a un effet positif et significatif sur la performance sociale et de gouvernance de l’entreprise. Une analyse de robustesse des liens identifiés laisse apparaître un effet positif de l’AS sur la performance environnementale lorsqu’il est à un niveau significatif, voire majoritaire, par rapport à l’actionnaire principal, et confirme l’existence d’impacts positifs de l’AS sur la performance RSE. Par conséquent, un des principaux apports de cette recherche est d’établir des liens directs et positifs entre la pratique de l’AS et la performance RSE des grandes entreprises françaises. Nos résultats alimentent les débats actuels sur les bienfaits de l’AS pour les entreprises qui le pratiquent. Ils mettent également en valeur la volonté affichée par les pouvoirs publics français d’encourager et de promouvoir encore plus l’AS dans les entreprises françaises. Un autre apport de notre recherche est de montrer empiriquement que l’AS ne devient un véritable levier de la performance environnementale que lorsque les salariés détiennent un niveau significatif, voire majoritaire, du capital de leur entreprise. Ce qui peut être interprété par le fait que lorsque les salariés réalisent d’importants investissements dans leur entreprise, ils deviennent plus attentifs et plus sensibles à l’engagement RSE de leur entreprise (Park et al., 2004). Ceci implique que le développement de l’AS valorise les efforts des entreprises en matière de RSE. Ainsi, l’AS peut être considéré par les partenaires externes de l’entreprise, et en particulier les investisseurs, comme un signe d’une gouvernance long-termiste et d’un meilleur engagement envers la RSE. Dans l’ensemble, nos résultats suggèrent des recommandations pouvant aider les entreprises dans leurs choix d’actionnariat, et pouvant éclairer les régulateurs au sujet des pratiques porteuses de RSE pour les entreprises avec, au cœur des débats actuels, les notions de gouvernance partagée et de réforme de l’entreprise.

49Cette recherche comporte certaines limites, qui constituent des voies de recherche ultérieures. La première limite est la méthode uniquement quantitative que nous avons adoptée pour étudier le lien entre l’AS et la performance RSE. En effet, même si les résultats permettent d’établir des liens significatifs, ils ne permettent pas d’appréhender comment les liens opèrent. Ainsi, des recherches ultérieures devraient reposer sur des démarches qualitatives, qui, en interrogeant des salariés actionnaires de leur propre entreprise, permettraient de comprendre la manière dont ils agissent dans ce cadre. Par ailleurs, les entreprises françaises présentent des spécificités en matière de structure de propriété (Mard et al., 2014), une autre voie de recherche consisterait donc à observer l’interaction entre l’AS et les autres types d’actionnariat. De plus, il serait intéressant d’analyser l’effet de seuil pouvant exister dans la relation AS-performance RSE. En outre, compte tenu de la nature multidimensionnelle de notre variable dépendante, des recherches ultérieures devraient prendre en compte les scores de chaque composante (par exemple : score émission CO2 pour l’environnement, score des droits de l’Homme pour le social et score des stratégies RSE pour la gouvernance). Enfin, une piste de recherche ultérieure serait de mener des analyses en sous-périodes, et de comparer les résultats avant et après la loi PACTE.

Haut de page

Bibliographie

Abdelnour, J., Aubert, N., et Ben-Amar, W. (2023), « Employee stock ownership and voluntary carbon disclosure », Bankers, Markets & Investors, n° 172-173, p. 60-71.

Abdelnour, J., Aubert, N., et Campa, D. (2022), « Does employee ownership decrease agency costs? Evidence from French listed companies », Finance Contrôle Stratégie, n° 25-3/4.

Agarwala, N., Pareek, R., et Sahu, T. N. (2022), « Does board independence influence CSR performance? A GMM-based dynamic panel data approach », Social Responsibility Journal, vol. 19, n° 6, p. 1003-1022.

Arellano, M., et Bond, S. (1991), « Some tests of specification for panel data: Monte Carlo evidence and an application to employment equations », The review of economic studies, vol. 58, n° 2, p. 277-297.

Aubert, N., Chassagnon, V., et Hollandts, X. (2016), « Actionnariat salarié, gouvernance et performance de la firme : une étude de cas économétrique portant sur un groupe français coté », Revue d'économie industrielle, n° 154, p. 151-176.

Aubert, N., et Hollandts, X. (2015), « How shared capitalism affects employee withdrawal: An econometric case study of a French-listed company », Journal of Applied Business Research, vol. 31, n° 3, p. 925-938.

Aubert, N., Garnotel, G., Lapied, A., et Rousseau, P. (2014), « Employee ownership: A theoretical and empirical investigation of management entrenchment vs. reward management », Economic Modelling, vol. 40, p. 423-434.

Aubert, N., Kern, A., et Hollandts, X. (2017), Employee stock ownership and the cost of capital. », Research in International Business and Finance, vol. 41, p. 67-78.

Baird, P.L., Geylani, P.C., et Roberts, J.A. (2012), « Corporate social and financial performance re-examined: Industry effects in a linear mixed model analysis », Journal of Business Ethics, n° 109, n° 3, p. 367-388.

Barko, T., Cremers, M., et Renneboog, L. (2021), « Shareholder engagement on environmental, social, and governance performance », Journal of Business Ethics, n° 180, p. 777-812.

Barnea, A., et Rubin, A. (2010), « Corporate social responsibility as a conflict between shareholders », Journal of business ethics, n° 97, p. 71-86.

Barney, J. B. (1990a), « Employee stock ownership and the cost of equity in japanese electronics firms », Organization Studies, vol. 11, n° 3, p. 353-372.

Ben‐Ner, A., et Jones, D. C. (1995), « Employee participation, ownership, and productivity: A theoretical framework », Industrial Relations: A Journal of Economy and Society, vol. 34, n° 4, p. 532-554.

Benartzi, S., Thaler, R. H., Utkus, S. P., et Sunstein, C. R. (2007), « The law and economics of company stock in 401 (k) plans. », The Journal of Law and Economics, vol. 50, n° 1, p. 45-79.

Benhamou S. et Diaye MA. (2011), « Participation des salariés et performance sociale : quels liens ? quels enjeux ? », Document de travail n° 2011-02, Paris, Centre d’Analyse Stratégique.

Billio, M., Costola, M., Hristova, I., Latino, C., et Pelizzon, L. (2021), « Inside the ESG ratings:(Dis) agreement and performance », Corporate Social Responsibility and Environmental Management, vol. 28, n° 5, p. 1426-1445.

Blair M., « Firm-Specific Human Capital and Theories of the Firm », Blair M. et Roe M. (eds.), Employees & Corporate Governance, Brooking Institution Press, Washington D.C., 1999, p. 58-90.

Blair, M., Kruse, D. et Blasi, J. (2000), « Is employee ownership an unstable form or a stabilizing force? » in T. Kochan and M. Blair (Eds), The new relationship: Human capital in the American Corporation, The Brookings Institution, Washington DC, p. 241-288.

Blasi, J., Freeman, R., et Kruse, D. (2016), « Do broad‐based employee ownership, profit sharing and stock options help the best firms do even better? », British Journal of Industrial Relations, vol. 54, n° 1, p. 55-82.

Block, J. H. et Wagner, M. (2014), « The effect of family ownership on different dimensions of corporate social responsibility: Evidence from large US firms. », Business Strategy and the Environment, vol. 23, n° 7, p. 475-492.

Blundell, R., et Bond, S. (1998), « Initial conditions and moment restrictions in dynamic panel data models », Journal of econometrics, vol. 87, n° 1, p. 115-143.

Bonelli, M., Brière, M., et Derrien, F. (2022), « Altruism or Self-Interest ? ESG and Participation in Employee Share Plans », ESG and Participation in Employee Share Plans.

Bova, F., Dou, Y., et Hope, O. K. (2015), « Employee ownership and firm disclosure », Contemporary Accounting Research, vol. 32, n° 2, p. 639-673.

Bova, F., Kolev, K., Thomas, J. K., et Zhang, X. F. (2015), « Non-executive employee ownership and corporate risk », The Accounting Review, vol. 90, n° 1, p. 115-145.

Bowen, H. R. (1953, 2013), Social responsibilities of the businessman, University of Iowa Press.

Brinette, S., Khemiri, S., Benkraiem, R., et Miloudi, A. (2021), « Système de gouvernance et stratégie de capital risque industriel des groupes français », Management international, vol. 25, n° 1, p. 12-32.

Cai, L., Cui, J., et Jo, H. (2016), « Corporate environmental responsibility and firm risk », Journal of Business Ethics, n° 139, p. 563-594.

Cardoni, H. (2020), « Contribution à la connaissance de l’impact de l’actionnariat salarié sur la gouvernance des entreprises », Entreprise & société, n° 5, p. 147-176.

Cézanne, C., et Hollandts, X. (2021), « La participation des salariés à la gouvernance d’entreprise : quel impact sur la performance et la politique de distribution des liquidités dans le SBF 120 (2000‑2014) ? », Economie et Statistique, vol. 528, n° 1, p. 85-108.

Charreaux, G. (1997), Le gouvernement des entreprises : Corporate Governance : théories et faits.

Charreaux, G. (2000), « La théorie positive de l'agence : positionnement et apports », Revue d'économie industrielle, vol. 92, n° 1, p. 193-214.

Charreaux G. (2011), « Quelle théorie pour la gouvernance ? De la gouvernance actionnariale à la gouvernance cognitive et comportementale », Working Paper FARGO n° 1110402.

Charreaux, G., et Desbrières, P. (1998), « Gouvernance des entreprises : valeur partenariale contre-valeur actionnariale », Finance Contrôle Stratégie, vol. 1, n° 2, p. 57-88.

Clarkson, M. E. (1995), « A stakeholder framework for analyzing and evaluating corporate social performance », Academy of management review, vol. 20, n° 1, p. 92-117.

Cronqvist, H., Heyman, F., Nilsson, M., Svaleryd, H., et Vlachos, J. (2009). « Do entrenched managers pay their workers more? », The Journal of Finance, vol. 64, n° 1, p. 309-339.

Dam, L., et Scholtens, B. (2012), « Does ownership type matter for corporate social responsibility? », Corporate Governance: An International Review, vol. 20, n° 3, p. 233-252.

Dardour, A., Husser, J., et Hollandts, X. (2015), « CEO compensation and board diversity: evidence from French listed companies », Revue de Gestion des Ressources Humaines, n° 4, p. 30-44

Desbrières P. (1997), « Le rôle de l’actionnariat des salariés non-dirigeants dans le système de gouvernement de l’entreprise », Le gouvernement des entreprises, Charreaux G. (éd.), Paris, Economica, p. 397-417.

Desbrières, P. (2002), « Les actionnaires salariés », Revue Française de Gestion, n° 5, p. 255- 281.

Dimson, E., Karakaş, O., et Li, X. (2015), « Active ownership », The Review of Financial Studies, vol. 28, n° 12, p. 3225-3268.

Donaldson, T., et Preston, L.E. (1995), « The stakeholder theory of the corporation: Concepts, evidence, and implications », Academy of Management Review, vol. 20, n° 1, p. 65-91.

Elage, A., et Dardour, A. (2021), « Rémunérations incitatives des dirigeants et gestion réelle des résultats : quel impact de la structure de l'actionnariat ? Le cas des sociétés cotées au SBF 120 », Finance Contrôle Stratégie, NS-11.

Elmaghrabi, M. E. (2021), « CSR committee attributes and CSR performance: UK evidence », Corporate Governance: The International Journal of Business in Society, vol. 21, n° 5, p. 892-919.

Faleye, O., Mehrotra, V., et Morck, R. (2006), « When labor has a voice in corporate governance », Journal of financial and quantitative analysis, vol. 41, n° 3, p. 489-510.

Faller, C. M., et zu Knyphausen-Aufseß, D. (2018), « Does equity ownership matter for corporate social responsibility? A literature review of theories and recent empirical findings. », Journal of Business Ethics, n° 150, p. 15-40.

Farooq, O., Farooq, M., et Reynaud, E. (2019), « Does employees’ participation in decision making increase the level of corporate social and environmental sustainability? An investigation in South Asia », Sustainability, vol. 11-2, n° 511.

Freeman, R.E. (1984, 2010), Strategic management: A stakeholder approach, Cambridge University Press.

Garfatta, R., et Zorgati, I. (2021), « Employee stock ownership and value creation: evidence from system GMM estimates », Managerial Finance, vol. 47, n° 9, p. 1270-1285.

Gharbi, H., et Lepers, X. (2008), « Actionnariat salarié et enracinement des dirigeants : un essai de compréhension », Innovations, n° 1, p. 121-146.

Gillet-Monjarret, C., et Martinez, I. (2012), « La vérification sociétale des entreprises du SBF 120 : l'impact de la structure de propriété et du conseil d'administration », Comptabilité Contrôle Audit, vol. 18, n° 3, p. 43-66.

Gjølberg, M. (2009), « Measuring the immeasurable? Constructing an index of CSR practices and CSR performance in 20 countries », Scandinavian journal of management, vol. 25, n° 1, p. 10-22.

Gomez, P. Y. (2021), La gouvernance d'entreprise, Que sais-je.

Guedri, Z., et Hollandts, X. (2008), « Beyond dichotomy: The curvilinear impact of employee ownership on firm performance », Corporate Governance: An International Review, vol. 16, n° 5, p. 460-474.

Guery, L., et Pendleton, A. (2016), « Do investments in human capital lead to employee share ownership? Evidence from French establishments. », Economic and Industrial Democracy, vol. 37, n° 3, p. 567-591.

Guery, L., et Stévenot, A. (2017), « L’actionnariat salarié favorise-t-il la diffusion d’information aux salariés et leur participation aux décisions stratégiques ? Une question de gouvernance d’entreprise », Management international, vol. 21, n° 4, p. 61-75.

Hafsi, T., et Turgut, G. (2013), « Boardroom diversity and its effect on social performance: Conceptualization and empirical evidence. », Journal of business ethics, n° 112, p. 463-479.

Hansmann H. (1996), The ownership of enterprise, Harvard University Press: Cambridge, MA.

Helmig, B., Spraul, K., et Ingenhoff, D. (2016), « Under positive pressure: How stakeholder pressure affects corporate social responsibility implementation », Business & Society, vol. 55, n° 2, p. 151-187.

Hill, R.P., Ainscough, T., Shank, T. et Manullang, D. (2007), « Corporate Social Responsibility and Socially Responsible Investing: A Global Perspective », Journal of Business Ethics, n° 70, p. 165-174.

Hollandts, X. (2018), « Friend or foe? Employee ownership and CEO dismissal. », Managerial and Decision Economics, vol. 39, n° 4, p. 377-388.

Hollandts, X., et Guedri, Z. (2008), « Les salariés capitalistes et la performance de l’entreprise », Revue française de gestion, n° 3, p. 35-50.

ISO 26000 (2010), Lignes directrices relatives à la responsabilité sociétale.

Jackson S.B, Lopez T.J et Reitenga (2008), « Accounting Fundamentals and CEO Bonus Compensation », Journal of Accounting and Public Policy, vol. 27, n° 5, p. 74-393.

Jensen, M. C., et Meckling, W. H. (1976), « Theory of the firm: Managerial behavior, agency costs and ownership structure », Journal of financial economics, vol. 3, n° 4, p. 305-360.

Kaswan, M. J. (2022), « Property, ownership and employee ownership: employee control in ESOPs », Journal of Participation and Employee Ownership, vol. 5, n° 1.

Kennedy, P. (1992). A guide to econometrics, Blackwell, Oxford.

Khenissi, M., et Thraya, M. F. (2022), « L’effet d’octroi conditionnel des actions gratuites sur la performance future. Le cas des sociétés cotées au SBF 120 », Finance Contrôle Stratégie, n° 25-1.

Khenissi, M., Serret, V., et Khemir, S. (2019), « L’influence du système de gouvernance sur l’intégration des critères de responsabilité sociétale de l’entreprise dans la rémunération variable des dirigeants des sociétés de l’indice boursier SBF 120 », Revue de Gestion des Ressources Humaines, n° 3, p. 47-68.

Kim, E. H., et Ouimet, P. (2014), « Broad‐based employee stock ownership: Motives and outcomes », The Journal of Finance, vol. 69, n° 3, p. 1273-1319.

Kim, K. Y., et Patel, P. C. (2017), « Employee ownership and firm performance: A variance decomposition analysis of European firms », Journal of Business Research, n° 70, p. 248-254.

Klein, K. J. (1987), « Employee stock ownership and employee attitudes: A test of three models », Journal of applied psychology, vol. 72, n° 2, p. 319-332.

Kong, D., Liu, J., Wang, Y., et Zhu, L. (2023), « Employee Stock Ownership Plans and Corporate Environmental Engagement », Journal of Business Ethics, p. 1-23.

Kruse, D. (2022), « Does employee ownership improve performance? », IZA World of Labor.

Luo, J.H., Xiang, Y., Huang, Z. (2017), « Female directors and real activities manipulation: Evidence from China ». China Journal of Accounting Research, vol. 10, n° 2, p. 141-166.

Magnan M. (2006), « Les options sur actions : création de richesse pour les actionnaires ou enrichissement des dirigeants au détriment des actionnaires ? » Finance Contrôle Stratégie, vol. 9, n° 3, p. 221-235.

Mard, Y., Marsat, S., et Roux, F. (2014), « Structure de l’actionnariat et performance financière de l’entreprise : le cas français. », Finance Contrôle Stratégie, n° 17-4.

Markey, R., McIvor, J., et Wright, C. F. (2016), « Employee participation and carbon emissions reduction in Australian workplaces », The International Journal of Human Resource Management, vol. 27, n° 2, p. 173-191.

Miloud, T., et Cabrol, M. (2023), « Activisme actionnarial et responsabilité sociale de l’entreprise : étude empirique sur le marché français. », Management & Avenir, n° 1, p. 151-176.

Mygind, N., et Poulsen, T. (2021), « Employee ownership–pros and cons–a review », Journal of Participation and Employee Ownership, vol. 4, n° 2, p. 136-173.

Nekhili, M., Boukadhaba, A., et Nagati, H. (2021), « The ESG–financial performance relationship: Does the type of employee board representation matter? », Corporate Governance: An International Review, vol. 29, n° 2, p. 134-161.

O’Brien, R. M. (2007), « A caution regarding rules of thumb for variance inflation factors », Quality & quantity, n° 41, p. 673-690.

O’Boyle, E. H., Patel, P. C., et Gonzalez‐Mulé, E. (2016), « Employee ownership and firm performance: a meta‐analysis », Human Resource Management Journal, vol. 26, n° 4, p. 425-448.

O’Neill, G.-D., Hershauer, J.C. et Golden, J.S. (2009), « The cultural context of sustainability entrepreneurship », Greener Management International, n° 55, p. 33-46.

Onkila, T., et Sarna, B. (2022), « A systematic literature review on employee relations with CSR: State of art and future research agenda », Corporate Social Responsibility and Environmental Management, vol. 29, n° 2, p. 435-447.

Park R., Kruse D., Sesil J., « Does employee ownership enhance firm survival? », In Employee Participation, Firm Performance and Survival, Advances in the Economic Analysis of Participatory and Labor-Managed Firms, vol. 8, Elsevier, 2004, p. 3-33

Perin, F. et Quairel-Lanoizelée F. (2012), L’ISR : valeur financière valeur éthique ? Ed Economica, Paris, Collection Connaissance de la Gestion.

Pierce, J. L., Rubenfeld, S. A., et Morgan, S. (1991), « Employee ownership: A conceptual model of process and effects. », Academy of Management review, vol. 16, n° 1, p. 121-144.

Porter, M. E., et Kramer, M. R. (2019), » Creating shared value: How to reinvent capitalism—And unleash a wave of innovation and growth », Springer Netherlands, p. 323-346.

Poulain-Rehm, T., et Lepers, X. (2013). « Does employee ownership benefit value creation? The case of France (2001–2005) », Journal of Business Ethics, n° 112, p. 325-340.

Preston, L.E., et Sapienza, H.J. (1990), « Stakeholder management and corporate performance », Journal of Behavioral Economics, vol. 19, n° 4, p. 361-375.

Pugh, W. N., Jahera, J. S., et Oswald, S. (1999), « ESOPs, takeover protection, and corporate decision-making », Journal of Economics and Finance, vol. 23, n° 2, p. 170-183.

Robinson, A. M., et Zhang, H. (2005), « Employee share ownership: safeguarding investments in human capital », British Journal of Industrial Relations, vol. 43, n° 3, p. 469-488.

Rupp, D. E., Ganapathi, J., Aguilera, R. V., et Williams, C. A. (2006), « Employee reactions to corporate social responsibility: An organizational justice framework », Journal of Organizational Behavior, vol. 27, n° 4, p. 537-543.

Saghroun J. et Eglem J-Y. (2008), « À la recherche de performance globale de l’entreprise : la perception des analystes financiers », Comptabilité Contrôle Audit, vol. 14, n° 1, p. 93-118.

Semadeni, M., Withers, M. C., et Trevis Certo, S. (2014), « The perils of endogeneity and instrumental variables in strategy research: Understanding through simulations », Strategic Management Journal, vol. 35, n° 7, p. 1070-1079.

St-Pierre, J., Gagnon, J.M., et Saint-Pierre, J. (1996), « Concentration of voting rights and board resistance to takeover bids », Journal of Corporate Finance, vol. 3, p. 25-54.

Sun, H., et Liu, C. (2023), « Employee Stock Ownership Plans and Corporate Environmental Performance: Evidence from China », International Journal of Environmental Research and Public Health, vol. 20, n° 2, p. 1-19.

Toe, S.D., Hollandts, X., et Valiorgue, B. (2017), « La « face cachée » de l’actionnariat salarié : étude empirique sur l’indice SBF 120 (2000-2014) », Finance Contrôle Stratégie, vol. 20, n° 1.

Trébucq, S. (2002), « L’actionnariat salarié dans les entreprises familiales du SBF250 : un outil de création de valeur », Finance Contrôle Stratégie, vol. 5, n° 4, p. 107-135.

Uyar, A., Kuzey, C., Kilic, M. et Karaman, AS (2021), « Board structure, financial performance, corporate social responsibility performance, CSR committee, and CEO duality: Disentangling the connection in healthcare », Corporate Social Responsibility and Environmental, n° 28, p. 1730-1748.

Wagner, S. H., Parker, C. P., et Christiansen, N. D. (2003), « Employees that think and act like owners: Effects of ownership beliefs and behaviors on organizational effectiveness », Personnel psychology, vol. 56, n° 4, p. 847-871.

Wang, Z., Hsieh, T.-S. et Sarkis, J. (2018), « CSR Performance and the Readability of CSR Reports: Too Good to be True? », Corporate Social Responsibility and Environmental Management., n° 25, p. 66-79.

Winkler, A. L. P., Brown, J. A., et Finegold, D. L. (2019), « Employees as conduits for effective stakeholder engagement: An example from B corporations », Journal of Business Ethics, n° 160, p. 913-936.

Wolf, J. (2013), « Improving the sustainable development of firms: The role of employees », Business Strategy and the Environment, vol. 22, n° 2, p. 92-108.

Wood, D. J. (2010), « Measuring corporate social performance: A review », International journal of management reviews, vol. 12, n° 1, p. 50-84.

Wu, F., Cao, J., et Zhang, X. (2023), « Do non-executive employees matter in curbing corporate financial fraud?. », Journal of Business Research, vol. 163.

Xu, H., Xu, X., et Yu, J. (2021), « The Impact of Mandatory CSR Disclosure on the Cost of Debt Financing: Evidence from China », Emerging Markets Finance and Trade, vol. 57, n° 8, p. 2191-2205.

Zhou, L., Wei, F., et Kong, Y. (2022), « Do Employee Stock Ownership Plans Affect Corporate Social Responsibility? Evidence from China », International Journal of Environmental Research and Public Health, vol. 19, n° 3.

Haut de page

Notes

1 Source accessible sur le site du NCEO : https://www.nceo.org/articles/employee-ownership-by-the-numbers.

2 Le recensement (2021) de la FEAS peut être trouvé sur le site : http://www.efesonline.org/.

3 La source eut être trouvée sur le lien : https://www.eres-group.com/actualites/actionnariat-salarie-sbf-120/.

4 Accessible sur le lien suivant : https://www.eres-group.com/etudes-et-enquetes/actionnariat-salarie-sbf120/.

5 Se référer au lien suivant : https://www.amundi-ee.com/entr/Local-Content/News/Record-en-2021-pres-de-4-milliards-d-euros-investis-par-les-salaries-dans-leur-entreprise-via-le-dispositif-d-Actionnariat-Salarie.

6 Consulter le lien suivant : https://www.credit-agricole.com/chaines-d-infos/toutes-les-chaines-d-info-du-groupe-credit-agricole/communiques-de-presse/barometre-amundi-2021-de-l-actionnariat-salarie-appetence-confirmee-pour-l-actionnariat-salarie2.

7 Un « Fonds Commun de Placement d’Entreprise » FCPE constitue aujourd’hui le principal véhicule de l’actionnariat collectif des salariés, et c’est par lequel que se réalise l’essentiel de l’AS en France. Pour plus de détail, voir : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGIARTI000042656528/2021-04-19/?isSuggest=true.

8 Lorsqu’ils détiennent collectivement plus de 3 % du capital social de leur entreprise (Loi Breton, 2006).

9 Selon cette étude, les entreprises françaises occupent la troisième position mondiale en matière d’engagement RSE, derrière la Finlande et la Suède. Étude disponible sur : https://resources.ecovadis.com/fr/actualites-ecovadis/4e-edition-de-l-etude-ecovadis-mediateur-des-entreprises.

10 Source accessible sur le lien suivant : https://fr.media.amundi.com/actualites/lactionnariat-salarie-enregistre-un-record-en-2021-selon-lobservatoire-damundi-7286-22f29.html.

11 Source accessible sur le site d’Eres : https://www.eres-group.com/communique-de-presse/teasing-panorama-actionnariat-salarie-eres/.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Tableau 1 : Répartition sectorielle de l’échantillon selon la classification GICS
URL http://journals.openedition.org/fcs/docannexe/image/12857/img-1.png
Fichier image/png, 49k
Titre Tableau 3 : Statistiques descriptives
URL http://journals.openedition.org/fcs/docannexe/image/12857/img-2.png
Fichier image/png, 92k
Titre Figure 1 : Évolution de l’AS et de la performance RSE sur la période d’étude
URL http://journals.openedition.org/fcs/docannexe/image/12857/img-3.png
Fichier image/png, 89k
Titre Tableau 4 : Matrice de corrélation des variables
Légende * Corrélation significative au seuil ≤10%.
URL http://journals.openedition.org/fcs/docannexe/image/12857/img-4.png
Fichier image/png, 125k
Titre Tableau 5 : Résultats des régressions GMM testant l’influence de l’AS sur la performance RSE 
Légende ***, **, * represent significance at 1%, 5% and 10% thresholds respectively.
URL http://journals.openedition.org/fcs/docannexe/image/12857/img-5.png
Fichier image/png, 149k
Titre Tableau 6 : Résultats des régressions GMM testant l’influence de l’AS significatif sur la performance RSE
Légende ***, **, * represent significance at the 1%, 5% and 10% thresholds respectively.
URL http://journals.openedition.org/fcs/docannexe/image/12857/img-6.png
Fichier image/png, 148k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Oussama Moustabchir, Mohamed Khenissi et Jean-Yves Juban, « L’influence de l’actionnariat salarié sur la performance RSE. Le cas des sociétés cotées au SBF 120 »Finance Contrôle Stratégie [En ligne], NS-16 | 2024, mis en ligne le 14 juillet 2024, consulté le 14 novembre 2024. URL : http://journals.openedition.org/fcs/12857 ; DOI : https://doi.org/10.4000/12nih

Haut de page

Auteurs

Oussama Moustabchir

Univ. Grenoble Alpes, Grenoble INP, CERAG, 38000 Grenoble France

Mohamed Khenissi

Université Jean Moulin Lyon 3, IAE Lyon, UR MAGELLAN

Articles du même auteur

Jean-Yves Juban

Univ. Grenoble Alpes, Grenoble INP, CERAG, 38000 Grenoble France

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search